Matthieu 18, 20
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
Voici encore une autre cause qui détruit l'effet de nos prières; nous ne sommes par faitement unis entre nous, ici-bas, ni par la foi, ni par la conformité de la vie. Car de même que la musique ne peut charmer les oreilles, s'il y a défaut d'accord dans les voix, de même si l'harmonie ne règne dans l'Église, Dieu ne peut ni s'y complaire ni écouter les voix de ses en fants.
Il ne dit pas: «dans les cieux», comme dans le pouvoir qu'il a donné à pierre, mais «dans le ciel» au singulier; car les Apôtres n'étaient pas aussi parfaits que Pierre.
Il ne dit pas: «Je serai au milieu d'eux», mais au présent: «Je suis»; car aussitôt que quelques personnes s'unissent entre elles, Jésus-Christ se trouve au milieu d'elles.
Ou bien encore, celui en qui les deux Testaments s'accordent et s'unissent entre eux, peut être certain que sa prière, quel qu'en soit l'objet, devient agréable à Dieu.
L'intention du Sauveur dans ces paroles est d'inspirer à tous les hommes la crainte la plus vive, pour les contenir ici-bas dans le devoir; c'est pour cela qu'il déclare irrévocable le jugement prononcé par le tribunal sévère des Apôtres, jusque là que tous ceux qu'ils auront liés sur la terre, c'est-à-dire qu'ils auront laissés dans les liens du péché, et ceux qu'ils auront déliés en leur donnant dans la rémission des péchés le gage du salut, seront liés ou déliés dans les cieux.
Il est lui-même la paix et la charité, et il établira son trône et son habitation dans les volontés droites et pacifiques.
Il ne dit pas simplement: «Là où seront réunis», mais il ajoute: «En mon nom», comme s'il disait: Si je suis le motif principal de l'affection qu'un chrétien a pour son frère, je serai avec lui, pourvu qu'il ait d'ailleurs toutes les autres v ertus. Mais comment donc se fait-il que des personnes parfaitement unies entre elles n'obtiennent pas ce qu'elles demandent? Premièrement, parce qu'elles demandent des choses qu'il ne leur est pas avanta geux d'obtenir; en second lieu, parce qu'elles sont personnellement indignes d'être exaucées, et qu'elles n'apportent pas à la prière les dispositions convenables; aussi Notre-Seigneur prend-il soin de dire: «Si deux d'entre vous», c'est-à-dire de ceux dont la vie est conforme à l'Évangile; troisièmement, parce qu'elles prient contre ceux qui les ont offensés, ou quatriè mement, enfin parce qu'elles implorent la miséricorde divine pour des pécheurs sans repentir.
Et remarquez qu'il ne dit pas à celui qui est à la tête de l'Église: Liez un tel, mais: «Si vous liez, les liens ne pourront être rompus». Il laisse ainsi à son propre jugement la conduite qu'il doit tenir. Voyez encore comme il a chargé d'une double chaîne le pécheur incorrigible, d'abord par une peine actuelle, c'est-à-dire sa séparation de l'Église, dont il a parlé plus haut en ces termes: «Qu'il soit pour vous comme un païen», et par le supplice de l'autre vie, qui est d'être lié dans le ciel; et c'est par cette multitude de jugements qu'il veut éteindre l'indignation du frère coupa ble.
Comme il avait dit: «Ce qu'ils demandent leur sera accordé par mon Père», il veut leur apprendre que c'est également de lui-même comme de son Père que dé coulent ces faveurs, et il ajoute; «Là où sont réunis deux ou trois, je suis moi-même au mi lieu d'eux».
Écoute cette exhortation de l'Apôtre: Tout ce que vous faites: manger, boire ou n'importe quoi d'autre, faites-le pour la gloire de Dieu (1Co 10,31). Oui vraiment, tout ce que tu feras servira à la gloire de Dieu, si tu t'emploies, dès que tu auras quitté ce lieu, au salut de tes frères. Tu leur adresseras non seulement des reproches et des blâmes, mais aussi des conseils et des encouragements, pour les avertir du tort q ue leur causent les divertissements profanes, et tu leur montreras le profit et l'utilité qu'ils peuvent retirer de notre enseignement. Tu te ménageras ainsi un double salaire, en travaillant d'une part très efficacement à ton propre salut, et en cherchant d'autre part à guérir celui qui est avec toi membre du Corps du Christ. La fierté de l'Église, le commandement du Sauveur, c'est que tu ne penses pas uniquement à toi, mais aussi à ton prochain.
Considère à quel point celui qui se préoccupe du salut de son frère mérite d'être honoré. En faisant cela, il imite Dieu autant qu'il est au pouvoir de l'homme. Écoute donc ce que le Seigneur dit par son prophète: Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est méprisable, tu seras comme ma propre bouche (Jr 15,19), ce qui revient à dire: "Celui qui s'efforce de sauver son frère négligent et de l'arracher à la dent du diable, m'imite moi-même, autant qu'il est au pouvoir de l'homme." Qu'est-ce qui pourrait bien égaler une pareille action? C'est la plus grande de toutes les bonnes oeuvres et le couronnement de toute vie vertueuse.
C'est aussi ce qu'il te convient vraiment de faire, puisque le Christ a versé son sang pour notre salut. Quand Paul parle des fauteurs de scandales, qui blessent la conscience de ceux qui les voient faire, il s'écrie: La connaissance que tu as va faire périr le faible, ce frère pour qui le Christ est mort (1Co 8,11). Ton Maître a donc versé son sang pour cet homme. Aussi bien, ceux qui, par leur mollesse, sont tombés dans les filets du diable, peuvent à juste titre attendre de chaque chrétien qu'il leur apporte au moins l'encouragement de sa parole et leur tende une main secourable.
Vous le ferez, j'en suis sûr, à cause de la grande affection que vous éprouvez pour ceux qui sont avec vous membres du Corps du Christ, et vous n'épargnerez aucun effort pour ramener vos frères à notre mère commune, car vous êtes capables, avec la grâce de Dieu, de donner aux autres des avertissements pleins de sagesse.
Considère à quel point celui qui se préoccupe du salut de son frère mérite d'être honoré. En faisant cela, il imite Dieu autant qu'il est au pouvoir de l'homme. Écoute donc ce que le Seigneur dit par son prophète: Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est méprisable, tu seras comme ma propre bouche (Jr 15,19), ce qui revient à dire: "Celui qui s'efforce de sauver son frère négligent et de l'arracher à la dent du diable, m'imite moi-même, autant qu'il est au pouvoir de l'homme." Qu'est-ce qui pourrait bien égaler une pareille action? C'est la plus grande de toutes les bonnes oeuvres et le couronnement de toute vie vertueuse.
C'est aussi ce qu'il te convient vraiment de faire, puisque le Christ a versé son sang pour notre salut. Quand Paul parle des fauteurs de scandales, qui blessent la conscience de ceux qui les voient faire, il s'écrie: La connaissance que tu as va faire périr le faible, ce frère pour qui le Christ est mort (1Co 8,11). Ton Maître a donc versé son sang pour cet homme. Aussi bien, ceux qui, par leur mollesse, sont tombés dans les filets du diable, peuvent à juste titre attendre de chaque chrétien qu'il leur apporte au moins l'encouragement de sa parole et leur tende une main secourable.
Vous le ferez, j'en suis sûr, à cause de la grande affection que vous éprouvez pour ceux qui sont avec vous membres du Corps du Christ, et vous n'épargnerez aucun effort pour ramener vos frères à notre mère commune, car vous êtes capables, avec la grâce de Dieu, de donner aux autres des avertissements pleins de sagesse.
Nous pouvons encore entendre ces paroles dans un sens spirituel) et dire que là où l'esprit, l'âme et le corps sont unis entre eux, et n'offrent pas le spectacle de volontés opposées, ils obtiendront tout ce qu'ils demanderont au Père céleste; car nul ne doute que là ou le corps a la même volonté que l'esprit, la prière n'ait pour objet des choses agréables à Dieu.
Notre-Seigneur venait de dire: «S'il n'écoute pas l'Église, qu'il soit pour vous comme un païen et comme un publicain». Celui qui se trouvait ainsi rejeté, aurait pu répondre ou du moins penser: Vous me méprisez, et moi aussi je vous méprise; vous me condamnez, je vous condamne également; il donne donc ici aux Apôtres un pouvoir vraiment extraordinaire, de manière à faire comprendre à ceux qui sont frappés par leur condamnation, que la sentence de la terre est confirmée par le jugement de Dieu; c'est pour cela qu'il ajoute: «Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez», etc.
Ou bien encore, tout ce qui précède était une invitation à la charité et à la concorde; le Sauveur sanctionne cet appel par la récompense qu'il promet, et pour nous faire embrasser plus promptement la paix fraternelle, il nous déclare qu'il sera au milieu de deux ou trois personnes dès lors qu'elles seront unies entre elles.
Ou bien dans un autre sens: Vous avez com mencé à regarder votre frère comme un publicain, vous le liez sur la terre, mais faites attention de le lier pour des motifs justes; car l'éternelle justice brise les liens qui sont imposés injuste ment. Lorsqu'au contraire vous aurez corrigé votre frère, et rétabli l'accord entre vous et lui, vous l'avez délié, et lorsque vous l'aurez délié sur la terre, il sera également délié dans le ciel. Or, en cela, vous rendez un service signalé, non pas à vous, mais à votre frère, parce qu'il s'est fait à lui-même un tort immense plutôt qu'à vous.
La Glose
Ce n'est pas seulement l'efficacité de l'excommunication, mais encore la puissance de toute prière des fidèles priant de concert dans l'unité de l'Église, que Notre-Seigneur confirme en ajoutant: «Je vous dis encore que si deux d'entre vous s'unissent ensemble sur la terre (soit pour recevoir un pénitent, soit pour rejeter un orgueilleux ou pour toute autre chose qu'ils demanderont et qui ne sera pas contraire à l'unité de l'Église), ce qu'ils demandent leur sera accordé par mon Père qui est dans les cieux».Par ces paroles: «Qui est dans les cieux», il nous montre que son Père est au-dessus de toutes choses, et qu'il peut ainsi exaucer les prières qui lui sont adressées. Ou bien: «Il est dans les cieux», c'est-à-dire dans les saints, ce qui prouve qu'il leur accordera certainement l'objet de leurs prières, si toutefois cet objet est digne de Dieu, parce qu'ils ont en eux-mêmes celui à qui s'adressent leurs demandes; et voilà pourquoi Dieu exauce et ratifie les désirs de ceux qui sont unis entre eux, parce qu'il habite au milieu d'eux, suivant ces paroles: «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis moi-même au milieu d'eux».
1988. LORSQUE DEUX OU TROIS SONT RÉUNIS EN MON NOM, JE SUIS LÀ AU MILIEU D’EUX, dans l’assemblée des saints, et non dans celle des gens de la terre. Ps 110[111], 1 : Au sein de la réunion et de l’assemblée des justes, grandes sont les œuvres du Seigneur. LÀ donc OÙ DEUX OU TROIS. La charité n’existe pas là où il n’y en a qu’un seul, mais [là où il y en a] plusieurs. Ainsi, 1 Jn 4, 16 : Celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu et Dieu en lui. «Je suis donc au milieu d’eux.»
C’est la même promesse réitérée, expliquée. - Là où deux ou trois : ici encore, une société à peine
ébauchée. Et puis, peu importent le temps et le lieu ; une chose seulement est requise : Rassemblés en mon
nom. Dès là que le nom de Jésus, ses intérêts, sa gloire, sont le but de la réunion, on a droit à l’avantage
promis et cet avantage est immense : Je suis au milieu d'eux. Mais qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? Deux ou
trois chrétiens réunis au nom de Jésus-Christ ne représentent-ils pas l’Église tout entière ? et Jésus peut-il
être séparé de cette Église dont il est le chef ? Les rabbins disaient aussi que « si deux sont assis à une table
et s'entretiennent de la loi, le symbole de la présence divine repose sur eux », Pirke Aboth, 3, 2. - Il existe sur
les vv. 19 et 20 de belles applications morales des Saints-Pères : elles concernent tantôt les avantages de la
concorde et de la charité fraternelle, tantôt les conditions de la bonne prière. On les trouvera réunies dans la
« Catena » de S. Thomas.
Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre, le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la messe, et dans la personne du ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix » et, au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques. Il est présent, par sa puissance, dans les sacrements au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : « Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Effectivement, pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Église, son Epouse bien-aimée, qui l’invoque comme son Seigneur et qui, par la médiation de celui-ci, rend son culte au Père éternel.
Les chrétiens sont donc appelés à exercer personnellement l’apostolat dans leurs diverses conditions de vie ; il ne faut cependant pas oublier que l’homme est social par nature et qu’il a plu à Dieu de rassembler ceux qui croient au Christ pour en faire le Peuple de Dieu (cf. 1 P 2, 5-10) et les unir en un seul corps (cf. 1 Co 12, 12). L’apostolat organisé correspond donc bien à la condition humaine et chrétienne des fidèles ; il présente en même temps le signe de la communion et de l’unité de l’Église dans le Christ qui a dit : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18, 20).
La vie à mener en commun doit persévérer dans la prière et la communion d’un même esprit, nourrie de la doctrine évangélique, de la sainte liturgie et surtout de l’Eucharistie (cf. Ac 2, 42), à l’exemple de la primitive Église dans laquelle la multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme (cf. Ac 4, 32). Membres du Christ, les religieux auront les uns pour les autres des prévenances pleines d’égards dans leurs relations fraternelles (cf. Rm 12, 10), portant les fardeaux les uns des autres (cf. Ga 6, 2). En effet, comme la charité de Dieu est répandue dans les cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5), la communauté, telle une vraie famille, réunie au nom du Seigneur, jouit de sa présence (cf. Mt 18, 20). La charité est la plénitude de la loi (cf. Rm 13, 10) et le lien de la perfection (cf. Col 3, 14), et par elle nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie (cf. 1 Jn 3, 14). En outre, l’unité des frères manifeste que le Christ est venu (cf. Jn 13, 35 ; 17, 21), et il en découle une puissante énergie apostolique.
En certaines circonstances particulières, par exemple lors des prières prévues « pour l’unité », et lors des réunions œcuméniques, il est permis, bien plus il est souhaitable, que les catholiques s’associent pour prier avec les frères séparés. De telles supplications communes sont assurément un moyen efficace de demander la grâce de l’unité, et elles constituent une expression authentique des liens par lesquels les catholiques demeurent unis avec les frères séparés : « Là, en effet, où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18, 20).
" Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre " – la dispensation ou communication de son œuvre de salut, – " le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le Sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, ‘le même offrant maintenant par le ministère des prêtres qui s’offrit alors Lui-même sur la Croix’ et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent par sa vertu dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ Lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est Lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, Lui qui a promis : ‘Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20) " (SC 7).
" Le Christ Jésus qui est mort, qui est ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous " (Rm 8, 34), est présent de multiples manières à son Église (cf. LG 48) : dans sa Parole, dans la prière de son Église, " là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom " (Mt 18, 20), dans les pauvres, les malades, les prisonniers (Mt 25, 31-46), dans ses sacrements dont il est l’auteur, dans le sacrifice de la messe et en la personne du ministre. Mais " au plus haut point (il est présent) sous les espèces eucharistiques " (SC 7).
Cet amour trouve son expression la plus accomplie dans la prière commune. Quand les frères qui ne sont pas dans une parfaite communion se réunissent pour prier, le Concile Vatican II définit leur prière comme l'âme de tout le mouvement œcuménique. Elle est « un moyen très efficace pour demander la grâce de l'unité », « une expression authentique des liens par lesquels les catholiques demeurent unis avec les frères séparés ». Même lorsqu'on ne prie pas formellement pour l'unité des chrétiens, mais à d'autres intentions comme, par exemple, la paix, la prière devient en soi une expression et une confirmation de l'unité. La prière commune des chrétiens invite le Christ lui-même à visiter la communauté de ceux qui l'implorent: « Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux » (Mt 18, 20).