Jean 9, 41
Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure.
Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure.
Si une foi telle quelle en Jésus-Christ devait être regardée comme une foi consommée, le Sauveur aurait dit à cet homme : Croyez-vous en Jésus-Christ ? Mais comme presque tous les hérétiques devaient avoir ce nom à la bouche et confesser le Christ, tout en niant qu'il était le Fils de Dieu, Jésus demande à cet homme de croire ce qui est le signe caractéristique du Christ, c'est-à-dire, de croire qu'il est Fils de Dieu. Que servirait-il de croire au Fils de Dieu, si l'objet de la foi n'était qu'une créature ? La foi qui nous est demandée, c'est la foi en Jésus-Christ, non comme créature de Dieu, mais comme Fils de Dieu.
ous avez entendu la lecture d'Évangile (Jn 9,1 sv.), où l'on rapporte que le Seigneur Jésus vit sur son passage un aveugle de naissance. Si le Seigneur, après l'avoir vu, n'a pas poursuivi sa route, nous non plus nous ne devons pas poursuivre notre chemin quand le Seigneur n'a pas voulu le faire; d'autant plus qu'il s'agissait d'un aveugle de naissance, ce qui n'a pas été signalé pour rien.
Il y a en effet une cécité qui vient souvent d'une maladie nuisible à la vue, et qui s'atténue avec le temps. Il y a une cécité qui est engendrée par la sécrétion de certaines humeurs. Celle-là aussi, quand sa cause est supprimée, est généralement chassée par l'art médical. Cela doit vous faire comprendre que si cet homme, aveugle de naissance, est guéri, ce n'est pas un effet de l'art, mais d'une puissance souveraine.
En effet, ce qui est un défaut de la nature, c'est au Créateur de le corriger, car il est l'auteur de la nature. Ce qui lui a fait dire: Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde (Jn 9,5), c'est-à-dire que tous ceux qui sont aveugles peuvent voir, s'ils me cherchent, moi, la lumière. Approchez-vous et vous serez dans la lumière (Ps 33,6), afin que vous puissiez voir.
Ensuite, que veut dire le fait suivant? Jésus rendait la vie par son commandement, il donnait le salut par un précepte en disant au mort: Viens dehors, et Lazare sortit de son sépulcre (Jn 11,43). Ou encore, il avait dit au paralytique: Lève-toi, emporte ton grabat (Mc 2,11-12), et le paralytique se leva et se mit à emporter son grabat, qui servait à le transporter à cause du relâchement de tous ses membres. Alors, pourquoi, ici, Jésus a-t-il craché, fait de la boue dont il a enduit les yeux de l'aveugle, en lui disant: Va, et lave-toi dans la fontaine de Siloé, dont le nom signifie Envoyé. Et il y alla, il se lava, et il se mit à voir (Jn 9,7)? Quelle est la raison de cette différence? Elle est importante, si je ne me trompe; c'est qu'il voit davantage, celui que Jésus touche.
Remarquez tout à la fois sa divinité et sa vertu sanctifiante. Étant la lumière, il a touché l'aveugle et il l'a éclairé. Étant prêtre, il a réalisé, sous le signe du baptême, les mystères de la grâce spirituelle.
Qu'il ait fait de la boue et qu'il en ait enduit les yeux de l'aveugle, cela ne signifie rien d'autre que ceci: avec la boue qu'il lui applique, il a rendu à la santé ce même homme qu'il avait façonné avec de la boue (cf. Gn 2,7). Cela signifie aussi que notre chair tirée de la boue reçoit la lumière de la vie éternelle par les mystères du baptême. Toi aussi, approche-toi de Siloé, c'est-à-dire de celui qui est l'Envoyé du Père, puisque tu connais cette parole: Ma doctrine n'est pas la mienne, mais la doctrine de celui qui m'a envoyé (Jn 7,17). Que le Christ te lave, pour que tu voies. Viens au baptême, c'est justement l'époque; viens vite, afin de pouvoir dire, toi aussi: Je suis allé, je me suis lavé, et j'ai vu ; et pour que tu dises, toi aussi: J'étais aveugle et j'ai vu ; pour que tu dises, toi aussi, comme celui qui vient d'être inondé par la lumière: La nuit est finie, le jour est tout proche (Rm 13,12).
Il y a en effet une cécité qui vient souvent d'une maladie nuisible à la vue, et qui s'atténue avec le temps. Il y a une cécité qui est engendrée par la sécrétion de certaines humeurs. Celle-là aussi, quand sa cause est supprimée, est généralement chassée par l'art médical. Cela doit vous faire comprendre que si cet homme, aveugle de naissance, est guéri, ce n'est pas un effet de l'art, mais d'une puissance souveraine.
En effet, ce qui est un défaut de la nature, c'est au Créateur de le corriger, car il est l'auteur de la nature. Ce qui lui a fait dire: Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde (Jn 9,5), c'est-à-dire que tous ceux qui sont aveugles peuvent voir, s'ils me cherchent, moi, la lumière. Approchez-vous et vous serez dans la lumière (Ps 33,6), afin que vous puissiez voir.
Ensuite, que veut dire le fait suivant? Jésus rendait la vie par son commandement, il donnait le salut par un précepte en disant au mort: Viens dehors, et Lazare sortit de son sépulcre (Jn 11,43). Ou encore, il avait dit au paralytique: Lève-toi, emporte ton grabat (Mc 2,11-12), et le paralytique se leva et se mit à emporter son grabat, qui servait à le transporter à cause du relâchement de tous ses membres. Alors, pourquoi, ici, Jésus a-t-il craché, fait de la boue dont il a enduit les yeux de l'aveugle, en lui disant: Va, et lave-toi dans la fontaine de Siloé, dont le nom signifie Envoyé. Et il y alla, il se lava, et il se mit à voir (Jn 9,7)? Quelle est la raison de cette différence? Elle est importante, si je ne me trompe; c'est qu'il voit davantage, celui que Jésus touche.
Remarquez tout à la fois sa divinité et sa vertu sanctifiante. Étant la lumière, il a touché l'aveugle et il l'a éclairé. Étant prêtre, il a réalisé, sous le signe du baptême, les mystères de la grâce spirituelle.
Qu'il ait fait de la boue et qu'il en ait enduit les yeux de l'aveugle, cela ne signifie rien d'autre que ceci: avec la boue qu'il lui applique, il a rendu à la santé ce même homme qu'il avait façonné avec de la boue (cf. Gn 2,7). Cela signifie aussi que notre chair tirée de la boue reçoit la lumière de la vie éternelle par les mystères du baptême. Toi aussi, approche-toi de Siloé, c'est-à-dire de celui qui est l'Envoyé du Père, puisque tu connais cette parole: Ma doctrine n'est pas la mienne, mais la doctrine de celui qui m'a envoyé (Jn 7,17). Que le Christ te lave, pour que tu voies. Viens au baptême, c'est justement l'époque; viens vite, afin de pouvoir dire, toi aussi: Je suis allé, je me suis lavé, et j'ai vu ; et pour que tu dises, toi aussi: J'étais aveugle et j'ai vu ; pour que tu dises, toi aussi, comme celui qui vient d'être inondé par la lumière: La nuit est finie, le jour est tout proche (Rm 13,12).
Par son attitude autant que par son langage, cet homme révèle la puissance divine de Jésus ; le Seigneur, de son côté, donne une nouvelle ardeur à sa foi, et rend ceux qui le suivent plus attentifs : « Alors Jésus dit : Je suis venu dans ce monde pour exercer le jugement. »
Dieu se plaît à honorer surtout ceux qui sont couverts d'outrages pour avoir rendu témoignage à la vérité et confessé Jésus-Christ. C'est ce qui se vérifie dans cet aveugle. Les Juifs le chassent du temple, et le Maître du temple le rencontre, et l'accueille avec bonté, comme le président des combats accueille celui qui a courageusement combattu et mérité la couronne. « Jésus apprit qu'ils l'avaient ainsi chassé ; et, l'ayant rencontré, il lui dit : Croyez-vous au Fils de Dieu ? » Le récit de l'Evangéliste nous fait voir que Jésus était venu exprès pour lui parler. Or, il l'interroge, non pour apprendre ce qu'il ignorait, mais pour se faire connaître à lui, et lui montrer la grande estime qu'il fait de sa foi ; et il semble lui dire : Ce peuple m'a outragé, mais peu m'importe ; je n'ai à cœur qu'une seule chose, c'est de vous inspirer la foi : mieux vaut un homme faisant la volonté de Dieu, que dix mille impies.
Cet homme ne connaissait pas encore Jésus-Christ, il était aveugle avant que Jésus l'eût rencontré pour la première fois ; et après sa guérison, il avait été entraîné de tous côtés par les Juifs. « Il répondit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? » C'est là l'expression d'un vif et ardent désir. Il ne connaît point celui dont il a pris et soutenu la défense avec tant de force et de chaleur, preuve de son grand amour pour la vérité. Le Seigneur ne lui a point encore dit expressément : « C'est moi qui vous ai guéri ; » mais il le lui fait connaître équivalemment en lui disant : « Vous l'avez vu, et c'est lui-même qui vous parle. »
Ou bien encore, tel est le sens de ces paroles : « Je suis venu pour le jugement; » c'est-à-dire, pour augmenter la rigueur du supplice qui vous est réservé ; et il montre aussi que ceux qui l'ont condamné, seront eux-mêmes l'objet d'une sévère condamnation. Les paroles suivantes : « Afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles, » doivent être entendues dans le même sens que ces autres de saint Paul : « Que les Gentils qui ne cherchaient point la justice, ont embrassé la justice, et la justice qui vient de la foi de Jésus-Christ ; et qu'Israël, au contraire, qui recherchait la loi de la justice, n'est point parvenu à la loi de la justice. » (Rm 9, 30-31.)
Il y a, en effet, deux manières de voir, comme deux manières d'être aveugle, l'une extérieure, l'autre intérieure ; or, les Juifs n'avaient de désirs que pour les choses sensibles, et de mépris que pour la cécité extérieure ; Jésus leur déclare donc qu'il vaudrait mieux pour eux être aveugles, que de voir de la sorte : « Si vous étiez aveugles, leur dit-il, vous n'auriez point de péché, » et votre châtiment serait moins rigoureux ; « mais maintenant vous dites : Nous voyons. »
Il leur montre ainsi que ce qu'ils regardaient comme un titre de gloire, sera pour eux une cause de châtiment, et en même temps il console de sa cécité extérieure cet homme qui avait été aveugle de naissance. Ce n'est pas sans raison que l’Evangéliste nous fait remarquer que quelques-uns d'entre les pharisiens qui étaient là entendirent ces paroles ; il veut nous rappeler que ce sont les mêmes qui avaient d'abord résisté à Jésus-Christ, et avaient voulu ensuite le lapider ; ils étaient de ceux qui suivaient le Sauveur comme par manière d'acquit, et à la première occasion se déclaraient contre lui.
Nôtre-Seigneur lave et purifie maintenant la face de son cœur, et après que son cœur est purifié, ainsi que sa conscience, il le reconnaît non comme Fils de l'homme, ce qu'il croyait déjà auparavant, mais comme Fils de Dieu, revêtu d'une chair mortelle : « Et il lui dit : Je crois, Seigneur. » C'est peu de croire ; voulez-vous voir tout ce que sa foi découvre en lui ? « Et, se jetant à ses pieds, il l'adora. »
Jésus était le jour, qui sépare la lumière des ténèbres, et il ajoute justement : « Afin que ceux qui ne voient pas voient, » parce qu'il délivre des ténèbres. Mais que signifient les paroles qui suivent : « Et que ceux qui voient deviennent aveugles ? » La suite nous en donne le véritable sens : «Quelques-uns, d'entre les pharisiens qui étaient-là, ayant entendu ces paroles, lui dirent : « Sommes-nous donc aussi des aveugles ? » Car cette parole : « Et que ceux qui voient deviennent aveugles, » les avait vivement touchés. « Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché ; » c'est-à-dire, si vous reconnaissiez que vous êtes des aveugles, vous auriez recours au médecin. « Mais maintenant vous dites : Nous voyons, votre péché demeure. » En effet, en prétendant que vous voyez, vous n'avez nul souci de chercher le médecin, et vous demeurez dans votre aveuglement ; c'est ce qu'il vient de leur prédira, en leur disant : « Je suis venu pour que ceux qui ne voient point voient, » (c'est-à-dire, ceux qui reconnaissent qu'ils ne voient point, et cherchent un médecin, pour qu'il leur rende la vue,) « et que ceux qui voient deviennent aveugles. » (C'est-à-dire, afin que ceux qui s'imaginent qu'ils voient et ne cherchent pas le médecin, demeurent dans leur aveuglement.) C'est cette distinction qu'il appelle jugement, lorsqu'il dit : « Je suis venu dans le monde pour exercer le jugement, » et il ne veut point dire qu'il vienne exercer sur le monde ce jugement qui doit n'avoir lieu qu'à la fin des siècles, pour les vivants et les morts.
Cet exemple nous apprend qu'on ne doit point prier Dieu la tète haute, mais implorer sa miséricorde la face prosternée contre terre.
Il s'exprime ainsi pour rappeler à cet homme sa guérison, parce que c'est de lui qu'il avait reçu la faculté de voir. Remarquez que celui qui lui parle est à la fois le Fils de Marie et le Fils de Dieu, et il n'y a point en lui deux personnes, suivant l'erreur de Nestorius ; « et c'est lui-même qui vous parle, » lui dit le Sauveur.
Nôtre-Seigneur semble dire : Celui qui était aveugle dès sa naissance voit maintenant, et ceux qui paraissent avoir l'usage de la vue, sont aveugles dans leur intelligence.
Vous ne voulez faire nulle attention au miracle opéré en faveur de cet aveugle, vous êtes donc indigne de pardon, puisque la vue de tels prodiges n'est point capable de vous attirer à la foi.
Ou bien encore, si vous étiez aveugles, c'est-à-dire si vous ignoriez les Ecritures, votre péché serait moins grand, parce qu'il aurait l'ignorance pour excuse ; mais maintenant, que vous vous donnez comme des sages et des hommes versés dans la loi, vous vous condamnez vous-mêmes.
Jésus leur dit.
Cette fois, c'est pour eux spécialement qu'il va parler, et non pour l'assistance en général, comme au v. 39. -
Si vous étiez aveugles. La cécité est un mal bien affreux, et pourtant, plût à Dieu qu'ils fussent vraiment
aveugles relativement à Jésus, à son origine, à son rôle ! Alors, en effet, ils seraient excusables de ne pas
voir : vous n’auriez pas de péché. Cf. 15, 22. - Mais maintenant introduit une antithèse frappante. - Vous
dites. C'est le mot important de la phrase. Vous affirmez vous-mêmes que vous jouissez pleinement de la
vue ! Ils sont ainsi leurs propres juges. - Nous voyons. Cette citation de leur langage sous la forme directe est
vivante et pittoresque. Votre péché demeure. Mot terrible, répété emphatiquement à la fin de la phrase. Leur
péché demeure, et demeurera toujours, car ils ne se convertiront point. Le cas de ces aveugles était donc
désespéré.
Quoi qu'il en soit, c'est toujours de la vérité que découle la dignité de la conscience : dans le cas de la conscience droite, il s'agit de la vérité objective reçue par l'homme, et, dans celui de la conscience erronée, il s'agit de ce que l'homme considère par erreur subjectivement vrai. Il n'est jamais acceptable de confondre une erreur « subjective » sur le bien moral avec la vérité « objective », rationnellement proposée à l'homme en vertu de sa fin, ni de considérer que la valeur morale de l'acte accompli avec une conscience vraie et droite équivaut à celle de l'acte accompli en suivant le jugement d'une conscience erronée Le mal commis à cause d'une ignorance invincible ou d'une erreur de jugement non coupable peut ne pas être imputable à la personne qui le commet ; mais, même dans ce cas, il n'en demeure pas moins un mal, un désordre par rapport à la vérité sur le bien. En outre, le bien non reconnu ne contribue pas à la progression morale de la personne qui l'accomplit : il ne lui confère aucune perfection et ne l'aide pas à se tourner vers le Bien suprême. Ainsi, avant de nous sentir facilement justifiés au nom de notre conscience, nous devrions méditer la parole du Psaume : « Qui s'avise de ses faux pas ? Purifie-moi du mal caché » (Ps 19 18, 13). Il y a des fautes que nous ne parvenons pas à voir et qui n'en demeurent pas moins des fautes, parce que nous avons refusé de nous tourner vers la lumière (cf. Jn 9, 39-41).