Marc 14, 36
Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
Abba, Père. Le mot araméen Ἀϐϐᾶ,
,Ab, en hébreu), propre à notre Évangéliste, nous rappelle les locutions analogues Ephpheta ,אב) אבא
Talitha koumi, etc., que S. Marc s’était complu à insérer dans son récit telles que Jésus les avait prononcées.
Saint Paul l’emploie deux fois dans ses Épîtres, cf. Rm 8, 15 ; Ga 4, 6, et il a soin, lui aussi, d’en donner
immédiatement la traduction, Père. C’est de là que sont venus les substantifs « Abbas », abbé. — Tout vous
est possible. Il y a, s’il est permis de parler ainsi, un grand art dans cette prière du Sauveur. Après avoir lancé
vers le ciel une appellation de vive tendresse, Mon Père, elle rappelle à Dieu que tout lui est possible, qu’il
sait atteindre ses fins de mille manières, qu’il peut par conséquent éloigner du suppliant la coupe amère qui
le menace : de là ces mots pressants, éloignez cette coupe… Elle se termine pourtant par un acte d’entier
abandon au bon plaisir du Père tout-puissant : non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez. Sur
l’importance dogmatique de ce passage, voyez l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 26, 39.
Père est mis ici comme explicatif de abba, mot syriaque ― Toutefois, non ma volonté, etc. Voir sur cette traduction, Matthieu, 26, 39.
Mais en même temps, cette connaissance vraiment humaine du Fils de Dieu exprimait la vie divine de sa personne (cf. S. Grégoire le Grand, ep. 10, 39 : DS 475 : PL 77, 1097B). " La nature humaine du Fils de Dieu, non par elle-même mais par son union au Verbe, connaissait et manifestait en elle tout ce qui convient à Dieu " (S. Maxime le Confesseur, qu. dub. 66 : PG 90, 840A). C’est en premier le cas de la connaissance intime et immédiate que le Fils de Dieu fait homme a de son Père (cf. Mc 14, 36 ; Mt 11, 27 ; Jn 1, 18 ; 8, 55 ; etc.). Le Fils montrait aussi dans sa connaissance humaine la pénétration divine qu’il avait des pensées secrètes du cœur des hommes (cf. Mc 2, 8 ; Jn 2, 25 ; 6, 61 ; etc.).
La prière vocale est une donnée indispensable de la vie chrétienne. Aux disciples, attirés par la prière silencieuse de leur Maître, Celui-ci enseigne une prière vocale : le " Notre Père ". Jésus n’a pas seulement prié les prières liturgiques de la synagogue, les Évangiles nous Le montrent élever la voix pour exprimer sa prière personnelle, de la bénédiction exultante du Père (cf. Mt 11, 25-26) jusqu’à la détresse de Gethsémani (cf. Mc 14, 36).
Le Règne que Jésus inaugure est le Règne de Dieu. Jésus lui-même révèle qui est ce Dieu qu'il désigne par le terme familier de « Abba », Père (Mc 14, 36). Dieu, révélé surtout dans les paraboles (cf. Lc 15, 3-32: Mt 20, 1-16), est sensible aux besoins et aux souffrances de tout homme: il est un Père plein d'amour et de compassion qui pardonne et accorde gratuitement les grâces demandées.
73. Nous savons qu’Il s’adressait au Père avec le mot araméen “Abba”, c’est-à-dire “papa”. À l’époque, certains furent gênés par cette familiarité (cf. Jn 5, 18). C’est l’expression que Jésus a utilisée pour communiquer avec le Père lorsque l’angoisse de la mort est apparue : « Abba ! tout t’est possible, éloigne de moi cette coupe, pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36). Il s’est toujours reconnu aimé du Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jn 17, 24). Et Jésus, dans son cœur d’homme, s’extasiait en entendant le Père lui dire : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Mc 1, 11).