Marc 2, 12
Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient frappés de stupeur et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »
Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient frappés de stupeur et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »
Ou bien saint Matthieu appelle Capharnaüm la ville du Sauveur, parce que Jésus y allait souvent et qu'il y faisait beaucoup de miracles.
«Et lorsqu'on sut qu'il était dans la maison, il s'y assembla un grand nombre de personnes», etc. Le désir de l'entendre triomphait des difficultés qu'on avait de l'approcher. C'est alors qu'on introduisit le paralytique, dont parle saint Matthieu et saint Luc: «Et on lui amena un paralytique qui était porté par quatre hommes», et trouvant la porte obstruée par la foule, ils furent quelque temps sans pouvoir entrer. Toutefois les porteurs, espérant que le paralytique pourrait obtenir la grâce de sa guérison, le soulevèrent avec son lit, et l'introduisirent par une ouverture qu'ils firent au toit, et le déposèrent sous les yeux du Sauveur: «Et comme ils ne pouvaient le lui présenter», etc. Or, Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: «Mon fils, vos péchés vous sont remis». L'Évangéliste veut parler de la foi non du paralytique, mais de ceux qui le portaient; car il arrive quelquefois qu'on doit sa guérison à la foi d'autrui.
Mais comme il est plus aisé de dire que de faire, ils persévéraient ouvertement dans leur incrédulité, parce qu'il n'avait pas encore opéré le fait extérieur qu'ils désiraient. Aussi, ajoute-t-il: «Or, afin que vous sachiez», etc. Comme s'il disait: Puisque vous doutez de ma parole, j'y joindrai les oeuvres, pour confirmer la vérité de ce qui ne paraît pas à vos yeux, il dit donc clairement: «Le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés», pour montrer qu'il a uni par un lien indissoluble la puissance divine avec la nature humaine. Il s'est fait homme, il est vrai, mais il n'en demeure pas moins le Verbe de Dieu; il a daigné, par son incarnation, converser avec les hommes, mais il n'en avait pas moins la puissance de faire des miracles, et d'accorder la rémission des péchés; car son humanité n'a diminué en rien les attributs de sa divinité; et la divinité n'a point empêché que le Verbe de Dieu se fit sur la terre Fils de l'homme, en réalité et d'une manière permanente.
Il commença par guérir ce qu'il était venu chercher, c'est-à-dire les âmes en remettant leurs péchés, pour opposer ensuite au doute des pharisiens un miracle sensible, confirmer sa parole par ses oeuvres, et prouver par l'évidence du prodige extérieur la vérité du prodige intérieur, c'est-à-dire la guérison de l'âme rendue manifeste par la guérison du corps.
Les Juifs professaient que Dieu seul peut remettre les péchés. Jésus, avant même de remettre les péchés, a révélé les secrets des coeurs, montrant par là qu'il possédait aussi cet autre pouvoir réservé à Dieu. Évidemment, les scribes se gardaient bien de dévoiler leurs pensées. Or, quelques scribes se disaient: Cet homme blasphème. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit: Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises (Mt 9,3-4)?
Aussi bien, il ne revient à personne d'autre qu'à Dieu de connaître les secrets des coeurs. C'est ce que dit le prophète: Toi seul, tu connais les secrets des humains (2Ch 6,30). Il est encore écrit: Dieu, toi qui scrutes les coeurs et les reins (Ps 7,10). <> Jésus révèle donc sa divinité et son égalité avec le Père en dévoilant aux Juifs le fond de leur coeur, et en divulguant des pensées qu'ils n'osent pas déclarer ouvertement par crainte de la foule. Et il fait cela avec beaucoup de douceur, en posant la question: Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises?
A tout prendre, si quelqu'un avait lieu de ne pas être satisfait, c'était bien le paralytique. Il aurait pu manifester sa déception au Christ en lui disant: "Soit! Tu es venu pour soigner une autre maladie et guérir un autre mal. Mais quelle preuve aurai-je que mes péchés sont pardonnes?" Or, il ne dit rien de tel, mais il se confie à celui qui a le pouvoir de le guérir.
Alors les Juifs, terriblement jaloux, se mettent à comploter contre le bien des autres. C'est pourquoi Jésus les réprimande, mais avec une extrême douceur: "Si donc, veut-il dire, vous refusez d'ajouter foi à ce que je viens de dire et que vous taxiez mes paroles d'orgueil, voici que je les confirme en dévoilant vos secrets. Et je vous apporte encore une autre preuve: Voyez, je vais montrer mon pouvoir sur ce corps paralysé! "
Par ailleurs, dans les premières paroles qu'il adresse au paralytique, Jésus n'affirme pas clairement qu'il agit de sa propre autorité. Il ne dit pas: "Je te pardonne tes péchés", mais: Tes péchés sont pardonnes (Mt 9,2). Ensuite, lorsque les scribes l'y contraignent, il déclare sans ambiguïté que ce pouvoir lui appartient: Pour que vous sachiez, dit-il, que le Fils de l'homme a le pouvoir, sur terre, de pardonner les péchés... (Mt 9,6).
D'ailleurs, avant même de guérir l'infirme, il avait posé cette question aux scribes: Qu'est-ce qui est le plus facile? De dire: Tes péchés sont pardonnes, ou bien de dire: Prends ta civière et rentre chez toi (Mt 9,5-6)? Autrement dit: "Qu'est-ce qui vous semble le plus facile? De montrer son pouvoir sur un corps inerte, ou de pardonner à une âme ses fautes?" C'est évidemment de guérir un corps, car le pardon des péchés dépasse cette guérison autant que l'âme est supérieure au corps. Mais puisque l'une de ces oeuvres est visible, et l'autre pas, je vais accomplir également l'oeuvre qui est visible et moindre, pour prouver celle qui est plus grande et invisible.
A ce moment-là, Jésus a témoigné par ses oeuvres qu'il est, comme l'a dit Jean Baptiste, celui qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1,29).
Aussi bien, il ne revient à personne d'autre qu'à Dieu de connaître les secrets des coeurs. C'est ce que dit le prophète: Toi seul, tu connais les secrets des humains (2Ch 6,30). Il est encore écrit: Dieu, toi qui scrutes les coeurs et les reins (Ps 7,10). <> Jésus révèle donc sa divinité et son égalité avec le Père en dévoilant aux Juifs le fond de leur coeur, et en divulguant des pensées qu'ils n'osent pas déclarer ouvertement par crainte de la foule. Et il fait cela avec beaucoup de douceur, en posant la question: Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises?
A tout prendre, si quelqu'un avait lieu de ne pas être satisfait, c'était bien le paralytique. Il aurait pu manifester sa déception au Christ en lui disant: "Soit! Tu es venu pour soigner une autre maladie et guérir un autre mal. Mais quelle preuve aurai-je que mes péchés sont pardonnes?" Or, il ne dit rien de tel, mais il se confie à celui qui a le pouvoir de le guérir.
Alors les Juifs, terriblement jaloux, se mettent à comploter contre le bien des autres. C'est pourquoi Jésus les réprimande, mais avec une extrême douceur: "Si donc, veut-il dire, vous refusez d'ajouter foi à ce que je viens de dire et que vous taxiez mes paroles d'orgueil, voici que je les confirme en dévoilant vos secrets. Et je vous apporte encore une autre preuve: Voyez, je vais montrer mon pouvoir sur ce corps paralysé! "
Par ailleurs, dans les premières paroles qu'il adresse au paralytique, Jésus n'affirme pas clairement qu'il agit de sa propre autorité. Il ne dit pas: "Je te pardonne tes péchés", mais: Tes péchés sont pardonnes (Mt 9,2). Ensuite, lorsque les scribes l'y contraignent, il déclare sans ambiguïté que ce pouvoir lui appartient: Pour que vous sachiez, dit-il, que le Fils de l'homme a le pouvoir, sur terre, de pardonner les péchés... (Mt 9,6).
D'ailleurs, avant même de guérir l'infirme, il avait posé cette question aux scribes: Qu'est-ce qui est le plus facile? De dire: Tes péchés sont pardonnes, ou bien de dire: Prends ta civière et rentre chez toi (Mt 9,5-6)? Autrement dit: "Qu'est-ce qui vous semble le plus facile? De montrer son pouvoir sur un corps inerte, ou de pardonner à une âme ses fautes?" C'est évidemment de guérir un corps, car le pardon des péchés dépasse cette guérison autant que l'âme est supérieure au corps. Mais puisque l'une de ces oeuvres est visible, et l'autre pas, je vais accomplir également l'oeuvre qui est visible et moindre, pour prouver celle qui est plus grande et invisible.
A ce moment-là, Jésus a témoigné par ses oeuvres qu'il est, comme l'a dit Jean Baptiste, celui qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1,29).
La paralysie est l'image de la torpeur spirituelle, dans laquelle languit le paresseux, engourdi par une honteuse mollesse, tout en conservant le désir du salut de son âme.
Saint Matthieu rapporte ( Mt 9) que le miracle qui suit, fut opéré dans la ville du Sauveur; Saint Marc le place à Capharnaüm. Il serait difficile de résoudre cette difficulté, si saint Matthieu avait dit positivement que cette ville est Nazareth. Mais comme la Galilée a très bien pu être appelée la patrie du Seigneur, parce que Nazareth se trouvait dans la Galilée, on peut dire que le Seigneur a fait ce miracle dans sa ville, puisqu'il l'a opéré dans Capharnaüm, ville de Galilée, surtout si l'on se rappelle que Capharnaüm dominait tellement sur toutes les villes de la Galilée, qu'elle en était regardée comme la métropole. Ou bien saint Matthieu ne parle des miracles opérés par Jésus-Christ à Nazareth, que quand il fût arrivé à Capharnaüm, et ce n'est qu'après avoir dit: «Et il vint dans sa ville», qu'il ajoute, en parlant de la guérison du paralytique: «Et voici qu'ils lui présentaient un paralytique».
Ils l'accusent de blasphème, et dans leur précipitation homicide, ils portent contre lui une sentence de mort. Car la loi ordonnait que quiconque blasphémerait contre Dieu, serait puni de mort. Or, ils l'accusaient de ce crime, parce qu'il s'attribuait la puissance de remettre les péchés. Qui peut, en effet, ajoutent-ils remettre les péchés, sinon Dieu seul? Celui-là seul qui est le juge de tous les hommes a le pouvoir de remettre les péchés.
Or, il y avait là quelques scribes assis, qui pensaient dans leurs coeurs: «Comment cet homme parle-t-il ainsi? il blasphème».
Jésus opère donc un prodige extérieur, pour rendre témoignage au miracle intérieur, bien qu'à vrai dire, il appartînt à la même puissance de guérir les maladies du corps et celles de l'âme: «Et aussitôt, il se leva, et ayant pris son lit, il s'en alla en présence de tous».
La miséricorde divine, loin d'abandonner les hommes charnels, daigne leur accorder la faveur de sa visite, afin d'en faire des hommes spirituels. C'est pour cela que Jésus-Christ quitte le désert pour revenir dans la ville: «Et il entra de nouveau à Capharnaüm», etc.
Quelle n'est pas, près de Dieu, la puissance de la foi personnelle de chaque fidèle, si la puissance de la foi d'autrui et de leurs mérites, a été si grande, qu'elle a obtenu pour cet homme la guérison complète de son corps et de son âme, et la rémission de ses péchés !
Le Seigneur, avant de guérir cet homme de sa paralysie, commence par briser les liens de ses péchés, afin de montrer que c'étaient ces liens funestes qui l'avaient condamné à cet anéantissement de ses membres, et qu'il n'en pouvait recouvrer l'usage qu'après avoir été délié de ses fautes. O admirable humilité de Jésus ! Cet homme méprisé et faible, dont les membres ont perdu tout ressort et toute force, Jésus l'appelle son fils, lui que les prêtres n'auraient même pas voulu toucher. Ou bien encore, il lui donne le nom de fils, parce que ses péchés lui sont remis.
Dieu remet encore les péchés, par ceux qui ont reçu de lui le pouvoir de les remettre; et une preuve évidente de la divinité de Jésus-Christ, c'est qu'il peut remettre les péchés comme Dieu. Les Juifs sont donc dans l'erreur, lorsque tout en reconnaissant que le Christ est Dieu, et qu'il peut remettre les péchés, ils refusent de croire que Jésus est le Christ promis à leurs pères. Mais, l'erreur des ariens est encore plus absurde, eux qui, convaincus par les paroles de l'Évangile, n'osent nier que Jésus soit le Christ, qu'il puisse remettre les péchés, et ont néanmoins l'audace d'affirmer qu'il n'est pas Dieu. Toutefois, Jésus, qui désire sauver ces âmes perfides, fait éclater sa divinité, et par la manifestation des pensées secrètes du coeur et par la puissance de ses oeuvres. «Aussitôt, Jésus, connaissant dans son esprit ce qu'ils pensaient en eux-mêmes, il leur dit: Pourquoi pensez-vous ces choses dans vos coeurs ?» Il leur prouve ainsi qu'il est Dieu, puisqu'il peut connaître les secrets des coeurs; et son silence semble leur dire en quelque sorte: Cette vertu divine; cette majesté souveraine qui pénètre vos pensées les plus cachées, peut pareillement remettre aux hommes leurs péchés.
Nous devons aussi comprendre par là, que les péchés sont la source de la plupart des infirmités corporelles; et c'est probablement pour cela, que les péchés sont remis tout d'abord, afin que la santé ne soit rendue que lorsque les causes de l'infirmité ont disparu. En effet, les hommes sont soumis aux infirmités de la chair, pour cinq causes: c'est pour augmenter leurs mérites, comme nous le voyons dans Job et dans les martyrs; ou pour conserver l'humilité, comme il advint à saint Paul, tourmenté par l'ange de Satan; ou pour nous faire comprendre la malice de nos péchés et la nécessité de nous en corriger, comme Dieu le permit pour Marie, soeur de Moïse, et pour le paralytique; ou pour la gloire de Dieu, comme l'aveugle-né et Lazare en sont une preuve; ou comme un commencement de damnation, comme il arriva pour Hérode et Antiochus. Or, nous devons admirer la vertu de la puissance divine, qui, sur-le-champ, et d'une seule parole, opère le salut de cet homme. Aussi, lisons-nous: «Et ils étaient dans l'admiration», etc. - victor d'antioche. Ils négligent le plus important, c'est-à-dire la rémission des péchés, pour admirer ce qui frappe les yeux, la guérison du corps.
Jésus, prêchant dans cette maison, ne peut être entendu de ceux qui étaient à la porte, c'est-à-dire que lorsque Jésus prêchait dans la Judée, les Gentils ne purent entrer pour l'entendre, mais cependant il envoya des prédicateurs à ceux qui étaient dehors pour leur enseigner sa doctrine.
Ou bien ces quatre hommes représentent les quatre vertus que l'on nomme la prudence, la force, la tempérance, la justice, et sur lesquelles l'homme s'appuie, pour parvenir à la guérison. Ces vertus désirent présenter le paralytique au Sauveur, mais elles ne peuvent arriver jusqu a Jésus, a cause de la foule qui empêche tout accès près de lui. Souvent, en effet, l'âme, qui après les langueurs des infirmités du corps, désire se renouveler à l'aide de la grâce divine, se sent retardée par l'obstacle de ses habitudes anciennes. Souvent aussi, au milieu des douceurs de l'oraison mentale et du colloque délicieux de l'âme avec son Dieu, la foule des pensées étrangères vient à la traverse, obscurcit l'oeil intérieur, et l'empêche de jouir de la vue de Jésus-Christ. Il ne faut donc pas demeurer dans les basses régions, ou s'agite la foule, mais il faut monter dans la partie supérieure de la maison, c'est-à-dire qu'il faut entrer avec empressement dans les sublimités de la sainte Ecriture, en méditant la loi divine.
Ou bien encore, le malade est introduit par le toit entr'ouvert, pour signifier qu'on parvient à la connaissance du Christ, par les mystères des Écritures qui nous sont découverts, c'est-à-dire qu'on descend jusqu'à ce Dieu humilié, par une foi pleine de piété. Ce malade, couché sur son grabat, signifie que Jésus-Christ doit être connu par l'homme, encore enveloppé de sa chair mortelle; se lever de son grabat, c'est soustraire son âme aux désirs charnels, qui la tenaient assujettie; emporter son lit, c'est soumettre sa chair au frein salutaire de la continence, et la séparer des jouissances terrestres, dans l'espérance des récompenses du ciel; retourner dans sa maison en emportant son lit, c'est retourner vers le paradis. Ou bien encore, celui qui était malade revient guéri, et emporte son lit dans sa maison, c'est-à-dire que l'âme, après avoir reçu la rémission de ses péchés, s'astreint à la garde intérieure d'elle-même et des sens.
Jésus vit aussi la foi du paralytique; car s'il n'eût pas eu foi en sa guérison, il ne se serait pas laissé porter aux pieds de Jésus-Christ.
Mais quoique leurs pensées fussent ainsi révélées, ils n'en restent pas moins insensibles, et ne veulent pas reconnaître que celui qui pénètre le fond de leurs coeurs, puisse remettre les péchés. Aussi, le Seigneur prouve la guérison de l'âme par la guérison du corps, il démontre l'invisible par ce qui est visible, ce qui est plus difficile par ce qui est facile, bien que telle ne fût pas leur manière de juger. Car ils regardaient la guérison du corps comme plus difficile, parce qu'elle est extérieure, et celle de l'âme comme plus facile, parce qu'elle est invisible, tel était donc à peu près leur raisonnement: Il renonce à guérir les corps, et il prétend guérir l'âme qui est invisible. Mais s'il en avait le pouvoir, il aurait déjà guéri le corps de cet homme, et ne se serait pas retranché dans la guérison invisible de l'âme. Le Sauveur donc, pour leur démontrer qu'il peut l'un et l'autre, leur dit: «Qui est le plus facile ?» c'est-à-dire, en opérant la guérison du corps qui, en réalité, est plus facile, mais qui vous paraît à vous plus difficile, je vous forcerai de reconnaître la guérison de l'âme qui est plus difficile.
Il dit donc au paralytique: «Prenez votre lit», pour établir plus clairement la vérité du miracle, et pour montrer qu'il n'est pas seulement apparent, mais bien réel, et qu'avec la guérison, il rend à cet homme la force. C'est ainsi qu'il ne se contente pas de retirer les âmes du péché, mais qu'il leur donne encore la force pour accomplir les commandements.
Ce paralytique n'est point celui dont saint Jean raconte la guérison. Ce dernier n'avait point d'homme pour le porter. Celui dont il est ici question, en a quatre. L'un est guéri dans la piscine, l'autre dans une maison particulière. Mais c'est le même dont saint Marc et saint Matthieu rapportent la guérison. Il y a aussi une signification mystérieuse dans le lieu choisi par Jésus-Christ pour opérer ce miracle, c'est Capharnaüm, le lieu de la consolation.
Si donc dans le funeste relâchement des puissances de mon âme, semblable à un paralytique, je tends mollement vers le bien; et que porté par les quatre Évangélistes, je sois présenté à Jésus-Christ, j'entendrai cette parole: «Mon fils, vos péchés vous sont remis»; car on devient fils de Dieu par l'accomplissement de ses préceptes.
Mais comment serai-je porté aux pieds de Jésus-Christ, à moins que le toit ne soit entr'ouvert? Car ce toit figure l'intelligence qui domine toutes les puissances de notre être. Cette intelligence tient beaucoup à la terre, si l'on considère les tuiles faites d'argile, c'est-à-dire les choses terrestres qui l'enveloppent. Mais si on les soulève, la vertu de notre intelligence, comme allégée, retrouve toute sa force. Il faut ensuite nous faire entrer par cette ouverture, c'est-à-dire il faut que l'âme s'humilie; car elle doit, non s'enfler de ce que l'intelligence est délivrée d'un accablant fardeau, mais s'humilier davantage.
Disons encore qu'il faut emporter son lit, c'est-à-dire soulever son corps, pour opérer le bien; car ce n'est qu'alors que nous pourrons parvenir aux sublimes hauteurs de la contemplation, et dire au fond de notre coeur: Jamais nous n'avons vu avec tant de clarté, c'est-à-dire jamais nous n'avons si bien compris les célestes vérités, que depuis la guérison de notre paralysie; car celui qui est purifié du péché, a l'oeil de l'âme plus limpide et plus pur.
Et aussitôt il se leva… La scène est pour ainsi dire photographiée, tant elle est
vivante et détaillée. On voit le paralytique se dresser sur son séant, sauter promptement à bas de sa couchette,
la charger sur ses épaules et s’en aller en présence de tous. Comme tous les regards devaient être rivés sur lui ! — Ils furent tous dans l’admiration… L’admiration est universelle, ou plutôt, suivant l’énergie du texte
grec (cf. Luc 5, 26), c’est une sorte d’extase qui s’empare de toute l’assistance, tant le miracle a été frappant
dans ses différentes circonstances ! — Et rendaient gloire à Dieu. Du fait surnaturel dont elle vient d’être
témoin, la pieuse foule remonte aussitôt à Dieu, l’auteur de tout don parfait. Ainsi donc, les Scribes
accusaient Jésus de blasphème, et voilà qu’au contraire il avait porté le peuple à glorifier le Seigneur. — Les
Juifs se sont autrefois excusés, dans leur Talmud, de n’avoir pas cru en Jésus parce qu’il n’avait pas le
pouvoir de remettre les péchés : « Auprès de lui ne se trouvait pas le pouvoir de remettre nos péchés. Nous
l’avons donc répudié » [200]. L’excuse est-elle bien valable ? — Voyez d’anciennes représentations
artistiques de la guérison du paralytique [201].