Matthieu 17, 2
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Il les emmena sur la montagne pour leur montrer la gloire de sa divinité et leur faire connaître qu'il était le Rédempteur d'Israël, comme il l'avait montré par ses prophètes et afin de prévenir aussi tout scandale à la vue des souffrances librement consenties qu'il allait subir pour nous dans sa nature humaine. Ils le connaissaient en effet comme homme, mais ils ignoraient qu'il fût Dieu; ils le connaissaient comme fils de Marie, un homme qui vivait avec eux dans le monde, mais sur la montagne il leur fit connaître qu'il était le Fils de Dieu, et Dieu lui-même.
Ils l'avaient vu manger et boire, se fatiguer et prendre du repos, s'assoupir et dormir, subir l'effroi jusqu'au gouttes de sueur, toutes choses qui ne semblaient guère en harmonie avec sa nature divine et ne convenir qu'à son humanité. Voilà pourquoi il les emmena sur la montagne, afin que le Père l'appelât son Fils et leur montrât qu'il était vraiment son Fils, et qu'il était Dieu.
Il les emmena sur la montagne et il leur montra sa royauté avant de souffrir, sa puissance avant de mourir, sa gloire avant d'être outragé et son honneur avant de subir l'ignominie. Ainsi, lorsqu'il serait pris et crucifié par les Juifs, ses Apôtres comprendraient qu'il ne l'avait pas été par faiblesse, mais par consentement et de plein gré pour le salut du monde.
Il les emmena sur la montagne et leur montra, avant sa résurrection, la gloire de sa divinité. Ainsi, lorsqu'il ressusciterait d'entre les morts dans la gloire de sa divinité, ses disciples reconnaîtraient qu'il ne recevait pas cette gloire en récompense de sa peine, comme s'il en eût besoin, mais qu'elle lui appartenait bien avant les siècles, avec le Père et auprès du Père, ainsi que lui-même le dit à l'approche de sa Passion volontaire: Père, glorifie-moi de la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde (Jn 17,5).
Ils l'avaient vu manger et boire, se fatiguer et prendre du repos, s'assoupir et dormir, subir l'effroi jusqu'au gouttes de sueur, toutes choses qui ne semblaient guère en harmonie avec sa nature divine et ne convenir qu'à son humanité. Voilà pourquoi il les emmena sur la montagne, afin que le Père l'appelât son Fils et leur montrât qu'il était vraiment son Fils, et qu'il était Dieu.
Il les emmena sur la montagne et il leur montra sa royauté avant de souffrir, sa puissance avant de mourir, sa gloire avant d'être outragé et son honneur avant de subir l'ignominie. Ainsi, lorsqu'il serait pris et crucifié par les Juifs, ses Apôtres comprendraient qu'il ne l'avait pas été par faiblesse, mais par consentement et de plein gré pour le salut du monde.
Il les emmena sur la montagne et leur montra, avant sa résurrection, la gloire de sa divinité. Ainsi, lorsqu'il ressusciterait d'entre les morts dans la gloire de sa divinité, ses disciples reconnaîtraient qu'il ne recevait pas cette gloire en récompense de sa peine, comme s'il en eût besoin, mais qu'elle lui appartenait bien avant les siècles, avec le Père et auprès du Père, ainsi que lui-même le dit à l'approche de sa Passion volontaire: Père, glorifie-moi de la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde (Jn 17,5).
1888. Vient ensuite la transfiguration : ET IL FUT TRANSFIGURÉ DEVANT EUX. Premièrement, la transfiguration est présentée ; deuxièmement, le témoignage [rendu à Jésus], en cet endroit : COMME IL PARLAIT ENCORE, etc. [17, 5].
1889. À propos du premier point, [Matthieu] présente la transfiguration ; deuxièmement, [son] mode ; troisièmement, l’admiration de Pierre.
1890. [Matthieu] dit donc : ET IL FUT TRANSFIGURÉ, c’est-à-dire qu’il changea de visage, DEVANT EUX. Être transfiguré est la même chose que changer d’aspect, comme on lit, en 2 Co 11, que Satan se change en ange de lumière. Il n’est donc pas étonnant que les justes soient transfigurés en visage de gloire. [Jésus] fut donc transfiguré parce qu’il enleva ce qui lui appartenait.
1891. Certains ont dit qu’il prit un autre corps, ce qui est faux. Mais, pour ce qui est de l’aspect, on dit que quiconque change d’aspect extérieur est transfiguré, comme lorsque quelqu’un est en santé, il est rougeaud, et lorsqu’il est malade, il est pâle. On dit ainsi qu’il est transfiguré. De même en fut-il du Christ parce qu’il se présenta sous une autre forme que celle sous laquelle il était apparu, car son corps n’était pas lumineux, mais il avait pris tant d’éclat qu’on le dit transfiguré.
1892. ET SON VISAGE RESPLENDIT COMME LE SOLEIL : là est abordé le mode. En premier lieu, il est mis en lumière par l’éclat du visage ; en second lieu, par la blancheur des vêtements ; troisièmement, par le témoignage.
[Matthieu] dit donc : ET SON VISAGE RESPLENDIT COMME LE SOLEIL. Ici, [le Seigneur] révéla la gloire future, dans laquelle les corps seront éclatants et resplendissants. Et cet éclat ne venait pas de son essence, mais de l’éclat de l’âme intérieure remplie de charité. Is 58, 8 : Alors surgira ta lumière comme le matin, et vient ensuite : Et la gloire du Seigneur t’emportera. Il y avait donc un certain resplendissement dans [son] corps. En effet, l’âme du Christ voyait Dieu, et [plus clairement] que toute clarté depuis le début de sa conception. Jn 1, 14 : Nous avons vu sa gloire.
Si donc, chez les autres bienheureux, l’éclat découle de l’âme dans le corps, pourquoi n’était-ce pas le cas dans le Christ qui était Dieu et homme ? Il faut dire que, parce qu’il était Dieu, l’ordre de la nature humaine était en son pouvoir. Or, cet ordre veut que les parties communiquent entre elles, de sorte que, si le corps est blessé, l’âme souffre avec lui, et que le corps soit affecté par l’âme. Mais cet ordre était soumis au Christ. Ainsi, la joie qui existait dans la partie supérieure était tellement parfaite qu’elle ne se manifestait pas à l’extérieur. Il possédait donc à la fois parfaitement la condition de voyageur [viator] et parfaitement celle de voyant [comprehensor]. De sorte que, lorsqu’il le voulait, il ne reflétait pas [cet éclat], mais, lorsqu’il le voulait, il le reflétait et apparaissait resplendissant.
1893. Mais cela n’était-il pas un attribut [dos : attribut propre à l’état de ressuscité] chez le Christ ? Certains disent que oui et qu’il reçut tous les attributs alors qu’il était dans la condition de voyageur : l’attribut de subtilité pour la nativité, d’agilité pour la marche sur l’eau, d’éclat ici, d’impassibilité pour l’administration du sacrement de l’autel. Mais moi, je ne crois pas cela, car l’attribut est une propriété de la gloire elle-même. De sorte que le fait qu’il ait marché sur l’eau, qu’il ait resplendi, tout cela venait de la puissance divine, puisque l’attribut lié à la gloire s’oppose à la condition de voyageur ; mais il en eut une certaine similitude, car SON VISAGE RESPLENDIT COMME LE SOLEIL. Ap 1, 16 : Son visage resplendira comme le soleil par sa puissance. Mais on peut objecter que les justes brilleront comme le soleil. Le resplendissement du Christ ne sera donc pas plus grand que celui des autres. Je dis qu’il le sera. Mais parce que, dans les réalités sensibles, il n’y a rien de plus brillant à quoi on puisse le comparer, on le compare au soleil.
1894. ET SES VÊTEMENTS DEVINRENT BLANCS COMME LA NEIGE. Il est ici question des vêtements. Il semble que cela ne fut pas le fait d’un changement dans le Christ, ni d’un attribut, car ses vêtements n’étaient pas sujets aux attributs. Par les vêtements, les saints sont signifiés. Is 49, 18 : Je vis, dit le Seigneur, et tu seras revêtu de tous ceux-là comme d’un vêtement.
Et [Matthieu] dit : ET SES VÊTEMENTS DEVINRENT BLANCS COMME LA NEIGE. La neige possède à la fois blancheur et froideur. De même, les saints ont-ils la blancheur éclatante de la gloire. Sg 3, 7 : Les justes brilleront et courront comme des étincelles dans l’herbe, etc. Ils seront aussi rafraîchis de l’ardeur de la concupiscence. Ps 67[68], 15 : Ils deviendront blancs comme la neige sur le mont Selmon. Ou bien on entend par les vêtements le texte de la Sainte Écriture.
1889. À propos du premier point, [Matthieu] présente la transfiguration ; deuxièmement, [son] mode ; troisièmement, l’admiration de Pierre.
1890. [Matthieu] dit donc : ET IL FUT TRANSFIGURÉ, c’est-à-dire qu’il changea de visage, DEVANT EUX. Être transfiguré est la même chose que changer d’aspect, comme on lit, en 2 Co 11, que Satan se change en ange de lumière. Il n’est donc pas étonnant que les justes soient transfigurés en visage de gloire. [Jésus] fut donc transfiguré parce qu’il enleva ce qui lui appartenait.
1891. Certains ont dit qu’il prit un autre corps, ce qui est faux. Mais, pour ce qui est de l’aspect, on dit que quiconque change d’aspect extérieur est transfiguré, comme lorsque quelqu’un est en santé, il est rougeaud, et lorsqu’il est malade, il est pâle. On dit ainsi qu’il est transfiguré. De même en fut-il du Christ parce qu’il se présenta sous une autre forme que celle sous laquelle il était apparu, car son corps n’était pas lumineux, mais il avait pris tant d’éclat qu’on le dit transfiguré.
1892. ET SON VISAGE RESPLENDIT COMME LE SOLEIL : là est abordé le mode. En premier lieu, il est mis en lumière par l’éclat du visage ; en second lieu, par la blancheur des vêtements ; troisièmement, par le témoignage.
[Matthieu] dit donc : ET SON VISAGE RESPLENDIT COMME LE SOLEIL. Ici, [le Seigneur] révéla la gloire future, dans laquelle les corps seront éclatants et resplendissants. Et cet éclat ne venait pas de son essence, mais de l’éclat de l’âme intérieure remplie de charité. Is 58, 8 : Alors surgira ta lumière comme le matin, et vient ensuite : Et la gloire du Seigneur t’emportera. Il y avait donc un certain resplendissement dans [son] corps. En effet, l’âme du Christ voyait Dieu, et [plus clairement] que toute clarté depuis le début de sa conception. Jn 1, 14 : Nous avons vu sa gloire.
Si donc, chez les autres bienheureux, l’éclat découle de l’âme dans le corps, pourquoi n’était-ce pas le cas dans le Christ qui était Dieu et homme ? Il faut dire que, parce qu’il était Dieu, l’ordre de la nature humaine était en son pouvoir. Or, cet ordre veut que les parties communiquent entre elles, de sorte que, si le corps est blessé, l’âme souffre avec lui, et que le corps soit affecté par l’âme. Mais cet ordre était soumis au Christ. Ainsi, la joie qui existait dans la partie supérieure était tellement parfaite qu’elle ne se manifestait pas à l’extérieur. Il possédait donc à la fois parfaitement la condition de voyageur [viator] et parfaitement celle de voyant [comprehensor]. De sorte que, lorsqu’il le voulait, il ne reflétait pas [cet éclat], mais, lorsqu’il le voulait, il le reflétait et apparaissait resplendissant.
1893. Mais cela n’était-il pas un attribut [dos : attribut propre à l’état de ressuscité] chez le Christ ? Certains disent que oui et qu’il reçut tous les attributs alors qu’il était dans la condition de voyageur : l’attribut de subtilité pour la nativité, d’agilité pour la marche sur l’eau, d’éclat ici, d’impassibilité pour l’administration du sacrement de l’autel. Mais moi, je ne crois pas cela, car l’attribut est une propriété de la gloire elle-même. De sorte que le fait qu’il ait marché sur l’eau, qu’il ait resplendi, tout cela venait de la puissance divine, puisque l’attribut lié à la gloire s’oppose à la condition de voyageur ; mais il en eut une certaine similitude, car SON VISAGE RESPLENDIT COMME LE SOLEIL. Ap 1, 16 : Son visage resplendira comme le soleil par sa puissance. Mais on peut objecter que les justes brilleront comme le soleil. Le resplendissement du Christ ne sera donc pas plus grand que celui des autres. Je dis qu’il le sera. Mais parce que, dans les réalités sensibles, il n’y a rien de plus brillant à quoi on puisse le comparer, on le compare au soleil.
1894. ET SES VÊTEMENTS DEVINRENT BLANCS COMME LA NEIGE. Il est ici question des vêtements. Il semble que cela ne fut pas le fait d’un changement dans le Christ, ni d’un attribut, car ses vêtements n’étaient pas sujets aux attributs. Par les vêtements, les saints sont signifiés. Is 49, 18 : Je vis, dit le Seigneur, et tu seras revêtu de tous ceux-là comme d’un vêtement.
Et [Matthieu] dit : ET SES VÊTEMENTS DEVINRENT BLANCS COMME LA NEIGE. La neige possède à la fois blancheur et froideur. De même, les saints ont-ils la blancheur éclatante de la gloire. Sg 3, 7 : Les justes brilleront et courront comme des étincelles dans l’herbe, etc. Ils seront aussi rafraîchis de l’ardeur de la concupiscence. Ps 67[68], 15 : Ils deviendront blancs comme la neige sur le mont Selmon. Ou bien on entend par les vêtements le texte de la Sainte Écriture.
Après les détails préliminaires contenus dans le premier
verset, nous arrivons au fait même de la Transfiguration, qui commença, rapporte S. Luc, 9, 29,
immédiatement après une nouvelle et mystérieuse prière de Jésus. Le phénomène est d’abord exprimé par un
seul mot, transfiguré de la Vulgate, puis décrit à l’aide de quelques circonstances particulières. Le verbe
métamorphoser s’emploie surtout pour désigner un changement extérieur du visage. S. Luc l’explique par
une périphrase : « l’aspect de son visage devint tout autre ». C’est en effet sur la physionomie, qui est la
partie la plus mobile et la plus intelligente du corps humain, que se manifestent tout d’abord les
transfigurations, de quelque nature qu’elles soient. On sait que la joie, un mouvement de vive affection, la
sainteté, les communications intimes avec Dieu, illuminent et transforment le visage, faisant passer sur lui
une beauté, un éclat inaccoutumés. L’on a vu des saints transfigurés de la sorte au lit de mort, à l’oraison,
après la sainte communion. Les Prophètes l’étaient parfois quand Dieu leur révélait sa volonté. Moïse, en
descendant du Sinaï, avait un visage si resplendissant qu’il était impossible aux Hébreux de fixer les yeux sur
lui. Ex. 34, 29. Mais il y a ici quelque chose de plus que le rayonnement d’une âme céleste brillant sur une
physionomie humaine ; il y a plus qu’un reflet de la Divinité transformant le visage d’un saint. C’est le Verbe
divin lui-même qui dépose momentanément la forme de serviteur, sous laquelle il a consenti à se cacher
humblement par amour pour nous, et qui revêt la forme de Fils unique du Père. A ce point de vue, nous
dirons avec l’Ange de l’Ecole que la Transfiguration fut beaucoup moins un miracle que la cessation
temporaire d’un miracle habituel ; car c’était en vertu d’un prodige réel que le Sauveur voilait et dissimulait
l’éclat dont sa nature divine eût sans cesse inondé sa sainte humanité : « quand il le voulait, cela ne se voyait
pas, et quand il le voulait, cela se voyait, aussi apparut-il dans sa splendeur ». - Devant eux : c’est sous les
regards ravis des trois Apôtres que Jésus fut tout à coup transfiguré. - S.Matthieu note deux traits
caractéristiques dont ils furent témoins : 1° Son visage resplendit... : Cette clarté lumineuse, éblouissante
(comme le soleil), qui s’échappait du visage de Notre-Seigneur fut produite par un rayonnement intérieur de
sa divinité. L’enveloppe mortelle de son corps, qui était d’ordinaire comme un écran chargé d’arrêter sa
gloire, fut elle-même pénétrée, envahie, par ses splendeurs. - 2° Ses vêtements... Les vêtements mêmes de
Jésus participent à l’éclat merveilleux qui émanait de tous ses membres : son corps brille à travers eux pour
ainsi dire. Ils deviennent étincelants non pas comme la neige, comme le dit la Vulgate, mais comme la
lumière ainsi que nous lisons dans le texte grec. Telles furent, pour ce qui concerne la personne sacrée du
Sauveur, les principales circonstances de la Transfiguration. Elles nous montrent, dans ce mystère, un vrai
prélude de la Résurrection, de l’Ascension, de la gloire éternelle du ciel. L’Évangéliste va passer maintenant
aux circonstances plus extérieures du prodige, vv. 3-5.