Luc 22, 20
Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Apprenez à quelles conditions il nous est permis de manger le corps de Jésus-Christ, c'est-à-dire, en mémoire de l'obéissance qu'il a portée jusqu'à la mort, de sorte que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. ( 2Co 5,45 ).
Avant la consécration, le pain est un pain ordinaire, mais aussitôt le mystère de la consécration, il devient et il est appelé le corps de Jésus-Christ.
Jésus-Christ a institué ce mystère pour nous faire contracter avec lui une alliance plus étroite, et nous manifester toute l'étendue de son amour; c'est pour cela que, non seule ment il se rend visible à ceux qui désirent le voir, mais encore qu'ils les laissent le toucher, le manger, l'embrasser et rassasier leurs saints désirs. Nous sortons donc de cette table, semblables à des lions qui respirent la flamme, et devenus terribles au démon.
Ce sang imprime en nous l'image auguste de notre roi, il préserve de toute flétrissure la noblesse de notre âme, il pénètre notre coeur de sa divine rosée, et lui inspire une force surhumaine. Ce sang met en fuite les démons et fait descendre en nous les anges et le Seigneur des anges; ce sang répandu sur la terre l'a purifiée et lui a ouvert les portes des cieux. Ceux qui participent à ce sang divin sont associés aux vertus des cieux, revêtus du manteau royal de Jésus-Christ, ou plutôt revêtus de ce divin roi lui-même. Or, si vous approchez de lui avec un coeur pur, il sera pour vous un principe de grâce et de salut; mais si vous osez vous présenter devant lui avec une conscience coupable, vous commettez un sacrilège et vous le recevez pour votre condamnation et votre supplice. En effet, si ceux qui profanent la pourpre royale sont punis du même châtiment que ceux qui la mettent en pièces, est-il contraire à la raison de dire que ceux qui reçoivent le corps de Jésus-Christ dans une conscience souillée, méritent le même supplice que ceux qui l'ont percé de clous?
Ou encore, saint Luc parle deux fois de la coupe, d'abord avant que Jésus distribuât le pain, et une seconde fois lorsqu'il l'eût distribué; ce qu'il en dit en premier lieu, il le fait par anticipation, selon sa coutume, et il raconte ensuite en son temps ce dont il n'avait point parlé précédemment; or, en réunissant ces deux parties, nous avons le même récit que nous donne saint Matthieu et saint Marc.
Ne doutez point de cette vérité, puisque le Fils de Dieu vous dit clairement: «Ceci est mon corps». Mais plutôt recevez avec foi les paroles du Sauveur, car il est la vérité et ne peut mentir. C'est donc une erreur autant qu'une folie, de dire que l'effet de la consécration mystérieuse cesse, lorsqu'on réserve pour le jour suivant quelques fragments du pain consacré, car aucun changement ne se fait dans le corps sacré de Jésus-Christ, et il conserve toujours la vertu de la consécration aussi bien que la grâce qui donne la vie ( Jn 14). Car la vertu vivifiante de Dieu le Père, c'est le Verbe, son Fils unique, qui s'est fait chair sans cesser d'être le Verbe, et qui a communiqué à sa chair une vertu vivifiante (chap. 23). Si vous trempez un peu de pain dans une liqueur quelconque, il s'imprègne aussitôt du goût de cette liqueur. C'est ainsi que le Verbe de Dieu, source de vie, communique cette vertu vivifiante à sa chair par l'union étroite qu'il a contractée avec elle. Pouvons-nous en conclure que notre corps a part aussi à cette vertu vivifiante, parce que la vie de Dieu est en nous, et que le Verbe de Dieu demeure dans notre âme? Non, car il y a une différence entre la participation que le Fils de Dieu nous donne à sa vertu lorsqu'il demeure en nous, et l'union étroite par laquelle il s'est incarné dans le corps qu'il a pris dans le sein de la vierge Marie, et dont il a fait son propre corps. Il était convenable, en effet, que le Fils de Dieu s'unit à nos corps par sa chair sacrée et son sang précieux que nous recevons sous les espèces du pain et du vin, pour nous communiquer une bénédiction vivifiante. Nous aurions eu horreur de la chair et du sang placés sur les saints autels, Dieu, plein de condescendance pour notre faiblesse, a donc communiqué aux dons offerts une vertu vivifiante en les changeant véritablement en sa propre chair, afin que ce corps vivifiant soit en nous comme une semence de vie, il ajoute: «Faites ceci en mémoire de moi».
Après avoir accompli les cérémonies solennelles de la pâque ancienne, le Sauveur institue la nouvelle pâque, et commande à son Église de la célébrer en mémoire du mystère de la rédemption. Établi prêtre selon l'ordre de Melchisédech ( Ps 109 et He 7), il remplace la chair et le sang de l'agneau par le sacrement de son corps et de son sang sous les espèces du pain et du vin: «Et ayant pris du pain il rendit grâces». Il avait déjà rendu grâces en mettant fin à la pâque ancienne, et il nous enseigne ainsi par son exemple à louer, à glorifier Dieu au commencement comme à la fin de chacune de nos bonnes oeuvres. «Il le rompit». Il rompt lui-même le pain qu'il donne à ses disciples, pour montrer que son corps ne sera brisé dans sa passion que par sa volonté: «Et il le leur donne en disant: Ceci est mon corps qui est donné pour vous».
Il faut sous-entendre: Il leur donna, afin que la phrase soit complète.
Comme le pain a pour but de fortifier notre corps, et le vin de produire le sang dans nos membres, l'un, le pain, se rapporte au corps de Jésus-Christ, et le vin à son sang. Mais aussi comme nous devons demeurer en Jésus-Christ, et que Jésus-Christ doit demeurer en nous, on mêle au vin de l'eau dans le calice du Seigneur, car au témoignage de l'apôtre saint Jean, les eaux sont la figure des peuples ( Ap 17). Le Sauveur distribue d'abord le pain, et puis ensuite le calice; en effet, dans la vie spirituelle, il faut commencer par les actions laborieuses et pénibles qui sont comme le pain, non seulement parce que nous ne devons manger notre pain qu'à la sueur de notre front ( Gn 3), mais parce que le pain quand on le mange est d'une déglutition tant soit peu difficile. Ensuite aux fatigues de cette vie laborieuse, succède la joie produite par la grâce divine dont le calice est la figure.
Les Apôtres communièrent au corps de Jésus-Christ après la cène, parce qu'il fallait d'abord accomplir et terminer la pâque figurative avant de célébrer les mystères de la véritable pâque. Mais depuis, pour l'honneur d'un si grand sacrement, l'autorité de l'Église nous a ordonné de prendre tout d'abord cette nourriture spirituelle avant tout aliment terrestre. - Eutych. Patriar. Or, celui qui communie reçoit tout le corps et tout le sang du Seigneur, alors même qu'il ne reçoit qu'une partie des espèces consacrées; car de même qu'un sceau imprime son empreinte tout entière sur plusieurs choses à la fois, et demeure intégralement le même après l'avoir communiquée; de même encore qu'une seule et même parole se fait entendre à un grand nombre, nous devons croire aussi sans hésiter que le corps et le sang du Seigneur sont tout entiers dans tous ceux qui communient. Quant à la fraction du pain consacré, elle est une figure de la passion.
Il est question dans saint Luc de deux coupes, l'une dont Jésus dit plus haut: «Prenez-la et distribuez-la entre vous»; la seconde qu'il distribue lui-même à ses disciples après la fraction et la distribution du pain, et dont il est dit: «De même le calice après le souper».
Le Sauveur appelle ce calice le calice du Nouveau Testament: «Ce calice est le Nouveau Testament en mon sang qui sera répandu pour vous». Il nous apprend ainsi que le Nouveau Testament commence dans son sang. En effet, dans l'Ancien Testament, le sang des animaux vint consacrer la promulgation de la loi, et maintenant le sang du Verbe de Dieu est pour nous le signe sacré de la nouvelle alliance. Ces paroles: «Qui sera répandu pour vous», ne signifient pas que Jésus-Christ n'ait donné son corps et répandu son sang que pour les Apôtres seuls, car il a donné l'un et l'autre pour le salut du genre humain tout entier. La pâque ancienne avait pour objet la délivrance de la servitude d'Égypte, le sang de l'agneau avait été versé pour sauver de la mort les premiers nés des Hébreux; la pâque nouvelle a pour fin la rémission des péchés, et le sang de Jésus-Christ est versé pour le salut éternel de ceux qui sont consacrés au service de Dieu.
« Dans la mention du calice, en établissant
un testament signé par son sang à lui, il confirme la substance du corps. Car le sang ne peut appartenir à
aucun autre corps qu’à un corps charnel », Tertullien, cité par Stier, in Matth. 26. - De même : de la même
manière que le pain, c'est-à-dire avec action de grâces et bénédiction. - Après qu'il eut soupé. De même S.
Paul, l. c. ; c'est-à-dire, après la cène légale. - Ce calice est… Comparez les formules de consécration dans
les récits de S. Matthieu, S. Marc, S. Luc, S. Paul. Nous retrouvons ici nos deux groupes, avec leurs nuances
caractéristiques ; mais les différences sont plus accentuées. La première partie de la formule est moins claire
dans les rédactions de S. Luc et de S. Paul ; aussi est-il probable, selon le principe « la leçon plus difficile
doit être préférée », que telles furent véritablement les paroles de Jésus. - Cette coupe que je vous offre, dit
Jésus, est la nouvelle alliance en mon sang. L'ancienne Alliance avait été scellée dès son origine par du sang
répandu, Gen. 15, 8 et ss. Plus tard, Ex. 12, 22 et s. ; 24, 8, c'est encore en faisant couler du sang qu'on la
renouvela. La nouvelle Alliance est pareillement ratifiée par du sang versé, mais c'est le sang précieux du
Sauveur. Cfr. Hebr. 15, 18-22. Or, comme la coupe eucharistique, dès qu'elle eût été consacrée, contenait
réellement le sang de Jésus, il est évident que la phrase « Ce calice est la nouvelle Alliance en mon sang »,
équivaut à celle-ci : « ceci est mon sang, le sang de l’Alliance » (S. Matth., S. Marc). - Pour vous. Dans les
deux autres synoptiques : « pour la multitude ». La liturgie romaine dit en unissant les deux expressions :
« pour vous et pour la multitude ». - Qui sera répandu. Le verbe est au présent dans le texte grec. Il retombe
que « calice » et non sur « sang », preuve que le contenu de la coupe était dès lors du sang, non du vin. De ce
vin consacré, comme du pain transubstantié, Notre-Seigneur affirme solennellement la vertu propitiatoire et
l'union morale avec son sacrifice du lendemain. D'après le récit de S. Paul, Jésus répéta en cet endroit
l'injonction finale du v. 19 : Faites ceci en mémoire de moi. - Dans un commentaire protestant qui n'est pas
sans valeur, nous avons rencontré, à la suite de l'explication des vv. 17 et 20, les réflexions suivantes : « Dans
l'acte même (du rite eucharistique) sont représentées les deux faces de l’œuvre, l'offre divine et l'acceptation
humaine. Le côté de l'acceptation humaine est claire à la conscience. Il s'agit simplement… d'annoncer la
mort du Seigneur. 1 Cor. 11, 26. Il n'en est pas de même du côté divin : il est insondable et mystérieux…
Nous connaissons clairement ce que nous avons à faire pour bien communier. Nous pouvons laisser à Dieu le
secret de ce qu'il nous donne dans une bonne communion ». Laisser à Dieu son secret ! Mais où est ce
secret ? Jésus n'a-t-il pas dit clairement que ce qu'il nous donne c'est sa chair pour nourriture et son sang pour
breuvage ? Il est triste d'en être réduit à de si pauvres échappatoires (comp. Farrar, Life of Christ, 23è édit. t.
2, p. 292). Le catholique, appuyé sur les paroles du Sauveur, croit à la présence réelle comme il croit à
l'Incarnation et à la Résurrection.
Il nous reste à tenir une ancienne promesse (voyez l'Evang. selon S. Matth., p. 507) en signalant ici les
formules de consécration usitées dans les principales liturgies. Elles se rattachent toutes de très près aux
récits évangéliques, dont elles combinent parfois les variantes, et auxquels parfois aussi elles ajoutent
quelques développements.
Liturgie romaine : Car ceci est mon corps. Car ceci est le calice de mon sang, du testament nouveau et
éternel, mystère de foi, qui sera répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés.
Liturgies de S. Jacques et de S. Marc : Ceci est mon corps qui est rompu pour vous et qui est donné en rémission des péchés. Ceci est mon sang du nouveau testament qui est répandu pour vous et pour beaucoup,
et qui est donné en rémission des péchés.
Liturgies de S. Basile et de S. Jean Chrysostome : Ceci est mon corps qui est rompu pour beaucoup en
rémission des péchés. Ceci est mon sang du nouveau testament qui est répandu pour vous et pour beaucoup
en rémission des péchés.
Liturgie éthiopienne : Ceci est mon corps qui les livré pour vous en rémission des péchés. Amen. Ceci est le
calice de mon sang qui est répandu pour vous et pour la rédemption de plusieurs. Amen.
Liturgie copte : Car ceci est mon corps qui est rompu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés.
Car ceci est mon sang du nouveau testament qui est répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des
péchés.
Liturgie de S. Cyrille : Ceci est mon corps qui est livré pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés.
Ceci est mon sang du nouveau testament qui est répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des
péchés.
Liturgie arménienne: Ceci est mon corps qui est distribué pour vous en expiation des péchés. Ceci est mon
sang du nouveau testament qui est répandu pour vous et pour beaucoup en expiation et en rémission des
péchés.
Liturgie mozarabe : Ceci est mon corps qui est livré pour vous. Ceci est le calice du nouveau testament dans
mon sang, qui est répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés. Voyez D. Martène, De
antiquis Ecclesiae ritibus, lib. 1, cap. 4, art. 8, n. 19 ; Lebrun, Explication de la Messe, t. 2 et 3, passim ; Th.
J. Lamy, Dissertatio de Syrorum fide et disciplina in eucharistica, Louvain 1859.
Il donna de la même manière le calice ; c’est-à-dire après l’avoir pris et avoir rendu grâces, comme il avait fait pour le pain. Voir Matthieu, 26, 26-29.
Inspirateur et auteur des livres de l’un et l’autre Testament, Dieu les a en effet sagement disposés de telle sorte que le Nouveau soit caché dans l’Ancien et que, dans le Nouveau, l’Ancien soit dévoilé. Car, même si le Christ a fondé dans son sang la Nouvelle Alliance (cf. Lc 22, 20 ; 1 Co 11, 25) , néanmoins les livres de l’Ancien Testament, intégralement repris dans le message évangélique, acquièrent et manifestent leur complète signification dans le Nouveau Testament (cf. Mt 5, 17 ; Lc 24, 27 ; Rm 16, 25-26 ; 2 Co 3, 14-16) , auquel ils apportent en retour lumière et explication.
La coupe de la Nouvelle Alliance, que Jésus a anticipée à la Cène en s’offrant lui-même (cf. Lc 22, 20), il l’accepte ensuite des mains du Père dans son agonie à Gethsémani (cf. Mt 26, 42) en se faisant " obéissant jusqu’à la mort " (Ph 2, 8 ; cf. He 5, 7-8). Jésus prie : " Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi... " (Mt 26, 39). Il exprime ainsi l’horreur que représente la mort pour sa nature humaine. En effet celle-ci, comme la nôtre, est destinée à la vie éternelle ; en plus, à la différence de la nôtre, elle est parfaitement exempte du péché (cf. He 4, 15) qui cause la mort (cf. Rm 5, 12) ; mais surtout elle est assumée par la personne divine du " Prince de la Vie " (Ac 3, 15), du " Vivant " (Ap 1, 17 ; cf. Jn 1, 4 ; 5, 26). En acceptant dans sa volonté humaine que la volonté du Père soit faite (cf. Mt 26, 42), il accepte sa mort en tant que rédemptrice pour " porter lui-même nos fautes dans son corps sur le bois " (1 P 2, 24).
Cet aspect de charité universelle du Sacrement eucharistique est fondé sur les paroles mêmes du Sauveur. En l'instituant, Jésus ne se contenta pas de dire « Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang », mais il ajouta « livré pour vous » et « répandu pour la multitude » (Lc 22, 19-20). Il n'affirma pas seulement que ce qu'il leur donnait à manger et à boire était son corps et son sang, mais il en exprima aussi la valeur sacrificielle, rendant présent de manière sacramentelle son sacrifice qui s'accomplirait sur la Croix quelques heures plus tard pour le salut de tous. « La Messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur ».
L'Église vit continuellement du sacrifice rédempteur, et elle y accède non seulement par un simple souvenir plein de foi, mais aussi par un contact actuel, car ce sacrifice se rend présent, se perpétuant sacramentellement, dans chaque communauté qui l'offre par les mains du ministre consacré. De cette façon, l'Eucharistie étend aux hommes d'aujourd'hui la réconciliation obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l'humanité de tous les temps. En effet, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique sacrifice ». Saint Jean Chrysostome le disait déjà clairement: « Nous offrons toujours le même Agneau, non pas l'un aujourd'hui et un autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n'y a toujours qu'un seul sacrifice. [...] Maintenant encore, nous offrons la victime qui fut alors offerte et qui ne se consumera jamais ».
La Messe rend présent le sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et elle ne le multiplie pas.(16) Ce qui se répète, c'est la célébration en mémorial, la « manifestation en mémorial » (memorialis demonstratio) du sacrifice, par laquelle le sacrifice rédempteur du Christ, unique et définitif, se rend présent dans le temps. La nature sacrificielle du Mystère eucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en soi, indépendamment de la Croix, ou en référence seulement indirecte au sacrifice du Calvaire.
L'Église vit continuellement du sacrifice rédempteur, et elle y accède non seulement par un simple souvenir plein de foi, mais aussi par un contact actuel, car ce sacrifice se rend présent, se perpétuant sacramentellement, dans chaque communauté qui l'offre par les mains du ministre consacré. De cette façon, l'Eucharistie étend aux hommes d'aujourd'hui la réconciliation obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l'humanité de tous les temps. En effet, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l'Eucharistie sont un unique sacrifice ». Saint Jean Chrysostome le disait déjà clairement: « Nous offrons toujours le même Agneau, non pas l'un aujourd'hui et un autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n'y a toujours qu'un seul sacrifice. [...] Maintenant encore, nous offrons la victime qui fut alors offerte et qui ne se consumera jamais ».
La Messe rend présent le sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et elle ne le multiplie pas.(16) Ce qui se répète, c'est la célébration en mémorial, la « manifestation en mémorial » (memorialis demonstratio) du sacrifice, par laquelle le sacrifice rédempteur du Christ, unique et définitif, se rend présent dans le temps. La nature sacrificielle du Mystère eucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en soi, indépendamment de la Croix, ou en référence seulement indirecte au sacrifice du Calvaire.
En vertu de son rapport étroit avec le sacrifice du Golgotha, l'Eucharistie est un sacrifice au sens propre, et non seulement au sens générique, comme s'il s'agissait d'une simple offrande que le Christ fait de lui-même en nourriture spirituelle pour les fidèles. En effet, le don de son amour et de son obéissance jusqu'au terme de sa vie (cf. Jn 10, 17-18) est en premier lieu un don à son Père. C'est assurément un don en notre faveur, et même en faveur de toute l'humanité (cf. Mt 26, 28; Mc 14, 24; Lc 22, 20; Jn 10, 15), mais c'est avant tout un don au Père: « Sacrifice que le Père a accepté, échangeant le don total de son Fils, qui s'est fait “obéissant jusqu'à la mort” (Ph 2, 8), avec son propre don paternel, c'est-à-dire avec le don de la vie nouvelle et immortelle dans la résurrection ».
En donnant son sacrifice à l'Église, le Christ a voulu également faire sien le sacrifice spirituel de l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même temps que le sacrifice du Christ. Tel est l'enseignement du Concile Vatican II concernant tous les fidèles: « Participant au Sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine, et s'offrent eux-mêmes avec elle ».
En donnant son sacrifice à l'Église, le Christ a voulu également faire sien le sacrifice spirituel de l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même temps que le sacrifice du Christ. Tel est l'enseignement du Concile Vatican II concernant tous les fidèles: « Participant au Sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine, et s'offrent eux-mêmes avec elle ».