Marc 2, 22
Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »
Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »
Les disciples de Jean et ceux des pharisiens dévorés d'envie contre Jésus-Christ, lui demandent s'il sera le seul avec ses disciples pour prétendre, sans abstinence et sans efforts, triompher des passions.
Il s'appelle l'Epoux, parce qu'il doit prendre l'Eglise pour Epouse. Or, ses épousailles, ce sont les arrhes qu'il a données, c'est-à-dire la grâce de l'Esprit saint qui a conquis à la foi l'univers entier.
Il déclare que son commerce est exempt de toute amertume, lorsqu'il ajoute: «Tant qu'ils ont avec eux l'Epoux», etc. Celui-là s'attriste qui ne possède pas actuellement le bonheur; mais celui qui en jouit est dans la joie et ne connaît point la tristesse. Or afin de détruire dans leur coeur tout sentiment d'orgueil et de montrer qu'il ne gardait pas ses disciples pour les vaines joies de la terre, il ajoute: «Viendront les jours où l'Epoux leur sera enlevé», etc. Comme s'il disait: viendra le temps où ils pourront manifester leur force et leur vigueur. Car, quand l'Epoux leur sera enlevé, ils jeûneront alors; ils aspireront ardemment après sa venue, afin d'unir à ce divin Epoux leurs coeurs purifiés par les épreuves de la terre. Il montre aussi par là qu'il n'y a nulle nécessité pour ses disciples de jeûner, puisqu'ils ont au milieu d'eux l'Epoux de la nature humaine, qui partout préside aux oeuvres d e la Providence divine et répand le germe de la vie dans les urnes. - Il les appelle fils de l'Epoux, parce qu'en effet ils sont encore enfants et qu'ils ne peuvent en cette qualité se conformer pleinement à leur Epoux et à leur Père qui, eu égard à la fragilité de leur âge, les dispense de l'obligation du jeûne. Mais après le départ de l'Epoux, ils regretteront de l'avoir perdu et ils jeûneront alors. Toutefois, lorsqu'ils auront atteint la perfection et qu'ils seront unis à l'Epoux dans des noces toute célestes, oh ! alors, ils savoureront éternellement les mets du royal festin.
«Personne ne coud un morceau de drap neuf à un vieux vêtement», etc. C'est-à-dire: Ils sont les prédicateurs du Nouveau Testament; il n'est donc pas possible de les assujettir aux lois anciennes. Pour vous, qui suivez les anciennes coutumes, c'est avec raison que vous observez les jeûnes prescrits par la loi de Moïse. Eux, au contraire, qui vont enseigner aux hommes de nouvelles et merveilleuses observances, devront laisser les anciennes et pratiquer les vertus intérieures. Toutefois, viendra le temps où ils seront fidèles à la pratique du jeûne et des autres vertus; mais ce jeûne diffère de celui de la loi: Ce dernier était imposé, celui de mes disciples sera volontaire, et le fruit d'une sainte ferveur dont ils ne sont pas encore capables, ce que veulent dire les paroles suivantes: «Personne ne met de vin nouveau dans des outres vieilles», etc.
On peut admettre que saint Marc a joint les pharisiens aux disciples de saint Jean, parce qu'ils auraient fait avec eux l'observation qui suit: «Et ils dirent au Seigneur», etc. Saint Matthieu n'attribue cependant ces paroles qu'aux disciples de Jean. Mais la suite indique plutôt que ce ne sont ni les uns ni les autres qui l'ont faite. En effet, nous lisons: «Et ils vinrent et dirent à Jésus: Pourquoi les disciples de Jean», etc. Ces paroles prouvent assez que les convives présents vinrent à Jésus, et qu'ils adressèrent à ses disciples l'observation ci-dessus. Ainsi, quand saint Marc dit: «Et ils vinrent à Jésus», il n'entend point parler de ceux dont il vient de dire: «Et les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnaient»; mais à l'occasion de ce jeune, d'autres qui s'en préoccupent viennent trouver Jésus. D'où vient donc que saint Matthieu dit formellement: «Et les disciples de Jean s'approchèrent de lui, et lui dirent», etc.? Gela prouve uniquement qu'eux aussi étaient là présents, et que tous en cette circonstance s'empressent de faire cette question.
Saint Marc appelle ici conviés aux noces (ou fils des noces) ceux que saint Matthieu appelle les fils ou les amis de l'Epoux, et il faut entendre par ces invités aux noces les amis, non-seulement de l'Epoux, mais de l'Epouse.
Jean-Baptiste ne but ni vin ni aucune boisson fermentée, et cette abstinence augmentait son mérite, lui qui ne possédait de sa nature aucune puissance particulière. Mais pourquoi le Seigneur, qui avait naturellement le pouvoir de pardonner les péchés, se serait-il séparé de ses disciples qu'il pouvait rendre plus purs que ceux qui observaient ces pratiques d'abstinence? Si donc Jésus-Christ jeûne, c'est afin de ne pas éluder le précepte, et s'il mange avec les pécheurs, c'est pour faire éclater à la fois sa miséricorde et sa puissance.
Voici comment, dans le sens mystique, ou peut expliquer ces paroles: Les disciples de Jean et les pharisiens jeûnent, parce que l'homme qui, sans la foi, se glorifie dans les oeuvres de la loi, qui suit les traditions humaines, qui ne prête aux oracles du Christ que l'oreille du corps plutôt qu'un coeur animé par la foi, se prive ainsi des biens spirituels, se dessèche et dépérit par suite de ce jeûne intérieur. Celui, au contraire, qui par un amour fidèle s'unit au corps de Jésus-Christ, ne peut jeûner, puisqu'il se nourrit avec délices de sa chair et de son sang.
Notre-Seigneur compare ses disciples à de vieilles outres, et il déclare qu'ils sont incapables de contenir le vin nouveau, c'est-à-dire ses préceptes spirituels qui les feraient éclater. Mais ils deviendront des outres nouvelles, lorsque, après l'ascension du Seigneur, ils seront comme renouvelés par le désir de ses divines consolations. C'est alors que le vin nouveau s'épanchera dans des outres neuves, c'est-à-dire que la ferveur de l'Esprit saint remplira les coeurs de ces hommes tout spirituels. Ces paroles du Sauveur signifient encore que celui qui enseigne doit prendre garde de confier à une âme qui reste plongée dans ses anciennes iniquités les secrets des mystères nouveaux.
Une union si étrange et extraordinaire a eu lieu lorsque le Verbe s'est fait chair dans le sein de la Vierge et a ainsi habité parmi nous (Jn 1,14). De même que tous les élus sont ressuscites dans le Christ lorsqu'il est ressuscité, de même ces noces ont été célébrées en lui, et l'Église a été unie à l'Époux par les liens du mariage quand l'Homme-Dieu a reçu en plénitude les dons de l'Esprit Saint et que toute la divinité est venue habiter dans son corps.
En vertu de cette alliance, l'Épouse, comme je l'ai dit, a vraiment reçu en cadeau les arrhes de ces dons de l'Esprit Saint qui a demeuré tout entier dans le Christ. Celui-ci est devenu homme par l'Esprit Saint et, en sa qualité d'Époux, il est sorti du sein de la Vierge, qui fut en effet sa chambre nuptiale. Mais l'Église, en renaissant de l'eau dans le même Esprit, devient un seul corps dans le Christ, si bien que les deux ne font plus qu'une seule chair (Mt 19,5), ce qui, par rapport au Christ et à l'Église, est un grand mystère (Ep 5,31).
Et ce mariage dure depuis le début de l'Incarnation du Christ jusqu'au moment où le Christ lui-même reviendra, en sorte que tous les rites de l'union nuptiale soient accomplis. Alors, ceux qui seront prêts, et qui auront rempli comme il le faut les conditions d'une si grande union, feront, pleins de respect, leur entrée avec lui dans la salle des noces éternelles.
En attendant, l'Épouse promise au Christ est amenée à son Époux, et elle fait alliance avec lui, chaque jour, dans la foi et la tendresse, jusqu'à ce que lui-même revienne. Voilà pourquoi Paul disait: Je vous ai fiancés, en effet, à un Époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ (2Co 11,2). Ainsi, une seule épouse et femme, promise au Christ, s'attachera-t-elle à lui lorsque l'Église, venue des Juifs aussi bien que des Gentils, sera rassemblée dans l'unité. Car tous les saints de l'Ancien Testament qui ont vécu depuis le commencement du monde, et qui ont tous cru que le Christ viendrait dans la chair pour sauver l'humanité, ont part à ces noces qu'ils avaient vues par la foi, fût-ce de loin. Voilà pourquoi l'Écriture dit: Il envoya ses serviteurs pour appeler les invités à la noce (Mt 22,3). Car le Christ avait déjà invité tous ceux qu'il a appelés, puisque tous, depuis Abel le juste, avaient été inspirés par Dieu et attendaient la venue du Christ.
En vertu de cette alliance, l'Épouse, comme je l'ai dit, a vraiment reçu en cadeau les arrhes de ces dons de l'Esprit Saint qui a demeuré tout entier dans le Christ. Celui-ci est devenu homme par l'Esprit Saint et, en sa qualité d'Époux, il est sorti du sein de la Vierge, qui fut en effet sa chambre nuptiale. Mais l'Église, en renaissant de l'eau dans le même Esprit, devient un seul corps dans le Christ, si bien que les deux ne font plus qu'une seule chair (Mt 19,5), ce qui, par rapport au Christ et à l'Église, est un grand mystère (Ep 5,31).
Et ce mariage dure depuis le début de l'Incarnation du Christ jusqu'au moment où le Christ lui-même reviendra, en sorte que tous les rites de l'union nuptiale soient accomplis. Alors, ceux qui seront prêts, et qui auront rempli comme il le faut les conditions d'une si grande union, feront, pleins de respect, leur entrée avec lui dans la salle des noces éternelles.
En attendant, l'Épouse promise au Christ est amenée à son Époux, et elle fait alliance avec lui, chaque jour, dans la foi et la tendresse, jusqu'à ce que lui-même revienne. Voilà pourquoi Paul disait: Je vous ai fiancés, en effet, à un Époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ (2Co 11,2). Ainsi, une seule épouse et femme, promise au Christ, s'attachera-t-elle à lui lorsque l'Église, venue des Juifs aussi bien que des Gentils, sera rassemblée dans l'unité. Car tous les saints de l'Ancien Testament qui ont vécu depuis le commencement du monde, et qui ont tous cru que le Christ viendrait dans la chair pour sauver l'humanité, ont part à ces noces qu'ils avaient vues par la foi, fût-ce de loin. Voilà pourquoi l'Écriture dit: Il envoya ses serviteurs pour appeler les invités à la noce (Mt 22,3). Car le Christ avait déjà invité tous ceux qu'il a appelés, puisque tous, depuis Abel le juste, avaient été inspirés par Dieu et attendaient la venue du Christ.
La Glose
Après avoir incriminé le Maître près de ses disciples en l'accusant de fréquenter les pécheurs et de manger avec eux, voilà maintenant qu'ils accusent les disciples près du Maître et leur font un crime de ne pas jeûner, pour semer ainsi entre eux des germes de division. «Les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnaient», etc.
Les disciples de Jean, qui n'étaient pas encore dans la voie de la perfection, suivaient les coutumes judaïques.
Il s'appelle encore l'Epoux, non-seulement parce qu'il s'unit les âmes virginales, mais encore parce que le temps de son premier avènement n'est point pour ceux qui croient en lui un temps de douleur, de tristesse et de travail pénible, mais un temps de repos. Ça effet, il nous affranchit des oeuvres légales, et nous donne le repos par le baptême, qui nous sauve sans aucun travail de notre part. Or, les conviés aux noces ou les amis de l'Epoux, ce sont les Apôtres qui, par la grâce de Dieu, sont devenus dignes de tous les biens célestes et rendus participants d'un bonheur sans mesure.
On peut aussi entendre ces paroles dans un autre sous: Tout homme qui fait le bien est ami de l'Epoux., possède avec lui l'Epoux qui est Jésus-Christ, et il ne jeûne pas, c'est-à-dire il ne se livre pas aux oeuvres de pénitence parce qu'il ne pèche pas. Mais quand l'Epoux est enlevé à celui qui tombe dans le péché, cet homme jeûne alors et fait pénitence pour la guérison de, sa faute.
Ou bien encore, les disciples sont comparés à de vieux vêtements à cause de la faiblesse de leur âme, incapable de supporter le joug rigoureux de la loi du jeune. C'est là u ne petite partie de la doctrine qui trace les règles de la tempérance chrétienne, doctrine qui enseigne à s'abstenir généralement de toutes les joies et plaisirs déréglés d'ici-bas. La fidélité à ces règles ou à cette doctrine nouvelle opère en quelque sorte une scission avec l'ancienne, et il n'y a plus de rapport entre l'une et l'autre. Le vêtement nouveau signifie les bonnes oeuvres extérieures, et le vin nouveau figure la ferveur de la foi, l'espérance et la charité qui réforment notre intérieur.
Troisième image. Personne ne met du vin nouveau… Un hymne d’Adam de
saint Victor pour la fête de la Pentecôte abrège ainsi la comparaison du Sauveur :
« Des outres neuves, non les vieilles,
sont adaptées au vin nouveau »
Dans de vieilles outres, la peau est incapable de résister à une vive pression, telle qu’est celle du vin
nouveau. Quiconque l’oublierait, perdrait tout à la fois le contenant et le contenu. Bengel apprécie très bien
les vv. 21 et 22, lorsqu’il dit : « Le Seigneur répond avec une grande sobriété et avec enjouement. Il tire des
vêtements et du vin (dont on se servait dans les banquets) des paraboles joyeuses, pour confondre la tristesse des plaignards » [215].