Luc 17, 21

On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »

On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »
Saint Grégoire de Nysse
Peut-être aussi entend-il par ce royaume qui est au dedans de nous la joie que l'Esprit saint répand dans nos âmes, car cette joie est la figure et le gage de la joie éternelle qui est le partage des âmes saintes dans la vie future.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Comme le Sauveur, dans les discours qu'il adressait au peuple, parlait fréquemment du royaume de Dieu, les pharisiens prenaient occasion de là pour se moquer de lui: «Interrogé par les pharisiens, quand viendrait le royaume de Dieu». Ils semblaient lui dire comme par dérision: Avant que vien ne ce royaume dont vous parlez, vous finirez vos jours sur la croix». Mais le Seigneur voulant nous montrer toute sa patience, au lieu de repousser cette injure par de violents reproches, ne. dédaigne pas de répondre directement aux méchants: «Il leur répondit: Le royaume de Dieu ne vient point d'une manière qui frappe les regards». Paroles qui reviennent à celles-ci: «Ne cherchez pas à connaître le temps où viendra le royaume des cieux»,car il ne peut être connu ni par les anges ni par les hommes, comme l'a été le temps de l'incarnation, qui a été prédit et annoncé par les oracles des prophètes et par la voix des anges. Aussi le Sauveur ajoute: «On ne dira point: Il est ici, ou il est là». Ou bien encore, ils l'interrogent sur le temps où viendra le royaume de Dieu, parce qu'ils pensaient (comme il est dit plus bas), que le royaume de Dieu se manifesterait à l'entrée du Seigneur dans la ville de Jérusalem. C'est pour cela qu'il leur répond: «Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à être remarqué».

Il fait seulement cette déclaration pour la consolation de chacun: «Le royaume de Dieu est au milieu de vous»,c'est-à-dire, il dépend de vos affections, il est en votre pouvoir de l'obtenir, car tout homme justifié par la foi et par la grâce de Jésus-Christ, et orné des vertus chrétiennes, peut établir en lui-même le royaume des cieux.
Saint Bède le Vénérable
Ou bien encore, ce royaume de Dieu, c'est lui-même qui demeure au milieu d'eux, c'est-à-dire, qui règne dans leurs coeurs par la foi.
Louis-Claude Fillion
Quand viendra le royaume de Dieu. (en grec, le verbe est au présent, parce qu'on attendait d'heure en heure l'apparition du royaume). L'expression royaume de Dieu représente, comme partout ailleurs dans l'Évangile (voyez notre commentaire sur S. Matth. p. 67 et s.), l'empire du Messie annoncé par les prophètes. Toutefois nous savons que les Pharisiens, et en général tous les Juifs d'alors, rattachaient à cette grande idée mille préjugés humains, espérant que le Messie leur apporterait gloire, puissance, richesses, et toute sorte d'avantages terrestres. La question, d'ailleurs, n'était ni sans malice ni sans ironie. Ceux qui la posaient voulaient embarrasser leur adversaire. Depuis plusieurs années il annonçait la proximité du royaume de Dieu (Cfr. Matth. 4, 17 et parall.), et pourtant les choses semblaient être toujours au même point! Ne fournirait-il pas quelque explication là-dessus ? Comparez Maldonat, Comm. in Luc. 17, 20. - Jésus ne répond d'abord pas directement à la demande insidieuse des Pharisiens. Au lieu de déterminer l'époque en question, il indique, d'une manière très nette, quoique négative, la nature du « royaume de Dieu ». - Il ne vient pas d'une manière apparente (le verbe grec désigne une observation très attentive, telle qu'est celle d'un ennemi. Cfr. 14, 1), c'est-à-dire d'une manière telle qu'il soit possible de l'observer, donc avec accompagnement de coups de théâtre, de signes éclatants et multiples qui frappent bientôt les regards les moins perspicaces, comme serait l'installation d'une nouvelle dynastie chez un peuple puissant. Voyez D. Calmet, Comm. h.l. N'était-ce pas dire aux Pharisiens qu'ils se plaçaient à un faux point de vue, quand ils cherchaient avec les yeux du corps un règne tout spirituel ? - On ne dira pas : il est ici… C'est le développement de la même pensée. Le royaume de Dieu est de telle nature, qu'on n'en saurait constater la présence comme celle d'un fait matériel. - Car voici. Au « voici » et au « voilà » des hommes, Jésus oppose son propre voici, par lequel il introduit la partie principale de sa réponse aux Pharisiens : Le Royaume de Dieu est au dedans de vous. Mais quel est vraiment le sens de cette profonde parole ? Nous en trouvons dans les commentateurs trois explications principales, qui varient selon la traduction du grec. 1° Suivant Origène, S. Cyrille et Maldonat : « en votre pouvoir » ; mais rien ne justifie leur interprétation, qui affaiblit du reste la pensée du Sauveur ; 2° d'après la plupart des commentateurs : « parmi vous, à côté de vous ». La phrase entière équivaudrait alors à celle-ci « le règne de Dieu est parvenu au milieu de vous ». Et, en réalité, l'ère du royaume des cieux n'avait-elle pas déjà commencé ? Le Messie, chef de ce royaume, ne vivait-il pas parmi les Pharisiens ? 3° D'après d'autres exégètes assez nombreux (entre autres S. Jean Chrysostome, Théophylacte, Erasme, Olshausen, Godet, Keil) : « dans vos cœurs, en vous-mêmes » ; et telle nous paraît être l'explication la plus exacte, quoique la seconde ne soit pas sans de grandes probabilités. Le contexte nous est favorable, puisque Jésus a dit plus haut que l'avènement du divin règne ne tombe pas sous les sens, et qu'il se propose précisément ici d'indiquer le motif de cette invisibilité. Votre inquisition est vaine, voulait-il dire, attendu que l'établissement du royaume de Dieu est un fait moral, interne. On peut objecter, il est vrai, la perversité pharisaïque : le royaume de Dieu était-il donc au fond du cœur de ces hypocrites ? Mais il n'est pas nécessaire d'appliquer le pronom vous aux Pharisiens d'une façon exclusive. Quelques auteurs (Farrar, etc.), réunissent les deux dernières interprétations. La philologie les autorise l'une et l'autre. En toute hypothèse d'ailleurs, la parole de Jésus revient à dire qu'au lieu de s'inquiéter curieusement de l'époque et des signes du royaume de Dieu, il serait bien préférable de chercher les moyens de se l'approprier ; et c'est là une instruction valable pour tous les temps.
Fulcran Vigouroux
Le royaume de Dieu, etc. Le Messie que vous attendez est au milieu de vous, et vous ne le connaissez pas. Comparer à Jean, 1, 26. ― Le royaume de Dieu est au-dedans de vous. Voir Matthieu, note 16.28 et chapitre 24. Le Royaume de Dieu c’est d’abord le Christ lui-même, régnant au milieu des hommes et dans les âmes (saint Bède). Il commence dans la conscience de chacun. CRAMPON dit : « La venue de ces temps heureux [Règne glorieux du Christ sur terre] dépend de la conversion des hommes : elle est d’autant plus prochaine que les hommes seront plus tôt convertis. » Voir Actes des Apôtres, 3, 19-21. Voilà pourquoi : Le royaume de Dieu est au-dedans de vous…