Marc 15, 47

Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.

Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.
Origène
A chacun des croyants le Christ a accordé la mort de son propre péché comme un bienfait de la foi, qui vient de sa propre mort. Il s'agit de ceux qui, par la foi, sont morts, crucifiés et ensevelis avec lui; de ce fait le péché ne peut agir sur eux, pas plus que sur des morts, et c'est ainsi qu'on les déclare morts au péché. C'est pourquoi il dit: Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui (cf. Rm 6,8). Il ne dit pas: "nous avons vécu", comme il a dit: "nous sommes morts", mais il dit: "nous vivrons", pour montrer que la mort est à l'oeuvre dans le présent, et la vie dans le futur, c'est-à-dire lorsque paraîtra le Christ, qui est notre vie cachée en Dieu (cf. Col 3,3-4). Maintenant, enseigne saint Paul, c'est la mort qui fait son oeuvre en nous (2Co 4,12). Mais cette mort elle-même, qui fait son oeuvre en nous, me semble comporter différentes étapes.

Chez le Christ, il y eut le temps de la mort dont on dit: Poussant un grand cri, il rendit l'esprit (Mt 27,50). Ensuite il y eut le temps où, mis au tombeau, il gisait, la porte fermée. Puis on vint le chercher au tombeau, et on ne le trouva pas, parce qu'il était déjà ressuscité, résurrection dont aucun homme n'a pu voir le commencement.

De même chez nous, qui croyons en lui, on doit trouver ce triple niveau de mort. Premièrement par la confession en parole, la mort du Christ doit être montrée en nous, lorsque celui qui croit du fond de son coeur devient juste, et celui qui, de bouche, affirme sa foi parvient au salut (cf. Rm 10,10). Deuxièmement, en faisant mourir en nous ce qui appartient encore à la terre (cf. Col 3,5), puisque partout nous subissons dans notre corps la mort de Jésus (2Co 4,10), et c'est en ce sens que, pour saint Paul, la mort fait son oeuvre en nous. Troisièmement, lorsque nous ressuscitons d'entre les morts et que nous menons une vie nouvelle (Rm 6,4). Et, pour nous expliquer plus brièvement et plus clairement, le premier jour de la mort, c'est de renoncer au monde; le deuxième, c'est d'avoir renoncé en outre aux vices de la chair; et lorsqu'on atteint la plénitude de la perfection, dans la lumière de la sagesse, c'est le troisième jour de la résurrection. Cependant ces différentes étapes, en chacun des croyants, et ces progrès successifs, seul peut les connaître et les discerner celui-là qui lit dans le secret des coeurs.

C'est encore ainsi que le Christ s'est anéanti lui-même, a pris la condition de serviteur et a souffert la domination du tyran, s'étant fait obéissant jusqu'à la mort (cf. Ph 2,7). Par cette mort, il a détruit celui qui détenait l'empire de la mort, c'est-à-dire le démon, afin qu'il libère ceux qui étaient captifs de la mort. Le Christ, après avoir ligoté l'homme fort et avoir triomphé de lui sur la croix, pénétra dans sa demeure, la demeure de la mort, l'enfer, et il en arracha ses biens, c'est-à-dire qu'il en délivra les âmes qu'il retenait. Et c'est ce dont lui-même parle d'une façon énigmatique dans l'Évangile: Peut-on entrer dans la maison de l'homme fort et piller ses biens, sans avoir d'abord ligoté cet homme fort (Mt 12,29)?

Il a donc commencé par le lier sur la croix, et c'est ainsi qu'il a pénétré dans sa maison, c'est-à-dire l'enfer, et de là, montant vers les hauteurs, il a emmené captive la captivité (cf. Ep 4,8), c'est-à-dire ceux qui ressusciteront avec lui, et ils entrèrent dans la cité sainte, la Jérusalem céleste (cf. Mt 27,52-53). Aussi l'Apôtre dit-il, dans ce passage que nous étudions: Sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir (Rm 6,9).
Saint Jérôme
C'est par la sépulture du Christ que nous ressuscitons, c'est par sa descente aux enfers que nous montons aux cieux; c'est là que nous trouvons véritablement le miel dans la gueule du lion mort ( Jg 14, 8).

Tous ces détails de la sépulture du Sauveur peuvent aussi s'appliquer au peuple juif, qui doit embrasser la foi à la fin du monde. Ennobli par la foi, il redevient fils d'Abraham, il recouvre l'espérance, il attend le royaume de Dieu; il entre dans l'assemblée des chrétiens pour recevoir le baptême, ce qui est figuré par le nom de Pilate (c'est-à-dire, forgeron), qui dompte les peuples les plus durs, et les gouverne avec un sceptre de fer. Il demande le sacrifice qui est donné comme viatique aux pénitents à la fin de leur vie; il l'enveloppe dans un coeur pur ( 1Tm 1,5 ) et mort au péché, il le dépose dans un lieu fortifié par la foi, le recouvre avec l'espérance par les oeuvres de la charité (car la fin du précepte est la charité). Cependant les élus qui sont comme les étoiles de la mer, regardent de loin, alors que les élus eux-mêmes seront scandalisés, si cela était possible.
Saint Bède le Vénérable
Le mot grec parasceve, veut dire en latin proeparatio, préparation. Les Juifs qui habitaient parmi les Grecs, donnaient ce nom au sixième jour de la semaine, parce qu'on préparait dans ce jour tout ce qui était nécessaire pour assurer le repas du jour de sabbat. C'est le sixième jour que l'homme a été créé, et c'est le septième que le Créateur s'est reposé de toutes ses oeuvres; c'est aussi le sixième jour que le Sauveur attaché à la croix, accomplit le mystère de la réparation du genre humain, et le septième il se repose dans le tombeau en attendant sa résurrection qui devait avoir lieu le huitième jour. Ainsi, pendant l'âge actuel de cette vie, nous devons être nous-mêmes crucifiés au monde; et le septième jour, lorsque chacun de nous aura payé son tribut à la mort, nos corps reposeront dans le tombeau, tandis que nos âmes, après une vie de bonnes oeuvres, se reposeront dans la paix intime de Dieu, en attendant qu'au huitième âge nos corps glorifiés avec nos âmes, reçoivent par leur résurrection le don de l'incorruptibilité.

«Joseph d'Arimathie, qui était très-considéré», etc. Il était convenable que ce fût un homme de ce mérite qui ensevelît le corps de Jésus; qui par la grandeur de ses vertus, fût digne de lui rendre ce devoir, et par le crédit que lui donnait sa haute position dans le monde, pût en obtenir l'autorisation; c'est pour cela que l'Évangéliste nous fait remarquer que c'était un homme d e considération et du grand conseil, et qui lui aussi attendait le royaume de Dieu. On appelait décurion celui qui faisait partie du conseil et qui remplissait les fonctions de conseiller ou de sénateur; on lui donnait aussi le nom de magistrat municipal, à cause des emplois civils qu'il remplissait. Arimathie est la même ville que Ramata, patrie de Samuel et d'Helcana ( 1R 1 ). Arimathie signifie qui détache, et Joseph, qui vint pour détacher le corps de Jésus de la croix, sort de cette ville.

Nous pouvons aussi, dans un sens spirituel, conclure de cet exemple que le corps du Seigneur ne doit pas être enveloppé dans l'or, dans les pierres précieuses et dans la soie, mais dans un linge d'une blancheur éclatante. C'est de là qu'est venu l'usage dans l'Eglise, d'offrir le sacrifice de l'autel, non sur la soie, ni sur une étoffe de couleur, mais sur un tissu de lin qui vient de la terre, en souvenir du corps du Seigneur, qui a été enseveli dans un linceul blanc, comme l'a ordonné par un décret pontifical, le bienheureux pape Sylvestre. Joseph, qui enveloppe le corps de Jésus dans un linceul blanc, est aussi la figure de celui qui le reçoit dans un coeur pur: «Et il le mit dans un sépulcre». Le monument du Sauveur était, dit-on, une cellule de forme ronde, et taillé dans une roche qui se trouvait au-dessous. La hauteur de ce monument était si grande, qu'un homme debout pouvait à peine en toucher la voûte avec la main. On y entrait du côté de l'Orient, et on y roula une grande pierre sur la partie qui regarde le Nord. Le tombeau proprement dit, où fut déposé le corps du Seigneur était creusé dans le même roc, il avait sept pieds de long, s'élevait de trois palmes au-dessus du sol, il était ouvert sur toute sa longueur, non par dessus, mais du côté du Midi, et c'est par cette ouverture que l'on introduisait le corps. La couleur du monument et du tombeau était un mélange de rouge et de blanc.

Nous lisons dans saint Luc, que tous ceux qui connaissaient Jésus, et les femmes qui l'avaient suivi, regardaient de loin ce qui se passait ( Lc 23, 49). Or, tandis que les amis de Jésus regagnent leurs demeures après que Jésus fut descendu de la croix, les saintes femmes seules, qui l'avaient aimé plus tendrement, suivent ses funérailles, elles remarquent avec soin le lieu où on le déposait, afin de pouvoir lui offrir, en temps convenable, l'hommage de leur piété. Or, le jour de la préparation de la pâque, les saintes femmes, c'est-à-dire, les âmes humbles, accomplissent le même devoir, lorsque brûlantes d'amour pour le Sauveur, elles suivent fidèlement les traces de sa passion, dans le cours de cette vie où elles préparent le repos de l'éternité. Elles s'appliquent aussi avec une pieuse curiosité à méditer l'ordre et les circonstances de sa passion, afin de voir comment elles peuvent l'imiter.
La Glose
Après le récit de la passion et de la mort de Jésus-Christ, l'Évangéliste raconte ce qui concerne sa sépulture: «Le soir étant venu, comme c'était le jour de la préparation», etc.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il ensevelit dans un linceul de grand prix un corps aussi précieux, car il était disciple du Seigneur, et il savait avec quel honneur il fallait traiter son divin corps.

La demande qu'il fait est aussi digne d'éloges qu'elle est hardie. Il ne se dit pas à lui-même: Je perdrai mes richesses, je serai banni par les Juifs, si je demande le corps de celui qui a été condamné comme un blasphémateur: «Pilate s'étonnant qu'il fût mort si tôt», etc. Il pensait que sa vie devait se prolonger plus longtemps sur la croix comme celle des voleurs qu'on y suspendait et qui ne mouraient pas sitôt: «Il fit donc venir le centenier et lui demanda s'il était déjà mort», c'est-à-dire avant le temps où les autres criminels rendaient ordinairement le dernier soupir: «Le centenier l'en ayant assuré, il donna le corps à Joseph». - bêdb. Un homme inconnu ou dans une position ordinaire, n'aurait pas osé se présenter chez le gouverneur, et n'en aurait pas obtenu le corps d'un crucifié.

Imitons nous aussi, la conduite de Joseph en recevant le corps de Jésus-Christ dans le sacrement de l'unité, et déposons-le dans un monument taillé dans le roc, c'est-à-dire, dans une âme qui ne perd jamais le souvenir de Dieu; une telle âme est comme taillée dans le roc, c'est-à-dire, dans Jésus-Christ, qui est la pierre, parce qu'il est le principe de toute fermeté. Nous devons aussi envelopper ce divin corps dans un linceul blanc, c'est-à-dire, le recevoir dans un corps pur, car le linceul est l'emblème du corps qui est le vêtement de l'âme, et l'honneur dû au corps de Jésus-Christ, exige que nous le recevions, non-seulement dans une âme innocente, mais dans un corps exempt de toutes souillures. Il faut de plus envelopper le corps et ne pas le laisser à découvert, c'est un secret qu'il faut tenir soigneusement fermé et caché.
Louis-Claude Fillion
L’épisode de la sépulture se termine, dans les deux premiers Évangiles, comme celui du crucifiement. Cf. vv. 40 et 41 ; Matth. 17, 55, 56, 61. De part et d’autre nous voyons, à l’arrière-scène du tableau, les saintes femmes debout, et pourtant attentives à ce qui se passait autour d’elles : elles ne quitteront le Calvaire que lorsque les restes précieux de Jésus auront été mis dans le sépulcre, et encore ne sera-ce qu’avec l’intention de revenir au plus tôt. C’est pour cela qu’elles regardaient où on le mettait.