Luc 22, 18
Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »
Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »
Ou bien encore, le Seigneur étant sur le point d'instituer une pâque nouvelle, il dit avec raison: «J'ai désiré ardemment cette pâque», c'est-à-dire, le mystère nouveau du Nouveau Testament qu'il donnait à ses disciples, et que tant de prophètes et de justes avaient désiré voir. Or, comme il avait soif du salut de tous les hommes, il instituait un mystère qui devait être célébré dans le monde entier, tandis que la pâque établie par Moïse ne pouvait être célébrée que dans un seul endroit, c'est-à-dire, à Jérusalem; elle n'était donc point destinée à toutes les nations et ne pouvait être l'objet d'un désir si ardent.
Ce fait seul peut servir à confondre l'erreur insensée des ébionites sur l'usage de la chair, puisque le Sauveur a mangé l'agneau pascal des Juifs, et il dit expressément: «J'ai désiré manger cette pâque», afin qu'on ne puisse l'entendre autrement.
Ou encore, il s'exprime ainsi, parce que cette pâque devait être suivie de sa mort sur la croix; or, nous voyons que plusieurs fois, pendant sa vie, il prédisait sa passion et manifestait le désir ardent de la voir arriver.
Lorsque vous prenez place à table, souvenez-vous que la prière doit succéder au repas; mangez donc avec modération et sobriété, de peur qu'appesantis par les excès de la table, vous ne puissiez ni fléchir les genoux, ni prier Dieu. Après nos repas, ne nous dirigeons donc pas aussitôt vers notre lit, mais livrons-nous à la prière, car évidemment le Sauveur a voulu nous enseigner ici qu'au repas doivent succéder, non le sommeil et le repos, mais la prière et l a lecture des saintes Écritures: «Car je vous le dis; je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce que vienne le royaume de Dieu».
Après que les disciples eurent préparé ce qu'il fallait pour célébrer la pâque, l'heure vint de la manger: «Et l'heure étant venue», etc.
Notre-Seigneur s'exprime de la sorte, parce que l'avare disciple épiait le moment où il pourrait livrer son divin Maître, mais le Sauveur n'avait fait connaître ni la maison ni le nom de celui chez qui il devait célébrer la pâque, pour qu'on ne pût se saisir de sa personne avant qu'il l'eût célébrée, et il donne ici la raison de cette conduite.
L'heure de manger la pâque, c'est le soir du quatorzième jour du premier mois, au moment où la lune du quinzième jour se lève.
Il désire manger d'abord avec ses disciples la pâque figurative et révéler ainsi au monde les mystères de sa passion.
Notre-Seigneur donne ainsi par son exemple son approbation à la pâque légale, et en même temps il en interdit désormais la célébration, en enseignant qu'elle n'était que la figure des mystères qu'il venait révéler: «Car je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu», c'est-à-dire, je ne célébrerai plus la pâque mosaïque, jusqu'à ce que Je mystère dont elle est la figure, soit accompli dans l'Eglise, car elle est vraiment le royaume de Dieu, selon cette parole: «Le royaume de Dieu est au milieu de vous» ( Lc 17). C'est encore à cette pâque ancienne à laquelle le Sauveur voulait mettre fin que se rapportent les paroles qui suivent: «Et prenant le calice, il rendit grâces et dit: Prenez et partagez entre vous», etc. Il rend grâces, parce que toutes les cérémonies de l'ancienne loi allaient finir et céder la place à des rites tout nouveaux.
Ces paroles peuvent être entendues simplement en ce sens, que le Sauveur ne devait plus boire de vin depuis cette heure de la cène jusqu'au temps de sa résurrection où il devait venir établir le royaume de Dieu. En effet, saint Pierre atteste qu'ils le virent alors manger et boire avec eux: «Il s'est manifesté à nous qui avons mangé et bu avec lui depuis sa résurrection». ( Ac 10, 41).
Cependant, il est plus logique de dire que Notre-Seigneur déclare qu'il ne boira plus le vin de in pâque comme il a déclaré précédemment qu'il ne mangerait plus l'agneau figuratif, jusqu'à ce que la manifestation de la gloire de son royaume fît embrasser la foi chrétienne à tout l'univers, et que le changement spirituel des deux grandes prescriptions de la loi (la nourriture et le breuvage de la pâque), vous fît comprendre que toutes les observances figuratives de la loi ne seraient plus désormais accomplies que d'une manière spirituelle.
Mais pourquoi l'Évangéliste nous dit-il que le Seigneur se mit à table, puisque les Juifs devaient se tenir debout pour manger l'agneau pascal? Nous répondons qu'après avoir mangé l'agneau pascal, suivant les prescriptions de la loi, ils se mirent à table, suivant l'usage, pour prendre d'autres aliments.
Ou encore: «J'ai désiré d'un grand désir», c'est-à-dire, c'est la dernière cène que je fais avec vous, aussi m'est-elle précieuse et chère. Ainsi ceux qui partent pour un long voyage, adressent à leurs amis leurs plus tendres adieux.
La résurrection de Jésus-Christ est appelée le royaume de Dieu, parce qu'elle a détruit l'empire de la mort, ce qui a fait dire à David: «Le Seigneur a régné, il s'est revêtu de gloire», c'est-à-dire que, selon la prophétie d'Isaïe, il s'est dépouillé de la corruption du corps pour se revêtir d'un vêtement de magnificence et d'honneur. Or, après sa résurrection, il a voulu boire en présence de ses disciples, pour leur prouver que sa résurrection était réelle.
S. Matthieu et S. Marc placent cette assertion solennelle à la fin de la cène
eucharistique : d'après l'opinion que nous venons d'adopter à propos du v. 17, c'est alors en effet qu'elle fut
prononcée. Les partisans du sentiment contraire supposent, tantôt qu'elle termina le repas légal, tantôt que
Jésus la répéta deux fois. Voyez-en l'explication dans l'Evang. selon S. Matth. p. 509 et s. Le parallélisme
signalé plus haut entre ce verset et le 16è est vraiment très frappant.
Lors de la dernière cène, le Seigneur a lui-même tourné le regard de ses disciples vers l’accomplissement de la Pâque dans le royaume de Dieu : " Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père " (Mt 26, 29 ; cf. Lc 22, 18 ; Mc 14, 25). Chaque fois que l’Église célèbre l’Eucharistie, elle se souvient de cette promesse et son regard se tourne vers " Celui qui vient " (Ap 1, 4). Dans sa prière, elle appelle sa venue : " Marana tha " (1 Co 16, 22), " Viens, Seigneur Jésus " (Ap 22, 20), " Que ta grâce vienne et que ce monde passe ! " (Didaché 10, 6).