Luc 19, 10
En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Zachée était monté sur un sycomore, l'aveugle était assis le long du chemin; le Seigneur attend l'un pour le guérir, il honore l'autre en daignant descendre dans sa maison: « Jésus étant entré dans Jéricho, traversait la ville », etc. C'est par un dessein particulier de Dieu que nous voyons paraître ici un chef de publicains; car qui pourra désespérer de son salut, puisque cet homme, dont les richesses venaient en grande partie de la fraude, a cependant trouvé grâce devant Dieu? Il était fort riche, pour vous apprendre que tous les riches ne sont pas nécessairement des avares.
Que les riches apprennent donc que le crime n'est pas dans les richesses, mais dans le mauvais usage qu'on en fait; car si les richesses sont un moyen de perdition pour les méchants, elles sont dans la main des bons un puissant auxiliaire de leur vertu.
D'où vient qu'il n'est fait mention dans l'évangile de la taille d'aucun autre que de celle de Zachée? La raison n'en serait-elle pas qu'il était petit par suite de sa malice, ou qu'il était petit par son peu de foi? car il n'était pas encore bien zélé, lorsqu'il monta sur cet arbre, il n'avait pas encore vu le Christ.
L'Évangéliste ajoute avec dessein: «Parce que le Seigneur devait passer par là», soit où était le sycomore, soit où Zachée se trouvait lui-même. Le Sauveur voulait observer l'ordre mystérieux d'après lequel la grâce de la foi devait se répandre, et son dessein était d'annoncer l'Évangile aux Juifs avant de le porter aux Gentils. Il voit donc Zachée sur l'arbre, car déjà la sublimité de sa foi l'élevait au milieu des fruits des bonnes oeuvres à la hauteur d'un arbre fécond, Zachée est monté sur l'arbre, parce qu'en effet, il s'élève au-dessus de la loi.
Considérez l'excessive bonté du Sauveur: innocent, il se mêle aux coupables; source de toute justice, il entre en relation avec l'avarice qui est la cause de toute perversité; en entrant dans la maison d'un publicain, sa sainteté n'est point obscurcie par les sombres vapeurs de l'avarice, qu'il dissipe au contraire par l'éclat de sa justice. Cependant les envieux, et ceux qui ne cherchaient qu'à le calomnier, s'efforcent d'incriminer sa conduite: « Voyant cela, tous murmuraient en disant: «Il est descendu chez un pécheur ».Mais Jésus, accusé d'être le convive et l'ami des publicains, dédaigne ces calomnies pour accomplir son oeuvre; car le médecin ne peut guérir les malades qu'à la condition de supporter ce que leurs plaies ont de rebutant. C'est ce qui arriva, le publicain changea de vie et devint meilleur: « Mais Zachée, se tenant devant Jésus, lui dit: Voici, Seigneur, que je donne la moitié de mes biens aux pauvres »,etc. Entendez cette admirable résolution, Jésus n'a point encore parlé, et il obéit déjà. De même que le soleil, dont les rayons pénètrent dans une maison, l'éclaire non point par des paroles, mais par son action, ainsi le Sauveur dissipe les ténèbres de l'iniquité par les seuls rayons de sa justice, car il est la lumière qui luit dans les ténèbres. Tout ce qui est uni est fort, tout ce qui est divisé est faible, c'est pourquoi Zachée fait le partage de ses biens. Il faut avoir soin de remarquer que les richesses de Zachée n'étaient pas toutes le fruit de l'injustice, mais qu'elles provenaient aussi de son patrimoine. Comment aurait-il pu sans cela rendre le quadruple de ce qu'il avait acquis injustement? Il savait que la loi prescrit de rendre le quadruple de tout bien mal acquis ( Ex 22), afin que si l'on ne craint pas de violer la loi, on soit au moins arrêté par l'obligation onéreuse qu'elle impose. Mais Zachée n'attend pas la condamnation de la loi, il se fait lui-même son propre juge.
Pourquoi me faire un crime de chercher à ramener les pécheurs? Je suis si loin de les haïr, qu'ils sont la cause de ma venue sur la terre; je suis venu comme médecin et non comme juge, aussi je ne dédaigne pas de devenir le convive des malades, et je supporte la mauvaise odeur de leurs plaies, afin de pouvoir y appliquer des remèdes plus efficaces. Mais on me demandera comment saint Paul défend aux chrétiens de manger avec un de leurs frères qui serait ou fornicateur, ou avare ( 1Co 5,11 ), tandis que nous voyons Jésus-Christ s'asseoir à la table des publicains. Je réponds que les publicains n'étaient pas encore élevés à la dignité de frères; et d'ailleurs saint Paul défend tout commerce avec ceux de nos frères qui persévèrent dans le mal. Or, tels n'étaient point les publicains avec qui le Sauveur ne dédaignait pas de manger.
La semence du salut avait germé dans son âme, puisqu'il désirait voir Jésus: « Et il cherchait à voir Jésus pour le connaître ». Il ne l'avait jamais vu, car s'il l'eût vu une seule fois, il aurait renoncé depuis longtemps aux injustices de sa vie; en effet, lorsqu'on a vu Jésus, il est impossible de persévérer dans l'iniquité. Or, deux choses s'opposaient à ce que Zachée pût voir Jésus: il en était empêché par la foule, moins des hommes que de ses péchés et de ses crimes, et il était d'ailleurs petit de taille: «Et il ne le pouvait à cause de la foule, parce qu'il était fort petit», ajoute l'Évangéliste.
Mais il eut une bonne inspiration, car il courut en avant et monta sur un sycomore, et il vit ainsi passer Jésus qu'il désirait tant de connaître: « Courant donc en avant , dit l'Évangéliste, il monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là ». Il désirait seulement voir Jésus, mais celui qui nous accorde toujours plus que nous ne demandons, lui donne au delà de ses espérances: « Arrivé à cet endroit, Jésus le vit ».Il vit son âme pleine du désir ardent de mener une vie sainte, et il l'inclina doucement vers la piété. Sans être invité, il s'invite lui-même à descendre chez lui: « Et l'ayant vu, il lui dit: Zachée, descendez vite »,etc. Il savait que l'hospitalité qu'il demandait serait largement récompensée, et bien qu'il n'eût pas encore entendu Zachée lui adresser d'invitation, il voyait les sentiments de son coeur.
Mais Zachée, de son côté, n'a point mis le moindre retard, et s'est ainsi montré digne de la miséricorde de Dieu, qui rend la vue aux aveugles, et appelle ceux qui sont éloignés.
La foule représente cette multitude ignorante et tumultueuse qui n'a pu élever ses regards jusqu'au sommet de la sagesse; aussi longtemps que Zachée demeure dans la foule, il ne peut voir Jésus-Christ, mais aussitôt qu'il s'élève au-dessus de cette multitude ignorante, il mérite de recevoir dans sa maison celui qu'il désirait simplement de voir.
Tous ceux qui ont été appelés par le Seigneur ont obéi aussitôt à sa voix dès lors que l'amour des choses terrestres n'alourdissait pas leur âme. Car les liens du monde asservissent le coeur et ses pensées, et celui qui en est entravé entend difficilement résonner la voix de Dieu. Mais il n'en alla pas ainsi des Apôtres, ni des justes, ni des Patriarches qui vécurent avant eux: ils obéirent comme des vivants et prirent la route, légers, parce qu'aucune lourde chaîne ne les attachait au monde. Rien ne peut lier ni entraver l'âme qui aperçoit Dieu: elle est ouverte et prête, si bien que la lumière de la loi divine, chaque fois qu'elle s'approche de cette âme, la trouve disposée à la recevoir.
Notre Seigneur a aussi appelé Zachée du sycomore sur lequel il était monté, et aussitôt Zachée s'empressa de descendre et le reçut dans sa maison, car, avant même d'être appelé, il avait l'espoir de le voir et de devenir son disciple. L'admirable est que, sans que le Seigneur lui eût parlé et sans l'avoir vu avec les yeux du corps, Zachée ait cru en lui, simplement sur la parole des autres, car la foi qui était en lui avait été préservée dans sa vie et sa santé naturelles. Le fait qu'il ait cru en notre Seigneur au moment même où il apprit son arrivée, a rendu sa foi manifeste. Et la simplicité de sa foi est apparue lorsqu'il promit de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre au quadruple ce qu'il avait pris d'une manière malhonnête.
En effet, si la simplicité qui convient à la foi n'avait pas rempli à ce moment l'âme de Zachée, il n'aurait pas fait cette promesse à Jésus, et il n'aurait pas dépensé et distribué en peu de temps ce qu'il avait amassé en tant d'années de travail. La simplicité a répandu de tous côtés ce que l'astuce avait amassé, la pureté de l'âme a dispersé ce que la tromperie avait acquis, la foi a renoncé à ce que l'injustice avait obtenu et possédé, et elle a proclamé que cela ne lui appartenait pas.
Car Dieu est le seul bien de la foi et celle-ci refuse de posséder d'autres biens avec lui. La foi ne fait aucun cas des biens, quels qu'ils soient, en dehors de Dieu, son seul bien durable. Nous avons reçu en nous la foi pour parvenir à Dieu, ne posséder que lui et regarder comme un désavantage tout ce qui n'est pas lui.
Notre Seigneur a aussi appelé Zachée du sycomore sur lequel il était monté, et aussitôt Zachée s'empressa de descendre et le reçut dans sa maison, car, avant même d'être appelé, il avait l'espoir de le voir et de devenir son disciple. L'admirable est que, sans que le Seigneur lui eût parlé et sans l'avoir vu avec les yeux du corps, Zachée ait cru en lui, simplement sur la parole des autres, car la foi qui était en lui avait été préservée dans sa vie et sa santé naturelles. Le fait qu'il ait cru en notre Seigneur au moment même où il apprit son arrivée, a rendu sa foi manifeste. Et la simplicité de sa foi est apparue lorsqu'il promit de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre au quadruple ce qu'il avait pris d'une manière malhonnête.
En effet, si la simplicité qui convient à la foi n'avait pas rempli à ce moment l'âme de Zachée, il n'aurait pas fait cette promesse à Jésus, et il n'aurait pas dépensé et distribué en peu de temps ce qu'il avait amassé en tant d'années de travail. La simplicité a répandu de tous côtés ce que l'astuce avait amassé, la pureté de l'âme a dispersé ce que la tromperie avait acquis, la foi a renoncé à ce que l'injustice avait obtenu et possédé, et elle a proclamé que cela ne lui appartenait pas.
Car Dieu est le seul bien de la foi et celle-ci refuse de posséder d'autres biens avec lui. La foi ne fait aucun cas des biens, quels qu'ils soient, en dehors de Dieu, son seul bien durable. Nous avons reçu en nous la foi pour parvenir à Dieu, ne posséder que lui et regarder comme un désavantage tout ce qui n'est pas lui.
Ou encore, comme le sycomore est aussi appelé figuier sauvage ( ficus fatua), Zachée, qui est petit, monte sur un sycomore, et voit ainsi le Seigneur, parce que ceux qui embrassent ce qui est une folie aux yeux du monde, contemplent dans tout son éclat la sagesse de Dieu. En e ffet, quelle folie plus grande pour le monde, que de ne pas chercher à recouvrer ce qu'on a perdu, d'abandonner ses biens à ceux qui les ravissent, et de ne pas rendre injure pour injure? Or, c'est justement cette sage folie qui nous obtient de voir la sagesse de Dieu, sinon pleinement telle qu'elle est, du moins par la lumière de la contemplation.
Zachée est appelé enfant d'Abraham, non parce qu'il est né de sa race , mais parce qu'il a été l'imitateur de sa foi, et qu'il a renoncé à ses biens pour les distribuer aux pauvres, de même qu'Abraham avait quitté son pays et la maison de son père. Notre-Seigneur dit: « Il est aussi enfant d'Abraham », pour nous apprendre que ce ne sont pas seulement ceux qui ont vécu dans la sainteté, mais ceux qui renoncent à leur vie injuste qui sont enfants de la promesse.
Voici que le chameau a déposé la lourde protubérance qu'il portait sur son dos, et il passe par le trou d'une aiguille, c'est-à-dire, un riche, un publicain, sacrifie l'amour des richesses, renonce à tous ses profits frauduleux, et reçoit la bénédiction que lui apporte la visite du Sauveur: «Et il se hâta de descendre, et il le reçut avec joie».
Dans le sens figuré, Zachée, qui veut dire justifié, représente le peuple des Gentils qui a embrassé la foi. Il était comme amoindri et rapetissé par les préoccupations de la terre, mais Dieu l'a grandi et sanctifié. Il a désiré voir Jésus qui entre dans Jéricho, lorsqu'il a cherché à participer à la foi que le Sauveur était venu apporter au monde.
Ou bien encore la foule (c'est-à-dire les habitudes criminelles), qui défendait à l'aveugle de demander à Jésus par ses cris qu'il lui rendit la vue, est aussi l'obstacle qui empêche Zachée de voir le Sauveur. Or, de même que l'aveugle a triomphé de la foule en redoublant ses cris suppliants, ainsi Zachée qui était petit, s'est élevé au-dessus des obstacles de la foule, en abandonnant toutes les choses de la terre, et en montant sur l'arbre de la croix. En effet, le sycomore, dont les feuilles sont semblables à celles du mûrier, mais qui s'élève à une plus grande hauteur (ce qui lui a fait donner par les latins le nom de celsa, élevé), porte aussi le nom de figuier sauvage. Or, la croix du Seigneur est comme le figuier qui nourrit les fidèles, tandis que les incrédules s'en moquent comme d'une folie. Zachée qui était petit, monte sur cet arbre pour grandir sa taille; ainsi le chrétien qui est humble et qui a la conscience de sa propre misère s'écrie: A Dieu ne plaise que je me glorifie, si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. ( Ga 6).
Le Seigneur, en traversant la ville, arrive à l'endroit où Zachée était monté sur le sycomore. C'est ainsi qu'après avoir envoyé des prédicateurs dans la personne desquels il allait prêcher lui-même l'Évangile, Jésus arriva au milieu du peuple des Gentils, qui déjà s'était relevé de son état d'abaissement par la foi à sa passion; le Sauveur jette sur lui un regard en le choisissant par sa grâce. Notre-Seigneur était aussi entré quelquefois dans la maison d'un des chefs des pharisiens, mais tandis qu'il y opérait des oeuvres dignes d'un Dieu, ils trouvaient le moyen de calomnier sa conduite. Aussi ne pouvant plus souffrir leur audace criminelle, il les abandonne en leur disant: «Votre maison sera laissée déserte» ( Mt 23). Aujourd'hui, au contraire, il faut qu'il descende dans la maison de Zachée qui était petit, c'est-à-dire qu'il se repose dans le coeur des Gentils devenus humbles, en faisant briller à leurs yeux la grâce de la nouvelle loi. Zachée reçoit l'ordre de descendre de ce sycomore, et de préparer à Jésus une demeure dans sa maison; c'est ce que l'Apôtre nous recommande par ces paroles: «Si nous avons connu Jésus-Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette sorte»; (2Co 13, 4). Il est manifeste que les Juifs ont toujours été opposés au salut des Gentils; mais cette grâce du salut qui remplissait autrefois les demeures des Juifs, brille aujourd'hui aux yeux des Gentils, parce qu'ils sont devenus eux-mêmes enfants d'Abraham, en imitant la foi qu'il avait en Dieu.
Si nous voulons pénétrer plus avant, nous trouverons qu'il ne restait plus rien à Zachée de ses biens. Après avoir donné la moitié de ses biens aux pauvres, il emploie le reste à rendre le quadruple à tous ceux qu'il avait pu léser. Et non seulement il le promet, mais il le fait aussitôt, car il ne dit pas: Je donnerai la moitié de mes biens, et je rendrai quatre fois autant à ceux à qui j'ai fait tort, mais voici que je donne, et que je restitue. Aussi Jésus-Christ lui annonce-t-il qu'il a reçu le salut: « Jésus lui dit: Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison ». La maison ici signifie celui qui l'habite, et le Sauveur veut dire que Zachée a obtenu la grâce du salut. Il ajoute, en effet: «Parce que celui-ci est aussi enfant d'Abraham». Or, il n'aurait pu dire d'un édifice matériel et inanimé qu'il était enfant d'Abraham.
Jésus ne dit pas que Zachée était fils d'Abraham, mais qu'il l'est maintenant; car tant qu'il était chef des publicains, il n'avait aucun trait de ressemblance avec le juste Abraham, et ne pouvait être son fils. Cependant comme quelques-uns murmuraient de ce que le Sauveur était descendu dans la maison d'un pécheur, il calme leur indignation en ajoutant: «Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu».
Il est facile de tirer de ce récit des inductions morales. Ainsi celui qui a sur les autres la triste prééminence du vice, est très petit au point de vue spirituel, et il ne peut voir Jésus à cause de la foule, car embarrassé qu'il est par ses passions et par les préoccupations du monde, il ne voit point Jésus marcher, c'est-à-dire agir en nous, et il ne reconnaît aucune de ses opérations. Il monte sur un sycomore (c'est-à-dire qu'il s'élève au-dessus des fausses douceurs de la volupté figurées par cet arbre), il le domine, et de cette hauteur, il voit Jésus-Christ et en est vu.
Or, le Seigneur lui dit: «Hâtez-vous de descendre», c'est-à-dire: Vous êtes monté par la pénitence en un lieu élevé, descendez maintenant par un sentiment d'humilité, de peur que l'orgueil ne soit la cause de votre ruine, car je ne puis descendre que dans la maison de celui qui est humble. Il y a en nous deux sortes de biens, les biens du corps, et ceux de l'âme; le juste se dépouille donc de tous ses biens corporels, mais il conserve les biens spirituels. De plus, s'il a fait tort à quelqu'un, il lui en rend quatre fois autant; c'est-à-dire que celui qui, sous la conduite de la pénitence, marche dans un sentier tout opposé à la voie de ses anciennes iniquités, répare ainsi par ses nombreuses vertus tous ses péchés passés, il mérite ainsi la grâce du salut, et le nom d'enfant d'Abraham, parce qu'il s'est séparé de sa propre famille, c'est-à-dire de ses anciennes iniquités.
La dédicace que nous commémorons aujourd'hui concerne, en réalité, trois maisons. La première, à savoir le sanctuaire matériel, est établie soit dans une maison réservée jadis à des usages profanes et convertie en église, soit dans une construction neuve destinée au culte divin et à la dispensation des biens nécessaires à notre salut. Oïl faut certes prier en tout lieu et il n'y a vraiment aucun lieu où l'on ne puisse prier. C'est une chose pourtant très convenable que d'avoir consacré à Dieu un lieu particulier où nous tous, chrétiens qui formons cette communauté, puissions nous réunir, louer et prier Dieu ensemble, et obtenir ainsi plus facilement ce que nous demandons, grâce à cette prière commune, selon la parole: Si deux ou trois d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père (Mt 18,19).
La deuxième maison de Dieu, c'est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c'est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C'est la demeure spirituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s'est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l'a unifié et l'a consacré en adoptant toutes les âmes qu'il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l'unité de la foi et de la charité, en cette Église une, fille de l'Église universelle, et qui ne fait d'ailleurs qu'un avec l'Église universelle. Considérée à part des autres Églises particulières, elle n'est cju'une partie de l'Église, c omme le sont toutes les autres Églises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l'unique Église universelle, mère de toutes les Églises. Si donc on la compare avec l'Église tout entière, cette Église-ci, notre communauté, est une partie ou une fille de toute l'Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu'elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d'autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu'il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l'aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui.
La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l'Esprit Saint et la demeure de Dieu. Zachée a été une maison de ce genre. L'évangile de ce jour le loue et rappelle le souvenir de celui qui, après avoir reçu le bienfait de la grâce divine, a fait dire aussi à Jésus: Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison (Lc 19,9). Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t'a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.
La deuxième maison de Dieu, c'est le peuple, la sainte communauté qui trouve son unité dans cette église, c'est-à-dire vous qui êtes guidés, instruits et nourris par un seul pasteur ou évêque. C'est la demeure spirituelle de Dieu dont notre église, cette maison de Dieu matérielle, est le signe. Le Christ s'est construit ce temple spirituel pour lui-même, il l'a unifié et l'a consacré en adoptant toutes les âmes qu'il fallait sauver et en les sanctifiant. Cette demeure est formée des élus de Dieu passés, présents et futurs, rassemblés par l'unité de la foi et de la charité, en cette Église une, fille de l'Église universelle, et qui ne fait d'ailleurs qu'un avec l'Église universelle. Considérée à part des autres Églises particulières, elle n'est cju'une partie de l'Église, c omme le sont toutes les autres Églises. Ces Églises forment cependant toutes ensemble l'unique Église universelle, mère de toutes les Églises. Si donc on la compare avec l'Église tout entière, cette Église-ci, notre communauté, est une partie ou une fille de toute l'Église et, en tant que sa fille, elle lui est soumise, puisqu'elle est sanctifiée et conduite par le même Esprit.
En célébrant la dédicace de notre église, nous ne faisons rien d'autre que de nous souvenir, au milieu des actions de grâce, des hymnes et des louanges, de la bonté que Dieu a manifestée en appelant ce petit peuple à le connaître. Nous nous rappelons qu'il nous a aussi accordé la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de l'aimer, lui, Dieu, de devenir son peuple, de garder ses commandements, de travailler et de souffrir par amour pour lui.
La troisième maison de Dieu est toute âme sainte vouée à Dieu, consacrée à lui par le baptême, devenue le temple de l'Esprit Saint et la demeure de Dieu. Zachée a été une maison de ce genre. L'évangile de ce jour le loue et rappelle le souvenir de celui qui, après avoir reçu le bienfait de la grâce divine, a fait dire aussi à Jésus: Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison (Lc 19,9). Lorsque tu célèbres la dédicace de cette troisième maison, tu te souviens simplement de la faveur que tu as reçue de Dieu quand il t'a choisi pour venir habiter en toi par sa grâce.
Jésus
continue de répondre au blâme de la foule. Il a justifié sa conduite par un premier motif, tiré des droits de
Zachée ; il en expose maintenant un second, qui consiste dans l'indication générale de son propre rôle en tant
que Messie : Le Fils de l'homme est venu… N'est-il-pas venu tout exprès pour chercher les brebis égarées et
les ramener au bercail ? Voyez dans S. Matthieu, 18, 11 (Cfr. Le commentaire), la reproduction de cette
admirable pensée. Ici, le verbe chercher est une particularité de S. Luc. - Que devint Zachée après sa
conversion ? D'anciens auteurs pensent qu'il s'attacha immédiatement à la personne de Jésus. Quelques-uns
(à la suite de Clément d'Alexandrie, Strom. 4, 6) l'ont identifié avec S. Mathias, qui devint plus tard apôtre à
la place de Judas. D'autres font de lui le premier évêque de Césarée, en Palestine. Mais une antique tradition,
« confirmée par un grande nombre de témoignages, et surtout par l’autorité du pape Martin Cinq dans sa
bulle de l’année 1427 », (Propre du bréviaire de Tulle, au 3 septembre), démontre que Zachée émigra de
bonne heure dans les Gaules, et qu'il se fixa finalement dans un lieu sauvage et pittoresque (Roc-Amadour)
qui appartient aujourd'hui au diocèse de Cahors, où il est honoré sous le nom de S. Amadour (Amator).
Une antique tradition fait venir Zachée dans les Gaules, où il se serait fixé dans le lieu sauvage et pittoresque appelé aujourd’hui Rocamadour.
Mais, comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus « qui était de condition divine s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave » (Ph 2, 6), pour nous « il s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9). Ainsi l’Église, qui a cependant besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite pour chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, ... guérir les cœurs meurtris » (Lc 4, 18), « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10) : de même l’Église enveloppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige, bien plus, dans les pauvres et les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur pauvre et souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle veut servir. Mais tandis que le Christ saint, innocent, sans tache (He 7, 26) ignore le péché (2 Co 5, 21), venant seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle, enferme des pécheurs dans son propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours appelée à se purifier, poursuivant constamment son effort de pénitence et de renouvellement.
Car le Christ Jésus a été envoyé dans le monde comme le véritable médiateur entre Dieu et les hommes. Puisqu’il est Dieu, « toute la plénitude de la divinité habite en lui corporellement » (Col 2, 9) ; dans sa nature humaine, il est le nouvel Adam, il est constitué Tête de l’humanité renouvelée, il est rempli de grâce et de vérité (Jn 1, 14). Aussi par les voies d’une incarnation véritable, le Fils de Dieu est-il venu pour faire participer les hommes à la nature divine ; il s’est fait pauvre alors qu’il était riche afin de nous enrichir par sa pauvreté (2 Co 8, 9). Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir lui-même et donner sa vie en rançon pour beaucoup, c’est-à-dire pour tous (cf. Mc 10, 45). Les saints Pères proclament sans cesse que n’est pas guéri ce qui n’a pas été assumé par le Christ. Mais il a assumé la nature humaine dans toute sa réalité, telle qu’on la trouve chez nous, malheureux et pauvres, mais elle est chez lui sans péché (cf. He 4, 15 ; 9, 28). Parlant de lui-même, le Christ, que le Père a consacré et envoyé dans le monde (cf. Jn 10, 36), a dit ces paroles : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par son onction ; il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue » (Lc 4, 18) ; et encore : « Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10).