Luc 6, 49
Mais celui qui a écouté et n’a pas mis en pratique ressemble à celui qui a construit sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s’est précipité sur elle, et aussitôt elle s’est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète. »
Mais celui qui a écouté et n’a pas mis en pratique ressemble à celui qui a construit sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s’est précipité sur elle, et aussitôt elle s’est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète. »
Ce langage n'est pas celui d'un homme, mais celui d'un Dieu qui fait voir qu'il est engendré par le Père, car celui-là seul est Seigneur, qui tire son origine de l'unique et seul Seigneur; cependant ne craignez pas de dualité, car tous deux ont une seule et même nature.
Poser le fondement sur la pierre, c'est s'appuyer sur la foi de Jésus-Christ, pour demeurer ferme dans l'adversité, soit qu'elle vienne des hommes, soit qu'elle vienne de Dieu.
Ou enfin, il veut nous enseigner que le fondement de toutes les vertus est l'obéissance aux commandements de Dieu, obéissance qui fait que la maison que nous bâtissons, ne peut être ébranlée ni par le torrent impétueux des passions, ni par la violence des esprits de malice, ni par les eaux entraînantes du monde, ni par les disputes ténébreuses des hérétiques, c'est pourquoi il ajoute: «Les eaux s'étant débordées», etc.
Notre-Seigneur nous enseigne encore que la foi ne sert de rien si la vie est souillée par des vices qui la déshonorent: «Celui qui écoute mes paroles sans les pratiquer, est semblable à un homme qui bâtit sa maison sur la terre sans fondement», etc.
L'exorde de ce long discours du Sauveur est le même dans saint Matthieu et dans saint Luc: «Bienheureux les pauvres». La plupart des enseignements qui suivent, sont également les mêmes dans les deux Évangélistes, et le discours se termine absolument de la même manière, par la comparaison de l'homme qui bâtit sur la pierre ou sur le sable. On serait donc autorisé à croire que saint Luc a rapporté ici le même discours que saint Matthieu, en omettant certaines maximes que saint Matthieu avait développées, pour en rapporter lui-même d'autres que saint Matthieu avait omises; mais on est arrêté par cette difficulté que, suivant saint Matthieu, lorsque le Seigneur fit ce discours, il était assis sur une montagne, tandis que d'après saint Luc, le Sauveur était alors debout dans la plaine. Cependant il est probable que ces deux discours eurent lieu à des époques peu éloignées, par la raison que les deux Évangélistes placent immédiatement avant et après ce discours des faits semblables ou même identiques. On peut aussi supposer que Notre-Seigneur s'est tenu d'abord seul avec ses disciples sur la partie la plus élevée de la montagne, lorsqu'il fit choix parmi eux des douze Apôtres, et qu'il est ensuite descendu du sommet de la montagne dans la plaine, c'est-à-dire, sur un plateau qui se trouvait à mi-côte et qui pouvait contenir une grande multitude. C'est là qu'il s'est tenu debout jusqu'à ce que la foule fût assemblée autour de lui, puis lorsqu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui, et c'est devant eux et en présence de tout le peuple réuni, qu'il fit ce seul et même discours qui est rapporté par les deux Évangélistes.
Celui qui a le souverain domaine sur toute la nature, a droit au nom et à la chose exprimée par le nom.
Le Sauveur nous fait ensuite connaître quels sont les avantages attachés à l'observation des commandements, et quel malheur menace ceux qui les transgressent: «Celui qui vient à moi et qui écoute mes paroles, est semblable à un homme qui bâtit sa maison sur la pierre».
Ou bien encore, ceux-là bâtissent sur la terre sans aucun fondement, qui posent sur le sable mouvant du doute et des opinions humaines, le fondement de l'édifice spirituel que quelques gouttes de tentations suffisent pour renverser.
Notre-Seigneur ne veut pas qu'on se fasse illusion sur le sens de ces paroles: «La bouche parle de l'abondance du coeur», comme s'il n'exigeait des vrais chrétiens que les paroles et non pas les oeuvres; il ajoute donc: «Pourquoi m'appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous point ce que je dis», c'est-à-dire: Pourquoi vous glorifiez-vous de produire les feuilles des louanges de Dieu, vous qui ne produisez aucun fruit de bonnes oeuvres.
Cette pierre, c'est Jésus-Christ; creuser bien avant, c'est à l'aide des préceptes de l'humilité, enlever du coeur des fidèles tout ce qui est terrestre, afin qu'ils servent Dieu pour des motifs tout spirituels.
Ou bien encore, le fondement de la maison, c'est l'intention de mener une vie vertueuse, que le parfait disciple conçoit et place dans son âme pour accomplir fidèlement les préceptes de Jésus-Christ.
Ce débordement arrive de trois manières: sous l'influence des esprits immondes, par l'agitation des méchants, par le trouble de l'âme ou de la chair; plus les hommes mettent leur confiance dans leurs propres forces, plus aussi leur chute est grande, et plus ils s'appuient sur la pierre invincible, plus ils sont inébranlables.
Le monde qui est tout entier fondé sur le malin esprit ( 1Jn 5 ), est la maison du démon; il la bâtit sur la terre, parce qu'il détourne du ciel pour les ramener vers la terre ceux qui se rendent ses esclaves. Il bâtit sans fondement, parce que le péché n'a pas de fondement, il ne subsiste pas en lui-même et par sa propre nature; le mal, en effet, n'a point d'existence propre, c'est une négation, et de quelque manière qu'il arrive, il s'unit à la nature du bien; comme le mot fondement a pour étymologie le mot fond, on peut lui donner cette dernière signification; ainsi, de même que celui qui tombe dans un puits s'arrête nécessairement au fond, de même l'âme qui tombe dans le mal, s'arrête comme dans un espèce de fond, si elle ne dépasse pas une certaine mesure dans le mal qu'elle commet, mais lorsque, non contente du péché où elle est tombée, elle fait tous les jours de nouvelles et plus lourdes des chutes, elle ne trouve plus, pour ainsi dire, de fond qui l'arrête dans le puits où elle est tombée. Ainsi les méchants et ceux qui n'ont que l'apparence du bien, deviennent plus mauvais à chaque tentation qui vient fondre sur eux, jusqu'à ce qu'enfin ils tombent dans les châtiments éternels: «Le torrent est venu fondre sur cette maison et elle est tombée aussitôt», etc. Par ce fleuve qui se précipite avec violence, on peut entendre les suites du jugement dernier, alors que l'une et l'autre de ces deux maisons étant détruites, les impies iront à l'éternel supplice, et les justes dans la vie éternelle.
Second tableau, pour représenter les auditeurs purement
passifs, qui ne se donnent aucune peine pour pratiquer la parole divine. Eux aussi ils bâtissent un édifice ;
mais leur paresse est cause qu'ils en assoient simplement les bases sur le sol : sans fondement, ajoute
emphatiquement S. Luc afin de mieux marquer le contraste qui existe entre eux et les constructeurs du v. 48.
Aussi, lorsque les eaux que la tempête a versées comme une trombe sur le pays se sont précipitées à la façon
d'un fleuve irrésistible contre la pauvre maison, elle s'est écroulée au premier choc. - Aussitôt est une
particularité de S. Luc. - « C'est en agissant, dit S. Augustin, que l'on confirme et consolide ce qu'on a
entendu ».