Matthieu 11, 19
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »
Tout ce discours est à la honte de l'incrédulité ; c'est l'expression d'un profond sentiment de mécontentement de ce que ce peuple arrogant avait résisté aux divers genres d'instructions qui lui avaient été faites.
Par ces enfants, Notre-Seigneur entend les prophètes qui ont prêché comme des enfants dans la simplicité de leur âme, et qui, au milieu des synagogues comme au milieu d'une place publique, ont reproché aux Juifs de n'avoir pas conformé leurs oeuvres extérieures aux chants qu'ils leur adressaient, et de n'avoir pas obéi à leurs paroles ; car le mouvement de la danse doit se conformer à la mesure du chant. Or, les prophètes ont appelé le peuple à louer Dieu dans leurs chants, comme nous le voyons dans les cantiques de Moïse, d'Isaïe et de David (Ex 15 ; Dt 32 ; Is 12 ; 26 ; 2 R 26 ; Ps 17, etc.), etc.
On lit dans quelques exemplaires : " La sagesse a été justifiée par ses oeuvres. " La sagesse, en effet, ne cherche pas le témoignage des paroles, mais celui des oeuvres.
Or, il est lui-même la sagesse, non par les effets merveilleux qu'elle a produits en lui, mais par nature. Il en est plusieurs qui cherchent à éluder la force de ces paroles de l'Apôtre qui proclament le Christ la puissance et la sagesse de Dieu (1 Co 1), en disant que la vertu de cette sagesse et de cette puissance divine s'est montrée dans l'oeuvre de son incarnation et de sa naissance d'une Vierge ; mais pour détruire par avance cette interprétation, il a déclaré qu'il était lui-même la sagesse, montrant ainsi que ce n'étaient pas seulement les oeuvres de la sagesse, mais la sagesse elle-même qui résidait en lui ; car l'oeuvre de la vertu n'est pas la vertu elle-même, et l'effet demeure distinct de celui qui le produit.
Dans le sens mystique, la prédication elle-même de Jean-Baptiste fut impuissante pour convertir les Juifs, parce que la loi leur avait paru pénible, difficile et gênante à cause de ses prescriptions sur les aliments et sur les boissons. Elle renfermait pour ainsi dire en elle-même le péché auquel il donne le nom de démon, parce que la difficulté que présentait son observation en rendait presque inévitable la transgression. A son tour, la prédication de l'Évangile de Jésus-Christ ne leur fut pas agréable, malgré la liberté qu'elle leur rendait, en allégeant tout ce que la loi avait de difficile et d'accablant. Les publicains et les pécheurs embrassèrent la foi, mais pour les Juifs, après tant et de si grands avertissements, ils ne furent pas justifiés par la grâce, et ils furent abandonnés par la loi. C'est alors que la sagesse fut justifiée par ses enfants, c'est-à-dire par ceux qui ravissent le royaume des cieux par la justification qui vient de la foi, et en proclamant la justice des opérations de la sagesse de Dieu qui prive de ses grâces les esprits rebelles pour en faire part aux coeurs fidèles.
Le Sauveur procède avec raison par interrogation, pour montrer que rien n'a été oublié de ce qui devait contribuer à leur salut : " A qui comparerai-je cette génération ? "
Je vous ai donné l'exemple d'une vie plus douce que sévère, et vous n'avez pas été persuadés ; Jean s'est soumis à une vie austère, et vous n'y avez pas fait plus d'attention ; il ne dit pas : Jean a suivi cette ligne de conduite, et moi cette autre ; mais il ne sépare pas leur cause, parce que leur intention était la même, et il ajoute : " Jean est venu, ne mangeant, ni ne buvant, et vous avez dit : Il est possédé. Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, " etc.
" Le Fils de l'homme est venu, " etc., c'est-à-dire nous avons suivi, Jean et moi, des routes différentes, mais qui aboutissaient au même but, comme deux chasseurs qui poursuivent un animal par deux chemins différents pour le faire arriver sur l'un des deux. Les hommes sont généralement portés à admirer le jeûne et l'austérité de la vie ; c'est pour cela que Dieu voulut que dès son enfance Jean pratiquât ce genre de vie, pour donner ainsi par la suite plus d'autorité à ses paroles. Notre-Seigneur marcha lui-même dans cette voie lorsqu'il jeûna pendant quarante jours ; mais cependant il prit d'autres moyens pour persuader aux Juifs de croire en lui ; car il était bien-plus important que Jean-Baptiste lui rendît témoignage en marchant dans cette voie, qu'il ne l'était pour lui-même de suivre ce genre de vie. En effet, Jean ne fit éclater en lui que l'austérité de sa vie et l'amour de la justice, tandis que Jésus-Christ avait encore le témoignage des miracles. Il laissa donc Jean-Baptiste briller par le jeûne, et il suivit une voie différente en ne refusant pas de s'asseoir à la table des publicains pour manger et boire avec eux.
Quelle sera donc désormais leur excuse ? c'est pour cela qu'il ajoute : " La sagesse a été justifiée par ses enfants, " c'est-à-dire : si vous n'êtes pas persuadés, vous n'avez pas, du moins, de raison de m'accuser. C'est ce que le Prophète-Roi dit de Dieu le Père : " Afin que vous soyez justifié dans vos paroles. " (Ps 50.) Quoique vous n'ayez tiré aucun profit de l'économie de la divine providence à votre égard, de son côté elle a fait tout ce qu'elle devait, de manière à ne laisser pas même l'ombre d'un doute à l'impudence et à l'ingratitude.
Si cette comparaison empruntée aux enfants vous paraît vulgaire, n'en soyez pas surpris, car Jésus s'adressait à des auditeurs grossiers ; c'est ainsi qu'Ézéchiel se sert de plusieurs comparaisons en rapport avec l'intelligence des Juifs, mais qui ne convenaient nullement à la grandeur de Dieu, si toutefois l'on peut dire qu'une chose qui est utile aux hommes n'est pas digne de Dieu.
Voici donc ce qu'ils reprochent aux Juifs : " Nous avons chanté pour vous, et vous n'avez pas dansé, " c'est-à-dire nous vous avons excités par nos chants à la pratique des bonnes oeuvres, et vous n'en avez rien fait ; nous avons pleuré pour vous appeler à la pénitence, et vous n'avez pas été plus dociles, vous avez méprisé toute espèce de prédication, et celle qui vous exhortait à la vertu, et celle qui vous appelait à faire pénitence de vos péchés.
Les enfants sont encore ceux dont Isaïe a dit : " Me voici, moi et mes enfants, ceux que le Seigneur m'a donnés ; " ces enfants s'arrêtent sur la place publique où l'on fait trafic de tout, et ils disent : " Nous avons chanté pour vous, et vous n'avez pas dansé. "
Si le jeûne vous est agréable, pourquoi Jean-Baptiste ne vous plaît-il pas ? Si la vie ordinaire a pour vous plus d'attrait, pourquoi le Fils de l'homme ne peut-il vous plaire ? Pourquoi avez-vous traité l'un de possédé, et l'autre d'ivrogne et d'intempérant ?
La sagesse a été justifiée par ses enfants, c'est-à-dire la doctrine et la conduite de Dieu. Ou bien la conduite du Christ qui est la vertu et la sagesse de Dieu a été justifiée par les Apôtres qui sont ses enfants.
Je voudrais bien que les Manichéens me disent ce que mangeait et ce que buvait Jésus-Christ, lui qui se disait mangeant et buvant, en comparaison de Jean-Baptiste qui ne mangeait ni ne buvait. Car il n'est pas dit que Jean ne buvait pas du tout, mais qu'il ne buvait ni vin ni rien de ce qui pouvait enivrer, il ne buvait donc que de l'eau ; on ne peut pas dire non plus qu'il ne mangeait rien absolument, mais il ne mangeait que du miel sauvage et des sauterelles. Pourquoi donc Notre-Seigneur dit-il qu'il ne mangeait ni ne buvait, si ce n'est parce qu'il n'usait pas des aliments ordinaires des Juifs ? Et si le Seigneur n'en avait pas lui-même fait usage, il n'aurait pu dire par comparaison avec Jean-Baptiste qu'il mangeait et buvait. Or, n'est-il pas étonnant qu'on dise de celui qui mangeait des sauterelles et du miel, qu'il ne mangeait pas, et qu'on présente comme mangeant celui qui se contentait de pain et de légumes ?
" La sagesse a été justifiée par ses enfants, " en ce sens que les saints Apôtres comprirent que le royaume des cieux n'était point dans le boire et dans le manger, mais dans la patience à supporter les épreuves ; aussi l'abondance ne leur inspirait aucun orgueil, et la pauvreté ne pouvait les abattre. C'est ce qui faisait dire à saint Paul : " Je sais être dans l'abondance, et je sais supporter la pauvreté. "
Il se fait aussitôt cette réponse : " Elle est semblable à des enfants assis sur la place publique qui crient à leurs compagnons : Nous avons chanté pour vous, et vous n'avez pas dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n'avez point témoigné de tristesse.
Comment peut-il dire : " A leurs compagnons ? " Est-ce que les Juifs infidèles étaient les égaux et les compagnons des saints prophètes ? Non, mais il parle ainsi parce qu'ils étaient tous sortis d'une souche commune.
La Glose
Comme s'il disait : Jean était un grand prophète, mais vous n'avez voulu croire ni à sa parole ni à la mienne ; à qui donc vous comparerai-je ? Dans ce mot de génération il comprend les Juifs, Jean-Baptiste lui-même.
1334. VIENT LE FILS DE L’HOMME, MANGEANT ET BUVANT, c’est-à-dire utilisant la nourriture avec indifférence, et cela ne lui vaut rien, car vous ne croyez pas ; vous dites plutôt : «VOILÀ UN GLOUTON, UN IVROGNE, UN AMI DES PUBLICAINS !» À l’encontre de cela, [il est écrit] en Pr 23, 20 : Ne vous comportez pas en ivrognes dans les banquets, etc. Ici, il faut remarquer que celui qui tiendrait compte de ce que disent les hommes, ne ferait jamais rien de bien. Qo 11, 4 : Celui qui observe le vent ne sème pas et celui qui examine les nuages ne moissonne pas.
1335. Mais une question se pose ici. Pourquoi le Seigneur a-t-il choisi pour lui-même une vie plus douce et a-t-il montré en Jean [une vie] plus rude ? La raison en est que le Seigneur confirmait ses actes par des miracles, mais Jean n’en faisait pas. C’est pourquoi, s’il n’avait eu aucune excellence, son témoignage n’aurait pas été confirmé, comme on le voit chez les saints, car l’un possède une excellence sur un point et l’autre sur un autre. Ainsi, Augustin a excellé par l’enseignement, Martin par les miracles. Il y a aussi une autre raison, à savoir que Jean n’était qu’un homme ; il s’abstenait donc des désirs charnels. Mais le Christ était Dieu, de sorte que, s’il s’était comporté d’une manière austère, cela n’aurait pas montré qu’il était homme. Il a donc plutôt assumé une vie humaine. De même, Jean était le terme de l’Ancien Testament, auquel de lourdes [charges] avaient été imposées ; mais le Christ était le début de la loi nouvelle, qui évolue dans le sens de la douceur.
1336. ET JUSTICE A ÉTÉ RENDUE. Cela peut se lire de deux manières. D’une première manière, comme une réplique aux deux choses qui ont été dites de Jean et du Christ. Le sens est alors : lorsque l’homme fait ce qu’il doit et qu’un autre n’est pas corrigé, il sauve alors son âme et justice est rendue à ce qu’il dit. JUSTICE A ÉTÉ RENDUE, à savoir, le Fils de Dieu, ou le Christ, c’est-à-dire qu’elle est apparue juste à ses fils, parce qu’elle a montré aux Juifs ce qu’elle devait : l’abstinence chez Jean et la douceur chez le Christ. Ou bien on peut donner une autre interprétation. Que les fils du Diable disent que [le Seigneur] est glouton et ivrogne ; mais les fils de la sagesse comprennent que la vie n’est pas dans la nourriture et la boisson, mais dans l’égalité d’âme, en recourant à la nourriture en temps et lieu, et en [s’en] abstenant aussi lorsque cela convient, de sorte qu’ils ne commettent pas de grands excès et ne manquent de peu, comme dit l’Apôtre, Ph 4, 12 : Partout et en toutes choses, je me suis initié à la satiété et à la faim, à supporter l’abondance comme le dénuement. Il n’aurait donc pas paru montrer une pleine justice s’il avait pratiqué une abstinence complète, car on aurait cru que la justice complète se trouvait dans l’abstinence. Or, elle ne consiste pas en cela, mais dans l’égalité d’âme. Et il faut remarquer qu’il dit : LA SAGESSE, car utiliser la nourriture et s’en abstenir relèvent de la modération de la sagesse, de sorte qu’on doive s’abstenir lorsqu’il le faut et où il le faut.
1335. Mais une question se pose ici. Pourquoi le Seigneur a-t-il choisi pour lui-même une vie plus douce et a-t-il montré en Jean [une vie] plus rude ? La raison en est que le Seigneur confirmait ses actes par des miracles, mais Jean n’en faisait pas. C’est pourquoi, s’il n’avait eu aucune excellence, son témoignage n’aurait pas été confirmé, comme on le voit chez les saints, car l’un possède une excellence sur un point et l’autre sur un autre. Ainsi, Augustin a excellé par l’enseignement, Martin par les miracles. Il y a aussi une autre raison, à savoir que Jean n’était qu’un homme ; il s’abstenait donc des désirs charnels. Mais le Christ était Dieu, de sorte que, s’il s’était comporté d’une manière austère, cela n’aurait pas montré qu’il était homme. Il a donc plutôt assumé une vie humaine. De même, Jean était le terme de l’Ancien Testament, auquel de lourdes [charges] avaient été imposées ; mais le Christ était le début de la loi nouvelle, qui évolue dans le sens de la douceur.
1336. ET JUSTICE A ÉTÉ RENDUE. Cela peut se lire de deux manières. D’une première manière, comme une réplique aux deux choses qui ont été dites de Jean et du Christ. Le sens est alors : lorsque l’homme fait ce qu’il doit et qu’un autre n’est pas corrigé, il sauve alors son âme et justice est rendue à ce qu’il dit. JUSTICE A ÉTÉ RENDUE, à savoir, le Fils de Dieu, ou le Christ, c’est-à-dire qu’elle est apparue juste à ses fils, parce qu’elle a montré aux Juifs ce qu’elle devait : l’abstinence chez Jean et la douceur chez le Christ. Ou bien on peut donner une autre interprétation. Que les fils du Diable disent que [le Seigneur] est glouton et ivrogne ; mais les fils de la sagesse comprennent que la vie n’est pas dans la nourriture et la boisson, mais dans l’égalité d’âme, en recourant à la nourriture en temps et lieu, et en [s’en] abstenant aussi lorsque cela convient, de sorte qu’ils ne commettent pas de grands excès et ne manquent de peu, comme dit l’Apôtre, Ph 4, 12 : Partout et en toutes choses, je me suis initié à la satiété et à la faim, à supporter l’abondance comme le dénuement. Il n’aurait donc pas paru montrer une pleine justice s’il avait pratiqué une abstinence complète, car on aurait cru que la justice complète se trouvait dans l’abstinence. Or, elle ne consiste pas en cela, mais dans l’égalité d’âme. Et il faut remarquer qu’il dit : LA SAGESSE, car utiliser la nourriture et s’en abstenir relèvent de la modération de la sagesse, de sorte qu’on doive s’abstenir lorsqu’il le faut et où il le faut.
Vle Fils de l'homme... Ceux qu’avait choqués la manière d’agir du Précurseur
auraient dû, s’ils eussent été justes et sans passion, goûter la conduite de Jésus, qui était plus en rapport avec
la vocation du commun des hommes. Mais point du tout. Bien que Notre-Seigneur vécût à la façon
accoutumée des Juifs, mangeant et buvant, c’est-à-dire ne pratiquant pas de mortifications extraordinaires,
acceptant des repas chez ceux qui l’invitaient, se mettant à la portée de tous afin de leur offrir de plus
grandes facilités pour se sauver, il n’échappait pas davantage aux injures et à la calomnie. - Voici un homme
vorace, osait-on dire, et un buveur de vin, etc. Un envoyé de Dieu ne serait pas si gai ; il fuirait le contact des
pécheurs, il pleurerait et gémirait avec nous quand nous entonnons des airs lugubres. Le Précurseur et le
Messie s’étaient donc trouvés dans l’impossibilité de réussir auprès de ces âmes difficiles que tout
scandalisait, qui refusaient d’écouter le premier parce qu’il était trop sévère, le second sous prétexte qu’il ne
l’était pas assez. - Heureusement Jésus peut ajouter une parole consolante : - Mais la sagesse a été justifiée
par ses enfants. Que voulait-il exprimer par là ? C’est ce que les exégètes n’ont pas toujours réussi à mettre
en lumière. « Un texte difficile à comprendre, s’écrie Maldonat. La difficulté réside en trois choses. La
première : qu’est-ce qu’on appelle sagesse ? La seconde : quels sont ceux qui sont appelés fils de la sagesse ?
la troisième : que veut dire être justifiée ? ». Passons tous les mots en revue pour en fixer la véritable
interprétation : le sens général de la phrase sortira spontanément de ces explications de détail. La préposition
et nous semble être ici une particule adversative : nous la traduisons par « mais, et pourtant ». A la conduite
des Juifs incrédules, Jésus-Christ oppose donc la foi des esprits justes et des cœurs dociles qui ont adhéré à
sa prédication et à celle de Jean-Baptiste. Le verbe « justifier » ne saurait signifier « condamner », ainsi que
l’ont prétendu plusieurs auteurs. Dans la Bible, et en particulier dans les Épîtres de S. Paul où il est employé
si souvent, il a ordinairement le sens de « justifier » ou de « proclamer juste », et le contexte nous oblige
d’adopter cette seconde traduction. La sagesse dont la justice parfaite a été ainsi reconnue n’est autre que la
sagesse divine en général, à moins qu’on ne préfère voir en elle la prudence spéciale manifestée par
Jésus-Christ et par son Précurseur, ce qui nous paraît moins probable. Les fils de la sagesse, ce sont les sages.
Or quels sont les sages dans la circonstance présente ? Assurément, tous ceux qui avaient cru au rôle divin de
Jean-Baptiste et de Jésus-Christ, par opposition aux enfants capricieux dont on nous a entretenus tout-à-
l’heure. Ainsi donc, « La sagesse que les scribes superbes et les juifs insensés ont méprisée dans le Christ et
Jean est justifiée, c’est-à-dire honorée, louée par tous les vrais sages », Cornel. a Lap. in h. l. S. Jérôme
restreignait un peu trop la pensée de Jésus, quand il en faisait la paraphrase suivante : « Moi qui suis la vertu
de Dieu et la sagesse de Dieu je suis justifié par ce qu’ont fait de juste les Apôtres, mes fils ».
Jésus vivait en pleine harmonie avec la création, et les autres s’en émerveillaient : « Quel est donc celui-ci pour que même la mer et les vents lui obéissent ? » (Mt 8, 27). Il n’apparaissait pas comme un ascète séparé du monde ou un ennemi des choses agréables de la vie. Il disait, se référant à lui-même : « Vient le Fils de l’homme, mangeant et buvant, et l’on dit : voilà un glouton et un ivrogne» (Mt 11, 19). Il était loin des philosophies qui dépréciaient le corps, la matière et les choses de ce monde. Cependant, ces dualismes malsains en sont arrivés à avoir une influence importante chez certains penseurs chrétiens au long de l’histoire, et ont défiguré l’Évangile. Jésus travaillait de ses mains, au contact direct quotidien avec la matière créée par Dieu pour lui donner forme avec son habileté d’artisan. Il est frappant que la plus grande partie de sa vie ait été consacrée à cette tâche, dans une existence simple qui ne suscitait aucune admiration. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ?» (Mc 6, 3). Il a sanctifié de cette manière le travail et lui a conféré une valeur particulière pour notre maturation. Saint Jean-Paul II enseignait qu’« en supportant la peine du travail en union avec le Christ crucifié pour nous, l’homme collabore en quelque manière avec le Fils de Dieu à la Rédemption ».
37. Alors qu’il nous est difficile de faire confiance, du fait que nombre de mensonges, d’agressions et de déceptions nous ont blessés, Jésus nous murmure à l’oreille : « Aie confiance, mon enfant » (Mt 9, 2), « Aie confiance, ma fille » (Mt 9, 22). Il nous faut vaincre la peur et réaliser que nous n’avons rien à perdre avec Lui. À Pierre qui perd confiance, « Jésus tend la main. Il le saisit, en lui disant : “ […] Pourquoi as-tu douté ?” » (Mt 14, 31). N’aie pas peur. Laisse-le s’approcher de toi, laisse-le se mettre à côté de toi. Nous pouvons douter de beaucoup de monde, mais pas de Lui. Et ne t’arrête pas à cause de tes péchés. Rappelle-toi que de nombreux pécheurs « se sont mis à table avec Jésus » (Mt 9, 10) et qu’Il n’a été scandalisé par aucun d’eux. Les élites religieuses se plaignaient et le traitaient « de glouton et d’ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs » (Mt 11, 19). Lorsque les pharisiens critiquaient sa proximité avec les personnes considérées comme de basse condition ou pécheresses, Jésus leur disait : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice » (Mt 9, 13).