Luc 11, 13
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
On demandera peut-être pourquoi la prière n'est pas toujours exaucée, nous répondons que celui qui s'adresse à Dieu en toute droiture, et n'omet rien de ce qui peut assurer le succès de ses prières, obtiendra certainement ce qu'il a demandé. S'il s'écarte, au contraire, des règles prescrites à celui qui prie, sa prière, dépourvue des conditions voulues, n'est plus une prière. Si donc il ne reçoit rien, les paroles du Sauveur n'en sont pas moins véritables; car Dieu ayant dit: « Celui qui vient à moi, obtiendra la science de la sagesse , nous recevons en réalité la grâce de nous approcher du divin Maître, pour nous appliquer avec ferveur et avec zèle à l'accomplissement de ses préceptes. Saint Jacques dit de son côté: « Vous demandez, et vous ne recevez pas », parce que vous demandez mal, c'est-à-dire dans l'intérêt de vos passions frivoles. On m'objectera qu'il en est qui prient pour obtenir la connaissance de Dieu, ou leur retour à la vertu, sans rien obtenir; je réponds que la raison eu est qu'ils ont demandé ces biens, non pour eux-mêmes, mais pour l'estime et la considération qui pouvaient leur en revenir.
Si l'on peut entendre ce pain de l'aliment intérieur de l'âme, sans lequel on ne peut être sauvé, c'est-à-dire de l'intelligence claire de la vie qu'on doit mener, le poisson représentera l'amour de la science qui consiste à connaître la création du monde, les propriétés des éléments, et tout ce qui fait l'objet de l'enseignement de la philosophie. Ainsi Dieu, au lieu de pain, ne nous donne pas une pierre, que le démon pressait Jésus-Christ de manger ( Mt 4,3 ); au lieu de poisson, il ne nous donne pas un serpent tel qu'en mangent les Ethiopiens, qui sont indignes de se nourrir de poissons; en un mot, au lieu d'une nourriture bienfaisante et salutaire, il ne nous donne pas d'aliments dangereux et nuisibles, c'est ce que représente l'oeuf et le scorpion.
Or, si le Saint-Esprit n'avait pas une seule et même substance avec Dieu qui est seul bon, on ne lui donnerait pas ici la qualification de bon, puisque le Seigneur lui-même ne voulut point être appelé bon, en tant qu'il s'était fait homme.
Qu'un homme encore s'abandonne par lâcheté à ses désirs, et se livre lui-même entre les mains de ses ennemis, il ne peut espérer que Dieu ni le secoure, ni ne l'exauce, puisqu'il s'est volontairement éloigné de lui. Offrons donc à Dieu, dans la prière, toutes les dispositions qui dépendent de nous, et crions vers lui pour qu'il vienne à notre secours. Or, ce n'est pas avec tiédeur qu'il faut implorer le secours divin, ni avec un esprit distrait et égaré; une semblable prière, loin d'obtenir ce qu'elle demande, ne fait qu'irriter Dieu davantage. En effet, si lorsqu'on paraît devant un prince de la terre, on retient, par crainte du châtiment, dans l'attention la plus sévère, les yeux de l'âme et du corps, quelle ne doit pas être notre attention et notre tremblement, quand nous nous présentons devant Dieu pour prier? Si la faiblesse, produite en vous par le péché, vous empêche de fixer votre attention dans la prière, faites-vous cependant violence dans la mesure du possible, afin qu'en paraissant devant Dieu, vous dirigiez vers lui tous les efforts de votre esprit; et Dieu vous pardonnera, parce que si vous ne vous présentez pas devant lui avec les dispositions convenables, ce n'est point tiédeur, mais fragilité. Si vous luttez ainsi contre vous-même, ne vous retirez pas que vous n'ayez été exaucé. Si, au contraire, votre prière reste quelquefois sans effet, c'est qu'elle n'avait pas les conditions voulues. Vous avez prié, ou sans foi, ou sans attention, ou sans discernement dans l'objet de votre prière, ou sans persévérance. Il en est souvent qui font cette difficulté, qu'avons-nous besoin de prier? Est-ce que Dieu ne sait pas ce dont nous avons besoin? Oui, Dieu le sait, et il nous donne avec abondance ses faveurs spirituelles, avant même que nous les demandions; mais pour les oeuvres de la vertu, et pour le royaume des cieux, il veut que nous en ayons d'abord le désir, que le désir nous porte à les chercher, en faisant avec foi et patience tout ce qui dépend de nous, et en prenant soin que notre conscience ne nous reproche aucune faute.
Celui qui fait une promesse, doit donner l'espérance des choses qu'il promet, pour rendre plus faciles l'obéissance à ses commandements, et la confiance dans ses promesses. C'est pourquoi Notre-Seigneur ajoute: «Quiconque demande, reçoit», etc.
C'est ainsi que le précepte qui nous est donné de prier souvent, nous donne l'espérance certaine d'être exaucés. Le Sauveur cherche à nous convaincre d'abord par ce commandement qu'il nous donne, et ensuite par les exemples qu'il nous apporte: «Si quelqu'un demande du pain à son père, lui donnera-t-il une pierre ?»etc.
En nous disant: «Demandez», c'est la prière qu'il nous recommande: «Cherchez», c'est le zèle et la sollicitude dans la prière. En effet, ce qui est l'objet de nos recherches, exige de grands soins, surtout dans les choses de Dieu, où notre intelligence rencontre tant d'obstacles. Cherchons donc Dieu avec la même sollicitude que nous cherchons l'or que nous avons perdu. Le Sauveur nous apprend encore à persévérer dans la prière, bien qu'il n'ouvre pas aussitôt la porte: «Frappez, et l'on vous ouvrira»; si vous ne vous lassez pas de chercher, vous trouverez infailliblement, la porte n'est fermée que pour vous obliger de frapper, et s'il tarde à se rendre à vos désirs, c'est pour que vous demandiez avec plus d'instances.
O avare, que demandez-vous donc? ou si vous demandez autre chose, qu'est-ce qui pourra vous suffire, alors que Dieu même ne vous suffit pas ?
A cette parabole, Notre-Seigneur ajoute une nouvelle exhortation pour nous exciter plus vivement à chercher, à demander, à frapper: «Et moi, je vous dis de même, demandez, et il vous sera donné», etc.
Assurément, Dieu ne nous presserait pas si fortement de le prier, s'il n'avait l'intention de nous exaucer. Honte donc à la tiédeur de l'homme, Dieu est bien plus disposé à donner, que nous ne le sommes à recevoir.
Ou bien encore, ce pain représente la charité, parce qu'elle est le bien le plus désirable, et si nécessaire, que tout le reste n'est rien sans elle, de même qu'une table sans pain est une table où manque le nécessaire. Le vice opposé à la charité, est la dureté du coeur, qui est comparée à une pierre. Le poisson représente la foi aux choses invisibles, ou à cause de l'eau du baptême, ou parce que le poisson est tiré des profondeurs invisibles des eaux. Le poisson peut aussi figurer la foi qui est assaillie et ballottée par les flots de ce monde, sans en être ébranlée. Au poisson, Notre-Seigneur oppose le serpent, à cause de son venin de mensonge qu'il a jeté dans le coeur du premier homme en le portant au mal. L'oeuf est la figure de l'espérance; car l'oeuf n'est pas encore le petit être dans sa perfection, mais il en donne l'espérance aussitôt qu'il aura été couvé. Le Sauveur lui oppose le scorpion qui porte derrière lui le venin de son redoutable aiguillon; ainsi le défaut opposé à l'espérance, est de regarder en arrière, parce que l'espérance des biens futurs se porte toujours en avant.
Que de sollicitations le monde vous adresse, que de bruit il fait après vous, pour vous faire regarder en arrière ! O monde impur, pourquoi ce bruit? Pourquoi veux-tu nous détourner de la voie? Tu veux nous retenir, tout périssable que tu es, que ne ferais-tu pas, si tes joies étaient durables? Qui serait à l'abri des séductions de ta douceur, puisque tu sais nous tromper en ne nous donnant qu'un pain d'amertume ?
Notre-Seigneur tire cette conclusion de l'exemple qu'il vient de citer: «Si donc vous, tout méchants que vous êtes»,c'est-à-dire dont l'âme est portée au mal, et n'est point constante et immuable dans le bien, comme Dieu.
Cette manière de s'exprimer: «Et moi, je vous dis», équivaut à un serment; car Dieu ne peut mentir. Or, toutes les fois qu'il affirme quelque chose avec serment, il ôte toute excuse à la faiblesse de notre foi.
Le Sauveur nous donne ici une leçon bien nécessaire; car souvent nous nous jetons imprudemment, et par l'entraînement des passions, dans des désirs pernicieux. Or, lorsque nous portons devant Dieu l'expression de ces désirs, jamais nous ne serons exaucés; c'est pour nous convaincre de cette vérité, que Notre-Seigneur emprunte une comparaison aux usages ordinaires de la vie. Que votre fils, en effet, vous demande du pain, vous vous hâtez de lui en donner, parce que sa demande est raisonnable et légitime. Mais si par défaut de discernement, il vous demande une pierre en guise de pain, loin de vous rendre à ce désir mauvais, vous le combattez avec raison. Voici donc le sens de ce passage: Si quelqu'un demande à son père du pain que son père est disposé à lui donner; lui donnera-t-il une pierre, s'il venait à l'en prier? Le sens est le même pour le serpent et pour le poisson, pour l'oeuf et pour le scorpion. Or, s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Ou s'il lui demande un oeuf, lui donnera-t-il un scorpion ?
Ou bien encore, en nous disant :«Frappez», peut-être nous enseigne-t-il à joindre les oeuvres à la prière; car c'est avec la main qu'on frappe, et la main est comme l'instrument des bonnes oeuvres. Ces trois choses peuvent encore s'entendre d'une autre manière; le premier degré de la vertu est de demander la connaissance de la voie qui conduit à la vérité; le second degré est de chercher à savoir comment on doit marcher dans cette voie; le troisième degré consiste lorsqu'on est arrivé à la pratique des vertus, à frapper à la porte, pour entrer dans une connaissance plus étendue de la vérité, toutes choses qui s'obtiennent par la prière. Ou bien encore, demander, c'est prier; chercher, c'est joindre à la prière des oeuvres qui la rendent digne d'être exaucée; frapper, c'est persévérer dans la prière sans se décourager.
Ou bien, il appelle ici mauvais les amateurs du monde, qui donnent des choses que dans leur appréciation ils croient bonnes, qui sont bonnes en effet par leur nature, et servent aux usages de cette misérable vie: «Si donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner à vos enfants de bonnes choses». Les Apôtres eux-mêmes qui, par la grâce de leur vocation, s'étaient élevés au-dessus de la bonté ordinaire des hommes, peuvent être cependant appelés mauvais, en comparaison de la bonté suprême, parce que rien n'est bon par soi-même, que Dieu seul. Les paroles qui suivent: «Combien plus votre Père céleste donnera-t-il l'esprit bon», et dans saint Matthieu: «Combien plus donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent», nous enseignent que l'Esprit saint est la plénitude des dons de Dieu; car tous les avantages que nous apporte la grâce des faveurs célestes, émanent de cette source.
Notre Seigneur et Sauveur désire que nous parvenions aux joies du Royaume céleste. Il nous a appris à le prier lui-même afin de les obtenir, et il a promis qu'il nous les donnerait si nous les lui demandions. Demandez, dit-il, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte (Lc 11,9).
Frères bien-aimés, il nous faut méditer sérieusement et très attentivement ces paroles du Seigneur. Il affirme en effet que le Royaume n'appartiendra pas aux inactifs et aux désoeuvrés, mais qu'il sera donné, manifesté et ouvert à ceux qui demandent, "cherchent et frappent. Nous devons donc demander dans notre prière que la porte du Royaume nous soit ouverte, la chercher par notre vie droite et y frapper par notre persévérance. Car il ne suffit pas de prier uniquement en paroles, il nous faut encore chercher avec beaucoup de soin de quelle manière nous devons vivre pour être dignes d'obtenir ce que nous demandons. Il déclare lui-même: Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux (Mt 7,21).
Voilà pourquoi, mes frères, il nous faut faire des demandes pressantes et des prières incessantes. Prosternons-nous devant Dieu, versons des larmes en présence du Seigneur qui nous a faits (cf. Ps 94,6). Et pour mériter d'êtres exaucés, examinons soigneusement comment celui qui nous a faits veut que nous vivions, et ce qu'il nous a ordonné de faire. Cherchons le Seigneur et sa puissance, recherchons sans trêve sa face (cf. Ps 104,4). Et pour mériter de le trouver et de le voir, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit (2Co 7,1), car, au jour de la résurrection, seuls ceux qui auront gardé leur corps chaste monteront au ciel, et seuls ceux qui auront le coeur pur contempleront la gloire de la majesté divine.
Et si nous désirons savoir ce que le Seigneur veut que nous demandions, écoutons cette parole de l'Évangile: Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6,33). Or, chercher le Royaume de Dieu et sa justice, c'est désirer les dons de la patrie céleste et s'employer sans cesse à découvrir par quelles saintes actions nous devons les obtenir. Craignons que, si nous venions à nous écarter du chemin qui y mène, nous ne puissions jamais parvenir au but auquel nous tendons.
Les biens que nous devons donc demander à Dieu en premier lieu, et la justice de son Royaume que nous devons chercher par-dessus tout, ce sont la foi, l'espérance et la charité. Il est écrit en effet: Le juste vit de la foi (Ga 3,11); la grâce du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui (Ps 31,10); et l'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour (Rm 13,10), car toute la loi atteint sa perfection dans un seul commandement: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Ga 5,14).
Aussi le Seigneur fait-il cette promesse pleine de bonté: Le Père céleste donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11,13). Il veut certainement nous faire comprendre comment les hommes, qui sont naturellement mauvais, peuvent devenir bons en accueillant la grâce de l'Esprit Saint. Il promet que le Père donnera l'Esprit Saint à ceux qui le demandent, parce que la foi, l'espérance et la charité, comme tous les autres biens célestes que nous désirons obtenir, nous sont accordés uniquement par la grâce de l'Esprit Saint.
Mes frères bien-aimés, poursuivons notre marche sur les pas du Seigneur, autant que nous le pouvons, et prions Dieu le Père de nous conduire par la grâce de son Esprit sur le chemin de la foi droite qui produit son effet par l'amour. Et pour mériter d'obtenir les biens que nous désirons, appliquons-nous à n'être pas indignes d'un Père si grand. Bien plus, gardons toujours intact, dans une âme et un corps purs, le sacrement de notre renaissance baptismale qui a fait de nous des fils de Dieu. Si nous observons, en effet, les commandements de notre Père, le Très-Haut, il nous donnera certainement en récompense l'éternelle bénédiction que, depuis le commencement, il nous a réservée comme part d'héritage. Par Jésus Christ notre Seigneur qui vit et règne avec lui, Dieu dans l'unité du Saint-Esprit, pour tous les siècles des siècles. Amen.
Frères bien-aimés, il nous faut méditer sérieusement et très attentivement ces paroles du Seigneur. Il affirme en effet que le Royaume n'appartiendra pas aux inactifs et aux désoeuvrés, mais qu'il sera donné, manifesté et ouvert à ceux qui demandent, "cherchent et frappent. Nous devons donc demander dans notre prière que la porte du Royaume nous soit ouverte, la chercher par notre vie droite et y frapper par notre persévérance. Car il ne suffit pas de prier uniquement en paroles, il nous faut encore chercher avec beaucoup de soin de quelle manière nous devons vivre pour être dignes d'obtenir ce que nous demandons. Il déclare lui-même: Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux (Mt 7,21).
Voilà pourquoi, mes frères, il nous faut faire des demandes pressantes et des prières incessantes. Prosternons-nous devant Dieu, versons des larmes en présence du Seigneur qui nous a faits (cf. Ps 94,6). Et pour mériter d'êtres exaucés, examinons soigneusement comment celui qui nous a faits veut que nous vivions, et ce qu'il nous a ordonné de faire. Cherchons le Seigneur et sa puissance, recherchons sans trêve sa face (cf. Ps 104,4). Et pour mériter de le trouver et de le voir, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit (2Co 7,1), car, au jour de la résurrection, seuls ceux qui auront gardé leur corps chaste monteront au ciel, et seuls ceux qui auront le coeur pur contempleront la gloire de la majesté divine.
Et si nous désirons savoir ce que le Seigneur veut que nous demandions, écoutons cette parole de l'Évangile: Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6,33). Or, chercher le Royaume de Dieu et sa justice, c'est désirer les dons de la patrie céleste et s'employer sans cesse à découvrir par quelles saintes actions nous devons les obtenir. Craignons que, si nous venions à nous écarter du chemin qui y mène, nous ne puissions jamais parvenir au but auquel nous tendons.
Les biens que nous devons donc demander à Dieu en premier lieu, et la justice de son Royaume que nous devons chercher par-dessus tout, ce sont la foi, l'espérance et la charité. Il est écrit en effet: Le juste vit de la foi (Ga 3,11); la grâce du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui (Ps 31,10); et l'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour (Rm 13,10), car toute la loi atteint sa perfection dans un seul commandement: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Ga 5,14).
Aussi le Seigneur fait-il cette promesse pleine de bonté: Le Père céleste donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11,13). Il veut certainement nous faire comprendre comment les hommes, qui sont naturellement mauvais, peuvent devenir bons en accueillant la grâce de l'Esprit Saint. Il promet que le Père donnera l'Esprit Saint à ceux qui le demandent, parce que la foi, l'espérance et la charité, comme tous les autres biens célestes que nous désirons obtenir, nous sont accordés uniquement par la grâce de l'Esprit Saint.
Mes frères bien-aimés, poursuivons notre marche sur les pas du Seigneur, autant que nous le pouvons, et prions Dieu le Père de nous conduire par la grâce de son Esprit sur le chemin de la foi droite qui produit son effet par l'amour. Et pour mériter d'obtenir les biens que nous désirons, appliquons-nous à n'être pas indignes d'un Père si grand. Bien plus, gardons toujours intact, dans une âme et un corps purs, le sacrement de notre renaissance baptismale qui a fait de nous des fils de Dieu. Si nous observons, en effet, les commandements de notre Père, le Très-Haut, il nous donnera certainement en récompense l'éternelle bénédiction que, depuis le commencement, il nous a réservée comme part d'héritage. Par Jésus Christ notre Seigneur qui vit et règne avec lui, Dieu dans l'unité du Saint-Esprit, pour tous les siècles des siècles. Amen.
Dans l'épithète sévère, mais malheureusement trop juste, que le Sauveur adresse à
l'humanité, un ancien commentateur trouve à bon droit une « illustre preuve du péché originel ». - Votre Père
qui est dans le ciel : le père par excellence, « de qui tout procède dans le ciel et sur la terre » (Eph. 3, 15). - Il
vous donnera l'Esprit bon : dans le grec, l'Esprit saint, car c'est bien de lui qu'il est question. L'opposition ne saurait être plus forte : les hommes donnent à leurs enfants de bonnes choses, autant qu'ils le peuvent ; Dieu
accorde aux siens son Esprit, ce qu'il a et ce qu'il y a de plus parfait ! Comment ne le supplierions-nous pas
avec confiance ?
Votre Père céleste donnera son bon esprit à ceux qui le lui demanderont. « Il n’y a de bon esprit que celui de Dieu. L’esprit qui nous éloigne du vrai bien, quelque pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu’il soit pour nous procurer des biens corruptibles, n’est qu’un esprit d’illusion et d’égarement. L’esprit n’est fait que pour conduire à la vérité et au souverain bien. Il n’y a de bon esprit que celui de Dieu, parce qu’il n’y a que son esprit qui nous mène à lui. Il y a bien de la différence entre un bel esprit, un grand esprit et un bon esprit. Le bel esprit plaît par son agrément ; le grand esprit excite l’admiration par sa profondeur ; mais il n’y a que le bon esprit qui sauve et qui rende heureux par sa solidité et par sa droiture. » (FENELON.)
Jésus ne révèle pas pleinement l’Esprit Saint tant que lui-même n’a pas été glorifié par sa Mort et sa Résurrection. Pourtant, Il le suggère peu à peu, même dans son enseignement aux foules, lorsqu’Il révèle que sa Chair sera nourriture pour la vie du monde (cf. Jn 6, 27. 51. 62-63). Il le suggère aussi à Nicodème (cf. Jn 3, 5-8), à la Samaritaine (cf. Jn 4, 10. 14. 23-24) et à ceux qui participent à la fête des Tabernacles (cf. Jn 7, 37-39). A ses disciples, Il en parle ouvertement à propos de la prière (cf. Lc 11, 13) et du témoignage qu’ils auront à rendre (cf. Mt 10, 19-20).
La forme traditionnelle de la demande de l’Esprit est d’invoquer le Père par le Christ notre Seigneur pour qu’il nous donne l’Esprit Consolateur (cf. Lc 11, 13). Jésus insiste sur cette demande en son Nom au moment même où il promet le don de l’Esprit de Vérité (cf. Jn 14, 17 ; 15, 26 ; 16, 13). Mais la prière la plus simple et la plus directe est aussi traditionnelle : " Viens, Esprit Saint ", et chaque tradition liturgique l’a développée dans des antiennes et des hymnes :