Luc 2, 24
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Où sont ceux qui nient que Jésus-Christ ait prêché dans l'Évangile le Dieu de la loi? Admettra-t-on que le Dieu bon ait assujetti son Fils à la loi de son ennemi, que lui-même n'avait point donnée? En effet, il est écrit dans la loi de Moïse: « Tout mâle ouvrant le sein de sa mère sera appelé la chose sainte du Seigneur ». - Ces paroles: « Ouvrant le sein de sa mère », s'appliquent également au premier né de l'homme et des animaux, l'un et l'autre, selon la loi, devaient être offerts au Seigneur, et appartenir au prêtre, avec cette différence que pour le premier né de l'homme, il devait en recevoir le prix, et qu'il faisait racheter le premier né de tout animal immonde.
Mais quand donc le Seigneur cessa-t-il un seul instant d'être en la présence de son Père, de manière à échapper à ses regards? et quel est l'endroit de la terre qui ne soit pas soumis à son empire, et où le Fils soit séparé de son Père, à moins qu'on ne l'apporte à Jérusalem et qu'on le présente au temple? N'oublions pas que toutes ces circonstances sont écrites à cause de nous; car de même que ce n'est point pour lui que le Sauveur s'est fait homme, et qu'il a été circoncis, mais pour faire de nous comme autant de dieux par sa grâce, et nous donner l'exemple de la circoncision spirituelle; de même, il se présente à son Père, pour nous apprendre à nous offrir tout entiers au Seigneur.
La loi ordonnait d'offrir deux de ces oiseaux, parce que l'homme étant composé d'un corps et d'une âme, Dieu demande de nous deux choses, la chasteté et la douceur, non seulement du corps, mais aussi de l'âme; autrement l'homme ne serait à ses yeux qu'un hypocrite cherchant à dissimuler la malice secrète de son coeur, sous les dehors d'une innocente trompeuse.
Cette prescription de la loi paraît s'accomplir dans le Dieu incarné d'une manière toute particulière et toute exceptionnelle. Il est le seul, en effet, dont la conception ineffable et la naissance incompréhensible n'ait point ouvert le sein virginal que le mariage avait respecté, et qui a conservé miraculeusement après ce divin enfantement le sceau de la chasteté.
C'est ici le seul enfant mâle qui, dans sa naissance, n'a rien contracté de la faute de la première femme. Aussi est-il appelé saint dans la force du terme, et l'ange Gabriel déclare pour ainsi dire que cette dénomination consacrée par la loi n'appartient qu'à lui seul, lorsqu'il dit: «Le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu ». Pour les autres premiers nés, ils sont appelés saints, dans le style des Écritures, parce qu'ils tiennent ce nom de leur consécration à Dieu; mais quant au premier né de toute créature, l'ange proclame qu'il naît saint d'une sainteté qui lui appartient en propre.
Car ce n'est point l'union conjugale qui a ouvert le chaste sein de la Vierge, mais l'Esprit saint qui a déposé dans ce sanctuaire inviolab le le principe d'une naissance immaculée. Celui qui avait sanctifié le sein d'une autre femme pour la rendre mère d'un prophète, ouvrit lui-même le sein de sa mère pour en sortir sain et sans aucune souillure.
Mais entre tous les enfants nés de la femme, Notre-Seigneur Jésus-Christ est le seul que le miracle inouï jusqu'alors de sa naissance immaculée ait préservé de la contagion de la corruption terrestre, qu'il a écarté par sa puissance toute divine. Si nous prenions les choses au pied de la lettre, comment pourrait-on dire que tout enfant mâle est saint, alors que nous savons qu'un grand nombre d'entre eux ont été les plus scélérats des hommes? Mais celui-là seul est véritablement saint, que les préceptes de la loi divine annonçaient d'avance en figure du mystère qui devait s'accomplir, parce que seul il devait ouvrir le sein mystérieux de la sainte Église vierge, pour engendrer tous les peuples à Dieu.
Après la cérémonie de la circoncision venait celle de la purification dont l'Évangéliste dit: « Lorsque le temps de la purification de Marie fut accompli, selon la loi », etc.
O profondeur des conseils de la sagesse et de la science de Dieu ! celui qui est honoré avec son Père dans tous les sacrifices, lui offre lui-même des victimes; la vérité observe les cérémonies figuratives de la loi, celui qui comme Dieu est l'auteur de la loi, se soumet comme homme aux prescriptions de la loi: « Et pour offrir en sacrifice, ainsi que le prescrit la loi du Seigneur, deux tourterelles ou deux petits de colombes» ( Lv 16).
Examinons quelle est la signification mystérieuse de ces offrandes. La tourterelle est de tous les oiseaux celle dont le chant est le plus fréquent et le plus continu; et la colombe est un animal plein de douceur. Or, c'est sous ces deux qualités que notre Sauveur s'est présenté à nous, toute sa vie a été le modèle de la plus parfaite douceur, et comme la tourterelle il a attiré à lui tout l'univers, en remplissant son jardin de ses célestes mélodies (cf. Ct 2, 1). On immolait donc une tourterelle ou une colombe en figure de celui qui devait être immolé pour la vie du monde.
Si vous examinez avec attention le texte de cette loi, vous conclurez certainement que la Mère de Dieu était affranchie de cette prescription légale, comme elle l'avait été de toute union charnelle. Car ce n'est point toute femme qui enfante qui est déclarée immonde, mais celle qui enfante par les voies ordinaires, pour distinguer de toutes les autres femmes celle qui conçut et enfanta sans cesser d'être vierge. Cependant Marie, à l'exemple de Jésus-Christ son fils, se soumet d'elle-même à cette loi, pour nous délivrer du joug de la loi. Tite. Aussi l'Évangéliste se sert-il de cette expression pleine de justesse « Lorsque les jours de sa purification furent accomplis selon la loi ». Et en réalité la Vierge sainte n'avait nul besoin d'attendre le jour de sa purification, elle qui, ayant conçu de l'Esprit saint, n'avait contracté aucune souillure.
C'est le trente-troisième jour après la circoncision qu'il est présenté au temple, pour nous apprendre dans un sens mystique, que pour être digne des regards du Seigneur, il faut avoir retranché tous les vices par la circoncision spirituelle, et qu'à moins d'être affranchi de tous les biens de la mortalité, on ne peut entrer pleinement dans les joies de la cité céleste. « Comme il est écrit dans la loi du Seigneur ».
L'Évangéliste, en disant: « Tout mâle qui ouvre le sein de sa mère », ne fait que s'accommoder au langage en usage pour les naissances ordinaires; car loin de nous la pensée que le Seigneur ait fait perdre par sa naissance la virginité au chaste sein qu'il avait sanctifié en y venant faire sa demeure.
C'était l'offrande des pauvres; en effet, d'après la loi, ceux qui en avaient le moyen devaient offrir pour un enfant mâle ou pour une fille, un agneau, et en même temps une tourterelle ou une colombe: s'ils étaient pauvres et n'avaient pas le moyen d'offrir un agneau, ils offraient à la place deux tourterelles ou deux petits de colombe. Ainsi le Seigneur, de riche qu'il était, a daigné se faire pauvre, afin de nous faire entrer par sa pauvreté en participation de ses richesses.
Ou bien la colombe est le symbole de la simplicité, et la tourterelle l'emblème de la chasteté, parce que la colombe aime par instinct la simplicité, et la tourterelle la chasteté. En effet, si la tourterelle vient à perdre sa compagne, elle n'en cherche pas une autre. C'est donc pour une raison mystérieuse qu'on offrait à Dieu une tourterelle et une colombe pour être immolés, parce que la vie simple et chaste des fidèles est aux yeux de Dieu un sacrifice agréable de justice.
Ces deux oiseaux, par l'habitude qu'ils ont de gémir, sont l'emblème des pieux gémissements des saints pendant la vie présente; ils diffèrent cependant en ce que la tourterelle recherche la solitude, tandis que la colombe aime à voler par compagnies. Aussi l'une représente plus particulièrement les larmes secrètes de l'oraison, et l'autre les assemblées publiques de l'Église.
Ou bien encore la colombe qui aime à voler par troupes, signifie le grand nombre de ceux qui mènent la vie active; la tourterelle qui recherche la solitude représente les âmes qui gravissent les hauteurs de la vie contemplative. Ces deux offrandes sont également agréables à Dieu, aussi est-ce avec dessein que saint Luc ne précise pas si on a offert au Seigneur des tourterelles ou des petits de colombes, pour ne point paraître donner la préférence à l'un de ces deux genres de vie, mais nous enseigner que nous devions suivre l'un et l'autre.
Les trois
versets par lesquels S. Luc ouvre ce nouvel épisode de l'Enfance du Sauveur résument, d'une manière un peu
obscure à force d'être concise, deux lois et deux cérémonies bien distinctes du Judaïsme. La première
regardait les mères et leur prescrivait, après chaque enfantement, une purification spéciale, qui devait les
délivrer de la souillure légale qu'elles avaient contractée ; c'est d'elle qu'il s'agit au v. 24 et au commencement du v. 22. La seconde concernait les premiers-nés, quand c'étaient des enfants mâles, et enjoignait à leurs
parents de les présenter au Seigneur, et de les racheter moyennant une somme déterminée : c'est d'elle qu'il
est question à la fin du v. 22 et au v. 23. - Quand les jours de la purification de Marie. La Vulgate semble
désigner Jésus comme objet de la purification, mais celle-ci s'applique en réalité à Marie d'après l'idée,
puisque c'était aux mères, et non aux enfants, que la loi juive imposait une purification. La leçon la plus
autorisée serait un pluriel « leur purification » qui désignerait soit les Juifs en général, soit Marie et Jésus,
soit plus probablement Marie et Joseph d'après la structure de la phrase grecque. Sans doute Joseph n'était
tenu à aucune purification cérémoniale, mais c'est lui que regardait, comme père adoptif, la présentation de
l'Enfant : c'est pour cela que l'évangéliste applique collectivement aux saints époux ce qui les regardait
isolément ; il les traite comme une personne morale. - Selon la loi de Moïse. Voyez le chap. 12è du Lévitique,
qui est tout entier affecté à cette matière. L'impureté légale des mères ne durait à proprement parler que sept
ou quatorze jours, selon qu'elles avaient enfanté un fils ou une fille ; mais, ce temps écoulé, elles devaient
encore attendre 33 ou 66 jours avant de se présenter au temple. Elles n'étaient donc complètement purifiées
que le 40è ou le 80è jour, à la suite de la cérémonie religieuse. Ainsi, les « jours de la purification »
mentionnés ici par S. Luc représentent les quarante premiers jours qui s'écoulèrent après Noël. - Ils le
portèrent à Jérusalem. La distance qui sépare Bethléem de la capitale juive est d'environ deux lieues). Nous
passons ici à la seconde loi, qui regardait les premiers-nés. D'après une disposition antérieure de Jéhovah,
tout enfant mâle premier né devait, en sa qualité de prémices, appartenir au Seigneur et le servir toute sa vie
comme prêtre. Mais, plus tard, Dieu modifia cette loi quand il confia exclusivement les soins du culte à la
tribu de Lévi : il exigea seulement que les premiers-nés lui fussent offerts dans le temple, en signe de son
domaine sur tout leur être, et il permit aux parents de les racheter moyennant l'offrande de cinq sicles,
c'est-à-dire d'environ 15 francs, qu étaient jetés dans le trésor des Lévites. La cérémonie de la présentation ne
se renouvelait pas pour les autres fils ; elle n'avait même lieu à l'égard du premier-né que lorsqu'il était
propre à la fonction de prêtre. S'il venait au monde avec quelqu'une des difformités corporelles qui, d'après le
rituel mosaïque, excluaient les Lévites eux-mêmes des fonctions saintes, il n'avait pas à être présenté au
Seigneur, non plus qu'à être racheté. Voir Ligthfoot, Horae hebr. In Luc. 2. Comp. Ex.3, 2, 12-15 ; Num. 8,
16-18 ; 18, 15-16. La citation de la loi au v. 23 est faite d'une manière assez libre, comme il arrive parfois
aux écrivains du Nouveau Testament. - Consacré au Seigneur : chose sainte pour le Seigneur. La
signification primitive du mot Saint est : mettre en réserve, séparer. - Et pour offrir en sacrifice. Ici,
l'évangéliste nous ramène à la purification de Marie et au sacrifice qui devait accompagner ce rite. « La mère
apportera au tabernacle du témoignage un agneau d'un an pour l'holocauste et une jeune colombe ou une
tourterelle pour le sacrifice expiatoire. Elle les donnera au prêtre, qui les offrira devant le Seigneur et qui
priera pour elle : c'est ainsi qu'elle sera purifiée… Si une femme ne peut faire la dépense d'un agneau, elle
prendra deux tourterelles ou deux petits de colombes, l'un pour l'holocauste et l'autre pour le sacrifice
expiatoire. » Lev. 12, 6-8. Tel est le texte complet de la loi. S. Luc n'en cite que la dernière partie, indiquant
par là même que le sacrifice de Marie fut celui de l'indigent. Mais ne va-t-elle pas offrir bientôt à Dieu la
plus riche des victimes ? - Est-il besoin d'ajouter ici, à la suite des Pères et des anciens exégètes, que les deux
préceptes mentionnés par S. Luc n'obligeaient ni Jésus, ni Marie ? La mère du Christ avait enfanté en dehors
de toutes les règles ordinaires de la nature ; aux termes mêmes de la loi mosaïque elle était exempte de la
purification ordinaire. Quant au divin Enfant, puisqu'il n'était autre que Jéhovah, le législateur d'Israël, il est
manifeste qu'il ne tombait pas sous ses propres décrets (comp. S. Hilaire, Hom. 17 in Evangel.) Ils
n'hésitèrent pas néanmoins à se soumettre à ces prescriptions humiliantes. « O profondeur de la sagesse et de
la science de Dieu ! Celui qui est l’auteur de la loi comme Dieu l’a observée comme homme » S. Cyrille
(Cat. graec.) .L'humilité, l'obéissance, ont toujours été les vertus caractéristiques de Jésus et de Marie.