Luc 1, 33

il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Origène
Plusieurs avant elle, avaient trouvé grâce devant Dieu: aussi l'ange ajoute ce qui lui est exclusivement propre: «Voilà que vous concevrez dans votre sein». Cette expression voilà indique la rapidité, l'actualité de l'opération divine, la conception a lieu au moment même où il parle.

Admirez donc la grandeur du Sauveur Jésus, comme elle est répandue par tout l'univers. Montez dans les cieux, elle y remplit tout de sa présence; descendez par la pensée dans les abîmes, vous verrez qu'elle vous y a précédé. A cette vue, reconnaissez l'accomplissement de cette prédiction: «Il sera grand».
Saint Basile le Grand
Ce n'est point sur le trône temporel de David que le Seigneur s'est assis, puisque le gouvernement du peuple juif était passé aux mains d'Hérode; le trône de David, dont le Seigneur s'est mis en possession, c'est son royaume immortel. Aussi voyez ce qui suit: «Et il régnera sur la maison de Jacob éternellement», etc.
Saint Grégoire de Nysse
Mais comme il en est qui conçoivent l'esprit divin et enfantent l'esprit du salut, selon l'expression du prophète, l'ange ajoute «Et vous enfanterez un Fils».

L'attente de leur délivrance inspire ordinairement aux femmes de vives craintes, aussi l'ange calme ces appréhensions par les charmes de l'enfantement qu'il annonce: «Et vous l'appellerez Jésus». L'avènement d'un Sauveur suffit pour dissiper tout sentiment de crainte.
Saint Ambroise
Il en est peu qui, comme Marie, enfantent le Verbe qu'ils ont conçu par la grâce de l'Esprit saint. Il en est qui rejettent au dehors le Verbe à peine conçu, et qui ne l'enfantent jamais; il en est qui portent Jésus-Christ dans leur sein, mais sans que jamais il arrive à être formé dans leur coeur.

Il a été dit aussi de Jean-Baptiste qu'il serait grand, mais d'une grandeur humaine, tandis que Jésus sera grand d'une grandeur toute divine; car la puissance de Dieu se répand au loin, et la grandeur de la substance divine s'étend au delà de tous les espaces connus. Elle n'est limitée par aucun lieu, elle est incompréhensible à l'esprit humain, supérieure à toutes nos pensées, inaccessible aux variations des temps.
Saint Jean Chrysostome
Celui qui mérite de trouver grâce aux yeux de Dieu, n'a rien à craindre. «Vous avez, lui dit-il, trouvé grâce devant Dieu». Comment chacun peut-il à son tour trouver grâce devant Dieu? par l'humilité; car c'est aux humbles que Dieu donne sa grâce. ( Jc 4 et 1 P 5)

Il en est qui regardent comme souverainement étrange, inconvenant même que Dieu fasse son habitation d'un corps mortel. Mais est-ce que le soleil qui est un corps sensible, et qui pénètre tout de ses rayons, voit pour cela s'obscurcir soit éclat? A plus forte raison le soleil de justice, en prenant un corps très-pur dans le sein d'une vierge, ne perd rien de sa pureté; bien loin de là, il ajoute à la pureté, à la sainteté de sa mère.

La maison de Jacob dont il est ici question sont ceux d'entre les Juifs qui ont cru en lui. Car comme dit saint Paul: «Tous ceux qui descendent d'Israël, ne sont pas pour cela Israélites, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être les enfants d'Abraham». ( Rm 11). Ou bien encore, la maison de Jacob, c'est toute l'Église, qui est sortie d'une bonne racine, ou qui, d'olivier sauvage qu'elle était, a été greffée sur l'olivier franc par le mérite de sa foi.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Ce nom fut un nom nouveau donné au Verbe de Dieu et parfaitement en rapport avec sa naissance selon la chair, selon cette parole du prophète: «On vous appellera d'un nom nouveau, que la bouche du Seigneur vous donnera».

Toutefois, gardons-nous de croire que le corps très-pur de Jésus-Christ soit l'oeuvre de Joseph; mais tous deux descendaient des mêmes ancêtres, Joseph et Marie, dans le sein de laquelle le Fils de Dieu s'est revêtu de notre humanité.
Saint Bède le Vénérable
L'ange, voyant la Vierge troublée par cette salutation étrange pour elle, l'appelle par son nom, comme s'il la connaissait plus familièrement, et l'engage à déposer tout sentiment de crainte. «Et l'ange lui dit: Ne craignez pas, Marie», etc.

Le nom de Jésus signifie Sauveur ou salutaire.

Que Nestorius cesse donc de dire que l'homme seul est né de la Vierge, et qu'en Jésus-Christ l'homme n'a point été uni au Verbe de Dieu en unité de personne; car l'ange proclame Fils du Très-Haut, celui-là même qu'il déclare être le Fils de David, et démontre ainsi qu'en Jésus-Christ, il n'y a qu'une seule personne en deux natures. S'il parle au futur, ce n'est pas, comme le disent les hérétiques, que le Christ n'ait pas existé avant Marie, mais parce qu'il a reçu le nom de Fils lorsque l'homme, uni à Dieu, n'a plus formé qu'une seule personne.
Commentaire grec
Comme s'il disait: Je ne suis point venu pour vous tromper, mais pour apporter le pardon de l'ancienne déception, je ne viens point non plus porter atteinte à votre inviolable virginité, mais préparer en vous une demeure à l'auteur, au gardien de toute pureté; je ne suis pas l'envoyé du serpent, mais l'ambassadeur de celui qui détruit son empire, je viens non vous tendre un piége, mais traiter de l'union mystérieuse que Dieu veut contracter avec vous. Il ne veut pas la laisser en proie à des pensées inquiétantes, pour sauver l'honneur de la mission divine qu'il vient remplir.

Cette Vierge sainte a trouvé grâce devant Dieu, parce que l'éclat de sa chasteté qui était le plus bel ornement de son âme, en a fait une demeure agréable à Dieu; et que non seulement elle a gardé une virginité perpétuelle, mais a conservé son âme pure de toute tache.

L'ange dit à Marie: «C'est vous qui lui donnerez ce nom, et non pas son père; car il n'a point de père dans sa génération temporelle, comme il n'a point de mère dans sa génération divine.

Mais comme ce nom lui était commun avec le successeur de Moïse, l'ange fait ressortir la différence qui les sépare en ajoutant: «Il sera grand».

Et ne croyez pas que l'incarnation du Fils de Dieu porte la moindre atteinte à la majesté divine, au contraire, elle élève jusqu'aux cieux notre pauvre humanité: «Et il sera appelé, dit l'ange, le Fils du Très-Haut». Ce n'est pas vous qui lui donnerez ce nom: «Il sera appelé», et par qui donc, si ce n'est par son Père qui lui est consubstantiel? Celui-là seul qui a la connaissance parfaite de son fils, peut seul aussi lui donner le nom qui lui convient, ce qu'il fait quand il dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé». Il l'est de toute éternité, bien que ce nom ne nous ait été révélé que dans le temps pour notre instruction; aussi l'ange dit: «Il sera appelé», et non pas, il deviendra, ou il sera engendré; car avant tous les siècles il était consubstantiel à son Père. Celui donc que l'immensité des cieux ne peut contenir, c'est lui que vous concevrez, c'est lui dont vous deviendrez la mère, c'est lui que votre sein virginal va renfermer.

L'ange voulant rappeler au souvenir de Marie les oracles des prophètes, ajoute: «Et Dieu lui donnera le trône de David», etc., afin qu'elle sache à n'en pouvoir douter, que celui dont elle deviendra la mère, c'est le Christ qui, selon les prophètes, devait naître de la race de David.

A Dieu seul il appartient de régner éternellement; aussi, bien que l'ange déclare qu'il prendra possession du trône de David par suite de son incarnation, en tant que Dieu, il est le roi éternel des siècles. «Et son royaume n'aura point de foi». Non seulement comme Dieu, mais aussi en tant qu'il est homme; dans le temps présent, il règne sur un grand nombre, à la fin des siècles, son empire s'étendra sur tous sans exception, lorsque tout es choses lui seront soumises.
Louis-Claude Fillion
Pour une Juive familiarisée comme l'était Marie avec les oracles de l'Ancien Testament, les paroles contenus dans ces trois versets étaient aussi claires que le jour, car elles contenaient, comme le dit très bien M. Schegg, h. l., « une description populaire du Messie », un résumé des prophéties messianiques les plus célèbres. L'enfant que l'ange promet à Marie devait avoir tous les titres, remplir tous les ministères attribués par Dieu et par la voix publique au Libérateur impatiemment attendu. Ce portrait était d'une ressemblance trop frappante pour n'être pas aussitôt reconnu, et la Sainte Vierge n'eût certainement pas mieux compris si Gabriel se fût borné à lui dire : Vous êtes destinée par Dieu à devenir la mère du Messie. Dès les premiers mots, vous concevrez dans votre sein (pléonasme à la façon des Hébreux), l'ange fait une allusion évidente à la prédiction d'Isaïe, 7, 14 (comp. Matth. 1, 23 et le commentaire). A son Fils, Marie devra donner un nom, dans lequel sera exprimée en abrégé la grâce apportée par lui sur la terre. En effet, Jésus signifie Sauveur, ou plus complètement, Jéhovah sauve. Voyez l'Évang. Selon S. Matth. p. 44. Gabriel trace ensuite une description magnifique de l'avenir réservé à l'enfant de Marie. Il sera grand ; non seulement « grand devant Dieu », comme Jean-Baptiste (cfr. v. 15), mais grand par antonomase, le plus grand de tous les hommes. - Il sera appelé Fils du Très-Haut. Voyez S. Marc, 5, 7, et le commentaire. Les titres de Fils du Très-Haut, de Fils de Dieu (v. 35), ne désignent pas toujours nécessairement une filiation divine dans le sens strict. La Bible et les Rabbins les appliquent souvent aux Juifs en général, aux anges, aux hommes qui, par des fonctions élevées, représentent la divinité sur la terre, au Messie enfin, en tant qu'il devait être le juste par excellence et l'ami privilégié de Jéhovah. Mais le contexte prouve que nous devons les entendre ici d'une manière littérale et d'après toute leur valeur théologique. L'enfant de Marie sera véritablement Fils de Dieu, puisqu'il sera engendré par Dieu lui-même. - Dieu lui donnera… Doué de deux natures, l'une divine, l'autre humaine, Jésus aura comme deux pères distincts, l'un au ciel, l'autre ici-bas, dont Marie était la fille. Il héritera donc du trône de son père terrestre, et, le royaume juif étant théocratique, c'est le Seigneur lui-même qui l'installera sur ce trône. Tous les mots de l'ange ont donc leur portée, et tous ils correspondent à quelque prophétie de l'Ancien Testament. Comp. 2 Reg 7, 12-16 ; Mich. 4, 7, etc. - Il régnera éternellement sur la maison de Jacob. La « maison de Jacob », c'est d'abord la nation juive, issue de ce grand patriarche selon la chair, et héritière directe des promesses du ciel. Mais c'est aussi, comme le prouvera la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, la postérité spirituelle d'Israël, composée, sans distinction de race, de tous ceux qui croiront au Messie ; c'est, en un mot, la sainte Église du Christ. On comprend maintenant que le royaume de Jésus doive durer à tout jamais, puisque l'Église a des promesses de vie éternelle, et qu'elle ne cessera d'exister sur la terre que pour arriver à sa glorieuse consommation dans le ciel. La répétition emphatique et son règne n'aura pas de fin, a pour but d'insister sur cette perpétuité, qui d'ailleurs avait été si formellement annoncée par les Prophètes : « Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et son règne ne sera jamais détruit », Dan. 7, 14. Comp. Is. 9, 7. Sur le royaume du Christ, voyez encore Jer. 33, 15-26 ; Ezech. 34, 23 et ss.;Os. 3, 5, etc.
Pape Saint Jean-Paul II
Quand Marie, à l'Annonciation, entend parler du Fils dont elle doit devenir mère et qu'elle «appellera du nom de Jésus» ( = Sauveur), il lui est aussi donné de savoir que «le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père», qu'il «régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin» (Lc 1, 32-33). C'est dans cette direction que s'orientait toute l'espérance d'Israël. Le Messie promis doit être «grand», le messager céleste annonce aussi qu'il «sera grand» -grand par le nom de Fils du Très-Haut ou parce qu'il reçoit l'héritage de David. Il doit donc être roi, il doit régner «sur la maison de Jacob». Marie a grandi au milieu de cette attente de son peuple: pouvait-elle saisir, au moment de l'Annonciation, quelle signification primordiale avaient les paroles de l'ange ? Et comment doit-on comprendre ce «règne» qui «n'aura pas de fin»?

Cette bénédiction atteint la plénitude de son sens lorsque Marie se tient au pied de la Croix de son Fils (cf. Jn 19, 25). Le Concile déclare que cela se produisit «non sans un dessein divin»: «Souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d'un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l'immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour», Marie «garda fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix» 38: l'union par la foi, par la foi même avec laquelle elle avait accueilli la révélation de l'ange au moment de l'Annonciation. Elle s'était alors entendu dire aussi: «Il sera grand... Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin» (Lc 1, 32-33).