Luc 12, 26

Si donc vous n’êtes pas capables de la moindre chose, pourquoi vous faire du souci pour le reste ?

Si donc vous n’êtes pas capables de la moindre chose, pourquoi vous faire du souci pour le reste ?
Eusèbe de Césarée
Peut-être aussi, l'exemple des corbeaux a-t-il une signification particulière; car les oiseaux qui se nourrissent de graines et de plantes, trouvent plus facilement leur pâture; tandis que les corbeaux qui sont carnivores, la trouvent avec plus de difficulté, et cependant ces derniers eux-mêmes ne manquent jamais de nourriture, grâce àcette providence de Dieu qui s'étend à tout. Il prouve ensuite la même vérité par un troisième raisonnement: «Qui de vous, pourrait avec tous ses soins, ajouter une coudée à sa taille ?»

Comme s'il disait: Si aucun homme n'a pu par tous ses soins se donner sa teille, s'il ne peut, avec toute son industrie, ajouter un seul instant à la durée que Dieu a fixée à son existence, pourquoi s'inquiéter outre mesure des choses nécessaires à l'entretien de sa vie?
Saint Ambroise
C'est là un grand exemple offert à notre foi. En effet, les oiseaux qui n'ont ni les travaux de la culture, ni de riches moissons, trouvent cependant leur nourriture dans le fond inépuisable de la providence divine. il est donc vrai que la cause de notre indigence, c'est notre avarice; car pourquoi les oiseaux reçoivent-ils sans travail aucun une abondante pâture? c'est parce qu'ils ne cherchent pas à s'approprier la possession des biens destinés à la nourriture commune de tous les êtres. Pour nous, au contraire, nous perdons nos droits à ces biens communs, en voulant les posséder en propre. Et d'ailleurs quelle propriété véritable pouvons-nous avoir, là où il n'y a rien de durable, quelles richesses assurées, là où tous les événements sont incertains ?
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur pouvait donner en exemple ces hommes qui ont professé une souveraine indifférence pour les choses de la terre, comme Élie, Moïse, Jean-Baptiste, et d'autres semblables, mais il préfère emprunter ses comparaisons aux oiseaux, suivant en cela l'exemple de l'Ancien Testament, qui renvoie l'homme à l'abeille et à la fourmi ( Pv 6, 6.8), et à d'autres animaux qui ont reçu du Créateur des instincts qui leur sont propres.

Remarquez que l'âme que Dieu nous a donnée, demeure toujours la même, tandis que le corps prend tous les jours de nouveaux accroissements, voilà pourquoi Notre-Seigneur passe sous silence l'âme qui n'est point susceptible d'accroissement, et ne parle que du corps; et il nous donne à entendre que ce n'est point aux aliments seuls qu'il doit son accroissement, mais à la providence divine, par cette raison, que personne ne peut à l'aide de la nourriture ajouter quelque chose à sa taille: «Donc, conclut-il, si vous ne pouvez pas même les moindres choses, pourquoi vous inquiéter des autres ?»
Saint Augustin
Notre-Seigneur dit de l'accroissement du corps que c'est une chose moindre, parce qu'en effet, c'est pour Dieu une de ses moindres oeuvres que de créer des corps.
Saint Cyrille d'Alexandrie
De même que dans ce qui précède, Notre-Seigneur a voulu produire dans l'esprit de ses disciples une foi vive et ferme à la Providence par l'exemple des oiseaux qui sont de peu de valeur, il se sert encore de la même comparaison, pour nous inspirer une ferme et inébranlable confiance en Dieu: «Considérez les corbeaux, ils ne sèment ni ne moissonnent (pour se procurer la nourriture), ils n'ont ni cellier ni grenier (pour mettre leur récolte), et Dieu les nourrit. «Combien ne valez-vous pas mieux qu'eux».
Saint Bède le Vénérable
C'est-à-dire, vous êtes d'un plus grand prix, car un être raisonnable tel que l'homme, occupe dans la nature un rang plus élevé que les êtres dépourvus de raison, comme sont les oiseaux.

Laissez donc le soin de gouverner votre corps à celui qui a pris soin de le créer, et de lui donner la taille qui lui convenait.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Or, il cite l'exemple des corbeaux, de préférence aux aut res oiseaux, parce que la providence de Dieu nourrit les petits des corbeaux avec un soin tout particulier. En effet, les corbeaux, après que leurs petits sont éclos, les abandonnent sans se mettre en peine de les nourrir, et c'est le vent qui, d'une manière vraiment merveilleuse, leur porte à travers les airs leur pâture qu'ils reçoivent dans leur bec entr'ouvert. Peut-être encore parle-t-il ainsi par synecdoche, en prenant la partie pour le tout. En effet, dans saint Matthieu (Mt 6), il nous renvoie aux oiseaux du ciel en général, ici, au contraire, il nous donne pour exemple les corbeaux, comme plus avides et plus voraces.
Louis-Claude Fillion
Autre raisonnement : lequel d'entre les hommes, fût-il un génie, serait capable, après de longues, d'habiles et de pénibles combinaisons, d'agrandir sa vie d'une coudée, c'est-à-dire de quelques jours, ou de quelques semaines ? Au lieu de à sa taille, d'anciens manuscrits latins portent à bon droit à la durée de sa vie. - Si donc vous ne pouvez… C'est la conclusion de l'argument. Si nous ne pouvons de nous-mêmes réaliser ce qui est moindre, et Jésus désigne par là l'humble allongement de notre vie signalé plus haut, combien plus serions-nous impuissants à pourvoir à tous nos besoins matériels ! Notre incapacité nous invite donc à nous reposer sur Dieu.