Luc 6, 45
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
De plus, la nature des paroles est un indice certain de l'état du coeur d'où elles sortent, et en révèle clairement les dispositions les plus intimes: «Car la bouche parle de l'abondance du coeur».
Ce n'est point parmi les épines de ce monde qu'on peut trouver ce figuier qui est l'image de la résurrection, parce que les seconds fruits en sont meilleurs que les premiers, ou encore, parce que, selon ces paroles du livre des Cantiques ( Ct 2 ): «Les figuiers ont donné leurs premières figues», les fruits qu'ils ont donnés au temps de la synagogue, n'étaient ni mûrs, ni durables, ni utiles; ou bien encore, parce que notre vie ne parvient pas à sa maturité dans ce corps mortel, mais seulement dans sa résurrection. Nous devons donc rejeter loin de nous les sollicitudes de la terre qui déchirent l'âme et consument l'esprit, afin d'obtenir par nos soins assidus des fruits d'une maturité parfaite. Ainsi ces paroles se rapportent à la vie présente et à la résurrection, et les suivantes à l'âme et au corps. «On ne vendange point de raisin sur des ronces», c'est-à-dire, que le péché ne peut faire produire aucun fruit à l'âme qui, semblable au raisin, se corrompt si elle est trop près de la terre, et ne peut mûrir que dans les hauteurs; ou bien que personne ne peut échapper à la damnation de la chair, s'il n'est racheté par Jésus-Christ, qui, comme le raisin, a été suspendu sur le bois.
Quoique le fruit naisse de l'arbre, il le fait néanmoins connaître, en ce sens, que la nature, l'espèce d'un arbre se distinguent par ses fruits.
Lorsque la source intérieure du mal est abondante, par une conséquence naturelle, les paroles mauvaises s'exhalent des lèvres; aussi quand vous entendez un homme proférer des paroles coupables, ne croyez pas que la méchanceté de son coeur est simplement égale à la malignité de ses discours, mais concluez sans crainte de vous tromper, que la source est beaucoup plus abondante que le ruisseau.
Que ces paroles ne favorisent point votre négligence, un arbre est soumis aux lois qui régissent la nature végétale; pour vous, au contraire, vous avez l'usage de votre libre arbitre; tout arbre stérile a été créé pour une fin particulière; pour vous, vous avez été créé pour pratiquer la vertu.
Ainsi la vie de tout homme est l'expression véritable de ses moeurs, car ce n'est point aux ornements extérieurs, aux dehors d'une feinte humilité qu'on reconnaît l'éclat du vrai bonheur, mais par les oeuvres que chacun opère; vérité que le Sauveur confirme par ces paroles: «On ne cueille point de figues sur des épines».
Après avoir montré que le bon et le méchant peuvent se reconnaître à leurs oeuvres, comme on reconnaît un arbre à ses fruits, Notre-Seigneur enseigne la même vérité sous une autre figure: «L'homme bon tire le bien du bon trésor de son coeur, et l'homme mauvais tire le mal du mauvais trésor de son coeur».
Les bienheureux disciples étaient destinés à devenir les guides et les maîtres spirituels de la terre entière. Ils devaient donc faire preuve, plus que les autres, d'une éminente piété, être familiarisés avec la manière de vivre évangélique et entraînés à pratiquer toute oeuvre bonne. Ils auraient à transmettre à ceux qu'ils instruiraient la doctrine exacte, salutaire et strictement conforme à la vérité, après l'avoir d'abord contemplée eux-mêmes, et avoir laissé la lumière divine éclairer leur intelligence.
Sans quoi, ils seraient des aveugles conduisant d'autres aveugles. Car ceux qui sont plongés dans les ténèbres de l'ignorance ne peuvent pas conduire à la connaissance de la vérité les hommes souffrant de cette même ignorance. Le voudraient-ils d'ailleurs, qu'ils rouleraient tous ensemble dans l'abîme de leurs passions.
Aussi le Seigneur a-t-il voulu éteindre la passion ostentatoire de la vantardise que l'on trouve chez tant de gens, et les dissuader de rivaliser avec leurs maîtres pour les dépasser en estime. Il leur a dit: Le disciple n'est pas au-dessus de son maître (Lc 6,39). Même s'il arrive à certains d'atteindre un degré de vertu égal à celui de leurs maîtres, ils se conformeront à la modestie dont ceux-ci font preuve, et ils les imiteront. Paul, à son tour, nous en donne la certitude quand il dit: Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1Co 11,1).
Eh bien, pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore? Car il n'est pas venu juger le monde, mais lui faire grâce. Entendue dans le sens que je viens précisément d'indiquer, la parole du Christ devient: "Si je ne juge pas, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple. Il se peut que tu sois coupable de fautes plus graves que celui que tu juges. Quelle ne sera pas ta honte quand tu en prendras conscience! "
Le Seigneur nous donne le même enseignement dans une autre parabole où il dit: Qu'as-tu à regarder la paille dans l'oeil de ton frère (Lc 6,41)? Il nous convainc par des arguments irréfutables de ne pas vouloir juger les autres, et de scruter plutôt nos coeurs. Ensuite il nous demande de chercher à nous libérer des passions qui y sont installées, en demandant cette grâce à Dieu. C'est lui, en effet, qui guérit ceux qui ont le coeur brisé et nous délivre de nos maladies spirituelles. Car si les péchés qui t'accablent sont plus grands et plus graves que ceux des autres, pourquoi leur fais-tu des reproches sans te soucier des tiens?
Tous ceux qui veulent vivre avec piété, et surtout ceux qui ont charge d'instruire les autres, tireront donc nécessairement profit de ce précepte. S'ils sont vertueux et tempérants, donnant précisément par leurs actions l'exemple de la vie évangélique, ils reprendront avec douceur ceux qui ne se sont pas résolus à agir de même, leur remontrant qu'ils ne prennent pas pour modèles les manières de vivre conformes à la vertu des maîtres.
Sans quoi, ils seraient des aveugles conduisant d'autres aveugles. Car ceux qui sont plongés dans les ténèbres de l'ignorance ne peuvent pas conduire à la connaissance de la vérité les hommes souffrant de cette même ignorance. Le voudraient-ils d'ailleurs, qu'ils rouleraient tous ensemble dans l'abîme de leurs passions.
Aussi le Seigneur a-t-il voulu éteindre la passion ostentatoire de la vantardise que l'on trouve chez tant de gens, et les dissuader de rivaliser avec leurs maîtres pour les dépasser en estime. Il leur a dit: Le disciple n'est pas au-dessus de son maître (Lc 6,39). Même s'il arrive à certains d'atteindre un degré de vertu égal à celui de leurs maîtres, ils se conformeront à la modestie dont ceux-ci font preuve, et ils les imiteront. Paul, à son tour, nous en donne la certitude quand il dit: Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1Co 11,1).
Eh bien, pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore? Car il n'est pas venu juger le monde, mais lui faire grâce. Entendue dans le sens que je viens précisément d'indiquer, la parole du Christ devient: "Si je ne juge pas, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple. Il se peut que tu sois coupable de fautes plus graves que celui que tu juges. Quelle ne sera pas ta honte quand tu en prendras conscience! "
Le Seigneur nous donne le même enseignement dans une autre parabole où il dit: Qu'as-tu à regarder la paille dans l'oeil de ton frère (Lc 6,41)? Il nous convainc par des arguments irréfutables de ne pas vouloir juger les autres, et de scruter plutôt nos coeurs. Ensuite il nous demande de chercher à nous libérer des passions qui y sont installées, en demandant cette grâce à Dieu. C'est lui, en effet, qui guérit ceux qui ont le coeur brisé et nous délivre de nos maladies spirituelles. Car si les péchés qui t'accablent sont plus grands et plus graves que ceux des autres, pourquoi leur fais-tu des reproches sans te soucier des tiens?
Tous ceux qui veulent vivre avec piété, et surtout ceux qui ont charge d'instruire les autres, tireront donc nécessairement profit de ce précepte. S'ils sont vertueux et tempérants, donnant précisément par leurs actions l'exemple de la vie évangélique, ils reprendront avec douceur ceux qui ne se sont pas résolus à agir de même, leur remontrant qu'ils ne prennent pas pour modèles les manières de vivre conformes à la vertu des maîtres.
Ce n'est point le repentir, mais la persévérance dans le mal, que le Sauveur condamne par ces paroles; tant que la disposition de l'âme reste mauvaise, elle ne peut produire de bons fruits; mais si elle se tourne du côté du bien, alors elle produit des fruits de vertu. La nature de l'arbre s'appelle en nous l'affection, aussi elle peut ce qui est impossible à un arbre mauvais, c'est-à-dire produire de bons fruits.
Notre-Seigneur continue à parler ici contre les hypocrites: «L'arbre qui produit de mauvais fruits, n'est pas bon», etc.; paroles dont voici le sens: Si vous voulez avoir une vertu véritable et sincère, montrez-vous dans les oeuvres ce que vous êtes en paroles; car l'hypocrite qui se couvre du masque de la vertu, n'est cependant pas vertueux, s'il fait le mal; et s'il ose reprendre un innocent, ses reproches ne le rendent pas pour cela mauvais, puisqu'il fait le bien.
Ou bien encore, les épines et les ronces signifient les soucis du siècle et les atteintes perçantes des vices, tandis que les figues et le raisin représentent les douceurs de la vie nouvelle et l'ardeur de la charité. Or, on ne cueille point de figues sur les épines, ni de raisin sur les ronces, parce que l'âme qui est encore courbée sous le poids des habitudes du vieil homme, peut bien avoir l'apparence trompeuse de la fécondité, mais ne peut produire les fruits de l'homme nouveau. Remarquons encore que, de même que la branche féconde de la vigne, s'appuie et s'enlace aux buissons, de sorte que les épines supportent et conservent pour l'usage de l'homme, un fruit qui n'est pas le leur; ainsi les paroles ou les actions des méchants peuvent quelquefois être utiles aux bons, ce qui doit être attribué, non à la volonté des méchants, mais aux desseins providentiels de Dieu qui sait tirer le bien du mal.
Le trésor du coeur est comme la racine de l'arbre; celui donc qui possède dans son coeur un trésor de patience et d'amour parfait, produit des fruits excellents en aimant ses ennemis et en pratiquant tous les divins enseignements qui précèdent; mais celui qui n'a dans son coeur qu'un trésor de méchanceté, agit d'une manière tout opposée.
Par les paroles qui sortent de la bouche, Notre-Seigneur a voulu désigner tout ce qui prend sa source dans notre coeur, c'est-à-dire, les paroles, les actions ou les pensées, car c'est la coutume des Écritures, d'employer les paroles pour les actes.
Comp. Matth. 7, 15-20, et 12, 33-35. Il y a, dit ici
le divin Orateur, une frappante analogie entre les lois qui gouvernent le règne végétal et celles qui dirigent le
royaume des âmes. La nature ou la valeur de l'arbre se reconnaît à son fruit. Bon fruit, bon arbre ; mauvais
fruit, mauvais arbre : la figue sur le figuier et pas ailleurs, le raisin seulement sur la vigne ! De même au
moral pour les hommes. L'homme bon a au fond de son cœur un bon trésor, duquel ne s'échappent que de bonnes choses ; au contraire, le trésor du mauvais homme est mauvais, et il en sort naturellement des choses
mauvaises. Comparez ce trait rabbinique : « Rabbi Jochanan dit à ses disciples : allez et voyez quelle est la
droite ligne de conduite à laquelle l'homme doit adhérer. R. Eliézer dit : C'est un bon œil (la libéralité). R.
Josua dit : c'est d'être un bon compagnon. R. José dit : c'est d'être un bon voisin. R. Siméon dit : c'est de
pourvoir à l'avenir. R. Eléazar dit : c'est un bon cœur. Il leur dit : Je préfère à vos paroles celle d'Eléazar fils
d'Aruch, car vos paroles sont contenus dans la sienne. Il leur dit encore : Allez et voyez quelle est la voie
mauvaise dont l'homme doit se garder. R. Eliézer dit : c'est un mauvais œil (l'avarice). R. Josua dit : c'est
d'être un mauvais compagnon. R. José dit : c'est d'emprunter et de ne pas rendre. R. Eléazar dit : c'est un
mauvais cœur. Il leur dit : Je préfère à vos paroles celle d'Eléazar, car vos paroles sont contenues dans la
sienne. » Pirké Aboth, 2, 9. Or, ajoute Notre-Seigneur, c'est par la bouche que se manifeste l'état du cœur de
l'homme. - Le raisin sur des ronces… S. Luc mentionne la ronce à la place des chardons ou herbes épineuses
du premier Évangile.
Il n'est pas douteux que la doctrine morale chrétienne, par ses racines bibliques, reconnaît l'importance particulière d'un choix fondamental qui qualifie la vie morale et qui engage radicalement la liberté devant Dieu. Il s'agit du choix de la foi, de l'obéissance de la foi (cf. Rm 16, 26), « par laquelle l'homme s'en remet tout entier et librement à Dieu dans " un complet hommage d'intelligence et de volonté " » Cette « foi, opérant par la charité » (Ga 5, 6), vient du centre de l'homme, de son « cœur » (cf. Rm 10, 10), et elle est appelée, à partir de là, à fructifier dans les œuvres (cf. Mt 12, 33-35 ; Lc 6, 43-45 ; Rm 8, 5-8 ; Ga 5, 22). Dans le Décalogue, on trouve, en tête des différents commandements, l'expression fondamentale : « Je suis le Seigneur, ton Dieu... » (Ex 20, 2) qui, donnant leur sens authentique aux prescriptions particulières, multiples et variées, confère à la morale de l'Alliance sa cohérence, son unité et sa profondeur. Le choix fondamental d'Israël concerne alors le commandement fondamental (cf. Jos 24, 14-25 ; Ex 19, 3-8 ; Mi 6, 8). La morale de la Nouvelle Alliance est, elle aussi, dominée par l'appel fondamental de Jésus à venir à sa « suite » — ainsi qu'il le dit au jeune homme : « Si tu veux être parfait... viens et suis-moi » (Mt 19, 21) — : à cet appel, le disciple répond par une décision et un choix radicaux. Les paraboles évangéliques du trésor et de la perle précieuse, pour laquelle on vend tout ce qu'on possède, sont des images par- lantes et vivantes du caractère radical et inconditionnel du choix qu'exige le Royaume de Dieu. Le caractère absolu du choix de suivre Jésus est admirablement exprimé par ses paroles : « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile la sauvera » (Mc 8, 35).