Luc 24, 48

À vous d’en être les témoins.

À vous d’en être les témoins.
Saint Augustin
Jésus Christ est notre salut. En effet, il l'est en personne, lui qui a été blessé pour nous, cloué à la croix, puis déposé de la croix et mis au tombeau. Il en est sorti, guéri de ses blessures, gardant ses cicatrices. Car il jugea profitable à ses disciples que ses cicatrices soient gardées, pour guérir les blessures de leur coeur. Quelles blessures? Celles de l'incrédulité. En effet, lorsqu'il apparut à leurs yeux en présentant une chair réelle, ils pensèrent voir un esprit. C'est là une blessure du coeur qui n'est pas légère. Que votre charité y songe: s'ils avaient gardé cette blessure, en pensant que le corps enseveli n'était pas ressuscité, mais qu'un esprit avait trompé leurs regards par l'illusion d'un corps humain, s'ils étaient demeurés dans cette croyance, ou plutôt dans cette incrédulité, ce n'est pas leurs blessures qu'il faudrait déplorer, mais leur mort.

Donc, il se montra à ses disciples. Mais qui est-ce donc qu'il montra? Le chef de son Église. Il prévoyait qu'à l'avenir son Église existerait dans tout l'univers, mais ses disciples ne le voyaient pas encore. Il leur montrait la tête, et il promettait le corps. Voici en effet ce qu'il ajouta: Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous. Que signifient ces mots: quand j'étais encore avec vous? Quand j'étais avec vous, étant mortel, ce que je ne suis plus maintenant. J'étais avec vous, lorsque j'avais à mourir. Que veut dire: avec vous! Mortel, j'étais avec des mortels. Maintenant je ne suis plus avec vous, parce que, si je suis bien avec des mortels, je n'aurai plus maintenant à mourir.

Je vous ai dit qu'il fallait que tout s'accomplisse. Parce que c'est écrit, et qu'il le fallait. Quoi donc? Que le Christ souffre, et qu'il ressuscite d'entre les morts le troisième jour. Cela ils l'ont vu: ils l'ont vu souffrir, ils l'ont vu attaché à la croix, et ils le voyaient après sa résurrection, vivant et présent parmi eux.

Qu'est-ce donc qu'ils ne voyaient pas? Son corps, c'est-à-dire l'Église. Le Christ, ils le voyaient, mais elle, ils ne la voyaient pas. Ils voyaient l'Époux, l'Épouse était encore cachée. Qu'il leur promette donc la venue de l'Église. Il est écrit, et il le fallait, que le Christ souffre et ressuscite d'entre les morts. Voilà ce qui concerne l'Époux.

Et au sujet de l'Épouse? La conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Voilà ce que les disciples ne voyaient pas encore: l'Église répandue à travers toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Ils voyaient la tête et, sur sa parole, ils croyaient à son corps.

Nous leur sommes semblables: nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas; et nous ne voyons pas quelque chose qu'ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas? L'Église répandue à travers les nations. Et qu'est-ce que nous ne voyons pas, mais qu'ils voyaient? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils, tandis qu'ils croyaient à son corps? De la même façon que nous-mêmes voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l'Église future. L'Église que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement: de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le corps.

Le Christ total s'est fait connaître d'eux et s'est fait connaître de nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne: il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché.
Louis-Claude Fillion
Ce verset exprime le rôle des disciples relativement au plan de salut qui vient d'être décrit. Ils seront des témoins de la vie, de la résurrection, de la divinité de Jésus, témoins de l'exacte conformité de son caractère et des ses œuvres avec tout ce que les Écritures avaient prédit du Messie, témoins qui se feront égorger. De nombreux passages des Actes (2, 32 ; 3, 15 ; 4, 33 ; 5, 30-32, etc.) montrent combien les apôtres avaient pris au sérieux cette noble fonction de témoins du Christ.
Fulcran Vigouroux
Vous êtes témoins, etc. ; votre rôle est d’en rendre témoignage : et comme ils l’ont bien rempli !
Catéchisme de l'Église catholique
Comme le Baptême dont elle est l’achèvement, la Confirmation est donnée une seule fois. La Confirmation imprime en effet dans l’âme une marque spirituelle indélébile, le " caractère " (cf. DS 1609), qui est le signe de ce que Jésus-Christ a marqué un chrétien du sceau de son Esprit en le revêtant de la force d’en haut pour qu’il soit son témoin (cf. Lc 24, 48-49).
Pape Saint Jean-Paul II
En ce qui concerne les différences d'accent dans le précepte, Marc présente la mission comme proclamation ou kérygme: «Proclamez l'Evangile» (Mc 16, 15). Le but de l'évangéliste est de conduire les lecteurs à redire la profession de foi de Pierre: «Tu es le Christ» (Mc 8, 29) et à dire, comme le centurion romain devant Jésus mort sur la Croix: «Vraiment cet homme était Fils de Dieu» (Mc 15, 39). En Matthieu, l'accent missionnaire est mis sur la fondation de l'Eglise et sur son enseignement (cf. Mt 28, 19-20; 16, 18): chez lui donc, cet envoi en mission fait ressortir que la proclamation de l'Evangile doit être complétée par une catéchèse d'ordre ecclésial et sacramentel. En Luc, la mission est présentée comme un témoignage (cf. Lc 24, 48; Ac 1, 8) qui porte surtout sur la Résurrection (cf. Ac 1, 22). Le missionnaire est invité à croire à la puissance transformante de l'Evangile et à annoncer ce que Luc montre bien, c'est-à-dire la conversion à l'amour et à la miséricorde de Dieu, l'expérience d'une libération intégrale de tout mal jusqu'à sa racine, le péché.