Luc 11, 20
En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous.
En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous.
Toutefois, pour le moment Notre-Seigneur ne refuse pas à raison de son humanité de se déclarer inférieur à l'Esprit saint, en reconnaissant que c'est par lui qu'il chasse les démons, comme si la nature humaine ne pouvait opérer ce miracle sans le secours de ce divin Esprit.
Notre-Seigneur nous enseigne encore par ces paroles, que son royaume est indivisible et perpétuel, et nous apprend que ceux qui ne placent point leur espérance en Jésus-Christ, mais qui osent dire que c'est par le prince des démons qu'il chasse les démons, n'auront aucune part à son royaume éternel. Ces paroles s'appliquent aussi au peuple juif. En effet, comment le royaume des Juifs pourrait-il être éternel, alors que le peuple de la loi ne veut pas reconnaître Jésus, dont la loi annonçait la venue. C'est ainsi que la foi du peuple juif se met en opposition avec elle-même, qu'en se contredisant elle se divise, et que cette division entraîne sa ruine, tandis que le royaume de l'Église durera éternellement, parce qu'elle ne forme qu'un seul et même corps, grâce à sa foi une et indivisible.
Il ne faut pas cependant que cette comparaison tirée de l'union de nos membres vous porte à établir une espèce de division dans la puissance de chacune des personnes divines, car ce qui est un et indivisible ne peut admettre de division. Ainsi cette expression, « le doigt de Dieu» doit être entendue comme exprimant l'unité de nature et non la distinction de puissance.
Le Sauveur nous représente ici le Saint-Esprit, comme ayant une puissance souveraine, puisque c'est en lui que se personnifie le royaume de Dieu, et nous-mêmes comme étant une demeure royale, puisque ce divin Esprit daigne habiter en nous.
Comme les pensées des pharisiens étaient déraisonnables, ils n'osaient les produire au dehors par crainte de la multitude, et se contentaient de les agiter dans leur esprit; ce qui fait dire à l'Évangéliste: « Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit: «Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit ».
Jésus ne tire pas sa réponse des Écritures, parce que leur témoignage eût été de nul poids pour les pharisiens qui en donnaient de fausses interprétations, il leur apporte donc un exemple emprunté à ce qui se passe ordinairement. En effet, une maison ou une ville divisée, ne tarderont pas à être détruites; il en sera de même d'un royaume, qui est ce qu'il y a de plus fortement constitué; car c'est l'union des sujets qui fait la force des royaumes, comme des maisons particulières: Si donc, dit le Sauveur, je chasse les démons par le prince des démons, la division règne parmi eux, et leur puissance est détruite. C'est le sens de ces paroles: « Si Satan est divisé contre lui-même, comment son règne pourra-t-il subsister ? » Car loin que Satan soit contraire à lui-même, et se déclare contre ses suppôts, il cherche bien plutôt à consolider son empire. La seule conclusion possible, c'est donc que je triomphe du démon par une puissance toute divine.
A cette première réponse, Jésus en ajoute une seconde: « Or, si c'est par Béelzébub que je chasse les démons, par qui vos enfants les chassent-ils ? » Il ne dit pas: Mes disciples, mais: « Vos enfants », pour adoucir leur fureur.
Car puisqu'ils sont de votre nation, et qu'ils me rendent hommage, il est manifeste qu'ils condamneront ceux qui tiennent une conduite contraire.
Il emploie cette expression: « Jusqu'à vous », pour les attirer davantage, comme s'il leur disait: Puisque Dieu vous comble de bienfaits, pourquoi cet orgueilleux dédain pour les grâces qu'il vous fait?
Ou bien encore ces paroles: « Le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous »,veulent dire: Est venu pour votre ruine, non pour votre bonheur; car le second avènement de Jésus-Christ sera terrible pour les chrétiens perfides.
Saint Luc dit: « Par le doigt de Dieu », et saint Matthieu: « Par l'Esprit de Dieu », mais ces deux expressions ont le même sens, et nous enseignent comment nous devons entendre cette locution: « le doigt de Dieu », partout où nous la rencontrons dans l'Écriture. ( quest. Evang., 2, 17). Or, l'Esprit saint est appelé le doigt de Dieu, à cause de la distribution des dons dont il est l'auteur, et qui est propre à chacun des hommes et des anges; car la division n'est dans aucun de nos membres aussi apparente que dans les doigts.
En effet, les disciples de Jésus-Christ étaient Juifs, et descendaient des Juifs selon la chair, ils avaient reçu de leur divin Maître le pouvoir de chasser les esprits immondes, et de délivrer au nom de Jésus-Christ ceux qui en étaient possédés. Quelle folie donc, alors que vos enfants écrasent Satan en mon nom, d'oser dire que c'est de Béelzébub que je tiens cette puissance ! La foi de vos enfants sera donc votre condamnation: « C'est pourquoi, leur dit-il, ils seront eux-mêmes vos juges ».
Si donc ce que vous me reprochez est marqué au coin de la calomnie, il est manifeste que c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons. « Or, si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, il est donc certain que le royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous ».
C'est en suivant la même idée qu'il ajoute: « Le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous », c'est-à-dire: Si tout homme que je suis, je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, la nature humaine à donc été enrichie en moi, de grâces toutes particulières, et le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous.
Ou bien encore, l'Esprit saint est appelé le doigt de Dieu, comme le Fils est appelé la main et le bras du Père, parce que c'est par le Fils que le père fait toutes choses. De même donc que le doigt n'est pas étranger à la main, mais lui est naturellement uni, ainsi l'Esprit saint est consubstantiellement uni au Fils, et c'est par lui que le Fils opère toutes choses ( Ps 11 Ps 97,2 ).
Il ne répond pas à leurs paroles, mais à leurs pensées, pour les forcer ainsi de croire à la puissance de celui qui pénétrait le secret des coeurs.
Le royaume du Père, du Fils et de l'Esprit saint, ne souffre pas non plus de division, parce qu'il est fondé sur une immutabilité éternelle. Que les Ariens cessent donc de dire que le Fils est inférieur au Père, et l'Esprit saint au Fils, car ceux qui ne forment qu'un seul et même royaume, ont aussi une seule et même nature divine.
Ou bien encore, par ces enfants des Juifs, Notre-Seigneur entend les exorcistes de cette nation, qui chassaient les démons par l'invocation du nom de Dieu; et tel est le sens du raisonnement du Sauveur: Si c'est de Dieu et non du démon que vos enfants tiennent le pouvoir de chasser les démons, pourquoi donc les chasserais-je en vertu d'un autre pouvoir? Aussi vos enfants seront-ils vos juges, non par la puissance qu'ils exerceront sur vous, mais par l'opposition de leur conduite avec la vôtre, puisqu'ils reconnaissent que je chasse les démons par un pouvoir divin, et que vous attribuez ce pouvoir au prince des démons.
Les preuves négatives de Jésus étaient irréfutables ; mais ses
arguments positifs seront encore plus forts pour anéantir le hideux sophisme de ses adversaires. Nous
trouvons le premier dans ce verset. - Mais si… Cette tournure hypothétique est bien modeste, à la suite des
raisonnements victorieux qui précèdent. Jésus n'en affirme pas moins un fait très évident. - Par le doigt de
Dieu : belle figure, qui rappelle l'exclamation des sorciers égyptiens à la vue des prodiges opérés par Moïse :
« C'est le doigt de Dieu! » Exode, 8, 19. La rédaction de S. Matthieu porte « si c’est par l’Esprit de Dieu ».
C'est la même pensée, moins l'image. - Le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous : le royaume messianique
est fondé. Notre-Seigneur démontre donc, par cet argument, qu'il est le Messie promis.
Le mystère de l’Église sainte se manifeste en sa fondation. En effet, le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du règne de Dieu promis dans les Écritures depuis les siècles : « que les temps sont accomplis et que le Royaume de Dieu est là » (Mc 1, 15 ; Mt 4, 17). Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ. La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on sème dans un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agrégés au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le Royaume lui-même ; puis, par sa propre vertu, la semence germe et croît jusqu’au temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). Les miracles de Jésus confirment également que le Royaume est déjà venu sur la terre : « si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé parmi vous » (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Avant tout cependant, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, « venu pour servir et donner sa vie en rançon d’une multitude » (Mc 10, 45).
Le doigt. " C’est par le doigt de Dieu que [Jésus] expulse les démons " (Lc 11, 20). Si la Loi de Dieu a été écrite sur des tables de pierre " par le doigt de Dieu " (Ex 31, 18), " la lettre du Christ ", remise aux soins des apôtres, " est écrite avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs " (2 Co 3, 3). L’hymne " Veni, Creator Spiritus " invoque l’Esprit Saint comme " le doigt de la droite du Père " (In Dominica Pentecostes, Hymnus ad I et II Vesperas).