Matthieu 26, 19

Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.

Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.
Origène
Peut-être voudra-t-on s'autoriser de ce que Jésus a célébré la Pâque selon l'usage des Juifs, pour prétendre que nous, imitateurs de Jésus-Christ, nous devons agir de même. Mais ce serait oublier que Jésus ne s'est pas assujetti à la loi pour laisser sous le joug de la loi, mais, au contraire, pour délivrer de ce joug ceux qui étaient sous la loi ( Ga 4,4 ). A combien plus forte raison donc ne convient-il pas à ceux qui vivaient en dehors de la loi, de se soumettre à ses prescriptions. Les chrétiens doivent donc se contenter d'accomplir d'une manière spirituelle ce que la loi prescrivait d'accomplir extérieurement; et c'est ainsi que nous devons célébrer la Pâque avec les azymes de la sincérité et de la vérité pour nous conformer à la volonté de l'Agneau qui nous dit: «Si vous ne mangez ma chair, et si vous ne buvez mon sang, vous n'aurez point la vie en vous».
Saint Hilaire de Poitiers
Ou bien, il ne nomme pas celui chez lequel il devait célébrer la Pâque, parce qu'il n'avait pas encore accordé à ceux qui croyaient en lui, la gloire du nom chrétien.
Saint Jean Chrysostome
Ou bien, le Sauveur appelle ce jour le premier jour des azymes, parce qu'il y avait sept jours des azymes. Or, c'était l'usage chez les Juifs de compter les jours en partant de la veille au soir; l'Évangéliste rappelle donc ce jour au soir duquel la Pâque devait être immolée, c'est-à-dire le cinquième jour de la semaine.

Nous voyons clairement par là, que le Sauveur n'avait à lui, ni maison ni asile, et je suis porté à croire que ses disciples n'en avaient pas non plus; car ils l'eussent prié d'y venir pour y célébrer la Pâque. «Jésus leur répondit: Allez dans la ville chez un tel», etc.

Ou bien en leur disant: «Allez chez un tel», il veut montrer qu'il les adresse à un homme inconnu, et leur apprendre ainsi qu'il était en son pouvoir de ne pas souffrir, car celui qui pouvait déterminer un inconnu à les recevoir, que n'aurait-il pu sur l'esprit de ceux qui devaient le crucifier, s'il avait voulu se soustraire au sup plice de la croix? Pour moi, ce que j'admire dans cet homme, ce n'est pas seulement qu'un homme qui ne connaissait pas Jésus-Christ l'ait reçu chez lui, mais qu'il ait méprisé, en le rece vant, la haine générale à laquelle il s'exposait.

L'intention du Sauveur est ici de rappeler sa passion à ses disciples, et de les exercer pour ainsi dire par ces prédictions répétées de ses souffrances, pour qu'elles devinssent l'objet continuel de leurs méditations, et aussi pour leur prouver que c'était volontairement qu'il allait souffrir: «Je viens faire la Pâque chez vous avec mes disciples», paroles qui montrent d'ailleurs qu'il voulait jusqu'au dernier jour de sa vie se conformer à la loi. Il ajoute: «Avec mes disciples»,afin qu'il fît tous les préparatifs nécessaires, et que cet homme à qui il adressait ses disciples ne s'imaginât pas qu'il avait l'intention de se cacher dans sa maison.
Saint Jérôme
Le premier jour des azymes est le, quatorzième du premier mois, où l'on immole l'agneau pascal; c'est le jour où la lune est dans son plein, et où il était défendu de conserver de levain.

Les écrivains du Nouveau Testament se conforment ici à l'usage suivi par les écrivains de l'Ancien Testament qui s'expriment souvent de cette manière: «Celui-ci lui dit: Dans ce lieu-ci, dans celui-là»,sans désigner autrement le nom des personnes et des lieux.
Saint Augustin
C'est celui que saint Marc et saint Luc appellent le père de famille ou le maître de la maison. Si donc saint Matthieu dit: «Allez chez un tel»,c'est de lui-même et pour abréger son récit; car chacun sait que personne ne peut formuler un ordre de cette manière: «Allez chez untel». Saint Matthieu, après avoir rapporté les paroles du Seigneur: «Allez dans la ville, ajoute donc de lui-même: «Chez un tel»,non que le Seigneur se soit exprimé de la sorte, mais pour nous faire entendre qu'il y avait un homme dans la ville à qui le Seigneur adressait ses disciples pour lui préparer la Pâque. Car il est hors de doute que les disciples du Sauveur ne furent pas adressés au premier venu, mais à un homme qu'il leur désignait d'une manière spéciale.
Saint Rémi
«Les disciples vinrent trouver Jésus, et lui dirent: Où voulez-vous que nous vous préparions ce qu'il faut pour manger la Pâque? Je pense que le traître Judas se trouvait parmi les disciples qui s'approchèrent de Jésus pour lui faire cette question.

Peut-être nous fera-t-on cette objection: Si cet agneau figuratif était le symbole du véritable agneau, pourquoi Jésus-Christ n'a-t-il pas souffert la nuit même où on immolait cet agneau? Nous répondons que c'est cette nuit là même qu'il a donné à ses disciples le pouvoir de célébrer les mystères de son corps et de son sang, et c'est immé diatement après que les Juifs se sont saisis de sa personne, l'ont chargé de chaînes, et qu'il a ainsi consacré le commencement de son immolation, c'est-à-dire de sa passion.

Il faut remarquer que, chez les Juifs, la Pâque se célébrait au premier jour, et les sept jours qui suivaient étaient les jours des azymes; mais maintenant le jour de Pâques est également appelé le jour des azymes ( Ac 12 ).
Rabanus Maurus
Ou bien encore, il passe son nom sous silence, pour nous apprendre qu'il donne à tous ceux qui le veulent, le pouvoir de célébrer la vraie Pâque, et de recevoir Jésus-Christ dans la demeure de leur âme.
La Glose
L'Évangéliste vient d'exposer les préludes de la passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire la prédiction qu'il en fait lui-même, le conseil tenu par les princes des prêtres, et le traité conclu par le traître Judas, il va maintenant raconter toute la suite de l'histoire de la passion. «Or, le premier jour des azymes».
Saint Thomas d'Aquin
2642. LES DISCIPLES FIRENT COMME JÉSUS LE LEUR AVAIT ORDONNÉ, etc. On trouve quelque chose de semblable en Ex 24, 3 : Nous ferons tout ce que le Seigneur a ordonné.
Louis-Claude Fillion
Nous savons par le témoignage de S. Luc, 22, 8, que les deux disciples choisis par Jésus furent S. Pierre et S. Jean. - Ils préparèrent la pâque. C'était une opération assez compliquée. Il fallait porter au temple l'agneau d'un an, sans tache et sans défaut, qui avait été mis en réserve quelques jours auparavant pour servir de victime pascale ; on l'immolait dans l'après-midi suivant un rite particulier dont les détails ont été conservés dans le Talmud, traité Pesachim, 5, 6-8. Les chefs de famille ou leurs délégués étaient introduits par groupes dans la cour du Temple : au signal donné, chacun égorgeait son agneau. Des prêtres rangés sur deux lignes recevaient le sang des victimes dans des bassins d'or ou d'argent, qu'ils faisaient parvenir de main en main à celui de leurs collègues qui était le plus rapproché de l'autel. Celui-ci vidait les coupes au pied de l'autel et les renvoyait aux sacrificateurs. Les agneaux étaient ensuite dépecés, mais avec les plus grandes précautions, car non n'en devait pas briser un seul os, cf. Ex. 12, 46. La graisse était mise en réserve pour être brûlée sur l'autel des holocaustes. Quand ces préparatifs préliminaires avaient été accomplis dans le Temple au chant des Psaumes, on emportait les agneaux dans les habitations particulières pour les faire rôtir au four. Deux pièces de bois de grenadier, attachées en forme de croix, cf. S. Justin, Dial. Cum Tryph. c. 40, les maintenaient dans une situation déterminée par la coutume. Voir Smith, Diction. of the Bible, Art. Passover. Préparer la Pâque, c'était encore se procurer des pains azymes, le vin, les herbes amères, le Charoceth, sorte de sauce épaisse et rougeâtre composée de dattes, de figues, d'amandes et d'épices reliées entre avec du vinaigre, et les divers mets qui devaient compléter le repas. Enfin il fallait organiser la table et orner la salle du festin : mais cette dernière opération était déjà faite quand les disciples se présentèrent à la maison que Jésus leur avait indiquée, cf. Marc. 14, 15 ; Luc, 22, 12.
Fulcran Vigouroux
Ils préparèrent la pâque, l’agneau pascal et tout ce qui était nécessaire pour le manger selon les rites. Voir Exode, 12, 3-20.