Luc 22, 27

Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Apollinaire
Ou encore, la cause de cette contestation put venir de ce que le Seigneur devant bientôt quitter la terre, il fallait que l'un d'eux fût mis à la tête des autres, et tînt la place du Sauveur. Or, de même que les bons cherchent dans les Écritures les exemples de nos pères dans la foi qui peuvent augmenter en eux le zèle pour la perfection et l'humilité, de même aussi les méchants saisissent avec joie ce qu'il peut y avoir de répréhensible dans la conduite des élus, pour autoriser et couvrir leurs propres fautes. Aussi sont-ils enchantés de lire qu'une contestation s'éleva entre les disciples de Jésus-Christ.
Saint Basile le Grand
Que personne donc ne s'enorgueillisse de la préséance, s'il ne veut perdre le mérite et la récompense de la béatitude promise à l'humilité ( Mt 5), et qu'il sache que la véritable humilité nous porte à être le serviteur de tous nos frères. Or, de même que celui qui est chargé du soin d'un grand nombre de blessés, et qui étanche le sang de leurs plaies, ne s'enorgueillit point des services qu'il leur rend, à plus forte raison celui à qui Dieu a confié le soin de guérir les langueurs spirituelles de ses frères, et qui doit, comme serviteur de tous, rendre compte de tout au tribunal de Dieu, doit veiller avec le plus grand soin sur lui-même, et ainsi: « Celui qui est le plus grand, doit être comme le moindre ». Il est juste encore que ceux qui sont à la tête des autres, leur rendent des services même corporels, à l'exemple de Notre-Seigneur qui a lavé les pieds de ses disciples: « Et celui qui a la préséance, doit être comme celui qui sert ». Il n'est pas à craindre que cette condescendance du supérieur ne détruise l'humilité dans, l'inférieur, c'est au contraire pour lui une éclatante leçon d'humilité.
Saint Ambroise
La conduite des Apôtres dans cette circonstance, n'est point pour nous une excuse, mais un avertissement. Veillons donc à ce qu'aucune contestation sur la préséance ne s'élève entre nous pour notre perte.

Remarquez que l'humilité ne consiste pas seulement dans les marques d'honneur que vous témoignez aux autres; car vous pouvez agir en cela pour obte nir la faveur du monde, par crainte de ceux qui ont la puissance, ou par un motif d'intérêt personnel; vous cherchez alors votre avantage, plutôt que l'honneur des autres; aussi Notre-Seigneur formule-t-il pour tous la même règle qui défend toute recherche de la préséance, et ne permet que les saintes luttes de l'humilité.
Saint Jean Chrysostome
Il dit: « Les rois des nations », ce qui déjà est un préjugé défavorable contre l'action dont il s'agit; car c'était le défaut dominant des païens d'ambitionner la primauté.

Paroles qui reviennent à celles-ci: Ne croyez pas que vos inférieurs aient besoin de vous, tandis que pour vous, vous en êtes complètement indépendants; car moi-même, qui n'ai besoin de personne, de qui, au contraire, toutes les créatures du ciel et de la terre ont besoin, je suis descendu au rang de serviteur.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Ajoutons que leurs sujets leur adressent des paroles de flatterie: « Et ceux qui exercent sur elles l'autorité, sont appelés bienfaiteurs ». Comme ils sont étrangers à toutes les lois divines, ils sont en proie à toutes ces passions funestes; mais pour vous, votre grandeur sera dans la pratique de l'humilité: « Mais pour vous, il n'en sera pas ainsi », etc.
Saint Bède le Vénérable
Ou encore, il veut parler de l'humble office qu'il a rempli en leur lavant les pieds, lui leur Maître et Seigneur ( Jn 13, 34). On pourrait encore appliquer cet office de serviteur à toutes les actions de sa vie mortelle. Enfin, on peut aussi l'entendre du sang qu'il a répandu sur la croix pour notre salut.

Considérons plutôt, non ce que les Apôtres ont fait sous l'impression d'un sentiment tout humain, mais la recommandation que leur a faite leur divin Maître: « Il leur dit: Les rois des nations », etc.

Pour suivre cette règle que prescrit le Seigneur, les supérieurs ont besoin d'un grand discernement, ils doivent éviter l'esprit de domination sur leurs inférieurs, ce qui est le propre des rois des nations, et la vaine complaisance dans les louanges qui leur sont données, sans cesser néanmoins d'être animés du zèle de la justice contre les vices des coupables. Le Sauveur confirme ensuite cette leçon par son exemple: « Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? Et moi cependant je suis au milieu de vous comme celui qui sert ».
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il a exercé à leur égard les fonctions de serviteur, lorsqu'il leur a distribué le pain sacré et le calice, et il fait mention de ce fait pour leur rappeler que puisqu'ils ont mangé du même pain et bu du même calice, ils doivent tous faire profession des mêmes sentiments que Jésus-Christ, qui n'a point dédaigné de se rendre leur serviteur.

Ils venaient de rechercher entre eux quel était celui qui trahirait le Seigneur, il était donc naturel de les entendre se dire l'un à l'autre: «C'est vous qui le trahirez», et de tirer cette conclusion: «Je suis le premier, c'est moi qui suis le plus grand», et autres choses semblables. C'est ce que raconte l'Évangéliste: «Il s'éleva aussi parmi eux une contestation, lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand».
Louis-Claude Fillion
Jésus interpose ici un raisonnement d'expérience, pour mieux inculquer son assertion antérieure. - Voici deux hommes, dont l'un est mollement étendu sur un sofa, devant une table bien garnie, tandis que l'autre, debout, sert le premier : quel est le supérieur ? Personne ne saurait s'y méprendre. Et pourtant, continue le Sauveur, résumant toutes les relations qu'il avait eues avec ses apôtres depuis sa vie publique, moi, votre chef (emphatique), je me suis fait votre serviteur. Pensons au lavement des pieds, qui allait suivre, ou selon d'autres, qui avait immédiatement précédé ces paroles !
Concile œcuménique
Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées, les évêques les dirigent comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur autorité et par l’exercice du pouvoir sacré, dont l’usage cependant ne leur appartient qu’en vue de l’édification en vérité et en sainteté de leur troupeau, se souvenant que celui qui est le plus grand doit se faire le plus petit, et celui qui commande, le serviteur (cf. Lc 22, 26-27).
Catéchisme de l'Église catholique
Les diacres participent d’une façon spéciale à la mission et à la grâce du Christ (cf. LG 41 ; AA 16). Le sacrement de l’Ordre les marque d’une empreinte (" caractère ") que nul ne peut faire disparaître et qui les configure au Christ qui s’est fait le " diacre ", c’est-à-dire le serviteur de tous (cf. Mc 10, 45 ; Lc 22, 27 ; S. Polycarpe, ep. 5, 2). Il appartient entre autres aux diacres d’assister l’évêque et les prêtres dans la célébration des divins mystères, surtout de l’Eucharistie, de la distribuer, d’assister au mariage et de le bénir, de proclamer l’Evangile et de prêcher, de présider aux funérailles et de se consacrer aux divers services de la charité (cf. LG 29 ; SC 35, § 4 ; AG 16).
Pape Saint Jean-Paul II
Parmi toutes les Eglises et Communautés ecclésiales, l'Eglise catholique a conscience d'avoir conservé le ministère du successeur de l'Apôtre Pierre, l'Evêque de Rome, que Dieu a institué comme « le principe et le fondement permanents et visibles de l'unité » 146 et que l'Esprit assiste afin que tous les autres bénéficient de ce bien essentiel. Suivant la belle expression du Pape Grégoire le Grand, mon ministère est celui de servus servorum Dei. Cette définition est la meilleure protection contre le risque de séparer l'autorité (et en particulier la primauté) du ministère, ce qui serait en contradiction avec le sens de l'autorité selon l'Evangile: « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22, 27), dit notre Seigneur Jésus Christ, Chef de l'Eglise. D'autre part, comme j'ai eu l'occasion de le déclarer lors de l'importante rencontre au Conseil œcuménique des Eglises à Genève, le 12 juin 1984, la conviction qu'a l'Eglise catholique d'avoir conservé, fidèle à la tradition apostolique et à la foi des Pères, le signe visible et le garant de l'unité dans le ministère de l'Evêque de Rome, représente une difficulté pour la plupart des autres chrétiens, dont la mémoire est marquée par certains souvenirs douloureux. Pour ce dont nous sommes responsables, je demande pardon, comme l'a fait mon prédécesseur Paul VI.

Il s'agit, avant tout, du fait de l'interdépendance, ressentie comme un système nécessaire de relations dans le monde contemporain, avec ses composantes économiques, culturelles, politiques et religieuses, et élevé au rang de catégorie morale. Quand l'interdépendance est ainsi reconnue, la réponse correspondante, comme attitude morale et sociale et comme «vertu», est la solidarité. Celle-ci n'est donc pas un sentiment de compassion vague ou d'attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c'est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous. Une telle détermination est fondée sur la ferme conviction que le développement intégral est entravé par le désir de profit et la soif de pouvoir dont on a parlé. Ces attitudes et ces «structures de péché» ne peuvent être vaincues - bien entendu avec l'aide de la grâce divine - que par une attitude diamétralement opposée: se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique du terme, à «se perdre» pour l'autre au lieu de l'exploiter, et à «le servir» au lieu de l'opprimer à son propre profit (cf. Mt 10, 40-42; 20, 25; Mc 10, 42-45; Lc 22, 25-27).