Luc 4, 37

Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.

Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.
Saint Athanase
Il l'appelle le saint de Dieu, non pas comme s'il était semblable aux autres saints, mais comme étant saint d'une sainteté toute particulière, saint par excellence et avec addition de l'article. En effet, Jésus-Christ est le seul saint par nature, et les autres ne méritent le nom de saints que par leur participation à sa sainteté. Toutefois en parlant de la sorte, le démon ne le connaissait pas en réalité, mais il feignait de le connaître.

Bien qu'il confessât la vérité, Jésus ne laisse pas de lui imposer silence; il ne veut pas qu'avec la vérité il puisse propager le mensonge, et il voulait aussi nous accoutumer à ne faire aucun cas de semblables révélations, bien qu'elles paraissent conformes à la vérité, car c'est un crime de choisir le démon pour maître, quand nous avons pour nous instruire les saintes Écritures: «Mais Jésus lui dit avec menace: Tais-toi et sors de cet homme».
Saint Ambroise
En quittant la Judée, Notre-Seigneur ne cède ni à un sentiment d'indignation, ni au juste ressentiment du crime des Juifs; au contraire, il oublie cet outrage pour ne se souvenir que de sa clémence, et tantôt par ses enseignements, tantôt par les guérisons qu'il opère, il cherche à toucher les coeurs de ce peuple infidèle: «Et il descendit à Capharnaüm qui est une ville de Galilée», etc.

Notre-Seigneur, en commençant le jour du sabbat les oeuvres de la rédemption divine, veut nous apprendre que la nouvelle création commence le jour même où l'ancienne création avait fini, et nous montrer tout d'abord que le Fils de Dieu n'est pas soumis à la loi mais qu'il était supérieur à la Loi. Il commence encore le jour du sabbat, pour montrer qu'il est le Créateur qui fait succéder aux oeuvres anciennes des oeuvres nouvelles, et poursuit le dessein qu'il avait commencé à réaliser si longtemps auparavant. Semblable à un ouvrier qui veut rebâtir une maison et qui en fait disparaître tout ce qu'elle a de ruineux, en commençant, non par les fondations, mais par le faîte et en démolissant d'abord ce qui avait été construit en dernier lieu. Ajoutons que le Sauveur commence par des oeuvres moins importantes pour arriver à celles qui ont plus d'éclat. Les saints eux-mêmes peuvent délivrer du démon au nom et par le Verbe de Dieu, mais il n'appartient qu'à la puissance divine de commander aux morts de ressusciter ( Lc 7,14 Jn 11,43 ).

On ne doit point s'étonner de lire dans l'Évangile, que le démon soit le premier à donner au Sauveur le nom de Jésus de Nazareth; car ce n'est pas du démon que le Christ a reçu ce nom, qui a été apporté du ciel par un ange à la très-sainte Vierge. Mais telle est l'impudence du démon, qu'il cherche à introduire le premier parmi les hommes, un usage, une coutume, et la présente comme nouvelle pour imp rimer une plus grande crainte de sa puissance. Il dit donc: «Je sais qui vous êtes, le saint de Dieu».

Dans le sens allégorique, cet homme de la synagogue qui était possédé de l'esprit immonde, c'est le peuple des Juifs qui, enlacé dans les filets du démon, profanait la pureté apparente de son corps par les souillures trop réelles de son âme, il était possédé de l'esprit immonde, parce qu'il avait perdu l'Esprit saint, car le démon prenait possession de la demeure que le Christ venait de quitter.
Saint Jean Chrysostome
Le démon voulut aussi bouleverser l'ordre établi de Dieu, usurper la dignité des Apôtres et ranger un grand nombre d'hommes sous son obéissance.
Saint Cyrille d'Alexandrie
A la prédication de la doctrine, Notre-Seigneur joint avec à propos des oeuvres étonnantes, et persuade ainsi ceux que la raison ne parvenait pas à convaincre de ce qu'il était: «Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé du démon», etc.

Les dénions s'imaginèrent que ces louanges inspireraient au Sauveur l'amour de la vaine gloire, et le détourneraient de s'opposer à leurs desseins, ou de les chasser, et qu'il leur rendrait ainsi service pour service.

Il connaissait bien leur penchant à l'indocilité et la dureté de leur coeur, cependant il les visite comme un bon médecin qui s'efforce de guérir des malades qu'il voit réduits à l'extrémité. Il enseignait sans crainte dans les synagogues, selon ces paroles d'Isaïe: «Je n'ai point parlé en secret, ni dans quelque coin obscur de la terre». ( Is 45, 19). Il choisissait le jour de sabbat pour discuter avec eux, parce que c'était pour eux le jour du repos; ils furent donc étonnés de la grandeur de sa doctrine, de sa vertu, de sa puissance: «Et sa doctrine les frappait d'étonnement, parce qu'il leur parlait avec autorité». C'est-à-dire, que ses paroles n'étaient point molles et flatteuses, mais entraînantes, et qu'elles pressaient ceux qui les entendaient, de travailler à leur salut. Mais les Juifs ne voyaient dans Jésus-Christ qu'un saint ou un prophète; aussi pour leur donner de lui une plus haute et une plus juste idée, il s'élève au-dessus du langage prophétique. Son exorde, en effet, n'était pas comme celui des prophètes: «Voici ce que dit le Seigneur»; mais comme maître de la loi, il enseigne une doctrine supérieure à la loi, et passe de la lettre à la vérité, des figures à leur accomplissement spirituel.

Les Juifs calomniaient la gloire de Jésus-Christ en disant: «Il chasse les démons par Beelzebub, prince des démons». C'est pour confondre cette accusation sacrilège, que les démons se tr ouvant en présence de son invincible puissance, et ne pouvant supporter l'approche de la divinité, jetaient des cris effrayants: «Et il jeta un grand cri en disant: Laissez-nous, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ?» etc.
Saint Bède le Vénérable
On peut dire encore que la parole d'un docteur a de l'autorité, lorsqu'il pratique ce qu'il enseigne, car on n'a que du mépris pour celui dont la conduite est en opposition avec ses discours.

Comme s'il disait: Cessez un peu de nous tourmenter, vous qui êtes complètement étranger à nos mauvais desseins.

C'est par une permission divine que cet homme qui allait être délivré du démon est jeté au milieu de l'assemblée, Dieu voulait ainsi rendre plus éclatante la puissance du Sauveur, et en faire entrer un plus grand nombre dans les voies du salut: «Et lorsqu'il l'eût jeté à terre», etc. Le récit de saint Matthieu paraît ici en contradi ction avec celui de saint Marc, où nous lisons: «Et l'esprit impur l'agitant violemment, sortit de lui en jetant un grand cri» ( Mc 1, 21). Mais on peut dire que ces paroles de saint Marc: «L'agitant violemment», ont la même signification que ces autres de saint Luc: «Et l'ayant jeté au milieu de l'assemblée». Quant aux paroles suivantes: «Et il ne lui fit aucun mal», il faut les entendre dans ce sens, que cette agitation des membres et cette violente secousse ne fit éprouver à cet homme aucune faiblesse, comme il arrive d'ordinaire, lorsque les démons ne sortent des corps qu'ils possèdent qu'en coupant ou en brisant quelques membres. Aussi ceux qui sont présents, sont-ils à bon droit surpris d'une guérison aussi complète: «Et l'épouvante les saisit tous», etc.

Les saints peuvent également chasser les démons par la puissance du Verbe de Dieu; mais seul le Verbe de Dieu opère de semblables miracles par sa propre puissance.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Ils semblent dire: Quel est cet ordre qu'il vient de donner au démon: «Sors de cet homme», et il est sorti?

Il en est encore beaucoup aujourd'hui qui sont possédés du démon, c'est-à-dire, ceux qui accomplissent les désirs que les démons leur inspirent; c'est ainsi que les furieux sont possédés du démon de la colère, et ainsi des autres. Or le Seigneur entre dans la synagogue, lorsque l'âme de l'homme se trouve toute réunie, et il dit au démon qui l'habite: Tais-toi, et aussitôt le démon jette cet homme dans le milieu et sort de lui. Il ne convient pas, en effet, que l'homme soit constamment dominé par la colère (c'est le propre des bêtes féroces), ni qu'il soit inaccessible au sentiment de la colère (ce qui serait insensibilité), mais il doit tenir un juste milieu, et manifester une certaine colère contre le mal, et c'est pourquoi cet homme est jeté au milieu de l'assemblée, lorsque l'esprit immonde sort de son corps.
Louis-Claude Fillion
Ces versets racontent les effets du miracle. Les témoins oculaires de cette cure merveilleuse furent saisis d'une vive frayeur. Les réflexions qu'ils échangeaient au sortir de la synagogue montrent ce qui les avait surtout frappés : il commande avec autorité et puissance… Ce n'était pas ainsi que les exorcistes juifs expulsaient les démons : il leur fallait de longues adjurations, un anneau, je ne sais quelle racine, un vase plein d'eau (voyez Jos. Ant. 8, 2, 5 ; Bell. Jud. 7, 6, 3), et encore ne réussissaient-ils pas toujours. Un mot de commandement suffisait à Jésus. - Sa renommée se répandit… La sensation produite par la guérison du démoniaque ne fut pas seulement locale ; elle se reproduisit au loin dans toute la contrée.