Marc 6, 34

En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Didyme d'Alexandrie
Il y a une promesse de Dieu rapportée par le prophète Ézékiel qui s'accorde avec les passages de l'Ecriture concernant l'élévation d'un personnage célèbre. Dieu dit à ceux qu'il veut combler de ses bienfaits et sauver: Je vous susciterai un pasteur unique, mon serviteur David (Ez 34,23). C'est celui qui a dit dans l'évangile: Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). Il est leur guide et leur très bon berger, et il s'expose au danger pour elles. Il meurt, en effet, ayant, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour le salut de tous (He 2,9), afin de leur donner la vie et de glorifier le Seigneur tout-puissant.

Car Michée, le saint prophète, a prophétisé à son sujet, et fait cette prédiction dans un cantique: Le Seigneur se dressera, il verra et il fera paître son troupeau avec puissance, et ils vivront au nom de leur Dieu tout-puissant (Mi 5,3), c'est-à-dire qu'ils participeront à Celui qui a dit à Moïse, l'annonciateur des divins mystères: Je suis celui qui suis (Ex 3,14).

De même que le véritable David, pasteur très bon à la main vigoureuse, s'est dressé pour faire paître les brebis qui écoutent la voix de Jésus (cf. Jn 10,3), brebis conduites par la main de Jésus et peuple de son pâturage (Ps 94,7), de même Celui qui s'élève d'une racine, comme le dit l'Écriture (Is 11,1), s'est levé en très bon chef de guerre envoyé par la bienveillance du Père. Il a mis en déroute ses ennemis épouvantés, en les frappant dans le dos avec ses mains. Il est loué et glorifié par ses propres frères, car il est apparu comme le premier-né d'entre eux, selon la parole de l'Apôtre: Ceux que lui, Dieu, connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l'image de son Fils, pour faire de ce Fils l'aîné d'une multitude de frères (Rm 8,29). A leur propos, le premier-né dit à Dieu: Je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée (Ps 21,23).
Saint Bède le Vénérable
Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné (Mc 6,30). Les Apôtres ne sont pas seuls lorsqu'ils rapportent au Seigneur ce qu'ils ont fait et enseigné, mais ses disciples et ceux de Jean Baptiste viennent aussi lui annoncer ce que Jean a souffert pendant que les Apôtres enseignaient. <> Et il leur dit: Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. <> Pour faire comprendre combien il était nécessaire d'accorder du repos aux disciples, l'évangéliste poursuit en disant: De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu'on n'avait même pas le temps de manger (Mc 6,31) La fatigue de ceux qui enseignaient, ainsi que l'ardeur de ceux qui s'instruisaient, montrent bien ici comme on était heureux en ce temps-là.

Plût au ciel qu'il en fût de même encore à notre époque, qu'un grand concours de fidèles se pressât autour des ministres de la Parole pour les entendre, sans même leur laisser le temps de reprendre des forces! Car lorsqu'ils manquent du temps nécessaire pour prendre soin d'eux-mêmes, ils ont encore moins la possibilité de s'abandonner aux séductions de l'âme et du corps. Ou plutôt, du fait que l'on réclame d'eux à temps et à contretemps la parole de foi et le ministère du salut, ils brûlent du désir de méditer les pensées célestes et de les mettre sans cesse en pratique, de sorte que leurs actes ne démentent pas leurs enseignements.

Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l'écart (Mc 6,32). Les disciples ne montèrent pas seuls dans la barque, mais ils prirent avec eux le Seigneur et gagnèrent un endroit désert, comme l'évangéliste Matthieu l'indique clairement. Les gens les virent s'éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux (Mc 6,33). En disant qu'ils partirent à pied et arrivèrent avant eux, l'évangéliste laisse entendre que les disciples et le Seigneur n'ont pas navigué jusqu'à l'autre rive de la mer de Galilée ou du Jourdain, mais qu'après avoir traversé en barque un bras de mer ou une crique, ils sont parvenus à un endroit proche, situé dans la même région, et que les gens du pays pouvaient aussi gagner à pied.

En débarquant, Jésus vit une foule nombreuse, et il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à les instruire longuement (Mc 6,34). Matthieu donne plus d'explications sur la manière dont Jésus eut pitié d'eux, quand il dit: Et il en eut pitié, et il guérit leurs infirmes (Mt 14,14). Car avoir pitié des pauvres et de ceux qui n'ont pas de berger, c'est précisément leur ouvrir le chemin de la vérité en les instruisant, faire disparaître leurs infirmités physiques en les soignant, mais aussi les nourrir quand ils ont faim, et les encourager ainsi à louer la générosité divine. C'est ce que Jésus a fait, comme nous le rappelle encore la suite de cet évangile.

Il a en outre mis à l'épreuve la foi de la foule, et l'ayant éprouvée, lui a donné en retour une récompense proportionnée. Il a gagné en effet un endroit isolé pour voir si les gens auraient soin de les suivre. Eux l'ont suivi. Ils ont pris en toute hâte la route du désert, non sur des ânes ou des véhicules de tout genre, mais à pied, et ils ont montré, par cet effort personnel, quel grand soin ils avaient de leur salut.

En retour, Jésus a accueilli ces gens fatigués. Comme sauveur et médecin plein de puissance et de bonté, il a instruit les ignorants, guéri les malades et nourri les affamés, manifestant ainsi quelle grande joie lui procure l'amour des croyants.
Louis-Claude Fillion
Sortant de la barque. C’est-à-dire, ayant débarqué ; ou bien, selon d’autres (Cf. Jean 6, 3), ayant quitté le sommet d’une petite colline sur laquelle il était monté avec ses disciples tandis que la foule approchait. Voilà Jésus et les Douze frustrés de la retraite et du repos qu’ils s’étaient promis ! Mais le bon Pasteur s’oublie lui-même pour ne penser qu’à ses pauvres brebis ! — Il en eut compassion : son divin cœur est saisi d’une indicible pitié au souvenir des misères morales du peuple qui l’entoure. Ces misères sont décrites brièvement, mais vivement, à l’aide d’une réflexion propre à S. Marc, quoique S. Matthieu l’ait aussi faite en un autre endroit, Matth. 9, 36. (Voyez le commentaire de Matth. 9, 36). — Ils étaient comme des brebis sans berger. Rien ne montre mieux que cette image le triste état moral dans lequel était alors la nation théocratique. « Les Pharisiens, ces loups dévorants, ne nourrissaient pas le peuple ; au contraire, ils le dévoraient », Théophylacte. Plaise à Dieu que les brebis du Christ n’aient à leur tête que des pasteurs fidèles ! — Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. « Il leur parlait du royaume de Dieu », dit S. Luc, Luc 9, 11, et il ajoute : « et guérissait ceux qui avaient besoin d’être guéris ».