Luc 14, 26
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
C'est
quelque chose assurément de venir à Jésus, de se mettre à la suite de Jésus, comme faisait ce bon peuple ;
mais Notre-Seigneur s'inquiétait peu, surtout alors, d'avoir de simples compagnons de voyage, quelque
attachement qu'ils lui témoignassent par ailleurs. A l'adhésion extérieure, il voulait à bon droit qu'on joignît
l'adhésion intérieure, la seule réelle, et il en indique les conditions : conditions difficiles, puisqu'elles se
résument dans l'abnégation la plus complète, et dans le sacrifice courageusement accepté. - Et ne hait pas…
Le Sauveur nomme les êtres qui sont le plus chers à l'homme, un père, une mère, une épouse, des enfants,
des frères, des sœurs, et, quoique la nature et Dieu nous fassent un devoir de les aimer tendrement, il nous
commande de les haïr, sous peine de n'être pas chrétiens ; bien plus, à cette énumération déjà si étonnante, il
ajoute un mot qui la rend plus étonnante encore : et même sa propre vie ; il veut que nous nous haïssions
nous-mêmes ! Mais on comprend qu'il ne parle pas d'une haine absolue. C'est une manière hardie de nous
signifier que nous devons être disposés à détester au besoin les objets auxquels nous tenons le plus, s'ils
étaient pour nous un obstacle à la perfection chrétienne. Voyez Matth. 10, 37 et le commentaire de S. Jérôme.
Mais quel langage, malgré cette restriction ! Comme il devait frapper, sous sa forme paradoxale, tous ceux
qui entouraient alors Jésus ! Et comme il frappe encore tous ceux qui le méditent sérieusement !
Dans le style biblique, haïr signifie très souvent aimer moins. Voir Matthieu, 10, 37. Ainsi le Sauveur commande seulement ici qu’on aime moins ses parents que lui, en sorte qu’on soit prêt à les quitter pour le suivre.
Poussés par la charité qui vient de Dieu, ils pratiquent le bien à l’égard de tous, surtout de leurs frères dans la foi (cf. Ga 6, 10), rejetant « toute malice, toute fraude, hypocrisie, envie, toute médisance » (1 P 2, 1), entraînant ainsi les hommes vers le Christ. Or, la charité divine, qui « est répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5), rend les laïcs capables d’exprimer concrètement dans leur vie l’esprit des Béatitudes. Suivant Jésus pauvre, ils ne connaissent ni dépression dans la privation, ni orgueil dans l’abondance ; imitant le Christ humble, ils ne deviennent pas avides d’une vaine gloire (cf. Ga 5, 26), mais ils s’efforcent de plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes, toujours prêts à tout abandonner pour le Christ (cf. Lc 14, 26) et à souffrir persécution pour la justice (cf. Mt 5, 10) se souvenant de la parole du Seigneur : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24). Entretenant entre eux une amitié chrétienne, ils se prêtent un mutuel appui en toutes nécessités.
Le Christ est le centre de toute vie chrétienne. Le lien avec Lui prend la première place devant tous les autres liens, familiaux ou sociaux (cf. Lc 14, 26 ; Mc 10, 28-31). Dès le début de l’Église, il y a eu des hommes et des femmes qui ont renoncé au grand bien du mariage pour suivre l’Agneau partout où il va (cf. Ap 14, 4), pour se soucier des choses du Seigneur, pour chercher à Lui plaire (cf. 1 Co 7, 32), pour aller au devant de l’Epoux qui vient (cf. Mt 25, 6). Le Christ lui-même a invité certains à le suivre en ce mode de vie dont Il demeure le modèle :