Luc 23, 37
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Celui qui, par amour pour nous, s'était soumis à toutes les conditions de notre nature, se couvrit aussi de nos vêtements (signes de la mortalité d'Adam), pour s'en dépouiller ensuite, et nous revêtir en échange de la vie et de l'incorruptibilité.
«Partageant ensuite ses vêtements, ils les jetèrent au sort». Peut-être plusieurs d'entre eux en avaient besoin, ou plutôt c'est par dérision et pour lui faire outrage qu'ils agirent de la sorte, car de quel prix pouvaient être les vêtements du Sauveur.
Le Seigneur Jésus, qui est le Sauveur véritable, voulait être reconnu en cette qualité, non en se sauvant lui-même, mais en délivrant ses créatures. Un médecin ne fait point connaître son talent médical en se guérissant lui-même, mais en appliquant sa science aux maladies des autres; ainsi Notre-Seigneur qui était aussi notre Sauveur, n'avait pas besoin d'être sauvé, il voulait être reconnu pour Sauveur, non pas en descendant de la croix, mais en mourant sur la croix; car en mourant sur la croix, il a sauvé bien plus efficacement les hommes, qu'il n'aurait pu le faire en descendant de la croix.
Chaîne des Pères grecs. Le démon, se voyant forcé dans tous ses retranchements, ne savait plus que faire, et en désespoir de cause, il fait présenter du vinaigre à boire au Sauveur: «Les soldats aussi s'approchaient et l'insultaient, lui présentant du vinaigre».Le démon ignorait qu'il agissait ici contre lui-même. En effet, il offrait au Sauveur l'amertume de la colère, produite par les prévarications de la loi (qui pesaient sur tous les hommes); Jésus prenait pour lui toute cette amertume, pour nous donner à boire, en échange de ce vinaigre, le vin préparé par la sagesse divine. ( Pv 9).
Mais il importe de considérer dans quel état Jésus monte sur la croix; je le vois entièrement dépouillé de ses vêtements, tel doit être celui qui veut triompher du monde, il ne doit rechercher ni les bien s ni les consolations du siècle. Adam fut vaincu par le démon, et se couvrit de vêtements; Jésus se dépouille de ses vêtements, et triomphe de l'ennemi du salut, il monte sur la croix tel que Dieu a formé l'homme dès l'origine. C'est dans cet état que le premier Adam habita le paradis terrestre, c'est dans le même état que le second Adam entre dans le paradis des cieux. Ce n'est pas sans raison qu'avant de monter sur la croix, il se dépouille de ses vêtements, il voulait nous apprendre que c'est en tant qu'homme qu'il a souffert, et non comme Dieu, bien que le Christ soit l'un et l'autre.
Notre-Seigneur pratique sur la croix le commandement qu'il nous a donné: «Priez pour ceux qui vous persécutent» ( Mt 5). «Et Jésus disait: Mon Père, pardonnez-leur». S'il fait cette prière, ce n'est pas qu'il ne pût leur pardonner lui-même, mai s il voulait par son exemple autant que par ses paroles, nous enseigner à prier pour nos persécuteurs. Or, il dit pardonnez-leur, mais à la condition qu'ils se repentiront, car Dieu est plein de miséricorde pour les vrais pénitents qui prennent la généreuse résolution d'effacer par la foi les longues iniquités de leur vie.
Les trois premiers évangélistes ( Mt 25, 35; Mc 5, 24) rapportent sommairement cette circonstance qui se trouve plus détaillée dans l'évangile selon saint Jean ( Jn 19, 23).
Sous le nom de princes, en général, sans ajouter: des prêtres, l'Évangéliste comprend tous les premiers de la nation, soit les scribes, soit les anciens.
Le sort paraît être ici le symbole de la grâce de Dieu; car quand on consulte le sort, on ne tient aucun compte des personnes ou du mérite, on abandonne tout au secret jugement de Dieu.
Gardons-nous de croire que la prière du Sauveur ait été sans effet, elle a eu toute son efficacité pour ceux qui, après sa passion, crurent en lui. Remarquons encore qu'il n'a point prié pour ceux qui, tout en reconnaissant qu'il était le Fils de Dieu, ont mieux aimé le crucifier que le confesser hautement; mais pour ceux qui, égarés par un zèle qui n'était pas selon la science, ne savaient pas ce qu'ils faisaient, comme il le dit expressément: «Car ils ne savent ce qu'ils font». Quant à ceux qui persévèrent dans leur incrédulité, depuis que Jésus-Christ a été crucifié, qu'ils n'espèrent point pouvoir s'excuser sur leur ignorance, alors que d'éclatants miracles ont proclamé hautement sa divinité.
Ils sont forcés de reconnaître malgré eux que Jésus a sauvé les autres: «Il a sauvé les autres, disent-ils, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'élu de Dieu».
Remarquez que les Juifs font du nom du Christ, que les Écritures leur avaient appris, l'objet de leurs blasphèmes et de leurs dérisions, tandis que les soldats, qui ne connaissaient pas les Écritures, n'insultent pas le Christ, l'élu de Dieu, mais le roi des Juifs.
C'est donc par dérision qu'ils tirent au sort les vêtements du Sauveur. Or que devait faire le peuple en voyant les chefs de la nation donner l'exemple de ces railleries outrageantes? «Et le peuple était là (ceux qui avaient demandé qu'il fût crucifié), attendant (quelle serait la fin), et les membres du grand conseil le raillaient aussi bien que le peuple».
Les soldats présentèrent ce vinaigre à Jésus-Christ comme à un roi: «Et ils lui disaient: Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi».
Ce détail n'a été conservé que par S. Luc. A
l'exemple des Juifs, les soldats romains qui montaient la garde autour des trois croix se mettent à insulter
Jésus. - L'insultaient (se jouaient de lui) est une expression plus douce que se moquaient du v. 35. -
S'approchant de lui fait tableau. - Lui présentant du vinaigre. « Ceci est fort différent de la potion du vin
avec de la myrrhe qu'on offrit à Jésus avant qu'il fût mis à la croix (Matth. 27, 34 ; Marc. 15, 23), et du
vinaigre qu'on lui présenta après qu'il eût crié : J'ai soif (Joan. 19, 28 et s., Matth. 27, 48 ; Marc. 15, 36) » D.
Calmet, h. l. Par « vinaigre », il faut entendre la « posca », mélange d'eau et de vinaigre, qui était alors la
boisson ordinaire des soldats romains. Voyez Keim, Gesch. Jesu, t. 3, th. 2, p. 430. - Si tu es le roi des Juifs.
L'insulte des rudes prétoriens n'est que l'écho de celle des prêtres ; elle présente toutefois une nuance
caractéristique : « Roi des Juifs » au lieu de « Christ ». - A toutes ces injures l'auguste et patiente victime
n'oppose toujours que son royal silence. « Elle aurait pu parler ! Les tortures du crucifiement ne troublaient
pas l'intelligence, ne paralysaient pas les organes du langage. L'histoire signale des crucifiés qui, durant des
heures entières, donnaient un libre cours à leur douleur, à leur rage ou à leur désespoir, tantôt en maudissant
leurs ennemis sur lesquels ils crachaient (Senec. de Vit. beat. 19), tantôt en protestant jusqu'au bout contre
l'iniquité de leur sentence, tantôt en implorant avec une humilité abjecte la pitié des spectateurs (Jos. Bell.
Jud. 4, 6, 1), tantôt en haranguant la multitude du haut de la croix, comme d'un tribunal, et lui reprochant ses
vices et ses faiblesses (Justin. 22, 7). » Farrar, Life of Christ, t. 2, p. 409. Cfr. Keim, l.c. p. 431. Mais Jésus ne
parla que pour encourager, pour bénir, ou pour se consoler en confiant ses angoisses et son âme à son Père.
Sa noblesse ne se démentit pas un instant.