Luc 1, 35

L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.
Saint Athanase
Nous faisons profession de croire que le corps du Sauveur, formé des éléments matériels de la nature humaine, a été un véritable corps, de même nature que le nôtre; car Marie est notre soeur, puisque tous, comme elle, nous sommes descendus d'Adam.
Saint Basile le Grand
Voilà pourquoi saint Paul dit: Dieu a envoyé son Fils né d'une femme, il ne dit point par le moyen d'une femme, mais d'une femme; car cette expression: par une femme aurait pu donner l'idée d'une génération qui ne serait qu'un passage, tandis que ces paroles: né d'une femme établissent clairement l'identité de nature entre le fils et la mère.

Le mot connaître est susceptible de plusieurs sens. On appelle connaissance, la science de Dieu notre créateur, la notion que nous avons de ses perfections et des voies qui mènent à lui, l'observation de ses commandements, et aussi les rapports des époux entre eux, et c'est dans ce dernier sens qu'il faut l'entendre ici.
Saint Grégoire de Nysse
Considérez encore les paroles de cette Vierge si pure. L'ange lui prédit qu'elle enfantera, elle s'attache à sa virginité, la conservation de sa chasteté est à ses yeux d'un plus grand prix que l'apparition miraculeuse de l'ange. Aussi entendez-la dire: «Je ne connais point d'homme».

Ces paroles de Marie nous dévoilent les pensées les plus intimes de son âme; car si elle eût épousé Joseph pour la fin qu'on se propose dans tout mariage, pourquoi cet étonnement, lorsqu'on lui parle de conception? puisqu'elle pouvait s'attendre à devenir mère un jour selon les lois de la nature. Mais il fallait conserver dans toute sa pureté ce chaste corps qui avait été offert à Dieu comme une chose sacrée, aussi dit-elle à l'ange: «Je ne connais point d'homme». Comme si elle lui disait: Vous êtes un ange, cependant c'est pour vous chose naturellement impossible à savoir que je ne connais point d'homme; comment donc deviendrai-je mère sans avoir d'époux, puisque je reconnais Joseph pour mon époux ?

Bienheureux ce corps qui, par suite de l'incomparable pureté de Marie, a mérité d'être intimement uni à l'Esprit saint; dans les autres, à peine si une âme pure mérite la présence de ce divin esprit; ici c'est la chair elle-même qui devient son tabernacle.

Ces tables de notre nature que le péché avait brisées, le vrai législateur les taille et les façonne de nouveau avec notre terre; il prend, sans union charnelle, un corps capable d'être uni à sa divinité, et que le doigt de Dieu lui-même a sculpté, c'est-à-dire l'Esprit saint qui est survenu dans la Vierge.

«Et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre». La vertu du Très-Haut c'est le Christ lui-même qui est formé dans le sein de Marie par la venue de l'Esprit saint.

«La vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre». L'ombre d'un corps est produite par un objet préexistant, et reçoit de lui sa forme, ainsi les preuves de la divinité de son Fils éclateront dans la vertu miraculeuse de sa génération. Car de même que la matière corporelle qui est en nous, possède une vertu vivifiante qui sert à former l'homme; ainsi la vertu du Très-Haut, par l'opération de l'Esprit vivificateur, a pris dans le corps virginal de Marie la partie de matière qui devait servir à former l'homme nouveau. C'est ce qu'indi quent les paroles suivantes: «C'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous, sera appelé le Fils de Dieu».
Saint Ambroise
Marie ne devait point refuser de croire aux paroles de l'ange, elle ne devait point non plus accepter témérairement les prérogatives divines qu'il lui annonçait. Que fait-elle? «Or, Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il ?» question bien plus mesurée que celle du prêtre Zacharie. «Comment cela se fera-t-il»; demande Marie; à quoi connaîtrai-je la vérité de ce que vous m'annoncez», dit Zacharie. il refuse donc de croire ce qu'il déclare ne pas comprendre, et il demande pour appuyer sa foi d'autres motifs de crédibilité. Marie, au contraire, se rend aux paroles de l'ange, elle ne doute nullement de leur accomplissement, elle n'est inquiète que de la manière dont elles s'accompliront. Elle avait lu dans les prophètes: «Voici qu'une vierge concevra et enfantera un fils», elle croit donc à l'accomplissement de cette prophétie; mais elle n'avait pas lu comment elle s'accomplirait, car Dieu ne l'avait pas révélé même au premier des prophètes; ce n'était pas à un homme, mais à un ange, qu'il était réservé de faire connaître un si grand mystère.
Saint Jean Chrysostome
Ne semble-t-il pas lui dire: Ne cherchez pas les lois de la nature, là où la nature est dépassée par la sublimité des choses que je vous annonce? Vous dites: «Comment cela se fera-t-il, parce que je ne connais point d'homme ?» Et c'est justement parce que vous êtes demeurée vierge vis-à-vis de votre époux, que ce mystère doit s'accomplir en vous; car si vous étiez une épouse ordinaire, Vous n'en auriez pas été jugée digne; non pas, sans doute, que le mariage soit une chose profane aux yeux de Dieu, mais parce que la virginité lui est supérieure. Il convenait, en effet, que le Seigneur de tous les hommes eût avec nous, dans sa naissance, des rapports de conformité, comme aussi des traits de dissemblance. Il naît du sein d'une femme, et en cela il nous est semblable; mais il naît en dehors des lois des conceptions ordinaires, et par là il nous est supérieur.
Saint Grégoire le Grand
Ces paroles: «Vous couvrira de son ombre», signifient les deux natures du Dieu incarné; car l'ombre est le résultat de la lumière et de l'interposition d'un corps. Or, le Seigneur est lumière par sa divinité, et comme cette lumière incorporelle devait se revêtir d'un corps dans le sein de Marie, l'ange lui dit avec raison: «La vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre», c'est-à-dire le corps de l'humanité qui est en vous, recevra la lumière incorporelle de la divinité. Ces paroles peuvent aussi s'entendre des consolations célestes que Dieu devait répandre dans son âme.

L'ange déclare que Jésus sera saint dès sa naissance, mais d'une sainteté toute différente de la nôtre. En effet, nous pouvons acquérir la sainteté; mais nous ne la possédons pas dès notre naissance, enchaînés que nous sommes dans les liens d'une nature sujette à la corruption, ce qui nous fait dire avec le prophète ( Ps 50): «Voilà que j'ai été conçu dans l'iniquité», etc. Celui-là seul est véritablement saint, dont la conception n'est pas la suite d'une union charnelle; qui n'est point autre dans son humanité, autre dans sa divinité, comme le rêvent les hérétiques, qui n'a point commencé par être simplement un homme dans sa conception, dans sa naissance, et mérité ensuite de devenir Dieu; mais qui, aussitôt que l'ange eut parlé, et que l'Esprit saint fut survenu, fut le Verbe descendu dans le sein de Marie, et immédiatement le Verbe fait chair dans ses chastes entrailles. C'est ce que prouvent les paroles suivantes: «Il sera appelé le Fils de Dieu».
Saint Bède le Vénérable
Ce n'est donc point par le concours de l'homme que vous n'avez jamais connu, que vous concevrez, mais par l'opération de l'Esprit saint dont vous serez toute remplie, et vous demeurerez inaccessible aux ardeurs de la concupiscence, parce que le Saint-Esprit vous couvrira de son ombre.
Commentaire grec
Considérez comment l'ange, parlant à Marie, fait intervenir toute la Trinité, en mentionnant distinctement l'Esprit saint, le Verbe et le Très-Haut; car la Trinité est indivisible.

Considérez comment l'ange lève le doute de la Vierge, et lui explique la chaste union et l'enfantement ineffable qui doit la suivre: «Et l'ange lui répondit: L'Esprit saint surviendra en vous», etc.
Louis-Claude Fillion
Gabriel s'empresse de répondre à la demande si légitime de Marie. Qu'elle se tranquillise au sujet de la dignité maternelle qui lui a été proposée, car la chair et le sang n'y auront aucune part : c'est l'Esprit Saint qui produira divinement en elle le corps du Verbe incarné. Telle est la substance des explications qu'il lui donne. - L'Esprit-Saint surviendra en vous. Au commencement du monde, Gen. 1, l'Esprit de Dieu était descendu sur la nature encore informe, et l'avait prédisposée aux transformations admirables qu'elle devait ensuite subir : de même, le germe de vie déposé dans le sein de Marie devait être le fruit de son opération mystérieuse. - Et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. « Nous remarquons dans la réponse de l'ange le parallélisme qui est toujours, chez les Hébreux, l'expression de l'exaltation du sentiment et le caractère du style poétique. L'ange aborde le plus saint des mystères ; sa parole devient un chant », Godet, h. l. La phrase exprime donc tout à fait la même idée que la précédente, il n'y a de différence que dans les termes. La « vertu » (l'énergie créatrice et toute puissante du Seigneur) équivaut à l'Esprit-Saint et représente la troisième personne de la Sainte Trinité. « Vous couvrira de son ombre » est synonyme de « surviendra en vous », mais avec une belle image en sus, pour fortifier la pensée. On a pourtant interprété de manières bien diverses cette ombre dont la Vertu du Très-Haut devait couvrir Marie pour la rendre mère du Christ : peut être, en comptant bien, trouverait-on plus de quinze explications différentes émises dans le cours des siècles. Voyez Cornelius à Lapide, hoc. Loco. Suivant l'opinion qui est très communément admise de nos jours, il y a dans la métaphore de l'ombre une allusion aux théophanies de l'Ancien Testament, c'est-à-dire aux manifestations de la substance divine sous la forme d'une nuée qui recouvrait l'arche d'alliance. En tout cas, le langage humain ne pouvait pas désigner en termes plus clairs et plus chastes le mystère admirable qui allait bientôt s'accomplir. Marie, comme le chante l'Église, réunira sur sa tête les deux plus belles couronnes de ce monde, la dignité d'une mère et la pureté d'une vierge. - C’est pourquoi le fruit saint.. Conçu par l'opération du Saint Esprit, le fils de Marie sera nécessairement lui-même une chose sainte ; il sera nécessairement aussi le Fils de Dieu, et le monde entier le reconnaître comme tel (voyez le v. 32 et l'explication). Rien n'est plus rigoureux que cette double déduction de l'ange.
Catéchisme de l'Église catholique
Le Fils unique du Père en étant conçu comme homme dans le sein de la Vierge Marie est " Christ ", c’est-à-dire oint par l’Esprit Saint (cf. Mt 1, 20 ; Lc 1, 35), dès le début de son existence humaine, même si sa manifestation n’a lieu que progressivement : aux bergers (cf. Lc 2, 8-20), aux mages (cf. Mt 2, 1-12), à Jean-Baptiste (cf. Jn 1, 31-34), aux disciples (cf. Jn 2, 11). Toute la vie de Jésus-Christ manifestera donc " comment Dieu l’a oint d’Esprit et de puissance " (Ac 10, 38).

La nuée et la lumière. Ces deux symboles sont inséparables dans les manifestations de l’Esprit Saint. Dès les théophanies de l’Ancien Testament, la Nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse, révèle le Dieu vivant et sauveur, en voilant la transcendance de sa Gloire : avec Moïse sur la montagne du Sinaï (cf. Ex 24, 15-18), à la Tente de Réunion (cf. Ex 33, 9-10) et durant la marche au désert (cf. Ex 40, 36-38 ; 1 Co 10, 1-2) ; avec Salomon lors de la dédicace du Temple (cf. 1 R 8, 10-12). Or ces figures sont accomplies par le Christ dans l’Esprit Saint. C’est Celui-ci qui vient sur la Vierge Marie et la prend " sous son ombre " pour qu’elle conçoive et enfante Jésus (Lc 1, 35). Sur la montagne de la Transfiguration, c’est lui qui " survient dans la nuée qui prend sous son ombre " Jésus, Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, et " de la nuée sort une voix qui dit : ‘Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le’ " (Lc 9, 34-35). C’est enfin la même Nuée qui " dérobe Jésus aux yeux " des disciples le jour de l’Ascension (Ac 1, 9) et qui le révélera Fils de l’homme dans sa Gloire au Jour de son Avènement (cf. Lc 21, 27).
Pape Saint Jean-Paul II
En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l'institution de l'Eucharistie, par le fait même qu'elle a offert son sein virginal pour l'incarnation du Verbe de Dieu. Tandis que l'Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément en continuité de l'Incarnation. À l'Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la vérité même physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure se réalise sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Seigneur.

Il existe donc une analogie profonde entre le fiat par lequel Marie répond aux paroles de l'Ange et l'amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur. À Marie, il fut demandé de croire que celui qu'elle concevait « par l'action de l'Esprit Saint » était le « Fils de Dieu » (cf. Lc 1, 30-35). Dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous est demandé de croire que, dans le Mystère eucharistique, ce même Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain et du vin.

« Heureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45): dans le mystère de l'Incarnation, Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques?

Le messager divin le dit: «Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et tu enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut» (Lc 1, 30-32). Et quand la Vierge troublée par cette salutation extraordinaire, demande: «Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?», elle reçoit de l'ange la confirmation et l'explication des paroles antérieures. Gabriel lui dit: «L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35).

Par conséquent, on peut aussi comparer la foi de Marie à celle d'Abraham que l'Apôtre appelle «notre père dans la foi» (cf. Rm 4, 12). Dans l'économie du salut révélée par Dieu, la foi d'Abraham représente le commencement de l'Ancienne Alliance; la foi de Marie à l'Annonciation inaugure la Nouvelle Alliance. Comme Abraham, «espérant contre toute espérance, crut et devint ainsi père d'une multitude de peuples» (cf. Rm 4, 18), de même Marie, au moment de l'Annonciation, après avoir dit sa condition de vierge («Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?»), crut que par la puissance du Très-Haut, par l'Esprit Saint, elle allait devenir la Mère du Fils de Dieu suivant la révélation de l'ange: «L'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35).