Marc 16, 20

Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Saint Jérôme
Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui était descendu du ciel pour délivrer notre pauvre nature, remonte ensuite lui-même au plus haut des cieux: «Et le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut élevé dans le ciel», etc.
Saint Augustin
L'Évangéliste semble vouloir nous faire entendre que ce fut là le dernier discours que Jésus leur adressa sur la terre; cependant rien ne nous force absolument de tirer cette conclusion. En effet, saint Marc s'exprime de la sorte: «Après qu'il leur eût parlé», on peut donc admettre, si la nécessité y contraignait, que ce ne fut point là le dernier entretien du Sauveur, et que ces paroles: «Après qu'il leur eût parlé, il fut élevé dans le ciel»,s'étendent à tous les entretiens qu'il eut avec ses disciples pendant ces quarante jours. Cependant ce que nous avons dit plus haut, nous amène plus naturellement à conclure que ce furent réellement les derniers moments que le Sauveur passa sur la terre. C'est donc après les paroles rapportées par saint Marc et les autres détails que nous lisons dans les Actes des Apôtres, que le Seigneur est véritablement monté au ciel.

Il ne faut point entendre qu'il est assis comme les hommes ont coutume de s'asseoir, et dans ce sens que le Père serait assis à la gauche, et le Fils à la droite; la droite, c'est la puissance qu'il a reçue de Dieu comme homme pour venir juger les hommes après qu'il était venu pour être jugé par eux. L'expression s'asseoir ou résider, a le même sens qu'habiter; ainsi nous disons d'un homme, il s'est assis ou il a résidé dans ce pays pendant trois ans; c'est donc ainsi que Jésus-Christ habite à la droite de Dieu le Père, il est heu reux et il habite au sein de la béatitude, qui est appelée la droite du Père. Là, on ne connaît que la droite, parce qu'il n'y a plus aucune souffrance.

Mais comment la prédication des Apôtres s'est-elle répandue par toute la terre, alors qu'il y a encore des nations où l'Évangile commence à peine d'être prêché, et d'autres où .elle n'a pas encore été portée? Nous répondons qu'en imposant ce commandement, aux Apôtres, Notre-Seigneur ne leur donnait pas une mission qu'ils dussent seuls remplir. Ainsi, c'est aux Apôtres seuls qu'il semble avoir dit: «Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles». Qui ne comprend cependant que cette promesse a été faite à l'Eglise universelle, qui au milieu de cette succession continuelle d'hommes qui meurent et d'autres qui naissent, doit subsister jusqu'à la consommation des siècles ?

Nous croyons en Jésus que nous n'avons pas vu. Ceux qui l'ont vu et qui l'ont touché, qui ont entendu la parole de sa propre bouche, nous l'ont annoncé. Ils ont été envoyés par lui pour persuader le genre humain de la vérité. Ils n'ont pas eu l'audace d'y aller eux-mêmes. Et où ont-ils été envoyés? Vous l'avez entendu, quand on nous a lu l'Évangile: Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création (Mc 16,15). Les disciples ont donc été envoyés partout. On les croyait parce que, confirmés par des signes et des prodiges, ils disaient ce qu'ils avaient vu. Et nous, nous croyons en celui que nous n'avons pas vu, et dont nous attendons le retour. Tous ceux qui l'attendent avec joie se réjouiront alors. Et ceux qui ne croient pas, lorsque viendra ce qu'ils ne voient pas maintenant, seront couverts de honte.

Demeurons donc dans ses paroles pour éviter d'être confondus quand il viendra. Car lui-même dit dans l'Évangile à ceux qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Et comme s'ils avaient demandé pour quel avantage, il ajoute: Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres (Jn 8,31-32). Car, pour le moment, notre salut existe en espérance, pas encore en réalité. Puisque nous ne tenons pas encore ce qui a été promis, nous espérons seulement que cela viendra. Il est fidèle, celui qui a promis, il ne te trompe pas. Mais de ton côté, ne succombe pas, attends la promesse, car la vérité ne peut pas tromper. Et toi, ne sois pas menteur en professant une chose tandis que tu en fais une autre. Garde la foi, et lui gardera sa promesse. Mais si tu ne gardes pas la foi, c'est toi qui es coupable de fraude, non celui qui a promis.

Puisque vous savez que Dieu est juste, reconnaissez aussi que tout homme qui vit selon la justice de Dieu est vraiment né de lui (1Jn 2,29). Actuellement notre justice vient de la foi. La justice parfaite ne se trouve que chez les anges, et même pas chez eux si on les compare à Dieu. Pourtant s'il y a une justice parfaite dans les âmes et les esprits créés par Dieu, c'est bien chez les anges saints, justes et bons que nulle chute n'a fait dévier, qu'aucun orgueil n'a fait tomber, mais qui demeurent toujours dans la contemplation du Verbe de Dieu et qui trouvent leur unique douceur en celui qui les a créés. En eux la justice est parfaite, et en nous, par la foi, elle commence à exister selon l'Esprit.
Saint Grégoire le Grand
Nous savons par l'Ancien Testament, qu'Elie a été enlevé au ciel (). Mais il faut distinguer ici entre le ciel éthéré et le ciel aérien ou atmosphérique qui est plus rapproché de la terre. Elie fut donc enlevé dans le ciel aérien, et déposé dans une région secrète du monde pour y vivre dans une paix profonde de l'âme et du corps, jusqu'à ce qu'il revienne à la fin du monde et paie son tribut à la mort. Remarquons aussi qu'Elie a été remporté sur un char, pour démontrer clairement que n'étant qu'homme il avait besoin d'un secours étranger; notre Rédempteur, au contraire, n'a eu besoin ni d'un char, ni des anges pour monter au ciel; créateur de toutes choses, il s'élevait par sa propre vertu au-dessus de tous les éléments. Considérons encore ce que saint Marc ajoute: «Et il est assis à la droite de Dieu» alors qu'Etienne s'écria: «Je vois les deux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu». ( Ac 7) Celui qui juge s'asseoit, celui qui combat ou porte secours se tient debout. Or, Etienne, au milieu du combat qu'il soutenait, voit debout Jésus-Christ qu'il avait pour soutien; mais saint Marc nous le montre assis à la droite de Dieu, parce qu'après la gloire de son ascension il parait dans cette attitude comme juge des hommes à la fin du monde.

Que devons-nous considérer dans ces paroles? C'est que l'obéissance suit le commandement, et que les prodiges accompagnent l'obéissance que leur avait commandée le Seigneur: «Allez dans tout l'univers, et prêchez l'Évangile»; et dans les Actes, 3: «Vous me rendrez témoignage jusqu'aux extrémités de la terre ( Mt 28, 19) ».
Saint Bède le Vénérable
Il est à remarquer que l'évangéliste saint Marc prolonge d'autant plus son récit, qu'il l'a commencé à une période plus avancée de la vie du Sauveur. Il débute, en effet, par la prédication de Jean-Baptiste, et il conduit son récit jusqu'au temps où les Apôtres ont semé par tout l'univers cette même parole de l'Évangile.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Remarquons encore que la parole est confirmée par les oeuvres, comme les discours des Apôtres étaient confirmés par les miracles qui les accompagnaient. O Christ, faites que nos discours que nous prononçons avec autorité, soient toujours confirmés par nos oeuvres et par nos actes, afin qu'à l'aide de votre coopération toute-puissante, nous devenions parfaits dans toutes nos paroles comme dans toutes nos actions, car c'est à vous seul qu'il faut renvoyer la gloire de nos paroles comme de nos oeuvres. Ainsi soit-il.
Louis-Claude Fillion
Et eux, étant partis. Le pronom « eux » désigne les Apôtres. Cf. vv. 14, 15, 19. Ce verset s’enchaîne avec le précédent : La vie de Jésus parmi les hommes a pris fin avec l’Ascension, aussitôt commence, sans la moindre interruption, la vie de son Église : c’est par cette grande pensée que S. Marc achève son récit. Voilà pourquoi ses dernières lignes sont consacrées à décrire, avec cette rapidité, ce pittoresque, cette concision, que nous avons si souvent admirés dans sa rédaction, le ministère des Apôtres succédant à celui du Christ, l’Église chrétienne s’établissant dans le monde entier. — Prêchèrent partout. Dociles aux ordres de leur Maître, les ouvriers évangéliques se répandent partout. « Un psaume (Ps 18, 5) le dit : Sur toute la terre se répand leur message, et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde ». S. Paul, Rm 10, 18. — Le Seigneur travaillant avec eux. Si les disciples n’oublient pas les prescriptions de Jésus, Jésus de son coté n’oublie pas ses promesses. Il a dit : « Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps », Matth. 28, 20, et voici qu’en effet, d’après l’énergique parole de S. Marc, il se fait le collaborateur de ses prédicateurs. Et il manifeste sa collaboration divine par les prodiges qui se multiplient sous les pas des Apôtres, et qui communiquent à leur prédication une efficacité toute divine. L’histoire de l’Église est là pour le prouver. — Dans le texte grec, nous trouvons à la fin du second Évangile, comme à la fin du premier, un « Amen » apocryphe et inutile.
Fulcran Vigouroux
Ces miracles étaient nécessaires, pour entretenir la foi, dans les premiers temps de l’Eglise, comme il est nécessaire d’arroser les jeunes arbres qu’on vient de planter (saint Grégoire).
Concile œcuménique
Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appela à lui ceux qu’il voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu’ils les sanctifient et les gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi l’Église et remplissant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le service pastoral tous les jours jusqu’à la consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette mission (cf. Ac 2, 1-26), selon la promesse du Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En prêchant partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres rassemblent l’Église universelle que le Seigneur a fondée en ses Apôtres et bâtie sur le bienheureux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20).
Catéchisme de l'Église catholique
Pour que cet appel retentisse par toute la terre, le Christ a envoyé les apôtres qu’Il avait choisis en leur donnant mandat d’annoncer l’Évangile : " Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 19-20). Forts de cette mission, les apôtres " s’en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient " (Mc 16, 20).

Le motif de croire n’est pas le fait que les vérités révélées apparaissent comme vraies et intelligibles à la lumière de notre raison naturelle. Nous croyons " à cause de l’autorité de Dieu même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper ". " Néanmoins, pour que l’hommage de notre foi fût conforme à la raison, Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés des preuves extérieures de sa Révélation " (ibid., DS 3009). C’est ainsi que les miracles du Christ et des saints (cf. Mc 16, 20 ; He 2, 4), les prophéties, la propagation et la sainteté de l’Église, sa fécondité et sa stabilité " sont des signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de tous ", des " motifs de crédibilité " qui montrent que l’assentiment de la foi n’est " nullement un mouvement aveugle de l’esprit " (Cc. Vatican I : DS 3008-3010).
Pape Saint Jean-Paul II
Les diverses formes de l'«envoi en mission» comportent des points communs et chacune a des traits caractéristiques; mais deux éléments se retrouvent dans toutes les versions. D'abord, la dimension universelle de la tâche confiée aux Apôtres: «Toutes les nations» (Mt 28, 19); «dans le monde entier ..., à toute la création» (Mc 16, 15); «toutes les nations» (Lc 24, 47); «jusqu'aux extrémités de la terre» (Ac 1, 8). En second lieu, l'assurance donnée par le Seigneur qu'ils ne resteront pas seuls pour accomplir cette tâche, mais qu'ils recevront la force et les moyens de remplir leur mission. Ainsi se manifestent la présence et la puissance de l'Esprit, de même que l'aide de Jésus: «Ils s'en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux» (Mc 16, 20).
Pape Francois
214. Par conséquent, si nous nous engageons à aider quelqu’un, cela ne signifie pas que nous oublions Jésus. Au contraire, nous le rencontrons d’une autre manière. Et lorsque nous essayons de relever et de guérir quelqu’un, Jésus est là, à nos côtés. En fait, il est bon de se rappeler qu’en envoyant ses disciples en mission, « le Seigneur agissait avec eux » (Mc 16, 20). Il est là, travaillant, luttant et faisant le bien avec nous. D’une manière mystérieuse, c’est son amour qui se manifeste par notre service, c’est lui qui parle au monde dans ce langage qui parfois n’a pas de mots.