Luc 24, 44
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
La loi prescrivait qu'on mangeât la pâque avec des laitues amères, parce que c'était encore le temps de l'amertume, mais après la résurrection, cette amertume est adoucie par un rayon de miel: «Et ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti, et un rayon de miel».
Qu'ils méditent ces paroles ceux qui poussent la folie jusqu'à oser dire que c'est par là magie qu'il a opéré tant de merveilles, et par son habileté qu'il a divinisé son nom aux yeux des peuples pour les convertir à Son culte. Est-ce grâce à la magie qu'il a pu accomplir les prophéties que l'Esprit saint avait inspirées bien avant sa naissance? Car si c'est par des opérations magiques qu'il s'est fait adorer après sa mort, il était donc magicien avant sa naissance, puisqu'un peuple tout entier a été suscité de Dieu pour prophétiser sa venue.
Notre-Seigneur avait montré à ses disci ples ses mains et ses pieds pour leur certifier que le corps qui avait souffert était le même qui était ressuscité. Pour leur rendre cette vérité plus certaine encore, il demande quelque chose à manger: «Mais comme ils hésitaient encore à croire, il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger ?»
Si donc il a mangé après sa résurrection, ce n'est ni qu'il eût besoin de nourriture, ni pour figurer qu'après la résurrection qui fait l'objet de notre espérance, nous aurons encore besoin d'aliments, mais pour établir ainsi la vérité de sa résurrection.
C'est donc pour démontrer la vérité de sa résurrection, qu'il daigne non seulement se laisser toucher par ses disciples, mais manger avec eux, il détruit ainsi dans leur esprit la pensée que le corps qui leur apparaissait n'était pas réel, mais imaginaire: «Lorsqu'il eut mangé devant eux, prenant ce qui restait, il le leur donnai» Manger pour lui est un acte de puissance et non une nécessité; en effet, la terre altérée et le soleil brûlant n'absorbent point l'eau de la même manière, la terre le fait par indigence, le soleil par puissance. Mais, dira-t-on, si nous accordons que le Seigneur ait véritablement mangé, il faut admettre aussi qu'après la résurrection les hommes auront également besoin des aliments comme soutien de leur existence. Nous répondons que les actions que le Sauveur a faites dans une pensée de miséricorde ne sont ni une règle générale ni une loi établies par la nature, en vertu de sa conduite particulière dans certains cas. Ainsi il ressuscitera nos corps sans aucun défaut, et dans un état de perfection et d'incorruptibilité entières, bien qu'il ait voulu conserver dans son corps ressuscité les trous dont les clous ont percé ses pieds et ses mains, et la cicatrice de son côté, pour montrer qu'après sa résurrection il a conservé à son corps la même nature et ne l'a point changé en une autre substance.
Dans le sens figuré, ce poisson grillé représente Jésus-Christ dans sa passion, il a daigné, en effet, vivre caché dans les, eaux du genre humain, il s'est laissé prendre dans les filets de notre mort, il a été comme brûlé par la tribulation au temps de sa passion, mais il est devenu pour nous un rayon de miel après sa résurrection. Ce rayon de miel représente la double nature de sa personne, car le rayon de miel repose dans la cire, et ce miel dans la cire, c'est la divinité dans l'humanité.
Après qu'il s'est laissé voir et toucher et qu'il a mangé avec ses disciples; pour achever de montrer qu'il ne veut faire illusion à aucun de nos sens, Notre-Seigneur apporte en preuve les Écritures: «Puis il leur dit: C'est là ce que je vous ai dit, étant encore avec vous», c'est-à-dire, lorsque j'étais revêtu de la chair mortelle dont vous êtes revêtu vous-même. C'était encore la même chair qui était ressuscitée, mais elle n'était plus comme celle des Apôtres, soumise à la mortalité. Le Sauveur ajoute: «Il fallait que tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes s'accomplit».
Ces aliments ont encore une autre signification mystérieuse. En mangeant un morceau de ce poisson grillé, il veut nous représenter qu'il a purifié par le feu de sa divinité notre nature qui nageait dans la mer de cette vie; qu'il a desséché l'humidité qu'elle avait contractée au milieu de ces eaux profondes et qu'il en a fait ainsi une nourriture divine, et que d'un aliment abominable, elle est devenue une nourriture des plus agréables à Dieu, ce que figure le rayon de miel. Ou encore, le poisson grillé est la figure de la vie active qui consume notre humidité par le feu du travail, tandis que la contemplation se trouve représentée par le rayon de miel à cause de la douceur ineffable de la parole de Dieu.
S. Luc ne donnant plus aucune indication chronologique jusqu'à la fin du chapitre, un
lecteur superficiel pourrait supposer d'abord que tous les détails racontés dans les vv. 44-53 se passèrent au
soir même de la Résurrection. Cfr. vv. 13, 33, 36, 43. Mais cela est évidemment impossible pour l'Ascension
de Jésus, vv. 50 et ss., qui eut lieu seulement quarante jours plus tard, ainsi que l'affirme explicitement notre
évangéliste lui-même au livre des Actes, 1, 3. Cela est impossible aussi pour la parole du v. 49, « mais
demeurez dans la ville », puisqu'elle interdit aux disciples de quitter Jérusalem, tandis que d'autres sources
authentiques nous apprennent qu'ils allèrent en Galilée entre la Résurrection et l'Ascension (Cfr. Matth. 28,
16 et ss. ; Joan. 21, 1 et ss.). D'autre part, les recommandations contenues dans les vv. 47, 48 et 49a se
retrouvent d'une manière équivalent au début des Actes des apôtres, 1, 8, où elles sont rattachées au jour de
l'Ascension : elles ont en outre toute l'apparence d'une parole d'adieu, ce qui nous conduit à la même
conclusion. Or, il est bien difficile de les séparer de celles qui précèdent, vv. 44-46, car elles leur sont
étroitement liées et pour le fond et pour la forme. Nous sommes ainsi amenés à croire, et c'est aussi l'avis de
plusieurs excellents commentateurs (entre autres Maldonat), que ces instructions finales de Jésus ne furent
prononcées que peu de temps avant son Ascension. Ici comme en maint autre endroit de l'histoire
évangélique, les questions de temps et de lieu auront été négligées parce qu'elles n'avaient qu'une importance
secondaire. D'autres critiques cependant placent au moins les vv. 44-47 au soir de la Résurrection. Voyez
dans Stier, Reden des Herrn Jesu, h. l., une intéressante discussion de ce petit problème exégétique. - C'est ce
que je vous disais… Jésus jette en ce moment un regard rétrospectif sur sa vie mortelle, pour rappeler aux
disciples les prophéties qu'il leur faisait alors et leur montrer, maintenant que ces prédictions sont
accomplies, l'harmonie parfaite qui règne entre elles et les saintes Écritures. Ainsi avaient fait naguère les
anges parlant aux saintes femmes 24, 6-8. - Lorsque j'étais encore avec vous. Pensée profonde. Jésus n'était
plus présent aux disciples de la même manière qu'autrefois. Cfr. S. Grégoire, Hom. 24 in Evang. - Il fallait
que s’accomplît… Ces mots retombent directement sur « ce que je vous disais ». Jésus avait donc dit aux
siens, de la façon la plus formelle et à bien des reprises, que les divins oracles contenus en si grand nombre
dans les SS. Livres sur sa personne et sur son œuvre devaient nécessairement et intégralement s'accomplir. Notre-Seigneur désigne ici la Bible par une périphrase dont on trouve plusieurs exemples dans la littérature
juive : la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. La loi de Moïse, c'est le Pentateuque, la Thôrah comme
disent les Juifs. Les prophètes ou Nebiim qui se divisaient en prophètes antérieurs et postérieurs
correspondent à la seconde partie du canon hébreu, laquelle comprenait Josué, les Juges, les livres des Rois,
Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et les douze petits Prophètes. Enfin les Psaumes représentent les Ketoubim ou
Hagiographes, troisième section biblique qu'ils ouvraient et dont ils étaient la portion la plus riche et la plus
célèbre. Comp. Josèphe, c. Appion. 1, 8. Voyez Lightfoot, Hor. hebr. h. l.
Dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Cette triple division embrasse tout l’Ancien Testament, parce que les auteurs des livres historiques étaient appelés prophètes par les Juifs.
L’économie de l’Ancien Testament avait pour raison d’être majeure de préparer l’avènement du Christ Sauveur de tous, et de son Royaume messianique, d’annoncer prophétiquement cet avènement (cf. Lc 24, 44 ; Jn 5, 39 ; 1 P 1, 10) et de le signifier par diverses figures (cf. 1 Co 10, 11). Compte tenu de la situation humaine qui précède le salut instauré par le Christ, les livres de l’Ancien Testament permettent à tous de connaître qui est Dieu et qui est l’homme, non moins que la manière dont Dieu dans sa justice et sa miséricorde agit envers les hommes. Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine. C’est pourquoi les fidèles du Christ doivent les accepter avec vénération : en eux s’exprime un vif sens de Dieu ; en eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une sagesse salutaire au sujet de la vie humaine, d’admirables trésors de prières ; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut.
Par " prophètes ", la foi de l’Église entend ici tous ceux que l’Esprit Saint a inspirés dans la vivante annonce et dans la rédaction des livres saints, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament. La tradition juive distingue la Loi (les cinq premiers livres ou Pentateuque), les Prophètes (nos livres dits historiques et prophétiques) et les Écrits (surtout sapientiels, en particulier les Psaumes) (cf. Lc 24, 44).
Toutes les Écritures (la Loi, les Prophètes et les Psaumes) sont accomplies dans le Christ (cf. Lc 24, 44). L’Evangile est cette " Bonne nouvelle ". Sa première annonce est résumée par S. Matthieu dans le Sermon sur la montagne (cf. Mt 5-7). Or la prière à Notre Père est au centre de cette annonce. C’est dans ce contexte que s’éclaire chaque demande de la prière léguée par le Seigneur :