Luc 1, 25

« Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. »

« Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. »
Saint Ambroise
Elle rougissait d'être mère à son âge, mais en même temps elle se réjouissait d'être délivrée de l'opprobre de la stérilité. «C'est là, disait-elle, la grâce que le Seigneur m'a faite», etc.

Pourquoi se tenait-elle cachée, si ce n'est par un sentiment de pudeur? Il est en effet pour les époux un temps déterminé par la nature, où c'est chose louable de chercher à avoir des enfants; lorsqu'on est dans la vigueur de l'âge, et qu'on peut espérer d'en obtenir. Mais lorsqu'on atteint les limites d'une vieillesse presque épuisée et qu'on arrive à cet âge, où l'on est plus propre à élever des enfants qu'à les engendrer, il y a une espèce de honte pour une femme de porter les signes d'une fécondité bien que légitime, d'être chargée d'un fardeau qui convient à un autre âge, et d'une grossesse qui n'est plus de saison. Elle avait donc de la honte à cause de son âge; nous pouvons comprendre par là qu'Elisabeth et Zacharie n'avaient plus ensemble les rapports qu'ont entre eux les époux; car si elle n'avait pas eu de honte de remplir les devoirs du mariage jusque dans sa vieillesse, elle n'en aurait pas eu davantage de devenir mère. Cependant laissons-la rougir du poids de la maternité tant qu'elle ignore ce qu'elle a de mystérieux. Bientôt, celle qui se dérobait aux regards, parce qu'elle était devenue mère, commence à se glorifier, parce qu'elle porte un prophète dans son sein.

Car c'est une espèce de honte pour les femmes d'être privées du fruit de l'union des époux, puisqu'elles n'ont point d'autre raison de se marier.

Le peuple tout entier devient comme muet dans la personne d'un seul, parce qu'il parlait à Dieu par l'intermédiaire d'un seul; la parole de Dieu a passé aussi jusqu'à nous, et elle n'est point muette au milieu de nous: celui-là est muet qui ne comprend pas la loi. Pourquoi, en effet, celui qui ne peut émettre aucun son articulé vous paraîtrait-il plus muet que celui qui n'a aucune connaissance des saints mystères? Le peuple juif ressemble à un homme qui fait des signes, lui qui ne peut rendre raison de ce qu'il fait.
Saint Jean Chrysostome
C'est-à-dire il a fait cesser ma stérilité, en m'accordant un don qui dépasse les forces de la nature, et une pierre inféconde a produit des épis verdoyants, il m'a délivré de l'opprobre de la stérilité en me rendant mère, «dans les jours où il m'a regardée pour effacer mon opprobre d'entre les hommes».

C'est donc pour Elisabeth une double joie d'être affranchie de l'opprobre de la stérilité, et de mettre au monde un enfant illustre; car ce n'est pas ici comme pour les autres, l'union des époux seule, mais la grâce divine qui a été le principe de cette naissance.
Saint Bède le Vénérable
Tant que duraient leurs fonctions, les prêtres, tout entiers aux offices de leur ministère, s'abstenaient de tout rapport avec leurs épouses, et s'interdisaient même l'entrée de leurs maisons. C'est pourquoi l'Évangéliste ajoute: «Quand les jours de son ministère furent accomplis», etc. Les prêtres qui se succédaient alors, devaient être de la race d'Aaron, c'était donc un devoir aussi légitime que nécessaire de se donner une postérité» Maintenant, au contraire, ce ne sont plus les lois d'une succession charnelle, mais une perfection toute spirituelle qui donne droit au sacerdoce, aussi les prêtres sont-ils obligés d'observer une continence perpétuelle, pour être dignes d'offrir le sacrifice de l'autel. «Après ces jours-là», etc., c'est-à-dire après les jours où Zacharie avait rempli les devoirs de son ministère. Ceci se passait au mois de septembre, le huit des calendes d'octobre, alors que les Juifs célébraient le jeûne de la fête des Tabernacles, à l'approche de l'équinoxe, où la nuit commence à être plus longue que le jour; en effet, le Christ devait croître et Jean di minuer. Et ce n'est pas sans raison que ces jours étaient des jours de jeûne; car Jean-Baptiste devait prêcher aux hommes les austérités de la pénitence.

Dans un sens mystique, on peut dire que Zacharie représente le sacerdoce judaïque, et Elisabeth la loi, qui développée par les explications des prêtres devait engendrer à Dieu des enfants spirituels, mais qui restait impuissante et stérile, «parce que la loi n'a conduit personne à la perfection».Tous deux étaient avancés en âge, parce qu'à la venue au Christ les hommes étaient pour ainsi dire courbés sous le poids des ans. Zacharie entre dans le temple, parce que c'est aux prêtres qu'il appartient de pénétrer dans le sanctuaire des mystères célestes. La multitude se tenait au dehors parce qu'elle ne peut pénétrer le secret des choses spirituelles. Tandis que Zacharie place l'encens sur l'autel, la naissance de Jean-Baptiste lui est révélée; c'est en effet lorsque les docteurs sont embrasés du feu divin que renferment les saintes lettres qu'ils découvrent la grâce de Dieu qui se répand par Jésus-Christ; c'est par un ange que ses mystères sont révélés, parce que «la loi a été donnée par le ministère des anges».

Et cependant Elisabeth conçoit Jean-Baptiste, parce que les secrètes profondeurs de la loi sont pleines des mystères de Jésus-Christ. Elle cache cette conception pendant cinq mois, parce que Moïse a renfermé dans ses cinq livres les mystères du Christ, ou parce que toute l'économie de la rédemption de Jésus-Christ a été figurée dans les cinq âges du monde par les paroles et les actions des saints.
Commentaire grec
Aussi l'Évangéliste ajoute: «Elle se cachait pendant cinq mois», c'est-à-dire jusqu'au temps où Marie elle-même conçut son divin fils, et que l'enfant d'Elisabeth, tressaillant de joie dans son sein, commença de remplir les fonctions de prophète.
Louis-Claude Fillion
Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi. Parole toute hébraïque ; nous ne croyons pas que la phrase introduite par elle ait aucun rapport avec les raisons pour lesquelles Elisabeth entrait dans sa pieuse retraite. Les mots sont emphatiques. C'est à Dieu, et à Dieu seul que la sainte épouse de Zacharie rapporte la gloire de sa maternité. Comme Eve, elle s'écrie : « J'ai formé un homme avec l'aide de l'Éternel ». - Aux jours où il m'a regardée… Le Seigneur, d'après une pensée qui revient à chaque instant dans la Bible, est censé avoir jeté du haut du ciel un regard favorable sur Elisabeth, en vue de faire cesser la longue épreuve qu'elle avait endurée. - Mon opprobre parmi les hommes. Rachel, devenue mère après plusieurs années de stérilité, s'écriait aussi avec bonheur : « Dieu a enlevé mon opprobre ! » Gen. 30, 23. Chez les Juifs en effet, et en générale dans tout l'Orient, la privation d'enfants a toujours été considérée comme un indice du mécontentement divin et par suite, comme une grande humiliation. Comparez 1 Reg. 1, 6, 11 ; Is. 4, 1 ; 47, 9 ; 54, 4, etc.
Pape Saint Jean-Paul II
La révélation du Nouveau Testament confirme la reconnaissance incontestée de la valeur de la vie depuis son commencement. Les paroles par lesquelles Elisabeth exprime sa joie d'être enceinte manifestent l'exaltation de la fécondité et l'attente empressée de la vie: « Le Seigneur... a daigné mettre fin à ce qui faisait ma honte » (Lc 1, 25). Mais la valeur de la personne dès sa conception est célébrée plus encore dans la rencontre entre la Vierge Marie et Elisabeth, et entre les deux enfants qu'elles portent en elles. Ce sont précisément eux, les enfants, qui révèlent l'avènement de l'ère messianique: dans leur rencontre, la force rédemptrice de la présence du Fils de Dieu parmi les hommes commence à agir. « Aussitôt — écrit saint Ambroise — se font sentir les bienfaits de l'arrivée de Marie et de la présence du Seigneur... Elisabeth fut la première à entendre la parole, mais Jean fut le premier à ressentir la grâce: la mère a entendu selon l'ordre de la nature, l'enfant a tressailli en raison du mystère; elle a constaté l'arrivée de Marie, lui, celle du Seigneur; la femme, l'arrivée de la femme, l'enfant, celle de l'Enfant. Les deux femmes échangent des paroles de grâce, les deux enfants agissent au-dedans d'elles et commencent à réaliser le mystère de la miséricorde en y faisant progresser leurs mères; enfin, par un double miracle, les deux mères prophétisent sous l'inspiration de leurs enfants. L'enfant a exulté, la mère fut remplie de l'Esprit Saint. La mère n'a pas été remplie de l'Esprit Saint avant son fils, mais lorsque le fils fut rempli de l'Esprit Saint, il en combla aussi sa mère ».