Jean 6, 35

Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Au désert, nos pères ont mangé la manne. Comme dit l'Écriture: Il leur a donné à manger le pain venu du ciel (Jn 6,31).

Ainsi les Juifs veulent-ils pousser Jésus à accomplir lui-même un prodige semblable qui aurait pour effet de leur procurer une nourriture corporelle et, en raison de leur extraordinaire gloutonnerie, ils lui rappellent la manne.

Que leur répond donc l'infinie Sagesse de Dieu, Jésus notre Seigneur? Voici: Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain (Jn 6,32), ce qui revient à dire: "Moïse ne vous a pas donné le vrai pain, mais tout ce qui s'est passé alors était la figure de ce qui arrive aujourd'hui. Moïse était la figure de Dieu, le vrai chef des Israélites spirituels. Ce pain était ma propre image. Étant descendu du ciel, je suis la vraie nourriture et le pain véritable." Il se déclare "pain véritable", non que la manne eût été une chose trompeuse, mais parce que cette figure était aussi une ombre, non la réalité même.

Assurément, ce pain qui est Vie par nature, du fait qu'il est le Fils du Père vivant, accomplit l'oeuvre qui lui est propre, car il vivifie tout. Comme le pain qui vient de la terre conserv e la fragile substance de notre chair et prévient sa destruction, de même le Christ, lui aussi, vivifie l'âme par l'action de l'Esprit, et en outre il préserve le corps même en vue de son incorruptibilité. Car le Christ a fait don à l'humanité de la résurrection d'entre les morts et de l'immortalité des corps.

Et Jésus leur dit: Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif (in 6,35). <> Il n'a pas dit: "Le pain qui vous alimente", mais "le pain de la vie". En effet, après que la mort eût mené tous les êtres à leur perte, le Christ, qui est le pain, nous a vivifiés par lui-même. Nous croyons en effet que le levain de la pâte humaine a été cuit au feu de sa divinité. Il est le pain, non de cette vie ordinaire, mais de la vie transformée à laquelle la mort ne met pas de fin.

Si quelqu'un croit en ce pain, il ne connaîtra pas la faim, cette faim qui torture celui qui n'écoute pas la parole de Dieu, et il ne connaîtra pas la soif spirituelle de celui qui n'a pas reçu l'eau du baptême ni la sanctification de l'Esprit. L'un n'a pas été baptisé: manquant du rafraîchissement de l'eau sainte, il éprouve la soif et une grande sécheresse. L'autre a été baptisé: il possède l'Esprit et jouit sans cesse de son réconfort.
Louis-Claude Fillion
Tout à coup (et nous avons dit que cette idée forme une gradation importante dans l’entretien ; voyez la note du verset 24) N.-S. Jésus-Christ s’identifie lui-même, versets 35 et suivants, au pain dont il avait parlé. Les identifications de ce genre sont un des caractères particuliers du quatrième évangile. Voyez 8, 12 : Je suis la lumière du monde ; 10, 7 : Je suis la porte des brebis ; 10, 11 : Je suis le bon pasteur ; 11, 25 : Je suis la lumière du monde ; 14, 6 : Je suis la voie, la vérité et la vie ; 15, 1 : Je suis la véritable vigne. - Je suis le pain de vie. Jésus dut appuyer fortement sur ce « je », que nous entendrons encore aux versets 48 et 51, et dont les Juifs furent si frappés (Cf. verset 41). Il rappelle le passage 4, 56. - Le pain de vie, c’est-à-dire, qui donne la vie (verset 33). Comparez, Gen. 2, 9 ; 3, 22, 24, l’expression analogue « l’arbre de vie », et, Apoc. 21, 6, « l’eau de la vie ». Plus loin, verset 51, il y aura, avec une légère modification, « le pain vivant ». - Mais comment s’approprier ce pain sacré qui est le Christ lui-même ? De la façon la plus simple : en allant à Jésus (celui qui vient à moi), et c’est par la foi, continue-t-il, qu’on vient à lui, qu’on se rapproche intimement de lui (celui qui croit en moi). Remarquez le parallélisme des membres, selon la mode hébraïque ; la seconde assertion (celui qui croit en moi n’aura jamais soif) explique et complète la première. « Vient » désignait la foi mise en œuvre au dehors ; « croit » l’envisage au-dedans, comme un fait intime. - Aura faim était plus en rapport avec le pain que promettait Notre-Seigneur ; mais un festin serait incomplet sans breuvage ; de là le « aura soif » qui sera, du reste, commenté vers la fin du discours, verset 53. - Les deux participes présents du texte grec (« venant, croyant ») et les négations, doublées d’abord puis triplées relèvent fortement d’une part l’universalité de la promesse, de l’autre sa certitude absolue. Quiconque viendra, quiconque croira, verra ses besoins spirituels immédiatement et à tout jamais satisfaits. Voyez 4, 14 et le commentaire. La manne ne nourrissait que pour un jour (verset 43), et il n’avait été donné qu’à un petit nombre d’hommes de la goûter.
Pape Saint Jean-Paul II
La Pâque du Christ comprend aussi, avec sa passion et sa mort, sa résurrection, comme le rappelle l'acclamation du peuple après la consécration: « Nous célébrons ta résurrection ». En effet, le Sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection, dans lequel le sacrifice trouve son couronnement. C'est en tant que vivant et ressuscité que le Christ peut, dans l'Eucharistie, se faire « pain de la vie » (Jn 6, 35. 48), « pain vivant » (Jn 6, 51). Saint Ambroise le rappelait aux néophytes, en appliquant à leur vie l'événement de la résurrection: « Si le Christ est à toi aujourd'hui, il ressuscite pour toi chaque jour ». Saint Cyrille d'Alexandrie, quant à lui, soulignait que la participation aux saints Mystères « est vraiment une confession et un rappel que le Seigneur est mort et qu'il est revenu à la vie pour nous et en notre faveur ».