Matthieu 11, 29
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
1366. Ensuite, il présente l’invitation. Premièrement, il la présente [11, 29] ; deuxièmement, il en donne la raison en cet endroit : CAR MON JOUG EST DOUX [11, 30].
1367. Voici [ce qu’il en est] du premier point. Il avait présenté l’invitation et son motif ; maintenant, il veut montrer quelle est cette invitation, en disant : PRENEZ MON JOUG. Mais de quoi s’agit-il ? «Tu dis que tu veux nous soulager et écarter notre labeur, et aussitôt tu prescris de porter un joug ? Nous croyions que nous étions sans joug.» Je dis que cela est vrai, [à savoir] sans le joug du péché. Is 9, 4 : Car tu as brisé le joug qui pesait sur elle, la barre qui était posée sur ses épaules et le bâton de son oppresseur. Non pas que vous soyez sans la loi de Dieu, mais sans le joug du péché. Ps 2, 3 : Jetons loin de nous leur joug. Os 14, 2 : Tourne-toi, Israël, vers le Seigneur ton Dieu, car tu es tombé dans l’iniquité, etc. Rm 6, 18 : Libérés du péché, vous êtes devenus les serviteurs de la justice. PRENEZ DONC MON JOUG, à savoir, les enseignements évangéliques. Et il dit JOUG : en effet, de même que le joug attache et lie le cou des bœufs pour labourer, de même la doctrine évangélique attache les deux peuples à son joug.
1367. Voici [ce qu’il en est] du premier point. Il avait présenté l’invitation et son motif ; maintenant, il veut montrer quelle est cette invitation, en disant : PRENEZ MON JOUG. Mais de quoi s’agit-il ? «Tu dis que tu veux nous soulager et écarter notre labeur, et aussitôt tu prescris de porter un joug ? Nous croyions que nous étions sans joug.» Je dis que cela est vrai, [à savoir] sans le joug du péché. Is 9, 4 : Car tu as brisé le joug qui pesait sur elle, la barre qui était posée sur ses épaules et le bâton de son oppresseur. Non pas que vous soyez sans la loi de Dieu, mais sans le joug du péché. Ps 2, 3 : Jetons loin de nous leur joug. Os 14, 2 : Tourne-toi, Israël, vers le Seigneur ton Dieu, car tu es tombé dans l’iniquité, etc. Rm 6, 18 : Libérés du péché, vous êtes devenus les serviteurs de la justice. PRENEZ DONC MON JOUG, à savoir, les enseignements évangéliques. Et il dit JOUG : en effet, de même que le joug attache et lie le cou des bœufs pour labourer, de même la doctrine évangélique attache les deux peuples à son joug.
Mais Jésus ne retire-t-il pas d’une main ce
qu’il vient d’accorder de l’autre ? Il a promis un entier repos, et voici qu’il parle de joug ! - Prenez mon joug
sur vous. Toutefois, il saura bientôt nous montrer que ces deux choses ne sont pas incompatibles. Ces mots :
« porter le joug de quelqu’un », étaient usités dans le langage de l’Orient pour exprimer l’acception spontanée de sa doctrine, de sa direction. Jésus se charge d’ailleurs d’interpréter lui-même immédiatement
cette belle figure en ajoutant : - Et recevez mes leçons. Devenez mes disciples, laissez-vous instruire par moi.
N’a-t-il pas dit tout-à-l’heure qu’il sait tout et qu’il est capable de révéler les mystères les plus cachés ? - La
conjonction parce que est habituellement mal traduite, ce qui donne à la pensée du Sauveur une signification
qui, pour être exacte en soi et d’une manière absolue, est loin d’être littérale et appropriée à la circonstance.
Il est vrai que l’exemple vient de haut, et que S. Augustin, S. Chrysostôme et d’autres Pères font dire à
Notre-Seigneur : Apprenez que je suis doux et humble de cœur, comme si les mots « car je suis doux... »
étaient le complément direct de « apprenez ». L’intention de Jésus-Christ n’est pas de nous apprendre
directement qu’il est doux et humble, mais de nous engager à le prendre pour maître « parce qu’il est doux et
humble de cœur ». Il indique ainsi un puissant motif qui nous presse de recevoir son enseignement de
préférence à toute autre leçon. On redoute un maître superbe, irascible et on ne s’engage pas sans réflexion à
porter le joug de sa doctrine. Mais si un docteur est plein de douceur et d’humilité, comment pourrait -on
hésiter à se ranger sous sa conduite ? - Je suis doux et humble de cœur. Les deux vertus messianiques par
excellence, d’après les anciennes prophéties ; Cf. Is. 42, 2 et 3 ; et Zachar. 9, 9, comme aussi les deux vertus
les plus nécessaires pour consoler les âmes affligées. La vie tout entière de Jésus fut une manifestation de sa
douceur et de son humilité. - Olshausen fait justement observer qu’autre chose est l’humilité de l’esprit, autre
chose celle du cœur. La première implique des imperfections ou des fautes préalables dont elle est comme la
suite nécessaire ; aussi convient-elle à l’homme déchu : la seconde est recherchée librement et ne suppose
aucun défaut moral ; c’est la seule qui puisse exister dans l’âme du Messie. Jésus était doux et humble de
cœur mais élevé, riche, parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir conscience de ses splendeurs divines. -
Et vous trouverez le repos... Cette promesse est parallèle à celle qui terminait le verset précédent, « je vous
soulagerai », et elle exprime l’immense profit qu’on trouve à prendre Jésus pour docteur et pour guide. Ce
repos accordé par le Sauveur sera surtout religieux, spirituel ; mais le soulagement des misères matérielles
n’est pas exclu. Du reste, Jésus-Christ ne promet pas la délivrance totale des peines qui assombrissent la vie,
mais, ce qui vaut beaucoup mieux, ce qui est seul possible d’après le plan de Dieu, le repos et la paix dans les
peines. « Portez mon joug et vous trouverez le repos » ; un Sauveur pouvait seul tenir un pareil langage ! -
Résumons ce verset. Il contient quatre propositions dont la première énonce l’idée principale à l’aide d’une
figure : Portez mon joug, tandis que la seconde l’énonce simplement et au propre. Acceptez mon
enseignement. La troisième indique le motif, (Parce que je suis doux, etc.) et la quatrième la conséquence
heureuse (Vous trouverez le repos) d’un attachement total et généreux à Jésus.
Annonçant l’Évangile parmi les nations, il doit faire connaître avec assurance le mystère du Christ, dont il est l’ambassadeur, de telle manière qu’en Lui il ait l’audace de parler comme il le faut (cf. Ep 6, 19 s. ; Ac 4, 31) sans rougir du scandale de la croix. Suivant les traces de son Maître qui était doux et humble de cœur, il doit montrer que son joug est doux et son fardeau léger (Mt 11, 29 s.). Par une vie véritablement évangélique, par une grande constance, par la longanimité, par la douceur, par une charité non feinte (cf. 2 Co 6, 4 s.), il doit rendre témoignage à son Seigneur et même, si c’est nécessaire, jusqu’à l’effusion du sang. Il obtiendra de Dieu courage et force pour reconnaître que, dans les multiples tribulations et la très profonde pauvreté qu’il expérimente, se trouve une abondance de joie (cf. 2 Co 8, 2). Il doit être persuadé que l’obéissance est la vertu spécifique du ministre du Christ, qui a racheté le genre humain par son obéissance.
Le Verbe s’est fait chair pour être notre modèle de sainteté : " Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi... " (Mt 11, 29). " Je suis la voie, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père sans passer par moi " (Jn 14, 6). Et le Père, sur la montagne de la Transfiguration, ordonne : " Écoutez-le " (Mc 9, 7 ; cf. Dt 6, 4-5). Il est en effet le modèle des Béatitudes et la norme de la Loi nouvelle : " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés " (Jn 15, 12). Cet amour implique l’offrande effective de soi-même à sa suite (cf. Mc 8, 34).
178. Saint François de Sales a été éclairé par la demande de Jésus : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » ( Mt 11, 29). De cette façon, disait-il, dans les choses les plus simples et les plus ordinaires, nous volons le cœur du Seigneur : « Il faut avoir grand soin de le bien servir, aux choses grandes et hautes et aux choses petites et abjectes, puisque nous pouvons également, et par les unes et par les autres, lui dérober son cœur par amour [...]. Ces petites charités quotidiennes, ce mal de tête, ce mal de dents, cette défluxion, cette bizarrerie du mari ou de la femme, ce cassement d’un verre, ce mépris ou cette moue, cette perte de gants, d’une bague, d’un mouchoir, cette petite incommodité que l’on se fait, d’aller coucher de bonne heure et de se lever matin pour prier, pour se communier, cette petite honte que l’on a à faire certaines actions de dévotion en publique : bref, toutes ces petites souffrances, étant prises et embrassées avec amour, contentent extrêmement la Bonté divine ». Mais en définitive, la clé de notre réponse à l’amour du Cœur du Christ est l’amour du prochain : « La marque que je vous donne pour connaître si vous aimez bien Dieu, est que vous aimez aussi bien le prochain [...] d’un amour pur, solide, ferme, constant et invariable, qui ne s’attache point aux qualités ou condition des personnes […] qui ne sera point sujet au changement ni aux aversions. [...] Notre Seigneur nous aime sans discontinuation, Il nous supporte en nos défauts et en nos imperfections ; il faut donc que nous fassions de même à l’endroit de nos frères, ne nous lassant jamais de les supporter ».
202. Les souffrances sont souvent liées à notre ego blessé, mais c’est précisément l’humilité du Cœur du Christ qui nous montre le chemin de l’abaissement. Dieu a voulu venir à nous en s’humiliant, en se faisant petit. L’Ancien Testament nous l’enseigne à travers diverses métaphores montrant un Dieu qui entre dans la petitesse de l’histoire et se laisse rejeter par son peuple. Son amour se mêle à la vie quotidienne du peuple aimé et devient le mendiant d’une réponse, comme s’il demandait la permission de montrer sa gloire. D’autre part, « peut-être une seule fois Notre Seigneur Jésus a-t-il parlé de son cœur. C’était pour mettre en évidence sa douceur et son humilité, comme s’il signifiait que c’est seulement de cette manière qu’il veut conquérir l’homme ». Lorsque le Christ dit : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » ( Mt 11, 29), il nous indique que « pour s’exprimer, il a besoin de notre petitesse, de notre abaissement ».