Luc 17, 37
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »
Ou bien encore, les aigles qui se nourrissent de la chair des animaux morts, figurent les princes de ce monde, et ceux qui persécuteront alors les saints de Dieu, et il laisse en leur pouvoir ceux qui n'ont point mérité d'être pris et auxquels il donne le nom de corps ou de cadavres, ces aigles peuvent encore représenter ces puissances vengeresses qui voleront vers les impies.
C'est bien avec raison qu'il dit: «Dans cette nuit», car l'heure de l'Antéchrist est l'heure des ténèbres, parce que l'Antéchrist répand d'épaisses ténèbres sur le coeur des hommes, en affirmant qu'il est le Christ. Le Christ, au contraire, brillera comme la foudre étincelante, afin que dans cette nuit nous puissions voir la gloire de la résurrection.
Dieu, en effet, ne peut être injuste et refuser la même récompense à ceux qui sont unis par une entière conformité de sentiments et d'action. Cependant ce n'est pas la communauté de vie qui produit l'identité de mérites, car tous n'accomplissent pas entièrement ce qu'ils commencent, et celui-là seul qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé ( Mt 10, 22; 24, 43).
Les âmes des saints sont comparées à des aigles qui s'élèvent sur les hauteurs, s'éloignent de tout ce qui est sur la terre et passent pour vivre très-longtemps. Nous ne pouvons douter quel est ce corps, surtout si nous nous rappelons que Joseph obtint de Pilate le corps de Jésus. Est-ce que vous ne voyez pas les aigles autour du corps dans la personne des femmes et des Apôtres, qui se réunissent autour du tombeau du Sauveur? Ne voyez-vous pas ces aigles autour de son corps, lorsqu'il viendra sur les nuées et que tout oeil le verra? ( Ap 5). Or, le corps est celui dont il est écrit: «Ma chair est vraiment une nourriture» ( Jn 6). Autour de ce corps sont les aigles qui volent avec les ailes spirituelles. Les aigles autour du corps sont encore ceux qui croient que Jésus-Christ est venu sur la terre dans une chair véritable. C'est aussi l'Église où nous sommes renouvelés dans l'Esprit par la grâce du baptême.
Ou bien: «dans cette nuit», c'est-à-dire dans cette tribulation.
Ou bien Notre-Seigneur veut nous représenter ici trois classes différentes d'hommes. La première est composée de ceux qui préfèrent mener une vie de loisir et de repos, affranchie de toute occupation, soit séculière, soit ecclésiastique; leur repos est figuré par le lit. La seconde comprend ceux qui, faisant partie du peuple, sont conduits par les docteurs et sont occupés des choses de ce monde. Ils sont ici figurés par des femmes, parce qu'il leur es t avantageux de se laisser diriger par les conseils de leurs supérieurs; et ces femmes tournent la meule, figure de ceux qui sont dans le cercle des affaires de ce monde. Notre-Seigneur les représente comme tournant la meule ensemble, c'est-à-dire qu'ils s'occupent de ces affaires du siècle, en faisant servir leurs biens à l'utilité de l'Église. La troisième classe est composée de ceux qui travaillent dans les divers ministères de l'Église, comme dans le champ de Dieu. Ces trois classes à leur tour en renferment deux autres, c'est-à-dire que les uns demeurent dans l'Église et sont pris et choisis; les autres sont infidèles et sont laissés.
Les enseignements que place ici saint Luc (dans un discours différent de celui où saint Matthieu les fait entrer), sont rapportés par avance et n'ont été donnés que plus tard par le Seigneur, ou bien il faut dire qu'il les a donnés deux fois.
Ces deux personnes qui se trouvent dans le même lit, semblent désigner ceux qui placent leur repos dans les plaisirs du monde; car le lit est l'emblème du repos. Or, tous ceux qui ont de grandes richess es en partage, ne sont pas pour cela des impies ( Ps 61), il en est qui sont vertueux et du nombre des élus dans la foi; ceux-là donc seront choisis, et les autres dont les moeurs sont différentes, seront laissés. En effet, lorsque le Seigneur descendra pour juger les hommes, il enverra ses anges qui laisseront sur la terre tous ceux qui sont destinés aux supplices éternels, et amèneront les saints en sa présence, selon ces paroles de l'Apôtre: «Nous serons enlevés avec eux sur les nuées, pour aller dans les airs au-devant de Jésus-Christ». (2Co 4, 14), l'homme extérieur qui s'altère de jour en jour; l'homme intérieur qui se renouvelle par les sacrements. Ce sont ces deux hommes qui travaillent dans notre champ, l'un produit de bons fruits par son zèle, J'autre le perd par sa négligence. Ou bien encore ces deux hommes qui sont dans les champs, représentent les deux peuples qui sont dans ce monde, l'un qui est fidèle est pris; l'autre qui est infidèle est laissé.
Notre-Seigneur ayant dit que les uns seraient choisis et les autres laissés, les disciples sont fondés à lui demander dans quel endroit ils seraient pris: «Ils lui demandèrent: Où sera-ce Seigneur ?»
C'est-à-dire, de même que les oiseaux carnivores s'assemblent autour d'un cadavre abandonné; ainsi lors de l'avènement du Fils de l'homme, tous les aigles, c'est-à-dire les saints, s'empresseront autour de lui.
Notre-Seigneur avait recommandé plus haut à celui qui serait dans les champs, de ne point revenir dans sa maison; paroles qui ne s'adressaient pas seulement à ceux qui devaient revenir ouvertement des champs, c'est-à-dire à ceux qui devaient hautement nier le Seigneur, comme le Sauveur le démontre, en ajoutant qu'il en est dont le coeur regarde en arrière, bien qu'extérieurement ils semblent jeter les yeux en avant: «Je vous le dis: En cette nuit-là, deux personnes seront dans un lit; l'une sera prise, et l'autre laissée».
Cette demande comprenait ces deux questions: Dans quel endroit les bons devaient être pris et où les méchants devaient être laissés, le Sauveur répond à la première de ces questions, et laisse sous-entendue la réponse à la seconde: «Il leur répondit: Partout où sera le corps, les aigles s'y assembleront».
Ou bien par ces paroles: «Dans cette nuit», le Sauveur veut nous apprendre qu'il viendra sans être attendu, et comme à l'improviste. Il avait dit aussi précédemment que les riches seraient difficilement sauvés, et il fait voir ici que cependant tous les riches ne seront pas tous réprouvés, de même que tous les pauvres ne seront pas indistinctement sauvés.
Les disciples, auxquels Jésus
racontait ces scènes mystérieuses et terribles, lui demandent tout alarmés : Ou sera-ce, Seigneur ? C'est à
dire, quel sera le théâtre de tels événements ? Obscur à dessein dans sa réponse, il se borne à leur dire qu'il
n'y a pas plus à s'inquiéter de la topographie que de la chronologie (Cfr. vv. 20 et 21) de son royaume. En
effet, le proverbe Partout ou sera la corps… signifie dans sa généralité qu'en quelque endroit que se trouvent
les méchants, ils seront infailliblement atteints par les vengeances célestes, qui prendront vers eux leur vol
comme font les oiseaux de proie vers les cadavres abandonnés. Voyez du reste dans S. Matthieu, 24, 28, une
reproduction de cette phrase proverbiale, mais avec un sens un peu modifié. - Les aigles ne vivant pas par
troupes et ne mangeant pas la chair morte, le mot aigle désigne ici les vautours qui abondent en Palestine. Cfr. K. Furrer, die Bedeutung der bibl. Geographie für die bibl. Exegese, Zurich, 1880, p. 12 et 13 ; Tristram,
The natural History of the Bible, p. 170 et s.