Jean 7, 38

celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. »

celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. »
Louis-Claude Fillion
Celui qui croit en moi est un nominatif absolu, à la façon hébraïque. Le Sauveur interprète ainsi lui-même les mots vienne à moi du verset précédent. La formule comme dit l’Écriture se rapporte aux paroles qui suivent : des fleuves d’eau vive… (et non pas à celui qui croit en moi, comme l'ont pensé S. Jean Chrysost., Théophylacte, etc.). Mais elle paraît annoncer une citation biblique ; or ces paroles ne se trouvent nulle part en propres termes dans l'Ancien Testament. Cela ne crée toutefois aucune difficulté sérieuse, car Isaïe (41, 18 ; 44, 3 ; 55, 1 ; 58 ; 11), Ézéchiel (36, 25 ; 39, 29), Joël (2, 28) et Zacharie (14, 8) ont des passages qui correspondent assez à la pensée de Jésus pour qu'il ait pu les avoir en vue soit isolément, soit tous ensemble. - Des fleuves. Des fleuves entiers, et pas seulement une source, comme au chap. 4, v. 14. Figure énergique de grâces surabondantes, qui débordent. - De son cœur. Cette autre image est encore plus expressive. Jésus fait du substantif cœur un usage analogue à l'emploi de son équivalent chez les Hébreux, pour désigner l'intérieur de l'homme. Cf. Prov. 20, 27 ; Eccli 19, 12 ; 51, 21 ; voyez aussi F. Delitzsch, Bibl. Psychologie, p. 266. - Couleront. Portant même au dehors le rafraîchissement et la vie. Cf. 4, 14 et le commentaire. Sur l'eau vive et sa valeur en Orient, voyez la note de 4, 10. « Par manque d’eau, Jérusalem souffre de la soif. Voilà pourquoi elle a coutume d’utiliser l’eau de pluie, et elle supplée à la rareté des sources par la construction de citernes », écrivait S. Jérôme, In Isaiam 49, 14.
Pape Benoît XVI
Dans le débat philosophique et théologique, ces distinctions ont souvent été radicalisées jusqu'à les mettre en opposition entre elles : l’amour descendant, oblatif, précisément l’agapè, serait typiquement chrétien; à l'inverse, la culture non chrétienne, surtout la culture grecque, serait caractérisée par l’amour ascendant, possessif et sensuel, c’est-à-dire par l’eros. Si on voulait pousser à l’extrême cette antithèse, l’essence du christianisme serait alors coupée des relations vitales et fondamentales de l’existence humaine et constituerait un monde en soi, à considérer peut-être comme admirable mais fortement détaché de la complexité de l’existence humaine. En réalité, eros et agapè – amour ascendant et amour descendant – ne se laissent jamais séparer complètement l’un de l’autre. Plus ces deux formes d’amour, même dans des dimensions différentes, trouvent leur juste unité dans l’unique réalité de l’amour, plus se réalise la véritable nature de l’amour en général. Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant – fascination pour la grande promesse de bonheur –, lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désirera «être pour» l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui ; sinon l'eros déchoit et perd aussi sa nature même. D’autre part, l’homme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans l’amour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi le recevoir comme un don. L’homme peut assurément, comme nous le dit le Seigneur, devenir source d’où sortent des fleuves d’eau vive (cf. Jn 7, 37-38). Mais pour devenir une telle source, il doit lui-même boire toujours à nouveau à la source première et originaire qui est Jésus Christ, du cœur transpercé duquel jaillit l’amour de Dieu (cf. Jn 19, 34).

La vie des Saints ne comporte pas seulement leur biographie terrestre, mais aussi leur vie et leur agir en Dieu après leur mort. Chez les Saints, il devient évident que celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire vraiment proche d’eux. Nous ne le voyons mieux en personne d’autre qu’en Marie. La parole du Crucifié au disciple – à Jean, et à travers lui, à tous les disciples de Jésus: «Voici ta mère» (Jn 19, 27) – devient, au fil des générations, toujours nouvellement vraie. De fait, Marie est devenue Mère de tous les croyants. C’est vers sa bonté maternelle comme vers sa pureté et sa beauté virginales que se tournent les hommes de tous les temps et de tous les coins du monde, dans leurs besoins et leurs espérances, dans leurs joies et leurs souffrances, dans leurs solitudes comme aussi dans le partage communautaire. Et ils font sans cesse l’expérience du don de sa bonté, l’expérience de l’amour inépuisable qu’elle déverse du plus profond de son cœur. Les témoignages de gratitude qui lui sont attribués dans tous les continents et dans toutes les cultures expriment la reconnaissance de cet amour pur qui ne se cherche pas lui-même, mais qui veut simplement le bien. De même, la dévotion des fidèles manifeste l’intuition infaillible de la manière dont un tel amour devient possible: il le devient grâce à la plus intime union avec Dieu, en vertu de laquelle elle s’est totalement laissé envahir par Lui – condition qui permet à celui qui a bu à la source de l’amour de Dieu de devenir lui-même une source d’où «jailliront des fleuves d’eau vive» (Jn 7, 38). Marie, la Vierge, la Mère, nous montre ce qu’est l’amour et d’où il tire son origine, sa force toujours renouvelée. C’est à elle que nous confions l’Église, sa mission au service de l’Amour:

Sainte Marie, Mère de Dieu,
tu as donné au monde la vraie lumière,
Jésus, ton fils – Fils de Dieu.
Tu t’es abandonnée complètement
à l’appel de Dieu
et tu es devenue ainsi la source
de la bonté qui jaillit de Lui.
Montre-nous Jésus. Guide-nous vers Lui.
Enseigne-nous à Le connaître et à L’aimer,
afin que nous puissions, nous aussi,
devenir capables d’un amour vrai
et être sources d’eau vive
au milieu d’un monde assoiffé.