Matthieu 26, 16
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Saint Luc nous explique plus clairement quelle était cette occasion que cherchait Judas en di sant: «Il cherchait l'occasion de leur livrer sans exciter de troubles, c'est-à-dire au moment où le peuple ne l'entourait pas, et où il se trouvait seul avec ses disciples. C'est ce qu'il fit en le livrant après la cène, lorsqu'il était seul dans le jardin de Gethsémani. Et voyez si aujourd'hui encore ce n'est pas cette même occasion favorable que cherchent ceux qui veulent trahir le Verbe de Dieu dans les temps de persécution, c'est-à-dire alors que la parole de vérité n'est pas entourée et défendue par la multitude des fidèles.
Pour trahir l'unique prince des prêtres qui a été consacré prêtre pour l'éternité ( Ps 110,4 ), il alla trouver tous ces princes des prêtres afin de leur vendre à prix d'argent celui qui voulait racheter le monde entier.
Or, voilà ce que font tous ceux qui reçoi vent les biens de la terre et les avantages du monde pour livrer et chasser de leur âme le Sau veur et la parole de vérité qui était en eux. «Et ils lui promirent trente pièces d'argent». Ils semblent établir le prix de la vente sur le nombre d'années que le Sauveur avait passées dans le monde.
C'est-à-dire lorsqu'il eut entendu que cet Évangile serait prêché en tout lieu, il fut saisi de crainte; car les paroles du Sauveur étaient pleines d'une puissance ineffable.
Il dit: «L'un des douze», c'est-à-dire l'un de ceux qui les premiers ont été l'objet d'une vocation sublime, et il ajoute pour le distinguer: «Appelé Judas Iscariote»; car il y avait un autre Judas.
L'infortuné Ju das veut se dédommager par la vente de son Maître de la perte qu'il croit avoir faite en voyant ce parfum répandu. Il ne fixe pas de chiffre précis de manière à ce que cette trahison fût pour lui une affaire lucrative, mais comme s'il s'agissait d'un vil esclave, il laisse aux acheteurs de déterminer le prix qu'ils veulent y mettre.
Joseph ne fut pas, comme quelques-uns le pensent d'après la version des Septante, vendu trente pièces d'or, mais trente pièces d'argent d'après le texte hébreu qui est authentique. Car le serviteur ne pouvait être estimé à un plus haut prix que le Maître.
Judas, vendant le Seigneur trente pièces d'argent, représente les Juifs infidèles, qui, en poursuivant les biens terrestres et périssables (qui sont l'objet des cinq sens du corps), ont rejeté le Christ; et comme ils ont commis ce crime au sixième âge du monde, ils ont reçu pour prix du Seigneur qu'ils ont vendu, une somme figurative composée du chiffre six multiplié par cinq; et parce qu'il est écrit que la parole du Seigneur est pure comme l'argent, et qu'ils n'ont eu de la loi qu'une intelligence charnelle, ils ont comme gravé sur l'argent l'effigie de ce pouvoir terrestre, auquel ils ont été soumis après avoir perdu le Seigneur.
Voici la suite du discours de Notre-Seigneur: «Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours. - Alors les princes des prêtres s'assemblèrent. - Alors l'un des douze s'en alla», etc. Entre ces paroles: «De peur qu'il ne s'élève quelque tumulte parmi le peuple, et ces autres: «Alors l'un des douze s'en alla»,etc.; l'Évangéliste raconte le fait qui s'est passé à Béthanie, et qu'il place ici par récapitula tion.
Iscariote était le village où Judas était né.
Ce n'est point l'impression du trouble produit par la crainte qui lui fait abandonner Jésus-Christ, mais l'amour de l'argent; car pour cette passion, aucune affection n'a de prix, une âme dominée par l'amour du gain ne craint pas de s'exposer à sa perte pour un misérable profit, et il n'y a plus de trace de justice dans un coeur où l'avarice a fixé sa demeure. Enivré de ce poison, le perfide Judas, dévoré par la soif de l'argent, pousse l'excès de sa folle impiété jusqu'à vendre son Seigneur et son Maître. «Et il dit aux princes des prêtres: Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ?»
L'auteur sacré dit qu'il s'en alla, c'est-à-dire que c'est sans y être forcé, sans y être sollicité, mais de son plein gré qu'il conçut ce criminel des sein.
La Glose
Après nous avoir fait connaître quelle fut l'occasion de la trahison de Judas, l'Évangéliste en vient au fait même de cette trahison: «Alors l'un des douze s'en alla».
2634. ET À PARTIR DE CE MOMENT, IL CHERCHAIT UNE OCCASION FAVORABLE POUR LE LIVRER. Ici est présentée la préoccupation [de Judas]. Et pourquoi agissait-il ainsi ? Afin d’accomplir son crime plus facilement et de manière plus cachée, comme c’est le cas de ceux qui pèchent, car celui qui agit mal craint la lumière, Jn 3, 20. Et Jb 24, 15 : L’œil de l’adultère épie la noirceur.
Depuis ce moment. A partir du moment où l'infâme marché avait été conclu. - Il cherchait : Judas se tient aux
aguets comme une bête fauve, épiant une occasion favorable de temps et de lieu pour livrer Jésus entre les
mains de ses bourreaux. Nous l'avons vu (note du v. 5) le résultat de cette trahison fut de fixer l'incertitude du
Grand conseil. Il n'est plus question d'attendre que la fête soit passée, que les masses populaires se soient
écoulées. On profitera du premier moment opportun puisque les circonstances sont si ouvertement favorables
au Sanhédrin.