Jean 7, 37

Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive,

Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive,
Louis-Claude Fillion
Nous passons à la deuxième partie des discours que le Sauveur prononça dans le temple à l'occasion de la fête des Tabernacles, v. 37-39 : c'est ce que nous avons appelé plus haut (note du v. 14) la prédication du dernier jour. S. Jean n'en a conservé qu'un sommaire extrêmement abrégé, qui est néanmoins d'une grande richesse. Tandis que les autres grandes fêtes des Juifs ne duraient qu'une semaine ou sept jours, Dieu lui-même avait ajouté à celle des Tabernacles un huitième jour, nommé ou conclusion (Lev. 23, 36; dans les écrits de Philon), qui était regardé comme des plus solennels : de là l'épithète grand qu'il reçoit ici (avec l'article, le jour particulièrement grand). Cf. Lev. 23, 35 et s. ; Num. 29, 35 ; Neh. 8, 18. D'après les Rabbins : « le huitième jour est une fête par lui-même », Succ. 48, 2. Voir Otho, Lexic. rabbin. p. 236. - Jésus se tenait debout. Trait graphique et majestueuse introduction. - Et criait. (Quelques versions ont aussi l'imparfait ; la plupart des anciens documents ont à l'aoriste). Nouveau cri impétueux qui sortait du plus profond de son âme. Cf. v. 28. - Si quelqu’un a soif. Déjà, dans son entretien avec la Samaritaine, 4, 14, et dans son discours de Capharnaüm, 6, 35, le divin Maître avait signalé cette soif mystique, et il s'était offert lui-même comme un breuvage exquis pour l'assouvir. Voici qu'il réitère son offre généreuse avec plus d'insistance. - Qu’il vienne à moi. Qu'il vienne à moi par la foi et par l'amour (cf. v. 38), comme à une source rafraîchissante. - Et qu’il boive : « d’un seul trait », car cette source n'est pas moins intarissable que délicieuse. - Les exégètes contemporains admettent très généralement que ce frappant symbole fut alors employé par Jésus-Christ, parce qu'une cérémonie spéciale de la fête des Tabernacles en rendait à son auditoire l'intelligence plus nette et plus profonde. Chaque jour, vers l'heure du sacrifice du matin, une procession sortait du temple au son de la musique : elle accompagnait un prêtre qui allait remplir à la fontaine de Siloé une amphore d'or contenant trois logs (environ 0lit. 87). Elle rentrait au moment où les membres de la victime étaient placés sur l'autel des holocaustes. Salué par les trompettes sacrées, le prêtre se dirigeait vers l'autel, où venait le rejoindre un de ses collègues qui portait le vin des libations ; ils vidaient alors simultanément, aux acclamations enthousiastes du peuple, leurs deux amphores dans deux conduits d'argent qui aboutissaient au bas de l'autel. Puis le grand Hallel (Ps. 113-118 du texte hébreu ; Vulg. 112-117) était pieusement chanté. « Celui qui n’a pas éprouvé de joie en puisant de cette eau n’en a jamais éprouvé ailleurs », Talmud. On voulait, par cette libation, remercier Dieu d'avoir fait couler l'eau du rocher pour abreuver son peuple dans le désert. C'est donc vraisemblablement à ce rite que Jésus rattacha son langage figuré.
Fulcran Vigouroux
Le dernier jour de la fête des Tabernacles, un lévite allait puiser de l’eau à Siloé (voir sur cette fontaine Jean, 9, 7) dans une urne d’or et on versait cette eau, dans le temple, sur la victime du sacrifice, en mémoire du miracle de Moïse faisant jaillir l’eau du rocher au Sinaï. C’est sans doute à cet usage, à cette eau et à cette fontaine que fait allusion le Sauveur, quand il dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.
Catéchisme de l'Église catholique
" C’est toi qui l’en aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive " (Jn 4, 10). Notre prière de demande est paradoxalement une réponse. Réponse à la plainte du Dieu vivant : " Ils m’ont abandonné, moi la Source d’eau vive, pour se creuser des citernes lézardées ! " (Jr 2, 13), réponse de foi à la promesse gratuite du salut (cf. Jn 7, 37-39 ; Is 12, 3 ; 51, 1), réponse d’amour à la soif du Fils unique (cf. Jn 19, 28 ; Za 12, 10 ; 13, 1).
Pape Francois
97. Nous constatons que l’Évangile situe ce moment sacré précisément « le dernier jour de la fête » des Tentes (Jn 7, 37). Jésus proclame au peuple qui célèbre la grande procession : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. […] De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7, 37.38). C’est pour cela que son « heure » devait venir, car Jésus « n’avait pas encore été glorifié » (Jn 7, 39). Tout s’accomplira dans la fontaine débordante de la Croix.