Luc 11, 32

Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.

Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.
Saint Basile le Grand
Un signe est une chose sensible, placée sous les yeux de tous, et qui a pour objet de faire connaître une chose cachée, et c'est ainsi que les faits miraculeux de la vie de Jonas représentent la descente de Jésus aux enfers, sa sortie et sa résurrection d'entre les morts: «Car, comme Jonas fut un signe pour les Ninivites, le Fils de l'homme le sera pour cette génération».
Saint Grégoire de Nysse
A l'exemple de cette reine d'Ethiopie qui venait d'un pays éloigné, l'Église, composée de ces différents peuples, était noire aussi au commencement, et très-éloignée de la connaissance du vrai Dieu; mais aussitôt que le Christ pacifique apparut, tandis que les Juifs restent dans l'aveuglement, les Gentils viennent le trouver, pour lui offrir les parfums de la piété, l'or de la connaissance de Dieu, et les pierres précieuses de l'obéissance aux commandements.
Saint Ambroise
Paroles qui indiquent que la synagogue perd toute sa beauté au moment où l'Église doit briller de tout son éclat. Or, le Fils de l'homme sera un signe pour les Juifs, comme Jonas l'a été pour les Ninivites: «Elle demande un signe, et il ne lui en sera pas donné d'autre que le signe du prophète Jonas».

Dans le sens allégorique, l'Église se trouve dans deux états ou elle est exempte de fautes, ce que figure la reine du Midi, ou elle cesse d'en commettre, ce que représente la pénitence des Ninivites, car la pénitence efface le péché, et la sagesse l'évite.

Le signe de Jonas n'est pas seulement la figure de la passion du Sauveur, mais encore un témoignage des crimes énormes commis par les Juifs, et nous y voyons une prophétie qui porte tout à la fois le caractère de la justice divine et celui de la miséricorde. En effet, l'exemple des Ninivites nous présente et la menace du supplice, et l'indication des moyens propres à l'éviter; et ainsi les Juifs eux-mêmes, ne doivent pas désespérer du pardon, s'ils veulent faire pénitence.

En même temps que le Sauveur condamne le peuple juif, il nous donne une figure éclatante de l'Église qui, semblable à la reine du Midi, et avide d'apprendre la sagesse, se rassemble des extrémités de la terre, pour entendre les paroles du Salomon pacifique ; reine véritable, dont le royaume, un et indivisible, se compose des peuples les plus divers et les plus éloignés, réunis en même corps.

Saint Luc place ces paroles du Sauveur au même endroit que saint Matthieu, tout en suivant un ordre tant soit peu différent. Mais qui ne voit qu'il est superflu de chercher dans quel ordre précis Notre-Seigneur les a dites, puisque l'autorité si imposante des Évangélistes nous apprend que l'inversion dans le récit des actions ou des paroles ne détruit pas la vérité du fait qui reste toujours le même, quel que soit l'ordre dans lequel il est présenté ?
Saint Jean Chrysostome
Le jugement de condamnation est prononcé par des personnes de même condition ou de condition différente; de même condition, comme dans la parabole des dix vierges; de condition différente, lorsque les ministres condamnèrent ceux qui vivaient au temps de Jésus-Christ. En effet, les uns étaient des barbares, et les autres des Juifs; ceux-ci étaient nourris des enseignements prophétiques, ceux-là n'avaient jamais entendu la parole divine; Dieu n'envoya qu'un de ses serviteurs aux Ninivites, et lui-même vint trouver les Juifs; Jonas annonçait la destruction de Ninive, Jésus annonçait le royaume des cieux. Il est donc évident que les Juifs avaient beaucoup plus de motifs pour croire, mais c'est le contraire qui arriva: «Ils ont fait pénitence à la voix de Jonas, et il y a ici plus que Jonas».
Saint Cyrille d'Alexandrie
Il ne dit pas: Je suis plus grand que Salomon, pour nous apprendre à nous humilier, alors même que nous sommes comblés de grâces spirituelles. Voici le sens de ces paroles: Cette femme barbare, sans tenir compté de la longueur du voyage, s'est empressée de venir entendre Salomon pour apprendre de lui la science des êtres visibles, et les propriétés des plantes; et vous qui, sans sortir de votre pays, entendez là sagesse elle-même vous enseigner les choses invisibles et célestes, et la voyez confirmer sa doctrine par des oeuvres et par des prodiges, vous vous révoltez contre sa parole, et ses miracles vous laissent insensibles.
Saint Bède le Vénérable
Les ennemis du Sauveur lui avaient fait deux questions insidieuses, les uns l'accusaient de chasser les démons par Béelzébub, et nous l'avons vu confondre cette accusation calomnieuse; les autres, pour le tenter, demandaient un signe du ciel, et c'est à eux qu'il va répondre: «Et comme le peuple s'assemblait en foule, Jésus commença à dire: «Cette génération est une génération méchante»,etc.

Il ne leur donne pas un signe du ciel, parce qu'ils étaient indignes de le voir, mais des profondeurs de la terre, c'est-à-dire le signe de son incarnation, non de sa divinité; le signe de sa passion, et non celui de sa gloire.

Or, si la reine du Midi, qui est sans nul doute du nombre des élus, doit s'élever au jour du jugement avec les réprouvés, il est évident qu'il n'y aura pour tous les hommes, bons et mauvais, qu'une seule résurrection, et qu'elle n'aura pas lieu, conformément aux fables des Juifs, mille ans avant le jugement, mais au temps même fixé pour le jugement.

Elle les condamnera, non par la puissance qui lui sera donnée de juger, mais par la simple opposition de sa conduite sage avec celle des Juifs: «Parce qu'elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon», et cependant il y a ici plus que Salomon. Le mot hic , en cet endroit, n'est pas un pronom, mais un adverbe de lieu, qui veut dire: Vous avez ici, et parmi vous, celui qui est incomparablement plus grand que Salomon.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Mais les Ninivites se convertirent à la prédication de Jonas, lorsqu'il fut sorti du ventre de la baleine, tandis que les Juifs ont refusé de croire à Jésus-Christ ressuscité des morts, c'est ce qui a été la cause de leur condamnation, et le Sauveur en donne successivement deux preuves pa r comparaison: «La reine du Midi s'élèvera au jour du jugement contre les hommes de cette génération, et les condamnera».

Ou bien encore, de même que le vent du midi, au témoignage de l'Écriture, répand la chaleur et la vie, ainsi l'âme qui règne dans le Midi, c'est-à-dire dans une vie toute spirituelle, vient entendre la sagesse du roi pacifique Salomon, qui est le Seigneur notre Dieu, c'est-à-dire qu'elle s'élève jusqu'à la contemplation, dont on ne peut s'approcher, qu'autant qu'on règne véritablement sur soi-même par une vie vertueuse. Notre-Seigneur apporte ensuite l'exemple des Ninivites: «Les Ninivites s'élèveront an jour du jugement contre ce peuple, et le condamneront».
Louis-Claude Fillion
Deux exemples pour légitimer l'assertion du v. 29 : « Cette génération est méchante ». Ils sont présentés par S. Matthieu dans un ordre inverse, les Ninivites passant avant la reine de Saba, peut-être parce qu'il avait été question de Jonas immédiatement avant. Il est impossible de dire avec certitude quel fut l'agencement primitif. - Se lèvera : lors du jugement par excellence, les grandes assises de la fin des temps. Alors la reine de Saba et les Ninivites condamneront la génération incrédule qui aura été contemporaine de Jésus. - A part à un mot (hommes, v. 31) ajouté dans le troisième Évangile, la ressemblance des récits parallèles est absolue en cet endroit. Nous n'avons qu'une explication nouvelle à fournir, encore sera-ce un emprunt fait à M. Schegg, Evang. nach Lukas, t. 2, p. 191 : « Salomon représente la manifestation de la divine sagesse dans l'ancien Testament, Jonas celle de la divine puissance : en Jésus-Christ, ces deux attributs sont unis et se manifestent avec un plénitude inconnue jusqu'alors. Si donc il est plus que Salomon et que Jonas, combien grand doit être le péché d'Israël qui ne l'écoute pas et ne croit pas en lui, puisque des païens ont écouté et ont cru, alors que Dieu se révélait à eux dans une mesure beaucoup plus limitée ! ».