Matthieu 26, 75

Alors Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement.

Alors Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement.
Origène
Ou bien, par la première servante, on peut entend re la synagogue des Juifs, qui contraignit souvent les fidèles à renier Jésus-Christ; par la seconde, la réunion des peuples qui ont persé cuté les chrétiens; et par ceux qui se tiennent dans la cour, les ministres des diverses hérésies.
Saint Ambroise
J'aime mieux que Pierre ait renié le Sauveur que de soutenir que le Sauveur s'est trompé.
Saint Jean Chrysostome
Dans un si court espace de temps, Pierre renonce son maître, non-seulement une fois, mais deux et trois fois, «Et comme il sortait dans le vestibule», etc.

Nous voyons par là que le chant du coq ne l'arrêta pas dans cette voie de renoncement, et ne le fit pas se souvenir de sa promesse.
Saint Jérôme
Il était assis dehors pour attendre le dénouement de cette affaire, et il ne s'approchait pas de Jésus pour n'inspirer aucun soupçon aux serviteurs du grand prêtre. Pierre, lorsqu'on ne faisait que se saisir de son maître, s'était montré enflammé de zèle jusqu'à tirer son épée et couper l'oreille d'un des serviteurs du grand-prêtre, et maintenant qu'il est témoin des opprobres de Jésus-Christ, il devient apostat et ne peut supporter les questions pressantes d'une pauvre jeune fille: «Et une servante s'approcha de lui et lui dit: Vous étiez aussi avec Jésus de Galilée».

Je sais qu'il en est qui, par un sentiment de pieuse affection pour l'apôtre saint Pierre, ont entendu ce passage dans ce sens: que Pierre n'avait pas nié en Jésus-Christ le Dieu, mais l'homme, et que sa réponse signifie: Je ne connais pas l'homme, car je connais le Dieu. Un lecteur intelligent comprendra facilement la futilité de cette explication, car si Pierre n'a pas renié son maître, le Seigneur a donc menti en lui di sant: «Vous me renoncerez trois fois».

Ce n'est pas que Pierre parlât une autre langue, ou appartînt à une autre nation (car celui qu'on voulait convaincre et ceux qui le questionnaient étaient tous hébreux), mais c'est que chaque province, chaque contrée a son dialecte particulier, et qu'on ne peut jamais éviter en parlant l'accent naturel de son pays ( Jg 12,5 ).

Nous lisons dans un autre Évangile ( Lc 22,61 ), qu'après le renoncement de Pierre et le chant du coq, le Seigneur regarda Pierre, et, par ce regard, lui fit verser des larmes amères. Il n'était pas possible en effet qu'il restât dans les ténèbres, après avoir été regardé par la lumière du monde; aussi l'Évangéliste ajoute: «Et étant sorti, il pleura amèrement». Il ne pouvait faire pénitence en restant dans la cour de Caïphe, et il sort du milieu de l'assemblée des impies, pour laver, dans des larmes amères, la honte de ce timide et lâche renoncement.

Heureuses sont vos larmes, ô saint Apôtre, puisqu'elles eurent, pour effacer le crime de votre renoncement, la vertu des eaux du baptême. Vous avez été soutenu par la droite du Seigneur Jésus-Christ, qui vous reçut lors de votre chute, avant que vous fussiez tombé dans l'abîme, et qui vous rendit inébranlable au moment même où vous alliez tomber sans retour. Pierre recouvra donc aussitôt sa fermeté, avec la force toute divine qui lui fût communiquée, et après avoir tremblé à la vue de la passion de Jésus-Christ, il fut sans crainte et resta inébranla ble devant son propre supplice.
Saint Augustin
Le triple renoncement de Pierre eut lieu pendant que le Seigneur était en butte aux outrages dont on vient de parler. Les évangélistes ne le rappor tent pas tous dans le même ordre: saint Luc raconte la chute de cet Apôtre avant les indignes traitements qu'on fit à Jésus, tandis que saint Matthieu et saint Marc ne rapportent le renonce ment de Pierre qu'après ces scènes d'ignominie. «Pierre cependant était au dehors, assis dans la cour»

Il faut comprendre que le coq chanta pour la première fois, lorsque Pierre sortit dehors, après le premier renoncement.

Ce n'est pas dehors et devant la porte qu'il renia son maître une seconde fois, mais après qu'il fut revenu près du feu, car cette autre, servante n'était pas sortie, et ne l'avait pas vue dehors; mais elle le vit lorsqu'il sortait, c'est-à-dire lorsqu'il se levait pour se diriger vers la porte, et elle dit à ceux qui étaient présents et autour du feu avec elle: «Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth». Or, Pierre, qui venait de sortir, revint sur ses pas pour se justifier, en niant ce que cette femme venait de dire. Ou bien, ce qui est plus vraisemblable, il n'avait pas entendu ces paroles en sortant, et c'est lorsqu'il rentra que la servante et un autre, dont parle saint Luc, lui dirent: «Certainement, vous êtes aussi de ces gens-là».Ou bien, d'après saint Jean: «N'êtes-vous pas aussi des disciples de cet homme».

Examinons maintenant le troisième renoncement: «Peu après ceux qui étaient là s'approchèrent et dirent à Pierre: Assurément, vous êtes aussi de ces gens-là». Saint Luc dit que ce fut une heure après; et comme preuve convaincante, ils ajoutent: «Car votre langage vous fait assez connaître».

Pierre a renié trois fois le Seigneur, et l'erreur des hérétiques s'est toujours renfermée dans ces trois objets: la divinité de Jésus-Christ, ou son humanité, ou les deux natures à la fois.
Saint Rémi
Voyez combien sont funestes les entretiens avec les méchants, puisqu'ils forcent Pierre à renoncer le Seigneur, qu'il avait au trefois proclamé le Fils de Dieu. «Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer»,etc.

Dans le sens spirituel, Pierre, qui renonce Jésus avant que le coq ait chanté, figure ceux qui, troublés par sa mort, ne croyaient pas à sa divinité avant sa résurrection. Lorsqu'il, le re nonce une seconde fois après le chant du coq, il est la figure de ceux qui ont des idées fausses sur les deux natures de Jésus-Christ, sa nature divine et sa nature humaine. La première ser vante représente la cupidité; la seconde, la délectation charnelle; et ceux qui étaient présents, les démons, car ce sont les démons qui excitent les hommes à renier Jésus-Christ.
Rabanus Maurus
Comment se fait-il que soit par une femme que Pierre soit d'abord reconnu, alors que les hommes qui étaient là auraient dû bien plus facilement le reconnaître, si ce n'est pour nous montrer que ce sexe concourait aussi par ses péchés à la passion du Sau veur, et devait être racheté par sa mort. «Mais il le nia devant tous en disant: Je ne sais ce que vous dites».Il nia devant tout le monde, parce qu'il craignait d'être découvert; et, en décla rant qu'il ne connaît pas le Sauveur, il montre ainsi qu'il n'est pas disposé à mourir pour lui.

Or, Dieu permit cette hésitation coupable, pour nous ap prendre, par l'exemple du chef des Apôtres, à trouver dans la pénitence le remède de nos fau tes, et à ne jamais nous confier dans notre vertu, puisque saint Pierre lui-même n'a pu échapper aux tristes suites de la mutabilité naturelle à l'homme.

Or, ce renon cement de Pierre nous autorise à dire qu'on ne renonce pas seulement Jésus-Christ, lorsqu'on soutient qu'il n'est pas le Christ, mais en niant qu'on soit chrétien, lorsqu'on l'est en effet.

Remarquez qu'en premier lieu, Pierre s'est contenté de répondre: «Je ne sais pas ce que vous dites», qu'en second lieu il nie avec serment, qu'enfin il se met à faire des imprécations et à jurer qu'il ne connaît pas cet homme. C'est ainsi que la persévérance dans le péché devient une cause de crimes plus énormes, et que celui qui méprise les fautes légères tombe nécessairement dans les grandes.

Après le troisième renoncement, le chant du coq se fait entendre: «Et aussitôt le coq chanta».Ce coq est la figure du docteur de l'Église, qui réprimande ceux qui sont endormis, et leur dit: «Réveillez-vous, justes, et ne péchez pas» ( 1Co 15,34 ). Or, la sainte Écriture a la coutume d'exprimer le mérite des actions dont elle parle, par le temps où elles se font; c'est ainsi que Pierre, qui a renié son maître au milieu des ténè bres, s'est repenti au chant du coq. «Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite :Avant que le coq ait chanté, vous me renoncerez trois fois».
Saint Thomas d'Aquin
2790. Le second point est le souvenir de Pierre : ET PIERRE SE SOUVINT DE LA PAROLE QUE JÉSUS AVAIT DITE, etc. Ps 21[22], 28 : Ils se souviendront, et tous les confins de la terre se tourneront vers le Seigneur. Et ces deux choses se produisent souvent à l’appel du prédicateur, car celui qui oublié Dieu par les péchés revient par la voix du prédicateur. Il est question de ce coq en Jb 38, 36 : Qui a donné l’intelligence au coq ?

Luc ajoute aussi une troisième chose : Le Seigneur regarda Pierre. L’Apôtre [dit] en Rm 3, 24 : [Vous avez été] justifiés gratuitement par sa grâce. Lm 5, 21 : Convertis-nous à toi, Seigneur, et nous serons convertis.

2791. Ensuite, il est question du repentir de Pierre : ET, SORTANT DEHORS, IL PLEURA AMÈREMENT. C’est un repentir louable pour trois raisons. Premièrement, il se produit immédiatement, car dès que [Pierre] fut sorti. Si 5, 8 : Ne tarde pas à te convertir au Seigneur. Il est aussi prudent, car il s’est écarté de la compagnie des autres qui l’avaient incité à nier. Les pécheurs doivent ainsi éviter l’occasion de pécher. 2 Co 6, 17 : Écartez-vous d’eux, et vous serez mis à part, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. Aussi, [ce repentir] a été effectif et vrai. Jr 6, 26 : Pleure d’une plainte amère comme pour un fils unique. Is 38, 15 : Je te rappellerai toutes mes années dans l’amertume de mon âme.
Louis-Claude Fillion
Ce cri rappelle immédiatement à S. Pierre la prédiction si récente de Jésus, cf. v. 34, qui ne s'était que trop bien réalisée. Avant le chant du coq, le chef de la troupe apostolique avait renié trois fois son Maître. Le cœur brisé par son souvenir, il fuit au plus vite le théâtre de sa honteuse chute ; il sort de la cour et s'en va dans la rue pour se livrer librement à sa douleur. - Il pleura amèrement : dans le texte grec est à l'imparfait, « il pleurait », ce qui exprime un acte fréquent et prolongé. La faute avait été grande, mais elle fut aussitôt expiée par une vive et profonde contrition. « Saint Apôtre, heureuses ont été vos larmes qui, en diluant la culpabilité de la faute, ont eu le pouvoir du saint baptême », S. Léon, Serm. 9 de Passione. On connaît la tradition consignée dans les écrits de S. Clément pape, d'après laquelle les larmes de S. Pierre auraient duré autant que sa vie cf. Corn. a Lap. in h.l.
Fulcran Vigouroux
Et étant sorti, il pleura amèrement. Selon la tradition, saint Pierre alla pleurer son péché dans une grotte, transformée en tombeau et située sur le versant de la partie du mont Sion qui regarde la vallée du Cédron. On éleva dans la suite, au-dessus de cette grotte, une église que les anciens pèlerins nomment Gallicante ou le Chant du Coq.