Luc 2, 32
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Il lui avait été promis qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur, et il montre l'accomplissement de cette promesse dans les paroles suivantes: « Parce que mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez ».
Il semble dire: Tant que je ne tenais pas le Christ dans mes bras, j'étais captif et je ne pouvais briser mes liens.
S'il suffit à une femme malade de toucher simplement le bord du vêtement de Jésus pour être guérie, que devons-nous penser de Siméon, qui tint ce divin enfant dans ses bras? Quelle dut être sa joie de porter dans ses bras celui qui était venu pour briser les chaînes des captifs, et qui seul, il le savait, pouvait le tirer de la prison de son corps avec l'espérance de la vie future? « Et il bénit Dieu en disant: C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur ».
Il veut parler ici du salut que Jésus-Christ est venu apporter à l'univers entier. Comment donc est-il dit plus haut que Siméon attendait l a consolation d'Israël? C'est que l'Esprit saint lui avait fait connaître, que le peuple d'Israël recevrait sa consolation, lorsque le salut serait révélé à tous les peuples de la terre.
Considérez la pénétration de ce saint et auguste vieillard: avant qu'il fût honoré de cette bienheureuse vision, il attendait la consolation d'Israël, mais aussitôt qu'il a contemplé l'objet de ses espérances, il s'écrie qu'il a vu le salut de tous les peuples, car les splendeurs qui environnent ce divin enfant l'inondent d'une si vive lumière, que les événements qui doivent arriver dans la suite des temps lui sont pleinement révélés.
En effet, avant l'avènement de Jésus-Christ, les nations étaient plongées dans les plus profondes ténèbres, privées qu'elles étaient de la connaissance du vrai Dieu.
Le peuple d'Israël était éclairé, quoique faiblement, par la loi, aussi le vieillard Siméon ne dit pas que le Sauveur est venu leur apporter la lumière, mais il ajoute: « Pour être la gloire d'Israël, votre peuple ». Il rappelle le souvenir de l'histoire des anciens temps, alors que Moise sortait de ses entretiens avec Dieu, la figure toute rayonnante de gloire; ainsi après avoir eux-mêmes contemplé la divine lumière que répand l'humanité du Verbe, ils devaient rejeter le voile ancien pour être transformés en la même image de clarté en clarté, et de gloire en gloire.
Si vous examinez les paroles des justes, vous trouverez que tous gémissent sur les misères de ce monde, et sur la triste prolongation de cette vie: « Malheur à moi , dit David, parce que mon exil s'est prolongé » ( Ps 119).
Dès que Jésus-Christ a détruit le péché qui nous rendait les ennemis de Dieu et qu'il nous a réconciliés avec son Père, les saints quittent cette vie dans une profonde paix. Quel est celui, en effet, qui sort de ce monde en paix, si ce n'est celui qui a compris que Dieu était en Jésus-Christ, se réconciliant le monde ( 2Co 5 ), qui n'a rien en lui de contraire à Dieu, mais qui, par ses bonnes oeuvres, a établi dans son âme une paix parfaite?
Bienheureux les yeux et de votre âme et de votre corps, ceux-ci, parce qu'ils ont joui de la présence visible de Dieu; ceux-là, parce que sans s'arrêter à ce spectacle visible, ils ont été éclairés des splendeurs de l'Esprit et ont reconnu le Verbe de Dieu dans une chair mortelle, car ce Sauveur que vos yeux ont vu, c'est Jésus lui-même, dont le nom seul annonce le salut à la terre.
Siméon dit avec dessein: « De votre peuple », parce que non seulement il en a été adoré, mais il a voulu naître de ce peuple selon la chair. - Béde. Il dit qu'il sera la lumière des nations, avant d'ajouter: « Et la gloire d'Israël », parce que tout Israël ne sera sauvé que lorsque la multitude des nations sera entrée dans l'Église ( Rm 11).
Considérez ce juste qui désire voir tomber les murs épais de la prison de son corps pour commencer à être avec Jésus-Christ. Mais que celui qui veut sincèrement sa délivrance, vienne dans le temple, qu'il se rende à Jérusalem, qu'il attende la venue du Christ du Seigneur, qu'il reçoive dans ses mains le Verbe de Dieu, et qu'il le tienne embrassé pour ainsi dire dans les bras de sa foi; alors les liens se briseront, et il ne verra point la mort, parce qu'il aura vu de ses yeux celui qui est la vie.
Siméon bénit Dieu de ce que surtout les promesses qui lui avaient été faites, avaient reçu leur plein accomplissement, car il mérita de voir de ses yeux et de porter dans ses bras celui qui était la consolation d'Israël, c'est pour cela qu'il dit: « Selon votre parole », c'est-à-dire, lorsque j'aurai vu l'accomplissement de ce qui m'a été promis. Mais maintenant que j'ai contemplé la présence visible de celui qui était l'objet de mes désirs, vous pouvez délivrer votre serviteur qui ne sera ni effrayé des approches de la mort, ni troublé par aucune pensée de défiance ou d'incertitude; aussi ajoute-t-il: « En paix ».
Or l'avènement du Christ était ce mystère qui a été révélé dans les derniers temps, mais qui avait été préparé dès l'origine du monde, c'est pour cela que Siméon ajoute: « Que vous avez préparé devant la face de tous les peuples », etc.
Mais Jésus-Christ, par son incarnation, est devenu la lumière de ceux qui étaient ensevelis dans les ténèbres de l'ignorance et de l'erreur, et sur l esquels la main du démon s'était appesantie; et ils ont été appelés par Dieu le Père à la connaissance de son Fils, qui est la vraie lumière.
Car bien qu'un certain nombre d'entre eux se soient montrés rebelles, cependant ceux que Dieu s'est réservés ont été sauvés, et sont parvenus à la gloire par Jésus-Christ notre Seigneur. Les saints Apôtres qui ont éclairé tout l'univers de la lumière de leur céleste doctrine, ont été les prémices de ce peuple. Jésus-Christ lui-même a été personnellement la gloire du peuple d'Israël, parce qu'il a daigné sortir de ce peuple selon la chair, lui qui comme Dieu est le maître de tous les hommes et béni dans tous les siècles.
En disant: Seigneur, il reconnaît qu'il est le maître de la mort et de la vie, et il proclame la divinité de l'enfant qu'il reçoit dans ses bras.
C'est d'une manière significative que Siméon dit: « Devant la face de tous les peuples », car l'incarnation du Sauveur devait apparaître à tous les hommes. Il ajoute que ce salut sera la lumière des nations et la gloire d'Israël: « Pour être la lumière qui éclairera les nations ».
Cependant,
le Messie ne bénira pas tous les hommes de la même manière. Au point de vue de la vraie religion,
l'humanité se partageait alors en deux catégories bien distinctes, Israël et les Gentils. Siméon termine son
cantique par l'indication des faveurs spéciales que Jésus apportera à chacune d'elles. Pour les Gentils il sera
lumière pour éclairer les nations, une lumière qui éclairera leurs ténèbres, qui leur révélera la vérité. Cette
image est parfaitement appropriée à l'état dans lequel se trouvait alors l'univers païen. « Avant la venue du
Christ, dit S. Athanase (ap. Cat. D. Thom.), les nations, privées de la connaissance de Dieu, étaient plongées
dans les dernières ténèbres. Mais le Christ faisant son apparition, ajoute S. Cyrille (ibid.), fut la lumière de
ceux qui étaient dans les ténèbres de l'erreur, et que la main du démon avait étreints ; ils furent appelés par
Dieu le Père à la connaissance du Fils, qui est la véritable lumière ». Comp. Is. 25, 7 ; 42, 6 ; 49, 6 ; Matth. 4,
16. - Aux Juifs, Jésus-Christ procurera une gloire toute particulière, parce que c'est à eux surtout qu'il avait
été promis et donné directement (cfr. Matth. 1, 21 et le commentaire) ; gloire, parce qu'il est sorti de leurs rangs ; gloire aussi parce qu'il vivra et agira personnellement au milieu d'eux. Dans le temps et dans l'éternité
leur titre de frères du Christ selon la chair sera pour eux un sujet de légitime fierté. Tel est le « Nunc
dimittis », délicieux « joyau lyrique », poème d'une grande richesse malgré sa concision, puisqu'il résume
l'histoire religieuse de tous les siècles à partir du Christ. Comme le « Magnificat », comme le « Benedictus »,
il a été conservé par S. Luc pour la consolation perpétuelle de l'Église ; aussi ces poèmes terminent-ils
chaque jour trois des principaux offices liturgiques. Le cantique du saint vieillard Siméon continue et
complète ceux de Marie et de Zacharie. On peut dire qu'il ouvre de plus vastes horizons : ceux-ci en effet
étaient plus spécifiquement israélites, Marie n'ayant chanté l'Incarnation du Verbe qu'au point de vue
d'elle-même et de son peuple, Zacharie s'étant également borné à louer le Sauveur d'Israël, tandis que, nous
venons de le voir, Siméon est allé plus loin puisqu'il a célébré dans Jésus le libérateur universel. - Le
parallélisme du « Nunc dimittis » est moins parfait que celui des deux cantiques précédents ; il varie du reste
presque à chaque verset. Synthétique au v. 29, antithétique au v. 32, il est simplement rythmique dans les vv.
30 et 31.
Les traits du Messie sont révélés surtout dans les chants du Serviteur (cf. Is 42, 1-9 ; cf. Mt 12, 18-21 ; Jn 1, 32-34, puis Is 49, 16 ; cf. Mt 3, 17 ; Lc 2, 32, enfin Is 50, 4-10 et 52, 13 – 53, 12). Ces chants annoncent le sens de la passion de Jésus, et indiquent ainsi la manière dont Il répandra l’Esprit Saint pour vivifier la multitude : non pas de l’extérieur, mais en épousant notre " condition d’esclave " (Ph 2, 7). Prenant sur lui notre mort, il peut nous communiquer son propre Esprit de vie.