Jean 7, 39
En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. En effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié.
En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. En effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié.
Au moment où la fête étant terminée ils allaient retourner chez eux, Notre-Seigneur leur donne pour le voyage la nourriture du salut : « Le dernier jour de la fête, qui en est le plus solennel, » etc.
Notre-Seigneur crie à haute voix : « Si quelqu'un a soif, » c'est-à-dire, je n'attire personne par nécessité ou par violence, je n'appelle que celui qui éprouve un vif désir de se rendre à mon appel.
Cette fête, comme nous l'avons vu, durait sept jours, le premier jour et le dernier étaient les plus solennels, comme l'Evangéliste nous l'apprend, lorsqu'il dit : « Le dernier jour de la fête, qui en est le plus solennel ; » les jours intermédiaires étaient surtout consacrés aux délassements. Le Sauveur s'est donc abstenu de leur parler le premier jour et les jours suivants, parce que ses enseignements eussent été perdus pour des cens livrés aux divertissements et aux plaisirs, il élève la voix à cause du grand concours de peuple qui se pressait autour de lui.
Il leur fait comprendre qu'il s'agit ici d'une boisson intellectuelle par les paroles qui suivent : « Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive, comme dit l'Ecriture, couleront de son sein. » Mais où donc l'Ecriture parle-t-elle de la sorte ? nulle part. Comment donc expliquer cette citation du Sauveur ? Il faut séparer de cette manière les deux membres de la proposition : « Celui qui croit en moi, » comme dit l'Ecriture, et ajouter comme venant du Sauveur : « Des fleuves d'eau vive couleront de son sein. » Nôtre-Seigneur leur apprend qu'il faut avoir des idées plus droites, et croire en lui bien plus sur le témoignage des Ecritures que sur celui des miracles. C'est pourquoi il les avait renvoyés précédemment aux Ecritures, on leur disant : « Approfondissez les Ecritures. »
Il dit « des fleuves » et non un fleuve, pour exprimer sous cette image l'abondance et la fécondité de la grâce ; ce sont « des fleuves d'eau vive, » et qui ne cesse d'agir. En effet, lorsque la grâce de l'Esprit entre dans une âme et s'y affermit, elle coule plus abondamment que toutes les sources, elle ne tarit point, ni ne se dessèche ni ne s'arrête, comme on peut s'en convaincre en considérant la sagesse d'Etienne, la parole éloquente de Pierre, la fécondité abondante des discours de Paul ; rien ne les arrêtait ; mais semblables à des fleuves au cours rapide, ils entraînaient tout avec eux.
Les Apôtres chassaient d'abord les démons, non par la vertu de l'Esprit-Saint, mais par la puissance qu'ils avaient reçue de Jésus-Christ. En effet, lorsqu'il leur donnait leur mission, on ne lit pas qu'il leur donna l'Esprit saint, mais le pouvoir de chasser les démons. Quant aux prophètes, tous reconnaissent que l'Esprit saint leur était donne, mais cette grâce avait cessé de se répandre sur la terre.
Ou bien encore, cette gloire dont parle ici Jésus, c'est sa croix. Nous étions les ennemis de Dieu, et comme ce sont nos amis et non pas nos ennemis que nous comblons de nos dons, il était nécessaire que le Sauveur offrit à Dieu la victime d'expiation, qu'il détruisît les inimitiés dans sa chair, et que devenus ainsi les amis de Dieu, nous fussions capables de recevoir ses dons.
On peut dire encore que ce témoignage est emprunté au livre des Proverbes, où nous lisons : « Que tes eaux jaillissent au dehors, et que tes eaux coulent sur les places publiques. » (Pr 5, 16.)
C'est en ce jour qu'avait lieu la fête de la Scénopégie, c'est-à-dire de la construction des tentes.
L'Evangéliste explique ensuite quel était ce breuvage que le Seigneur les invitait à venir boire : « Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » Quel est cet esprit, si ce n'est l'Esprit saint ? car tout homme a en lui-même son propre esprit.
Il y a une soif intérieure, parce qu'il y a un homme intérieur. Il est certain d'ailleurs que l'homme intérieur est l'objet d'un plus grand amour que l'homme extérieur. Si donc nous éprouvons cette soif, approchons, non avec les pieds du corps, mais avec les affections de l'âme, non pas en marchant, mais en aimant.
Cet esprit était donc l'Esprit de Dieu, mais il n'était pas encore dans ceux qui croyaient en Jésus-Christ, car le Seigneur avait résolu de ne leur donner l'Esprit saint qu'après sa résurrection : « L'Esprit n'avait pas encore été donné, » parce que Jésus-Christ n'était pas encore glorifié.
Le sein de l'homme intérieur, c'est la conscience de son cœur. Lorsque la conscience a bu cette divine liqueur, elle est purifiée et reprend une nouvelle vie, et en puisant de nouveau de cette eau, elle devient elle-même une source d'eau vive. Or, quelle est cette source, ou bien quel est ce fleuve qui coule du sein de l'homme intérieur ? C'est la bonté qui le porte à se consacrer aux intérêts du prochain. Celui qui boit de cette eau est celui qui croit au Seigneur, mais s'il pense que cette eau qui lui est donnée, n'est que pour lui seul, l'eau vive ne coulera point de son sein ; si, au contraire, il prodigue à son prochain les soins empressés de la charité, cette source intérieure ne tarit point, parce qu'elle coule au dehors.
Mais comment est-il dit de Jean-Baptiste : « Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère ? » Comment Zacharie est-il inspiré par ce divin Esprit pour prédire la mission future du Précurseur ? Comment Marie elle-même est remplie de l'Esprit saint pour annoncer les destinées de son divin Fils, aussi bien que Siméon et Anne pour proclamer la grandeur de Jésus-Christ dès son berceau. La seule explication qu'on puisse donner des paroles de l'Evangéliste, c'est que l'Esprit saint devait être donné après la glorification de Jésus-Christ, comme il ne l'avait jamais été auparavant, c'est-à-dire que l'effusion de ce divin Esprit devait avoir un caractère d'efficacité qu'elle n'avait jamais été précédemment. En effet, nous ne lisons nulle part que sous l'action de l'Esprit saint qui descendait en eux, les hommes aient parlé des langues qu'ils ne connaissaient pas, comme il arriva lors de la descente de l'Esprit saint, dont l'avènement devait être démontré par des prodiges extérieurs et sensibles.
Mais comment se fait-il que l'Esprit saint qui est encore actuellement reçu par les fidèles, ne donne à personne de parler les langues de tous les peuples ? C'est que l'Eglise parle elle-même la langue de toutes les nations ; et on ne peut recevoir l'Esprit saint qu'autant qu'on est dans l'Eglise. Si vous aimez l'unité, tout ce que possède chacun de vos frères est à vous. Bannissez l'envie de votre cœur, et ce que j'ai vous appartient. L'envie sépare, la charité unit ; ayez la charité, et vous posséderez tout avec elle, et au contraire, tout ce que vous pourrez avoir sans elle, ne vous servira de rien. Or, la charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l'Esprit saint qui nous a été donné. (Rm 5) Mais pourquoi le Sauveur n'a-t-il voulu donner le Saint-Esprit qu'après sa résurrection ? C'est pour nous apprendre qu'après cette résurrection spirituelle, notre charité doit être ardente, nous séparer entièrement de l'amour du siècle, et se diriger toute entière vers Dieu, car celui qui nous a dit : « Celui qui croit en moi, qu'il vienne et qu'il boive, et des fleuves d'eau vive couleront de son sein, » nous a promis la vie éternelle où nous serons délivrés de tout danger, et affranchis de la crainte de la mort. C'est donc à raison de ces magnifiques promesses qu'il a faites à ceux que l'Esprit saint embraserait des feux de la charité, que le Sauveur n'a point voulu donner ce divin Esprit avant d'être glorifié, pour nous donner dans son corps ressuscité, un modèle de la vie que nous n'avons pas encore maintenant, mais dont nous espérons jouir après notre résurrection.
Si donc la raison pour laquelle le Saint-Esprit n'était pas donné, c'est que Jésus n'était pas encore glorifié, il devait l'envoyer aussitôt qu'il serait glorifié. Les Cataphrygiens ont prétendu que c'est sur eux que le Saint-Esprit est descendu en vertu de cette promesse, et sont tombés par là dans l'hérésie. Les Manichéens affirment aussi que la promesse du Sauveur d'envoyer l'Esprit saint s'est accomplie dans Manès et dans leur secte, comme si ce divin Esprit n'avait pas été donné auparavant.
Lorsque les paroles sacrées de la prédication évangélique coulent de l'âme des fidèles, ce sont comme autant de fleuves d'eau vive qui sortent de leur âme. Les entrailles, qu'est-ce autre chose que ce qu'il y a de plus intime dans l'âme, c'est-à-dire l'intention droite, les saints désirs, l'humilité envers Dieu et la volonté d'être utile au prochain ?
Le Sauveur avait promis avant son ascension l'Esprit saint à ses Apôtres, et il le leur envoya après l'ascension sous la forme de langues de feu, c'est pour cela que l'Evangéliste dit : « L'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. »
Il élève la voix pour se faire entendre, leur inspirer de la confiance, et montrer qu'il ne craint personne.
Note exégétique
de S. Jean pour commenter ce dire mystérieux, dans lequel il nous montre une douce et consolante promesse
d'avenir. - De l'Esprit saint. Il est à remarquer que les Rabbins aussi voyaient dans la cérémonie décrite plus
haut un symbole de l'effusion du divin Esprit. Voyez Lightfoot, Hor. hebr. et talm. h. l. L'haphtharah, ou
lecture tirée des prophètes, qui terminait l'office du premier jour de l'octave des Tabernacles contenait ces
lignes significatives de Zacharie (14, 8) : « Ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, moitié vers la
mer orientale, moitié vers la mer occidentale : il en sera ainsi en été, comme en hiver ». - Que devaient
recevoir ceux qui croyaient en lui : au jour de la première Pentecôte chrétienne, et constamment depuis. -
L’Esprit n’avait pas encore été donné. S. Jean va expliquer pourquoi les croyants n'avaient pas reçu plus tôt
l'Esprit saint. C'est que, dit-il, d'après la leçon la plus probable, « il n'y avait pas encore d'Esprit ».
Évidemment l’évangéliste n'a pas en vue l'existence de l'Esprit saint, mais le rôle spécial que la troisième
personne de la Sainte Trinité devait exercer dans l’Église après la mort de N.-S. Jésus-Christ, comme
l'exprime la fin du verset. - Jésus n’était pas encore glorifié. Par sa résurrection et par son ascension. Cf. Act.
19, 2. Jésus dira bientôt lui-même qu'il n'enverra son Esprit qu'après être remonté au ciel, 17, 5. Cf. 16, 7.
Une fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la terre (cf. Jn 17, 4), le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l’unique esprit, l’accès auprès du Père (cf. Ep 2, 18). C’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissante pour la vie éternelle (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait tués, en attendant de ressusciter dans le Christ leur corps mortel (cf. Rm 8, 10-11). L’Esprit habite dans l’Église et dans le cœur des fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19), en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption (cf. Ga 4, 6 ; Rm 8, 15-16.26). Cette Église qu’il introduit dans la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13), et à laquelle il assure l’unité de la communauté et du ministère, il bâtit et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits (cf. Ep 4, 11-12 ; 1 Co 12, 4 ; Ga 5, 22). Par la vertu de l’Évangile, il fait la jeunesse de l’Église et la renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union parfaite avec son époux. L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : « Viens» (cf. Ap 22, 17). Ainsi l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint ».
«Une fois achevée l'œuvre que le Père avait chargé son Fils d'accomplir sur la terre (cf. Jn 17, 4), le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint fut envoyé qui devait sanctifier l'Eglise en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l'unique Esprit, l'accès auprès du Père (cf. Ep 2, 18). C'est lui, l'Esprit de vie, la source d'eau jaillissant pour la vie éternelle (cf. Jn 4, 14; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait fait mourir, en attendant de ressusciter dans le Christ leur corps mortel (cf. Rm 8, 10-11)»92.
97. Nous constatons que l’Évangile situe ce moment sacré précisément « le dernier jour de la fête » des Tentes (Jn 7, 37). Jésus proclame au peuple qui célèbre la grande procession : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. […] De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7, 37.38). C’est pour cela que son « heure » devait venir, car Jésus « n’avait pas encore été glorifié » (Jn 7, 39). Tout s’accomplira dans la fontaine débordante de la Croix.