Luc 15, 32
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »
Le peuple d'Israël représenté par le frère aîné, envie à son plus jeune frère, c'est-à-dire, au peuple des Gentils, le bienfait de la bénédiction paternelle; ce que faisaient les Juifs, en voyant Jésus-Christ manger avec les païens: «Il s'indigna et ne voulait pas entrer».
Les Juifs demandent un chevreau, et les chrétiens un agneau; aussi on leur délivre Barabbas, tandis que l'agneau est immolé pour nous. Le fils aîné se plaint qu'on ne lui ait point donné un chevreau, parce que les Juifs ont perdu les rites de leurs anciens sacrifices; ou bien ceux qui désirent un chevreau sont ceux qui attendent l'Antéchrist.
Ce fils sans pudeur est semblable au pharisien qui cherchait à se justifier, parce qu'il observait la lettre de la loi, et qu'il accusait son frère d'avoir dévoré son bien avec des femmes perdues: «Et à peine votre autre fils qui a dévoré son bien avec des courtisanes, est-il revenu», etc.
Cependant ce bon père ne laisse point de vouloir le sauver en lui disant: «Vous êtes toujours avec moi», ou comme juif, par l'observation de la loi, ou comme juste par l'union plus intime avec Dieu.
Car s'il veut renoncer à tout sentiment d'envie, il verra bientôt que tout est réellement à lui, les sacrements de l'Ancien Testament, s'il est juif, et ceux de la nouvelle loi, s'il est baptisé.
Ou bien dans un autre sens: l'Évangile nous dit que ce frère aîné revenait des champs, c'est-à-dire des occupations de la terre, et comme il ignore les choses de l'Esprit de Dieu, il se plaint qu'on n'a jamais tué pour lui un chevreau; car ce n'est pas pour satisfaire l'envie, mais pour la rédemption du monde que l'agneau a été immolé. L'envieux demande un chevreau, celui qui est innocent demande qu'on immole pour lui un agneau. Ce frère est le plus âgé, parce que l'envie est la cause d'une vieillesse prématurée; il se tient dehors, parce que la malveillance lui défend d'entrer, il ne peut souffrir ni le bruit de la symphonie et des danses, (il ne s'agit pas ici des joies du théâtre qui ne sont propres qu'à exciter les passions), c'est-à-dire les chants harmonieux du peuple qui fait éclater les sentiments d'une joie douce et suave lorsqu'un pécheur revient à Dieu. Ceux au contraire qui sont justes à leurs propres yeux, s'indignent du pardon accordé au pécheur qui avoue ses fautes. Qui êtes-vous pour vous opposer à Dieu qui veut pardonner, lorsque vous pardonnez vous-même à qui bon vous semble? Applaudissons donc à la rémission des péchés qui suit la pénitence, de peur qu'en nous montrant ainsi jaloux du pardon qui est accordé aux autres, nous nous rendions indignes de l'obtenir nous-mêmes du Seigneur. Ne portons point envie à ceux qui reviennent de loin, car nous nous sommes égarés nous-mêmes dans ces régions lointaines.
On demande si celui qui s'afflige du bonheur des autres est atteint de la passion de l'envie. Je réponds qu'aucune âme sainte ne s'attriste de la sorte; loin de là, elle regarde le bien des autres comme le sien propre. Il ne faut pas du reste vouloir expliquer à la lettre tout ce que renferme une parabole, quand on a découvert le sens que s'est proposé l'auteur, il ne faut plus chercher autre chose. Or le but de cette parabole est d'exciter les pécheurs à revenir à Dieu avec confiance, par l'espérance des grands avantages qui leur sont promis. Aussi voyons-nous les grâces qui leur sont prodiguées devenir un sujet de trouble et de profonde jalousie pour les autres, bien qu'ils soient eux-mêmes environnés de tant d'honneurs, qu'ils puissent devenir à leur tour un sujet d'envie.
Dieu se contente d'obtenir de nous un regret facile pour nous faire grâce de nos nombreux péchés. Voici une parabole à l'appui de cette affirmation. Il y avait deux frères. Après le partage de leur patrimoine, l'un d'eux resta à la maison et l'autre, après avoir dévoré toute sa part, se condamna à l'exil, ne pouvant supporter la honte de sa misère. J'ai choisi de vous raconter cette parabole pour vous enseigner qu'il y a un pardon pour les fautes postérieures au baptême, si nous le voulons vraiment. Je ne dis pas cela pour vous porter à l'insouciance, mais pour vous préserver du désespoir, car celui-ci nous fait plus de mal que l'indolence.
Donc, ce fils exilé offre l'image de ceux qui sont tombés après le baptême. Il est évident qu'il les représente, puisqu'il est appelé "fils". Car nul ne peut être appelé ainsi lorsqu'il n'est pas baptisé. En outre, il avait habité la maison de son père, qui lui avait donné une part de ses biens. Or, avant le baptême, on ne peut participer aux biens du Père, ni recevoir son héritage. Ainsi tous ces traits marquent la condition des fidèles. En outre, le prodigue était le frère d'un homme très estimable, et personne n'est un "frère" s'il n'a pas reçu la seconde naissance, celle que donne le Saint-Esprit.
Or, que dit le prodigue tombé dans la pire misère? Je vais retourner chez mon père (Lc 15,18). La raison pour laquelle son père l'a laissé s'éloigner et ne l'a pas empêché de partir à l'étranger, c'était qu'il découvrirait clairement par expérience de quel bienfait l'on jouit en restant à la maison. Souvent Dieu, lorsque ces paroles ne peuvent nous persuader, permet à l'expérience des faits de nous apporter ses leçons.
Après s'être éloigné dans un pays étranger, le prodigue, ayant appris par ses propres déboires dans quelle misère on tombe en quittant la maison paternelle, s'en revint donc vers son père. Celui-ci ne lui garda pas rancune, mais le reçut à bras ouverts. Et pourquoi donc? Parce qu'il était un père, non un juge. Et ce furent des danses, un festin, des réjouissances, bref toute la maisonnée rayonnait de joie.
Alors vous dites: "Est-ce ainsi que l'on récompense l'inconduite?" On ne fête pas son inconduite, mais son retour; ni son péché, mais sa conversion; ni sa méchanceté, mais sa transformation. Bien plus, quand le fils aîné s'est indigné de toute cette joie, le père l'a calmé avec douceur en lui disant: Toi, tu vis toujours avec moi. Mais lui était perdu, et il est retrouvé; il était mort, et il est revenu à la vie (cf. Lc 15,31.32). Lorsqu'il faut sauver celui qui se perd, ce n'est pas le moment de rendre des sentences, ni de faire une enquête minutieuse, mais uniquement celui de la miséricorde et du pardon.
Donc, ce fils exilé offre l'image de ceux qui sont tombés après le baptême. Il est évident qu'il les représente, puisqu'il est appelé "fils". Car nul ne peut être appelé ainsi lorsqu'il n'est pas baptisé. En outre, il avait habité la maison de son père, qui lui avait donné une part de ses biens. Or, avant le baptême, on ne peut participer aux biens du Père, ni recevoir son héritage. Ainsi tous ces traits marquent la condition des fidèles. En outre, le prodigue était le frère d'un homme très estimable, et personne n'est un "frère" s'il n'a pas reçu la seconde naissance, celle que donne le Saint-Esprit.
Or, que dit le prodigue tombé dans la pire misère? Je vais retourner chez mon père (Lc 15,18). La raison pour laquelle son père l'a laissé s'éloigner et ne l'a pas empêché de partir à l'étranger, c'était qu'il découvrirait clairement par expérience de quel bienfait l'on jouit en restant à la maison. Souvent Dieu, lorsque ces paroles ne peuvent nous persuader, permet à l'expérience des faits de nous apporter ses leçons.
Après s'être éloigné dans un pays étranger, le prodigue, ayant appris par ses propres déboires dans quelle misère on tombe en quittant la maison paternelle, s'en revint donc vers son père. Celui-ci ne lui garda pas rancune, mais le reçut à bras ouverts. Et pourquoi donc? Parce qu'il était un père, non un juge. Et ce furent des danses, un festin, des réjouissances, bref toute la maisonnée rayonnait de joie.
Alors vous dites: "Est-ce ainsi que l'on récompense l'inconduite?" On ne fête pas son inconduite, mais son retour; ni son péché, mais sa conversion; ni sa méchanceté, mais sa transformation. Bien plus, quand le fils aîné s'est indigné de toute cette joie, le père l'a calmé avec douceur en lui disant: Toi, tu vis toujours avec moi. Mais lui était perdu, et il est retrouvé; il était mort, et il est revenu à la vie (cf. Lc 15,31.32). Lorsqu'il faut sauver celui qui se perd, ce n'est pas le moment de rendre des sentences, ni de faire une enquête minutieuse, mais uniquement celui de la miséricorde et du pardon.
Il ajoute: «Vous avez tué pour lui le veau gras». Le peuple juif confesse donc que le Christ est venu, mais par un sentiment d'envie, il refuse le salut qui lui est offert.
ou bien encore: «Vous ne m'avez jamais donné un chevreau»,c'est-à-dire, le sang d'aucun prophète ni d'aucun prêtre ne nous a délivrés de la domination romaine.
On peut dire encore que les paroles du fils ne sont point l'expression de la vérité, mais d'une vaniteuse présomption; aussi le père ne s'y laisse point tromper, et il cherche à calmer son fils par une autre raison, en lui disant: «Vous êtes avec moi», par la loi qui vous enchaîne, non qu'il n'ait jamais été coupable, mais parce que son père l'a toujours retiré des occasions de péché par ses châtiments? Rien d'étonnant d'ailleurs de voir mentir à son père celui qui porte envie à son frère.
Disons encore que toute justice en comparaison de celle de Dieu, n'est qu'injustice. De là ce cri de saint Paul: «Qui me délivrera de ce corps de mort ?» ( Rm 8). De là cette indignation des Apôtres, lorsqu'ils entendirent la demande de la mère des enfants de Zébédée ( Mt 20).
Ce fils aîné, semblable à un laboureur, s'appliquait aux travaux de l'agriculture, en cultivant non un champ matériel, mais le champ de son âme, et en greffant les arbres du salut, c'est-à-dire, les vertus.
Son père ne l'accuse pas de mensonge, il le loue même d'avoir toujours persévéré avec lui, et il l'invite à se livrer aux sentiments plus parfaits d'une joie meilleure et plus douce: «Alors le père lui dit: Vous, mon fils, vous êtes toujours avec moi».
Ce fils aîné, c'est le peuple d'Israël; il n'est point allé dans une région lointaine, cependant il n'est pas dans la maison, il est dans les champs, c'est-à-dire, qu'il travaille pour acquérir les biens de la terre dans le riche héritage de la loi et des prophètes. Il revient des champs et approche de la maison, c'est-à-dire, qu'il désapprouve les travaux de son oeuvre servile, en considérant d'après les mêmes Écritures la liberté de l'Église: «Et comme il revenait et approchait de la maison, il entendit une symphonie et des danses»,c'est-à-dire, ceux qui, remplis de l'Esprit saint, prêchaient l'Évangile dans une parfaite harmonie de doctrine: «Et il appela un des serviteurs»,etc., c'est-à-dire, qu'il se met à lire un des prophètes et cherche à savoir en l'interrogeant la cause de ces fêtes qu'on célèbre dans l'Église, dont il voit qu'il ne fait pas encore partie. Le prophète, serviteur de son père, lui répond: «Votre frère est revenu»,etc. Comme s'il lui disait: Votre frère s'en était allé jusqu'aux extrémités de la terre, de là cette joie. plus vive de ceux qui font entendre des chants nouveaux, car «ses louanges retentissent d'un bout de la terre à l'autre». ( Is 42,10 ). Et pour fêter le retour de celui qui était égaré, on a immolé l'homme qui sait ce que c'est de souffrir, «parce que ceux auxquels il n'avait point été annoncé l'ont vu». ( Is 53, 3; Is 52, 45).
Cette indignation dure encore aujourd'hui, et ce peuple persiste à ne vouloir pas entrer. Mais lorsque la plénitude des nations sera entrée dans l'Église, le père sortira dans le temps favorable, afin que tout Israël soit sauvé. ( Rm 11, 23.26) : «Son père donc étant sorti, se mit à le prier». Les Juifs, en effet, seront un jour ouvertement appelés au salut apporté par l'Évangile, et cette vocation manifeste nous est ici représentée par la sortie du père, qui vient prier son fils aîné d'entrer. La réponse du fils aîné soulève deux questions: «Il répondit à son père: Voilà tant d'années que je vous sers, et je n'ai jamais manqué à un de vos commandements», etc. Il est évident d'abord que cette fidélité à ne transgresser aucun commandement, ne doit pas s'entendre de tous les commandements, mais de celui qui est le premier et le plus nécessaire, c'est-à-dire, qu'on ne l'a jamais vu adorer d'autre Dieu que le Dieu, seul créateur de toutes choses ( Ex 20, 3). Il n'est pas moins certain que ce fils aîné ne représente pas tous les Israélites, mais ceux qui n'ont jamais quitté le culte du vrai Dieu pour adorer les idoles; car bien que ses désirs eussent pour objet les biens de la terre, il n'attendait cependant que du seul vrai Dieu ces biens communs ici-bas aux justes et aux pécheurs, selon ces paroles du Psalmiste: «Je suis devenu semblable devant vous à l'animal stupide, cependant j'ai toujours été avec vous» ( Ps 72, 22.23). Mais quel est le chevreau qu'il n'a jamais reçu pour faire un festin? «Et vous ne m'avez jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis».Le pécheur est ordinairement figuré sous l'emblème du bouc ou de chevreau.
Cependant, je ne vois pas comment on peut appliquer les conséquences de cette interprétation, car il est souverainement absurde que ce fils, à qui son père dira bientôt: «Vous êtes toujours avec moi», ait demandé à son père de croire à l'Antéchrist. On ne peut pas davantage voir dans ce fils ceux des Juifs qui devaient embrasser le parti de l'Antéchrist. Or, si ce chevreau est la figure de l'Antéchrist, comment pourrait-il en faire un festin, lui qui ne croit pas à l'Antéchrist? Mais si le festin de joie qui est fait avec ce chevreau signifie la joie produite par la ruine de l'Antéchrist, comment ce fils aîné du père peut-il dire que cette faveur ne lui ait jamais été accordée, puisque tous ses enfants doivent se réjouir de sa ruine? Il se plaint donc que le Seigneur ne lui ait pas été donné en festin, parce qu'il le prend pour un pécheur, car comme cette nation considère le Sauveur comme un chevreau ou comme un bouc, en le regardant comme un violateur et un profanateur du sabbat, elle n'a pu mériter la faveur d'être admise à son festin. Ces paroles: «Avec mes amis», doivent s'entendre, ou des principaux des Juifs avec le peuple, on des habitants de Jérusalem avec les autres peuples de Juda.
Ces femmes perdues sont les superstitions des Gentils, et on dissipe son bien avec elles, quand au mépris de la légitime alliance qu'on a contractée avec le vrai Dieu, on se livre à une honteuse fornication avec le démon.
Mais que veulent dire ces paroles: «Et tout ce que j'ai est à vous ?» Est-ce que ce n'est pas aussi à son frère? Sans doute, mais les fils arrivés à la perfection, et comme entrés déjà dans l'immortalité, possèdent toutes choses, comme si chacune d'elles était à tous, et comme si toutes étaient à chacun d'eux. La cupidité rend le coeur étroit et ne peut rien posséder qu'avec égoïsme; la charité, au contraire, agrandit et dilate le coeur. Mais comment, tout ce qui est au père peut-il être au fils? Est-ce que Dieu a aussi donné à ce fils la possession des anges? Si par possession vous entendez que le possesseur soit le propriétaire et le maître, il ne lui a pas tout donné, car nous ne serons pas un jour les maîtres des anges, mais nous partagerons leur bonheur. Mais si vous entendez le mot possession dans le sens que nous disons, que les âmes possèdent la vérité, je ne vois pas pourquoi nous ne prendrions pas cette expression à la lettre, car en parlant ainsi, nous ne voulons pas dire que les âmes soient maîtresses de la vérité; si enfin le sens propre du mot possession ne se prête pas à cette interprétation, nous y renonçons volontiers, car le père ne dit pas: Vous possédez touts mais: «Tout ce qui est à moi est à vous», mais non pas comme si vous en étiez le maître. En effet, ce que nous avons d'argent peut être destiné, soit à l'entretien, soit à l'ornement de notre famille ou à quelque autre usage semblable. Car puisque ce fils peut dire, dans un sens vrai, que son père est à lui, pour. quoi ne pourrait-il pas le dire de ce que possède son père? Il faut seulement l'entendre de différentes manières; ainsi lorsque nous serons parvenus à la béatitude des cieux, les choses supérieures seront à nous pour les contempler, les êtres qui nous sont égaux pour partager leur sort, les créatures inférieures pour les dominer. Le frère aîné peut donc se livrer à la joie en toute sécurité.
De loin tu as compris mes pensées, tu as découvert mon sentier, tu as prévu tous mes chemins (cf. ps 138,3-4). Que signifie de loin? Pendant que je suis encore voyageur, avant mon arrivée dans la patrie, tu as compris ma pensée. Songez au plus jeune fils (Lc 15,11-32, passim), car lui aussi est devenu le Corps du Christ, l'Église venue des nations païennes. Le plus jeune était parti au loin. En effet, un père avait deux fils. L'aîné n'était pas parti au loin, il travaillait aux champs et il symbolisait les saints qui, sous la Loi, observaient les pratiques et les préceptes de la Loi.
Mais le genre humain, qui s'était égaré dans le culte des idoles, était parti au loin. Rien, en effet, n'est aussi loin de celui qui t'a créé que cette image modelée par toi-même, pour toi. Le fils cadet partit donc dans une région lointaine, emportant avec lui sa part d'héritage et, comme nous l'apprend l'Évangile, il la gaspilla en menant une vie de désordre. Souffrant de la famine, il s'engagea au service d'un propriétaire du pays qui le chargea de garder un troupeau de porcs, et le malheureux, mais en vain, désirait se rassasier des gousses que mangeaient les porcs.
Après tant de malheurs et d'accablement, d'épreuves et de dénuement, il se rappela son père et voulut revenir vers lui. Il se dit: Je me lèverai, et j'irai vers mon père. Reconnaissez donc sa voix dans cette parole du psaume: Tu sais quand je m'asseois et quand je me lève (Ps 138,2). Je me suis assis dans la misère, je me suis levé dans le désir de ton pain. De loin tu as compris mes pensées. Aussi, dans l'Évangile, le Seigneur nous dit-il que son père vint au-devant de lui. C'est vrai, parce qu'il avait compris de loin ses pensées. Tu as prévu tous mes chemins. Lesquels? sinon les mauvais chemins qu'il avait suivis pour abandonner son père, comme s'il pouvait se cacher à ses regards qui le réclament, ou comme si l'écrasante misère qui le réduisait à garder les porcs n'était pas le châtiment que le père lui infligeait, dans son éloignement, en vue de le recevoir à son retour?
Il ressemblait à un fuyard qu'on arrête, poursuivi par la légitime revendication de Dieu, qui sévit contre nos passions, où que nous allions, si loin que nous puissions nous éloigner. Donc, comme un fuyard qu'on arrête, il dit: Tu as découvert mon sentier, et tu as prévu tous mes chemins. Avant même que j'y sois entré, avant même que j'y aie marché, tu les as vus d'avance. Et tu as permis que je suive mes chemins dans la peine, pour que, si je ne voulais plus peiner, je revienne dans tes chemins.
Parce qu'il n'y a pas de dissimulation dans mon langage (cf. ps 138,4). Pourquoi parle-t-il ainsi? Parce que je confesse ma faute devant toi: j'ai suivi mon propre sentier, je me suis éloigné de toi; je t'ai quitté, toi auprès de qui j'étais bien; et pour mon bien, il a été mauvais pour moi d'avoir été sans toi. Car, si je m'étais trouvé bien sans toi, je n'aurais peut-être pas voulu revenir à toi.
Donc le psalmiste qui confesse ainsi ses péchés déclare qu'il est le Corps du Christ, maintenant qu'il est justifié, non par lui-même, mais par la grâce, lorsqu'il dit: Il n'y a pas de dissimulation dans mon langage.
Mais le genre humain, qui s'était égaré dans le culte des idoles, était parti au loin. Rien, en effet, n'est aussi loin de celui qui t'a créé que cette image modelée par toi-même, pour toi. Le fils cadet partit donc dans une région lointaine, emportant avec lui sa part d'héritage et, comme nous l'apprend l'Évangile, il la gaspilla en menant une vie de désordre. Souffrant de la famine, il s'engagea au service d'un propriétaire du pays qui le chargea de garder un troupeau de porcs, et le malheureux, mais en vain, désirait se rassasier des gousses que mangeaient les porcs.
Après tant de malheurs et d'accablement, d'épreuves et de dénuement, il se rappela son père et voulut revenir vers lui. Il se dit: Je me lèverai, et j'irai vers mon père. Reconnaissez donc sa voix dans cette parole du psaume: Tu sais quand je m'asseois et quand je me lève (Ps 138,2). Je me suis assis dans la misère, je me suis levé dans le désir de ton pain. De loin tu as compris mes pensées. Aussi, dans l'Évangile, le Seigneur nous dit-il que son père vint au-devant de lui. C'est vrai, parce qu'il avait compris de loin ses pensées. Tu as prévu tous mes chemins. Lesquels? sinon les mauvais chemins qu'il avait suivis pour abandonner son père, comme s'il pouvait se cacher à ses regards qui le réclament, ou comme si l'écrasante misère qui le réduisait à garder les porcs n'était pas le châtiment que le père lui infligeait, dans son éloignement, en vue de le recevoir à son retour?
Il ressemblait à un fuyard qu'on arrête, poursuivi par la légitime revendication de Dieu, qui sévit contre nos passions, où que nous allions, si loin que nous puissions nous éloigner. Donc, comme un fuyard qu'on arrête, il dit: Tu as découvert mon sentier, et tu as prévu tous mes chemins. Avant même que j'y sois entré, avant même que j'y aie marché, tu les as vus d'avance. Et tu as permis que je suive mes chemins dans la peine, pour que, si je ne voulais plus peiner, je revienne dans tes chemins.
Parce qu'il n'y a pas de dissimulation dans mon langage (cf. ps 138,4). Pourquoi parle-t-il ainsi? Parce que je confesse ma faute devant toi: j'ai suivi mon propre sentier, je me suis éloigné de toi; je t'ai quitté, toi auprès de qui j'étais bien; et pour mon bien, il a été mauvais pour moi d'avoir été sans toi. Car, si je m'étais trouvé bien sans toi, je n'aurais peut-être pas voulu revenir à toi.
Donc le psalmiste qui confesse ainsi ses péchés déclare qu'il est le Corps du Christ, maintenant qu'il est justifié, non par lui-même, mais par la grâce, lorsqu'il dit: Il n'y a pas de dissimulation dans mon langage.
Nous éprouvons quelque fois nous-mêmes ce sentiment, nous en voyons, en effet, dont toute la vie se passe dans l'exercice des plus sublimes vertus, d'autres qui ne se convertissent à Dieu que dans l'extrême vieillesse, ou même qui, par une grâce particulière de la miséricorde divine, n'effacent leurs pêchés qu'au dernier jour de leur vie. Or il en est qui, par un sentiment de défiance inopportune, ne peuvent admettre cet excès de miséricorde, parce qu'ils ne considèrent pas la bonté du Sauveur, qui se réjouit du salut des pécheurs.
Le fait de retrouver un objet que nous avions perdu nous remplit chaque fois d'une joie nouvelle. Et cette joie est plus grande que celle que nous éprouvions, avant de le perdre, quand cet objet était bien gardé. Mais la parabole de la brebis perdue parle davantage de la tendresse de Dieu que de la façon dont les hommes se comportent habituellement. Et elle exprime une vérité profonde. Délaisser ce qui a de l'importance pour l'amour de ce qu'il y a de plus humble, est propre à la puissance divine, non à la convoitise humaine. Car Dieu fait même exister ce qui n'est pas; il part à la recherche de ce qui est perdu tout en gardant ce qu'il a laissé sur place, et il retrouve ce qui était égaré sans perdre ce qu'il tient sous sa garde.
Voilà pourquoi ce berger n'est pas de la terre mais du ciel. La parabole n'est nullement la représentation d'oeuvres humaines, mais elle cache des mystères divins, comme les nombres qu'elle mentionne le démontrent d'emblée: Si l'un de vous, dit le Seigneur, a cent brebis et en perd une... (Lc 15,3)
Vous le voyez, la perte d'une seule brebis a douloureusement éprouvé ce berger, comme si le troupeau tout entier, privé de sa protection, s'était engagé dans une mauvaise voie. Aussi, laissant là les quatre-vingt-dix-neuf autres, il part à la recherche d'une seule, il ne s'occupe que d'une seule, afin de les retrouver et de les sauver toutes en elle.
Mais il est temps d'expliquer le sens caché de cette parabole céleste. Cet homme qui possède cent brebis, le Christ, est le bon pasteur, le pasteur miséricordieux qui a établi tout le troupeau de la race humaine en une seule brebis, c'est-à-dire en Adam. Il avait placé la brebis dans le paradis enchanteur et dans la région des pâturages de vie. Mais elle, se fiant aux hurlements des loups, a oublié la voix du berger, elle a perdu le chemin qui conduit au bercail du salut et s'est trouvée toute couverte de blessures mortelles. Le Christ est venu dans le monde chercher la brebis et l'a retrouvée dan s le sein de la Vierge. Il est venu, il est né dans la chair, il a placé la brebis sur la croix, et l'a prise sur les épaules de sa passion. Puis, tout rempli de la joie de la résurrection, il l'a élevée, par son ascension, jusqu'à la demeure du ciel.
Il réunit ses amis et ses voisins, c'est-à-dire les anges, et il leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue (Lc 15,6)! Les anges jubilent et exultent avec le Christ pour le retour de la brebis du Seigneur. Ils ne s'irritent pas de la voir siéger devant eux sur le trône de majesté. Car l'envie n'existe plus au ciel dont elle a été bannie avec le diable. Grâce à
l'Agneau qui a enlevé le péché du monde, le péché d'envie ne peut plus pénétrer dans les cieux.
Frères, le Christ est venu nous chercher sur la terre; cherchons-le dans les cieux. Il nous a emportés dans la gloire de sa divinité; nous, portons-le dans notre corps par la sainteté de toute notre vie. Rendez gloire à Dieu, dit l'Apôtre, et portez-le dans votre corps (1Co 6,20 latin). Celui qui vit dans la chair sans lui faire accomplir aucune oeuvre de péché, celui-là porte Dieu dans son corps.
Voilà pourquoi ce berger n'est pas de la terre mais du ciel. La parabole n'est nullement la représentation d'oeuvres humaines, mais elle cache des mystères divins, comme les nombres qu'elle mentionne le démontrent d'emblée: Si l'un de vous, dit le Seigneur, a cent brebis et en perd une... (Lc 15,3)
Vous le voyez, la perte d'une seule brebis a douloureusement éprouvé ce berger, comme si le troupeau tout entier, privé de sa protection, s'était engagé dans une mauvaise voie. Aussi, laissant là les quatre-vingt-dix-neuf autres, il part à la recherche d'une seule, il ne s'occupe que d'une seule, afin de les retrouver et de les sauver toutes en elle.
Mais il est temps d'expliquer le sens caché de cette parabole céleste. Cet homme qui possède cent brebis, le Christ, est le bon pasteur, le pasteur miséricordieux qui a établi tout le troupeau de la race humaine en une seule brebis, c'est-à-dire en Adam. Il avait placé la brebis dans le paradis enchanteur et dans la région des pâturages de vie. Mais elle, se fiant aux hurlements des loups, a oublié la voix du berger, elle a perdu le chemin qui conduit au bercail du salut et s'est trouvée toute couverte de blessures mortelles. Le Christ est venu dans le monde chercher la brebis et l'a retrouvée dan s le sein de la Vierge. Il est venu, il est né dans la chair, il a placé la brebis sur la croix, et l'a prise sur les épaules de sa passion. Puis, tout rempli de la joie de la résurrection, il l'a élevée, par son ascension, jusqu'à la demeure du ciel.
Il réunit ses amis et ses voisins, c'est-à-dire les anges, et il leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue (Lc 15,6)! Les anges jubilent et exultent avec le Christ pour le retour de la brebis du Seigneur. Ils ne s'irritent pas de la voir siéger devant eux sur le trône de majesté. Car l'envie n'existe plus au ciel dont elle a été bannie avec le diable. Grâce à
l'Agneau qui a enlevé le péché du monde, le péché d'envie ne peut plus pénétrer dans les cieux.
Frères, le Christ est venu nous chercher sur la terre; cherchons-le dans les cieux. Il nous a emportés dans la gloire de sa divinité; nous, portons-le dans notre corps par la sainteté de toute notre vie. Rendez gloire à Dieu, dit l'Apôtre, et portez-le dans votre corps (1Co 6,20 latin). Celui qui vit dans la chair sans lui faire accomplir aucune oeuvre de péché, celui-là porte Dieu dans son corps.
Aux murmures des scribes et des pharisiens, qui reprochaient au Sauveur d'accueillir favorablement les pécheurs; il répond par trois paraboles, qu'il leur expose successivement. Dans les deux premières, il montre combien la conversion des pécheurs est un sujet de joie pour lui et pour les anges; le but de cette troisième parabole n'est plus seulement de faire ressortir cette grande joie, mais de condamner les murmures de ces esprits envieux: «Cependant, poursuit-il, son fils aîné était dans les champs».
On peut encore donner à tout ce passage une explication différente: Ce fils qui se laisse aller aux murmures, figure tous ceux qui se scandalisent en voyant les progrès rapides et le salut des âmes parfaites, comme celui que David nous représente, se scandalisant de la paix dont jouissent les pécheurs.
Ou bien il était dans les champs, c'est-à-dire dan s le monde, cultivant sa propre chair pour lui donner du pain en abondance, et semant dans les larmes pour moissonner dans la joie.
Ou bien encore, Notre-Seigneur, dans cette parabole, a dessein de reprendre les mauvaises dispositions de ceux qu'il appelle justes par supposition; comme s'il leur disait: Vous êtes vraiment justes, je l'admets, vous n'avez transgressé aucun des commandements, est-ce donc une raison pour ne pas vouloir accueillir ceux qui reviennent de leur conduite coupable?
Le fils dit donc à son père: J'ai passé gratuitement dans les douleurs une vie toujours exposée aux persécutions des pécheurs, et vous n'avez jamais commandé qu'on mît à mort pour moi un chevreau (c'est-à-dire, le pécheur qui me persécutait), pour me donner quelques moments de soulagement et de repos. Dans ce sens, Achab était le chevreau d'Élie, qui disait à Dieu: «Seigneur, ils ont tué vos prophètes».
C'est avec la plus grande douceur que le père daigne répondre à ce fils impudent. Il eût été en
droit de châtier par un blâme sévère les observations irrespectueuses qui venaient de lui être adressées ; mais
il aime mieux faire entendre la voix de la bonté. Ses paroles sont néanmoins graves, sérieuses, et même
grosses de menaces si l'on en pèse bien toute la portée. Elles réfutent pas à pas les plaintes du fils aîné, de
sorte que le v. 31 correspond au v. 29, le v. 32 au v. 30. - Mon fils : appellation pleine de tendresse. Pourtant,
son fils ne lui avait pas même donné le titre affectueux de « père ». - Tu es toujours avec moi… Quelle force
dans chacun de ces mots ! Toi, mon aîné, ma principale espérance. Ne m'ayant jamais quitté, ta vie, que tu appelles si méchamment un esclavage, n'a-t-elle pas été, si tu m'aimes, une fête perpétuelle ? Je ne t'ai jamais
rien donné ! Mais, tout ce que j'ai est à toi, et tu jouis de mes biens comme moi-même. Qu'as-tu donc à
envier ? Serais-tu jaloux de ce festin, de ce veau gras ? Mais ton esprit, à défaut de ton cœur, ne te dit-il pas
que nous devrions tous nous livrer à la joie en cette heureuse circonstance ? Et le bon père répète sa double
phrase du v. 24 ; mais il a soin de substituer ton frère à « mon fils », pour mieux protester contre le « cet
autre fils » qu'on lui avait précédemment (v. 30) jeté à la face d'une manière si cruelle. - Là-dessus, la
parabole se termine brusquement, sans nous dire quelle fut l'impression produite par ces justes remontrances.
Hélas : ce silence est de triste présage pour les Pharisiens et pour les Juifs, figurés par l'aîné des deux frères.
Du moins ils ne sont pas formellement exclus de la maison paternelle. Disons-leur avec S. Anselme, nous
prodigues de la Gentilité : « Bouge donc, maintenant… Ne demeure pas à l’extérieur. Ne sois pas jaloux de
l’étole, des chaussures et de l’anneau, symbole de la foi, celle que le Père a donnée à moi son fils pénitent.
Mais viens à l’intérieur, et participe à la joie, et prends part au banquet. Si tu ne le fais pas, j’attendrai…
jusqu’à ce que le Père sorte de la maison pour te prier d’entrer. Et entre-temps, je dirai à la gloire du même
Père : l’anneau est à moi, l’anneau est à moi ! ».
" Toute l’efficacité de la Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une souveraine amitié " (Catech. R. 2, 5, 18). Le but et l’effet de ce sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un cœur contrit et dans une disposition religieuse, " il est suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience, qu’accompagne une forte consolation spirituelle " (Cc. Trente : DS 1674). En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une véritable " résurrection spirituelle ", une restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus précieux est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32).
Le Règne que Jésus inaugure est le Règne de Dieu. Jésus lui-même révèle qui est ce Dieu qu'il désigne par le terme familier de « Abba », Père (Mc 14, 36). Dieu, révélé surtout dans les paraboles (cf. Lc 15, 3-32: Mt 20, 1-16), est sensible aux besoins et aux souffrances de tout homme: il est un Père plein d'amour et de compassion qui pardonne et accorde gratuitement les grâces demandées.
Le Royaume de Dieu est destiné à tous les hommes, car tous sont appelés à en être les membres. Pour souligner cet aspect, Jésus s'est fait proche surtout de ceux qui étaient en marge de la société, leur accordant sa préférence, lorsqu'il annonçait la Bonne Nouvelle. Au début de son ministère, il proclame qu'il a été envoyé pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 18). A tous les rejetés et à tous les méprisés, il déclare: « Heureux, vous les pauvres » (Lc 6, 20); de plus, il amène ces marginaux à vivre déjà une expérience de libération: il demeure avec eux, il va manger avec eux (cf. Lc 5, 30; 15, 2), il les traite comme des égaux et des amis (cf. Lc 7, 34), il leur fait sentir qu'ils sont aimés de Dieu et révèle ainsi l'immense tendresse de Dieu envers les plus démunis et les pécheurs (cf. Lc 15, 1-32).