Matthieu 27, 30
Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête.
Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête.
Ou bien, ce roseau est un symbole mystérieux de la confiance que nous avions dans le roseau de l'Egypte ( 2R 18,21 ) ou de quelque autre puissance contraire à Dieu, avant que nous ayons embrassé la foi. Jésus-Christ prend ce roseau pour en triompher sur le bois de la croix; c'est avec ce ro seau qu'ils frappent la tête du Seigneur Jésus, car la puissance ennemie dirige toujours ses coups contre Dieu le Père, qui est la tête du Sauveur.
Le Seigneur, ayant pris sur lui toutes les infirmités de notre corps, se présente à nous, sous ce manteau d'écarlate, couvert du sang de tous les martyrs qui ont mérité de régner avec lui. Il est aussi couronné d'épines, c'est-à-dire de tous les péchés des peuples qui le trans percent, et lui forment une couronne de victoire; ce roseau représente la faiblesse et l'infirmité des nations, à qui le Sauveur communique, en les prenant par la main, une force toute divine. On le frappe à la tête avec ce roseau, c'est-à-dire que les nations faibles et infirmes, soulevées par la main de Jésus-Christ, se reposent en Dieu le Père, qui. est la tête du Christ.
Comment pourrons-nous encore être sensibles aux outrages que nous pourrions recevoir, après que Jésus-Christ s'est soumis à d'aussi indignes traitements? C'était bien là le dernier degré de l'outrage, car ce n'était pas une petite partie de lui-même, mais tout son corps, qui était exposé à ces indignités: la tête, par la couronne d'épines, par le roseau et les soufflets; le visage, par les crachats dont on le couvrait; les joues, par les soufflets qu'ils y déchargeaient, tout le corps, par la flagellation et la nudité à laquelle il fut exposé; les mains, par le roseau qu'ils lui donnèrent pour sceptre, comme s'ils eussent craint d'omettre la moindre partie de ce que l'audace la plus effrontée peut suggérer
Quant à nous, nous donnons à toutes ces circonstances une signification spirituelle. De même que Caïphe fit cette prophétie sans savoir ce qu'il disait «Il faut qu'un seul homme meure pour tous», de même les Juifs, dans tout ce qu'ils entreprirent contre Jésus, nous of frent a nous, qui avons la foi, bien qu'ils aient eu une intention toute différente, de mystérieux symboles. Jésus, dans ce manteau d'écarlate, porte toutes les oeuvres sanguinaires des Gentils; par sa couronne d'épines, il détruit l'antique malédiction; par son roseau, il tue toutes les bêtes venimeuses; ou bien, il tient ce roseau à l a main, pour écrire l'action sacrilège des Juifs.
Comme Jésus avait été appelé roi des Juifs, et que les scribes et les prêtres lui avaient fait un crime d'avoir voulu usurper le pouvoir sur le peuple d'Israël, les soldats, pour se moquer de lui, le dépouillent de ses vêtements et le couvrent d'un manteau d'écarlate, pour figurer le manteau bordé de rouge que portaient les anciens rois. Pour diadème, ils lui placent sur la tête une couronne d'épines; pour sceptre royal, ils lui donnent un roseau, et ils se prosternent devant lui comme devant un roi, ce que l'Évangéliste nous raconte en ces termes: «Et après lui avoir ôté ses habits, ils le couvrirent d'un manteau d'écarlate», etc.
Il est certain que saint Matthieu a rapporté ces tristes détails, comme par récapitulation, et non comme ayant eu lieu après que Pilate eut livré Jésus aux Juifs pour être crucifié, car saint Jean les place avant que Jésus fût abandonné aux Juifs par Pilate.
Ils ont dépouillé le Sauveur dans sa passion, de ses vêtements, et l'ont revêtu d'un manteau de couleur, et, en cela, ils figurent les hé rétiques, qui soutiennent que le corps de Jésus-Christ n'est point véritable, mais purement fantastique.
Après les accusations portées contre Jésus-Christ nous arrivons, par une suite naturelle, au récit de la passion proprement dite que saint Matthieu commence ainsi: «Alors les soldats du gouverneur amenèrent Jésus dans le prétoire, et ras semblèrent autour de lui toute la cohorte».
Ainsi s'explique ce que dit saint Marc, qu'on le revêtit de pourpre, car c'est en place du manteau de pourpre qu'ils le couvrirent de ce manteau d'écarlate pour se moquer de lui; et il y a en effet une cer taine pourpre, dont la couleur se rapproche tout à fait de l'écarlate. Il peu t se faire aussi que saint Marc veuille parler de la pourpre qui se trouvait dans ce manteau, quoiqu'il fût de cou leur écarlate.
Ou bien, dans un autre sens, ce manteau d'écarlate figure la chair du Seigneur, qui nous apparaît comme rouge, à cause du sang qu'il a répandu, et, la couronne d'épines, nos péchés, qu'il a pris sur lui, parce qu'il s'est revêtu d'une chair semblable à celle du péché.
Ceux-là donc frappent la tête de Jésus-Christ avec un roseau, qui, osant s'élever contre sa divinité, s'efforcent d'appuyer leur erreur sur l'autorité des Saintes Écritures écrites avec un roseau; ceux qui lui crachent au visage sont ceux qui repoussent, avec des paroles de blasphèmes, la présence de sa grâce, et nient que Jé sus soit venu revêtu d'une chair mortelle. Enfin, ceux-là lui rendent des honneurs mensongers, qui croient en lui, et ne témoignent que du mépris pour lui par la perversité de leur conduite.
2840. De même, ils lui adressaient diverses insultes, car ils lui crachaient au visage. Is 1, 6 : Je n’ai pas détourné mon visage de ceux qui crachaient sur moi. DE MÊME, ILS LE FRAPPAIENT À LA TÊTE, comme s’il avait été un idiot. Et qui sont ceux qui frappent la tête du Christ ? La tête du Christ est Dieu, comme on le lit en 1 Co 11, 3. Ceux-là donc frappent la tête du Christ, qui blasphèment contre la divinité du Christ. La Sainte Écriture est indiquée par le roseau. Ceux-ci confirment leur erreur par la Sainte Écriture.
3° Ils
lui crachent au visage, remplaçant par cette grossière injure le baiser accoutumé en pareille circonstance
d'après le cérémonial des Orientaux. 4° Lui arrachant des mains son sceptre de roseau, ils lui en donnent sur
la tête des coups violents, qui font pénétrer de toutes parts les épines. Mais ils ont beau mépriser, avilir et
profaner autant qu'il est en leur pouvoir la dignité royale de l'Homme-Dieu ; malgré eux, et jusqu'à un certain
point par eux, elle est établie, consolidée. Du reste, Jésus ne reçoit-il pas leurs indignes traitements avec la
noblesse et la dignité d'un roi ? - On ne trouve dans l'histoire que de rares exemples d'outrages comparables à
ceux que cette vile soldatesque fit subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ, Pilate persévérant dans sa lâche tolérance. Dion Chrysost, 4, p. 69, parle d'un malfaiteur condamné à mort, que des Persans placèrent sur un
trône royal, et accablèrent de mille insultes avant de l'exécuter. On cite encore, d'après Philon, in Flacc. § 6,
une scène analogue, mais moins cruelle, qui se passa dans la ville d'Alexandrie peu de temps après la mort
du Sauveur. Les habitants païens de la cité profitèrent d'un séjour que fit au milieu d'eux Hérode Agrippa I,
pour se moquer insolemment de lui et de tous les Juifs dont il était roi. Ils prirent un fou, le couvrirent
d'ornements dérisoires qui devaient simuler les insignes de la royauté, lui composèrent une garde royale qui
était armée de bâtons en guise de lances, et ils lui rendirent d'une façon ironique tous les hommages que les
rois ont coutume de recevoir. Ils voulaient montrer par cette manifestation qu'ils méprisaient la royauté
d'Hérode. Les soldats de Pilate témoignèrent de la même manière, mais avec beaucoup plus de brutalité, de
leur mépris pour l'autorité royale du Fils de l'homme. Cf. Rosenmüller, Das A. und N. Morgenland, t. 5, p.
111, 112.