Luc 2, 41
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Mais si, comme quelques-uns le prétendent, la chair avait été changée et absorbée par la nature divine, comment pouvait-elle prendre de l'accroissement? car on ne peut sans blasphème attribuer de l'accroissement à celui qui est incréé.
La loi obligeait les Israélites à célébrer les grandes solennités, non seulement dans le temps, mais dans le lieu marqué, aussi les parents du Seigneur ne voulaient point célébrer la fête de Pâques hors de Jérusalem.
On peut être surpris que saint Matthieu donne pour motif du retour des parents avec l'enfant dans la Galilée, la crainte qu'ils avaient d'Archélaüs, et qui les empêchait de se fixer dans la Judée, tandis que le motif déterminant de leur retour en Galilée, c'est que Nazareth, située dans la Galilée, était leur ville, comme saint Luc le remarque en cet endroit. Voici l'explication de cette difficulté: Lorsque l'ange apparaît en Égypte à Joseph pendant son sommeil, pour lui dire: «Levez-vous, prenez l'enfant et sa mère, et allez dans la terre d'Israël»,on peut très bien entendre que Joseph crut que l'ange lui donnait l'ordre de retourner en Judée, qui put se présenter la première à son esprit sous le nom de terre d'Israël. Mais lorsqu'ensuite il eut appris qu'Archélaüs, fils d'Hérode, régnait en Judée, il ne voulut point s'exposer à un si grand danger, d'autant plus que par terre d'Israël, il pouvait aussi bien entendre la Galilée, puisque le peuple d'Israël l'habitait également.
Ou bien encore, on peut dire que saint Luc parle ici du temps qui précède la fuite en Egypte, car Joseph ne fut point parti avant le temps de la purification de Marie. Or, avant de fuir en Egypte, aucune révélation ne les avait avertis d'aller à Nazareth, et ils s'y rendaient naturellement pour habiter de préférence dans leur patrie. En effet, ils n'étaient venus à Bethléem que pour s'y faire inscrire, et après avoir satisfait à la loi du dénombrement qui avait déterminé leur voyage, ils retournent à Nazareth.
Mais comment Marie et Joseph pouvaient-ils se rendre chaque année à Jérusalem pendant l'enfance de Jésus, alors que la crainte d'Archélaüs devait les en éloigner? Cette difficulté serait facile à résoudre, alors même qu'un des Évangélistes aurait précisé la durée du règne d'Archélaüs, car les parents de Jésus pouvaient très bien venir à Jérusalem sans être remarqués parmi cette grande multitude qui s'y rendait pour la fête de Pâques, d'autant plus qu'ils s'en retournaient aussitôt. Au contraire ils pouvaient craindre d'y fixer leur séjour dans un autre temps de l'année. Ils satisfaisaient ainsi les devoirs de religion que la loi leur imposait, et ils ne s'exposaient point à être remarqués par un séjour prolongé. Mais comme tous les Évangélistes se taisent sur la durée du règne d'Archélaüs, nous sommes autorisés à entendre ce passage de saint Luc: «Ils allaient tous les ans à Jérusalem», d'un temps où Archélaüs n'était plus à redouter.
L'Évangéliste joint l'accroissement de la sagesse aux progrès de l'âge, en disant: « Et il se fortifiait », c'est-à-dire en esprit, car la nature divine se déclarait par degrés en se proportionnant aux progrès de l'âge.
Saint Luc omet ici ce qu'il savait avoir été raconté par saint Matthieu, c'est-à-dire, la fuite en Égypte, où les parents de l'enfant Jésus le transportèrent pour le dérober aux recherches homicides du roi Hérode; et après la mort de ce tyran, le retour en Galilée, dans la ville de Nazareth, où le Sauveur fixa son séjour. Les Évangélistes ont coutume en effet d'omettre certains faits qu'ils savent avoir été racontés, ou qu'ils prévoient, en vertu de l'inspiration, devoir l'être par les autres Évangélistes. ils poursuivent donc la suite de leur récit comme s'ils n'avaient omis aucun fait intermédiaire. Toutefois, un lecteur attentif, en comparant avec soin le récit d'un autre Évangéliste, voit immédiatement où les faits qui ont été omis doivent trouver place. Saint Luc donc, passant sous silence plusieurs de ces faits intermédiaires, continue ainsi son récit: « Et après qu'ils eurent accomplis», etc.
IL faut faire attention à la signification bien distincte de ces paroles; car Notre-Seigneur n'avait besoin de croître et de se fortifier, que parce qu'il s'était fait enfant, et qu'il avait revêtu notre nature fragile et mortelle.
Plein de sagesse, parce que la plénitude de la divinité habitait en lui corporellement ( Col 2 , 9); plein de grâce, parce que Jésus-Christ fait homme a reçu dès le premier moment de son incarnation cette grâce extraordinaire d'être aussi Dieu parfait. A plus forte raison, en tant que Verbe de Dieu, et Dieu lui-même, il n'avait besoin ni de croître, ni de se fortifier. On peut dire encore que la grâce de Dieu était en lui, tout petit enfant qu'il était, afin de donner ainsi à son enfance remplie de la sagesse de Dieu ce caractère admirable qui est empreint sur sa vie toute entière. « Or ses parents allaient tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques ».
Bethléem était leur ville comme patrie, et Nazareth l'était comme lieu de leur domicile.
Le Sauveur aurait pu naître et sortir du sein de sa mère dans la plénitude de l'âge, mais ce développement instantané eut paru dépourvu de réalité, il veut donc croître par degrés et en suivant les progrès de l'âge: « L'enfant croissait et se fortifiait ».
S'il eût fait éclater toute sa sagesse dès sa plus tendre enfance, on eût vu là un prodige étonnant, il se révéla donc en suivant le progrès de l'âge, pour parcourir ainsi toutes les phases de la vie. Si du reste il est dit qu'il se fortifiait en esprit, ce n'est point dans ce sens qu'il reçut la sagesse comme par degrés, car comment celui qui, dès le commencement avait toute perfection, aurait-il pu devenir plus parfait? Aussi l'Évangéliste ajoute: «Il était plein de sagesse, et la gloire de Dieu était en lui».
Ce
verset et le suivant contiennent les détails préliminaires du récit. - Ses parents allaient tous les ans… Premier
détail, d'une nature plus générale. Chaque année est une ellipse pour « à l'occasion de la fête de Pâque », les
parents de Jésus faisaient donc un pèlerinage à Jérusalem. Mais il est à croire que l'évangéliste abrège en cet
endroit, et que, s'il se borne à mentionner la Pâque, c'est parce que l'incident qu'il raconte eut lieu pendant
cette solennité. En effet, d'après la loi juive c'était trois fois par an, à Pâque, à la Pentecôte et pour la fête des
Tabernacles, que les Israélites devaient visiter le sanctuaire et resserrer ainsi les liens qui les attachaient à la
théocratie. Cfr. Ex. 2, 14 et ss.;34, 23 ; Deut. 16, 16 ; Michaelis, Mosaisch. Recht, § 183. Il n'y avait
d'exception que pour les malades, les vieillards, les petits enfants et les femmes. Mais celles-ci, par esprit de
piété, allaient souvent célébrer au moins la fête de Pâque à Jérusalem. Comp. 1 Reg. 1, 7 ; Matth. 27, 55 ;
Marc. 15, 4 ; Luc. 23, 55. Hillel avait même prétendu rendre cette assistance obligatoire pour elles. Dans tous les cas, nous ne sommes nullement surpris de voir que Marie accompagnait son saint époux à Jérusalem.
Le recouvrement de Jésus au Temple (cf. Lc 2, 41-52) est le seul événement qui rompt le silence des Évangiles sur les années cachées de Jésus. Jésus y laisse entrevoir le mystère de sa consécration totale à une mission découlant de sa filiation divine : " Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? " Marie et Joseph " ne comprirent pas " cette parole, mais ils l’accueillirent dans la foi, et Marie " gardait fidèlement tous ces souvenirs en son cœur ", tout au long des années où Jésus restait enfoui dans le silence d’une vie ordinaire.