Luc 2, 49
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Marie avait parlé au nom de S. Joseph non moins qu'en son propre nom :
c'est pourquoi Notre-Seigneur leur adresse collectivement sa réponse. Cette réponse est pour nous d'un prix
infini, non-seulement à cause de son immense portée, de ses leçons pleines de gravité, mais aussi parce
qu'elle contient la première parole évangélique de Jésus, bien plus, la seule parole que les SS. Évangiles aient
conservée de ses trente premières années. Le rationalisme, qui ne sait rien respecter, l'a également attaquée,
prétendant que Jésus y fait preuve de raideur et même d'insubordination à l'égard de sa mère et de son père
adoptif ; tandis qu'elle est au contraire admirable à tous égards et vraiment digne de Jésus. Noble et simple en
même temps, alliant à un haut degré la majesté et l'humilité, elle ne convient pas moins au Fils de l'homme
qu'au Fils de Dieu. Mais elle a des profondeurs insondables et l'on conçoit que des esprits étroits, superficiels, aveuglés par les préjugés religieux, aient été incapables de la comprendre. Aux deux questions
de Marie, l'Enfant divin répond par deux contre-questions. Jésus ne blâme nullement sa Mère et S. Joseph
d'avoir cherché avec anxiété leur fils bien-aimé ; il se contente de leur rappeler en termes respectueux,
délicats, sa nature supérieure et les grands devoirs qu'elle lui impose. Voyez le Vén. Bède, h. l. La locution
aux choses de mon Père a reçu deux interprétations également autorisées par l'usage classique. Les versions
syrienne et arménienne, plusieurs Pères (Origène, S. Épiphane, Théophylacte, Euthymius) et divers exégètes
(Kuinoel, Meyer, etc.) l'ont envisagée comme synonyme de « dans la maison de mon Père » et par
conséquent de « dans le temple ». Pourquoi n'avoir pas immédiatement supposé, telle serait la pensée de
Jésus, que j'étais dans le palais de Jéhovah, mon Père céleste ? Vous vous seriez ainsi épargné de pénibles
recherches. La plupart des commentateurs retiennent le sens de « affaires de mon Père », ce qui vaut
beaucoup mieux, croyons-nous, car la première manière de traduire limite inutilement l'idée. Voyez la
savante dissertation du P. Patrizi sur ce passage dans son ouvrage célèbre De Evangeliis libri 3, diss. 38, c. 2,
§ 16). comp. 1 Tim. 4, 15 et Gen. 41, 5 dans les Septante. Marie avait fait mention du « père » de Jésus : le
Sauveur reprend ce titre, mais pour lui donner une signification infiniment plus relevée, la seule du reste qui
correspondît à la réalité des faits. « Corrigeant, en quelque sorte, la parole de Marie au sujet de celui qu’on
croyait être son père, il manifeste le vrai Père, en enseignant qu’il vient d’en haut » Graec. ap. Cat. D. Thom.
h. l. - Jésus indique ainsi pourquoi il était resté à Jérusalem : les affaires de son Père céleste l'avaient retenu.
Distinction sublime entre les droits de Dieu et de Marie sur lui. Jésus affectionnait vivement sa mère et son
père adoptif ; mais son amour pour eux ne pouvait l'emporter sur le devoir, sur la volonté du ciel. Il s'étonne
donc pour ainsi dire qu'ils n'aient pas eu plus tôt cette pensée, de même que « l'aimant s'étonnerait si on
voulait lui attribuer une autre direction que celle du pôle Nord ». - On a justement trouvé dans cette parole le
« programme » de toute la vie de Jésus, la clef de tous ses mystères. Être occupé des affaires de son Père, tel
fut constamment son idéal. Comp. Joan. 4, 34 ; 8, 29 ; 9, 4 ; 14, 31, etc. Si jamais une expression d'enfant a
été prophétique, c'est bien celle que nous venons de lire. Mais elle prédisait le renoncement et le sacrifice,
généreusement acceptés toutes les fois que la gloire de Dieu serait en cause.
A présent, alors que Jésus avait quitté Nazareth pour commencer sa vie publique dans toute la Palestine, il était désormais entièrement et exclusivement «occupé aux affaires de son Père» (cf. Lc 2, 49). Il annonçait le Royaume: le «Royaume de Dieu» et les «affaires du Père» qui donnent aussi une dimension nouvelle et un sens nouveau à tout ce qui est humain et, par conséquent, à tout lien humain par rapport aux fins et aux devoirs assignés à chaque homme. Dans cette nouvelle dimension, même un lien comme celui de la «fraternité» prend un sens différent de la «fraternité selon la chair» provenant de la filiation commune par rapport aux mêmes parents. Et même la «maternité», dans le cadre du Règne de Dieu, sous l'angle de la paternité de Dieu lui-même, acquiert un autre sens. Par les paroles que rapporte Luc, Jésus enseigne précisément ce nouveau sens de la maternité.
74. Le quatrième Évangile dit que le Fils éternel est tourné vers « le sein du Père » (1, 18) depuis toujours. Saint Irénée affirme que « le Fils de Dieu existe depuis toujours auprès du Père ». Et Origène soutient que le Fils demeure « dans la contemplation ininterrompue de l’abysse paternelle ». C’est pourquoi, lorsque le Fils se fait homme, il passe des nuits entières à converser avec le Père bien-aimé sur le sommet de la montagne (cf. Lc 6, 12). Il dit : « Je dois être dans la maison de mon Père ? » ( Lc 2, 49). Regardons sa louange : « Il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et dit : “Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre” » ( Lc 10, 21). Et ses dernières paroles, pleines de confiance, sont : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » ( Lc 23, 46).