Luc 11, 54

ils lui tendaient des pièges pour traquer la moindre de ses paroles.

ils lui tendaient des pièges pour traquer la moindre de ses paroles.
Saint Athanase
S'ils font mourir ceux qui leur sont envoyés, la mort des victimes criera plus haut contre eux; s'ils les persécutent, ils donneront plus d'éclat et d'étendue aux témoignages de leur iniquité. En effet, la fuite de ceux qui souffrent persécution, augmente et atteste le crime de leurs persécuteurs; car on ne fuit pas celui qui est ami de la piété et de la douceur, mais bien plutôt celui dont l'âme est cruelle et les instincts mauvais. Notre-Seigneur ajoute: «Afin qu'on redemande à cette génération le sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde».
Saint Basile le Grand
Cette parole «Malheur»,qui annonce d'intolérables douleurs, s'applique bien à ceux qui devaient être bientôt livrés mi plus redoutable supplice.
Saint Grégoire de Nysse
Suivant quelques auteurs, Zacharie, père de Jean, ayant connu par l'esprit de prophétie le mystère de la virginité inaltérable de la Mère de Dieu, ne l'exclut point de la partie du temple réservée aux vierges, afin de montrer que la puissance du Créateur pouvait manifester une naissance nouvelle, qui ne ferait point perdre à celle qui enfanterait l'éclat de sa virginité. Or, cet endroit se trouvait entre l'autel et la partie du temple où était placé l'autel d'airain, et c'est pour cela qu'il fut mis à mort en cet endroit. On dit encore, que les Juifs ayant appris l'avènement prochain du Roi du monde, et craignant qu'il ne les soumît à son empire, se jetèrent sur celui qui annonçait sa naissance, et massacrèrent le g rand prêtre dans le temple.

Nous en voyons ainsi beaucoup qui, juges sévères pour les pécheurs, et faibles athlètes pour les combats de la vertu; tout à la fois législateurs impitoyables, et observateurs négligents, ils refusent même de s'approcher de la vertu pour essayer de la pratiquer, tandis qu'ils l'exigent sans pitié de ceux qui leur sont soumis.
Saint Ambroise
La sagesse de Dieu, c'est Jésus-Christ. Nous lisons d'ailleurs dans saint Matthieu: «Voici que je vous envoie des prophètes et des sages».

Sous le nom des Juifs, le Sauveur condamne encore et menace des supplices éternels ceux qui s'arrogeant injustement l'enseignement de la connaissance de Dieu, empêchent les autres d'y parvenir, et ne connaissent point eux-mêmes ce qu'ils enseignent.

Rien de plus fort que ce passage contre la vaine superstition des Juifs qui, en élevant des tombeaux aux prophètes, condamnaient la conduite de leurs pères, tandis qu'ils se rendaient dignes des mêmes châtiments en imitant leurs crimes, car ce qu'il leur reproche, ce n'est pas d'élever des tombeaux, mais d'imiter les crimes de leurs pères. C'est pour cela qu'il ajoute: «Vous témoignez bien que vous consentez aux oeuvres de vos pères».
Saint Jean Chrysostome
D'ailleurs s'il prédit aux Juifs des châtiments plus sévères, c'est en toute justice, car ils ont surpassé les crimes des autres peuples, et n'ont été convertis par aucun des exemples des siècles passés; mais la vue des crimes et des châtiments de leurs pères, loin de les rendre meilleurs, ne les a pas empêchés de se livrer aux mêmes crimes. Le Sauveur ne veut donc pas dire ici qu'ils seront châtiés pour les crimes des autres.
Saint Augustin
La clef de la science est encore l'humilité de Jésus-Christ, que les docteurs de la loi ne voulurent ni comprendre par eux-mêmes, ni laisser comprendre aux autres.

Saint Matthieu place ce discours de Notre-Seigneur lorsqu'il fut entré dans la ville de Jérusalem, tandis que d'après saint Luc, Notre-Seigneur se dirigeait alors vers Jérusalem. Je pense donc que Notre-Seigneur fit deux discours semblables, dont l'un a été rapporté par saint Matthieu, et l'autre par saint Luc.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Or, la clef de la science, c'est la loi elle-même qui était une ombre et une figure de la justice du Christ. C'était donc un devoir pour les docteurs de la loi, de scruter avec soin la loi de Moïse et les oracles des prophètes, et d'ouvrir pour ains i dire, au peuple Juif, les portes de la connaissance du Christ. Mais bien loin de le faire, ils contestaient la divinité de ses miracles, et s'élevaient contre son enseignement en disant au peuple: «Pourquoi l'écoutez-vous ?» C'est ainsi qu'ils ont pris ou enlevé la clef de la science: Notre-Seigneur ajoute: «Vous n'êtes pas entrés vous-mêmes, et ceux qui entraient, vous les en avez empêchés».La foi est aussi la clef de la science, car c'est par la foi qu'on arrive à la connaissance de la vérité, selon ces paroles du prophète Isaïe: «Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez point». Les docteurs de la loi prirent donc la clef de la science, en ne permettant pas aux hommes de croire en Jésus-Christ.

Après avoir condamné les dures pratiques imposées par les docteurs de la loi, le Sauveur étend ses reproches à tous les principaux d'entre les Juifs: «Malheur à vous, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et vos pères les ont tués !»

Ainsi, bien que le Sauveur dise d'une manière indicative: «On redemandera à cette génération», il embrasse dans sa pensée, non seulement ceux qui étaient présents et qui l'entendaient, mais tous les homicides, car ceux qui se ressemblent méritent d'être tous confondus.

Les reproches qui rendent meilleurs les esprits humbles et doux, sont ordinairement insupportables aux hommes superbes, c'est ainsi que pour avoir repris les pharisiens de s'écarter du droit chemin, le Sauveur indispose contre lui tout le corps des docteurs de la loi: «Alors un des docteurs de la loi, prenant la parole, lui dit: Maître, en parlant de la sorte, vous nous outragez aussi».

Or, c'est contre les docteurs de la loi que Jésus dirige ces sévères reproches, pour abaisser leurs vaines et orgueilleuses prétentions: «Et il leur dit: Malheur à vous aussi, docteurs de la loi, qui chargez les hommes», etc. Il se sert pour les accuser d'une comparaison frappante. La loi était très-onéreuse pour les Juifs, comme l'avouent les disciples de Jésus-Christ. Or, ces docteurs de la loi, réunissant comme en un faisceau tous les préceptes de la loi, en chargeaient ceux qui leur étaient soumis, tandis qu'ils n'en tenaient eux-mêmes aucun compte.

Le mot presser, insister veut dire faire des instances, ou menacer, ou faire violence. Ils se mirent aussi à l'interrompre en lui adressant une multitude de questions: «Et ils commencèrent à l'accabler d'une multitude de questions».
Saint Grégoire le Grand
On donne encore une autre cause de la mort de Zacharie, lorsqu'eut lieu le massacre des innocents; Jean-Baptiste devait être mis à mort avec les enfants de son âge, mais Elisabeth s'enfuit dans le désert pour arracher son fils à une mort certaine, et alors les satellites d'Hérode ne trouvant ni Elisabeth ni l'enfant, tournèrent leur rage contre Zacharie, et le massacrèrent pendant qu'il remplissait dans le temple les fonctions de son ministère.
Saint Bède le Vénérable
Si donc c'est la sagesse de Dieu qui a envoyé les prophètes et les Apôtres, que les hérétiques cessent donc de prétendre que le Christ ne tire son origine et son existence que de la Vierge; qu'ils ne disent plus que le Dieu de la loi et des prophètes est différent du Dieu du Nouveau Testament. Les Apôtres, dans leurs écrits, donnent, il est vrai, le nom de prophètes, non seulement à ceux qui ont prédit longtemps d'avance l'incarnation de Jésus-Christ, mais à ceux qui annoncent les joies futures du royaume des cieux. Cependant je ne pense pas que ces prophètes doivent être placés à un rang supérieur à celui des Apôtres.

Mais comment le sang de tous les prophètes et de tous les justes est-il redemandé à une seule génération des Juifs, alors qu'un grand nombre de saints, soit avant soit après l'incarnation, ont été mis à mort par d'autres peuples? Nous répondons que l'Écriture a coutume de diviser les hommes en deux générations, la génération des bons, et la génération des méchants.

Il n'y a rien d'étonnant que le Sauveur dise: «Depuis le sang d'Abel», qui a été le premier martyr, mais pourquoi: «Jusqu'au sang de Zacharie»,bien qu'un grand nombre après lui aient été mis à mort, avant la naissance de Jésus-Christ, et que peu de temps après ait eu lieu le massacre des Innocents. N'est-ce point peut-être parce qu'Abel était paste ur de brebis, et Zacharie grand prêtre, et que l'un fut mis à mort au milieu des champs, et l'autre dans le temple, et que les deux classes de martyrs, les laïques et les prêtres voués au service des autels nous sont représentés par ces deux noms ?

Ils méritaient bien de s'entendre reprocher qu'ils ne voulaient pas même toucher du bout du doigt le fardeau de la loi, c'est-à-dire qu'ils n'en observaient pas même les moindres prescriptions, puisque contrairement aux exemples de leurs pères, ils prétendaient observer et faire observer la loi sans la foi et la grâce de Jésus-Christ.

Qu'elle est misérable la conscience qui se croit offensée de la parole de Dieu qu'elle entend, et qui voit toujours sa condamnation dans les châtiments dont les méchants sont menacés !

En effet, pour capter la faveur du peuple, ils feignaient d'avoir en horreur l'impiété de leurs pères, en décorant avec magnificence les tombeaux des prophètes qu'ils avaient mis à mort; mais ils pr ouvaient assez par leurs oeuvres qu'ils étaient complices de l'iniquité de leurs pères, en poursuivant de leurs outrages le Seigneur prédit par les prophètes: «C'est pourquoi, ajoute-t-il, la sagesse de Dieu a dit: Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, et ils tueront les uns et poursuivront les autres».

Les pharisiens et les docteurs de la loi attestent eux-mêmes combien étaient fondés ces reproches d'incrédulité, de dissimulation et d'impiété, puisque loin de revenir à de meilleurs sentiments, ils dressent des embûches au divin Docteur de la vérité: «Comme il leur disait ces choses, les pharisiens et les docteurs de la loi commencèrent à le presser vivement», etc.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Or, chaque fois qu'un docteur pratique ce qu'il enseigne, il allége le fardeau pour ses disciples, en se donnant lui-même pour exemple, mais quand il ne fait rien de ce qu'il enseigne, le fardeau leur paraît lourd et insupportable, puisque le docteur lui-même refuse de le porter.

Le Seigneur montre ensuite que les Juifs étaient héritiers de la malice de Caïn, en ajoutant: «Depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie», etc. Abel, en effet, fut tué par Caïn, «et Zacharie que les Juifs firent périr entre l'autel et le temple», est, suivant quelques-uns, le patriarche Zacharie fils du grand prêtre Joïadas (2 Par 24).

Les docteurs de la loi étaient différents des pharisiens, car les pharisiens étaient des hommes qui se séparaient des autres pour affecter une apparence de religion plus sévère; les docteurs de la loi étaient chargés d'en expliquer les difficultés.

En effet, lorsque plusieurs hommes se réunissent pour accabler un seul homme d'un grand nombre de questions de différente nature, il ne peut répondre à tous à la fois, et les insensés l'accusent d'hésitation ou d'ignorance. Tel était le piége qu'ils lui tendaient dans leur malice, mais ils cherchaient en outre à l'accabler, c'est-à-dire, à l'exciter à dire quelque chose qui leur donnât lieu de le condamner. «Lui tendant des pièges, et cherchant à surprendre quelque parole de sa bouche pour l'accuser». Après avoir dit qu'ils voulaient l'accabler, l'Évangéliste ajoute qu'ils voulaient surprendre ou arracher quelque parole de sa bouche. En effet, ils l'interrogeaient, tantôt sur la loi, pour l'accuser de blasphème contre Moïse; tantôt sur César, pour l'accuser d'être un conspirateur et un ennemi de la majesté de César.
Louis-Claude Fillion
Ce résultat fut un redoublement de haine de la part des Pharisiens et des Scribes. S. Luc décrit à merveille, en un tableau plein de vie, les efforts qu'ils tentèrent sur-le-champ pour arracher à Jésus quelque paroles imprudente, qui leur permettrait de le citer devant les tribunaux juifs ou romains et d'accélérer sa perte. Dans le texte grec, tous les mots qui suivent sont d'une grande énergie. - A le presser : une pression vive et hostile, qui consista en toute sorte de questions insidieuses posées coup sur coup à Notre-Seigneur, de manière à l'obliger à parler sans préparation et à répondre de travers, s'il était possible.