Marc 4, 27
nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
Qu’il dorme ou qu’il se lève… Quand un agriculteur a confié son grain à la terre, il
revient chez lui et se livre à ses occupations accoutumées, abandonnant le reste aux forces mystérieuses de la
nature et aux soins de la divine Providence. Il a fait tout ce qu’il a pu pour là réussite de son opération : le
reste n’est plus son affaire. Il attend donc patiemment que la germination, puis la croissance, puis la maturité,
aient lieu, sans aller comme les enfants (nous nous souvenons d’avoir agi ainsi plus d’une fois) remuer la
terre de temps à autre, pour voir si les graines émettent un germe et des racines. — La nuit et le jour. Cette
petite description est vivante et pittoresque. Naturellement, « nuit » retombe sur le verbe « dorme », « jour »
sur « se lève ». — La semence germe et croît… Tandis que le semeur vaque a ses autres travaux, la graine
qui semble pourtant inactive, est l’objet d’opérations aussi multiples qu’admirables. Doucement échauffée
par les forces fécondantes du sol, humectée par la rosée ou par les pluies, elle éclate, émet en haut et en bas
de petits organes qu’elle tenait soigneusement cachés dans son sein ; bientôt elle finit par percer le sol. —
Sans qu’il le sache. Assurément, le semeur n’est pas demeuré indifférent au sort du grain qu’il avait jeté en terre. Il y a souvent pensé avec le plus vif intérêt ; néanmoins, à part une protection générale qui ne va pas
bien loin, tout ce qui advient après les semailles est placé en dehors de son contrôle, comme aussi en dehors
de sa science. Mais ce trait peut-il bien s’appliquer au Christ ? Plusieurs auteurs, croyant qu’il était
impossible de le concilier avec les perfections de sa nature divine, ont pensé à tort que la parabole ne le
désignait nullement, et ils en on aussitôt restreint l’application aux Apôtres et aux autres prédicateurs de
l’Évangile. D’autres ont supposé que les détails contenus dans ce verset ne sont que des ornements
accessoires, une sorte de draperie extérieure, et qu’ils n’ont aucune importance relativement à l’idée-mère.
Mais tout ne peut-il pas s’expliquer sans exagération d’aucun genre ? Jésus a semé, comme nous le disions
en commençant, tant qu’il a vécu sur la terre : il posait ainsi les fondements de son royaume. Quand le
moment fixé par son Père fut venu, il est remonté au ciel, pour n’en redescendre visiblement qu’à la fin du
monde, quand il faudra faire la moisson universelle. Entre ces deux époques, malgré l’assistance qu’il donne
perpétuellement à la divine graine, il ressemble à un agriculteur ordinaire, qui la laisse croître d’elle -même à
travers mille chances bonnes et mauvaises. C’est en ce sens qu’il paraît dormir, ignorer.
Que les prêtres ne l’oublient pas : ils ne sont jamais seuls dans leur action, ils s’appuient sur la force du Dieu tout-puissant ; que leur foi au Christ, qui les a appelés à participer à son sacerdoce, les aide à se donner en toute confiance à leur ministère, car ils savent que Dieu est assez puissant pour augmenter en eux la charité. Qu’ils ne l’oublient pas non plus : ils ont pour compagnons leurs frères dans le sacerdoce, bien plus, les fidèles du monde entier. Car tous les prêtres travaillent ensemble pour accomplir le dessein divin du salut, le Mystère du Christ caché depuis les siècles en Dieu, qui ne se réalise que peu à peu, par l’effort coordonné de ministères différents, « en vue de l’édification du Corps du Christ jusqu’à ce qu’il atteigne toute sa taille». Tout cela, certes est caché avec le Christ en Dieu, et c’est surtout la foi qui peut le percevoir. C’est dans la foi que doivent marcher les guides du Peuple de Dieu, suivant l’exemple d’Abraham le fidèle, qui, « par la foi, obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait » (He 11, 8). En vérité, l’intendant des mystères de Dieu ressemble au semeur dont le Seigneur a dit : « Qu’il dorme ou qu’il se lève, la nuit ou le jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment » (Mc 4, 27). D’ailleurs, si le Seigneur Jésus a dit : « Gardez courage! j’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33), il n’a pas, pour autant, promis à l’Église la victoire totale ici-bas. Ce qui fait la joie de ce saint Concile, c’est que la terre, ensemencée par la graine de l’Évangile, donne aujourd’hui du fruit en bien des endroits, sous la conduite de l’Esprit du Seigneur qui remplit l’univers et qui a fait naître au cœur de tant de prêtres et de tant de fidèles un esprit vraiment missionnaire. Pour tout cela, avec toute son affection, le saint Concile remercie les prêtres du monde entier. Et « à celui qui peut tout faire, et bien au-delà de nos demandes et de nos pensées, en vertu de la puissance qui agit en nous, à lui la gloire ans l’Église et le Christ Jésus » (Ep 3, 20-21).