Luc 14, 35
Il ne peut servir ni pour la terre, ni pour le fumier : on le jette dehors ! Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Il ne peut servir ni pour la terre, ni pour le fumier : on le jette dehors ! Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Le sel est naturellement composé d'eau et d'air mêlés d'un peu de terre; il absorbe la partie liquide des corps corruptibles, et les conserve ainsi après leur mort. C'est donc avec raison qu'il compare les Apôtres au sel, parce qu'ils ont été régénérés par l'eau et par l'esprit; et que par leur vie toute spirituelle et séparée des inclinations de la chair, ils étaient comme le sel qui changeait la vie corrompue des hommes qui vivaient sur la terre, et répandait sur leurs disciples l'assaisonnement agréable d'une vie vertueuse. (cf. Lv 2,13 ).
Notre-Seigneur venait de nous recommander non seulement de commencer, mais d'achever la tour des vertus; les paroles suivantes: «Le sel est bon», se rapportent encore à cette recommandation; c'est-à-dire il est bon d'assaisonner les parties intimes de notre coeur avec le sel de la sagesse spirituelle, et même de devenir comme les Apôtres le sel de la terre ( Mt 5 ).
Qu'il entende aussi sans mépriser la parole qu'il entend, et en mettant en pratique ce qu'il a appris.
C'est-à-dire, si quelqu'un après avoir été éclairé par le sel divin de la vérité, devient apostat, quel docteur pourra le ramener à la vérité, alors qu'effrayé des persécutions du monde, ou séduit par ses charmes trompeurs, il a renoncé à cette sagesse dont il avait goûté la douceur? «Il n'est plus propre ni pour la terre, ni pour le fumier», etc. Le sel, en effet, lorsqu'il a perdu sa force pour assaisonner les aliments ou pour dessécher les viandes, ne peut plus servir à aucun usage. Il n'est plus propre ni pour la terre qu'il rendrait inféconde, ni pour le fumier qui sert d'engrais à la terre. Ainsi celui qui, après avoir connu la vérité, ret ourne en arrière ( He 10,26-27 2P 2,21 ), devient incapable et de produire aucun fruit de bonnes oeuvres, et d'en faire produire aux autres; il doit être jeté dehors, c'est-à-dire séparé de l'unité de l'Église.
Ce ne sont pas seulement ceux qui ont reçu le pouvoir d'enseigner les autres, mais les simples fidèles qui sont obligés d'être utiles à leur prochain à la manière du sel. Mais si celui qui devait être utile aux autres, devient mauvais lui-même, comment pourra-t-on venir à son secours? Si le sel s'affadit, comment lui rendra-t-on sa saveur?
Comme ces enseignements paraboliques pouvaient avoir quelque obscurité, Notre-Seigneur exhorte ses auditeurs à bien entendre ce qu'il a dit du sel: «Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende»,c'est-à-dire qu'il comprenne selon la mesure de la sagesse qui lui est donnée. Car les oreilles figurent ici la force intellectuelle de l'âme, et son aptitude à saisir la vérité.
Conclusion de ce petit discours, sous la forme d'une troisième figure, qui
paraît avoir été chère à Notre-Seigneur, puisqu'elle revient jusqu'à trois reprises dans les pages évangéliques
(Cfr. Matth. 5, 13 ; Marc. 9, 50) ; il est vrai qu'à chaque fois il s'agit d'une application nouvelle. En cet
endroit, voici quel est l'enchaînement le plus probable : Quiconque ne se sentirait pas à la hauteur de
l'abnégation parfaite que je vous prêche, ressemblerait au sel affadi, qui n'est bon qu'à être jeté dans la rue et
foulé aux pieds. - Le sel est bon. Mais si le sel perd sa vertu, comment pourra-t-on la lui rendre ? Avec quoi
l'assaisonnera -t-on ? Dans l'impossibilité de l'utiliser à quelque chose, parce qu'alors il ne peut servir
d'engrais, ni d'une manière directe, ni médiatement, c'est-à-dire mêlé au fumier, on le jette dans la rue pour
s'en débarrasser. - Que celui qui a des oreilles… Grave réflexion finale prononcée par Jésus en mainte
circonstance. Réfléchissez ! Décidez-vous ! Voyez si vous consentez à devenir mes disciples.
« C’est un grand honneur que d’avoir part au festin du royaume de Dieu (dans l’Eglise et dans le Ciel) ; mais, pour être mon disciple, il faut beaucoup de renoncement et de mortification ; qu’on y réfléchisse bien avant de s’y engager ; car il serait honteux d’abandonner ma doctrine après l’avoir embrassée, de devenir un sel affadi (voir verset 34). » (CRAMPON, 1885)