Matthieu 27, 61
Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.
Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.
Ce n'est point par hasard qu'il est écrit que Joseph enveloppe le corps dans un linceul blanc, qu'il le dépose dans un sépulcre neuf, et qu'il roule une grande pierre à l'entrée, car tout ce qui approche le corps de Jésus doit avoir pour caractère la pureté, la nouveauté, la grandeur.
Nous ne lisons pas dans l'Évangile que la mère des enfants de Zébédée fut elle-même assise près du sépulcre, peut-être n'avait-elle été que jusqu'au pied de la croix; mais les autres femmes, animées d'une charité plus grande, voulurent être témoins de tout ce qui devait suivre.
Dans le sens mystique, Joseph est une figure des Apôtres; il ensevelit le corps dans un linceul blanc. C'est dans un linge semblable que saint Pierre vit descendre du ciel vers lui toutes sortes d'animaux, ce qui signifie que l'Église a été ensevelie avec Jésus-Christ. Le corps du Seigneur est donc placé dans ce lieu de repos, creusé tout nouvellement dans la pierre, parce que Jésus-Christ est déposé, par la prédication des Apôtres, dans le coeur si dur des infidèles, que le travail de la doctrine a creusé, mais qui était jusque-là inaccessible à tout sentiment de crainte de Dieu. Une pierre ferme l'entrée de ce tombeau, pour nous apprendre que nul que le Seigneur ne doit entrer dans nos coeurs, et que, puisqu'avant lui personne n'avait fait pénétrer en nous la connaissance de Dieu, personne ne puisse y être ensuite intro duit que par lui.
Ou bien, alors que tous les autres abandonnent le Seigneur, celles-ci persévèrent dans leur dévouement à Jésus, et attendent l'effet de ses promesses. Aussi elles méritèrent de voir les premières le Sauveur ressuscité, «car celui-là seul qui persévère jusqu'à la fin sera sauvé» ( Mt 10, 22; 24, 13). C'est ce que continuent de faire, jusqu'à ce jour, les saintes femmes, c'est-à-dire les âmes qui considèrent, avec une pieuse curiosité, comment s'accomplit et se termine la passion du Christ.
Considérez le courage de cet homme: il s'expose à perdre la vie, en atti rant sur lui la haine de tous les ennemis de Jésus, par l'affection qu'il ne craint pas de lui té moigner, et non-seulement il ose demander le corps de Jésus, mais encore l'ensevelir: «Et Joseph, ayant reçu le corps, l'enveloppa dans un linceul blanc».
L'auteur sacré nous dit qu'il était riche, non point par vanité, et p our nous apprendre qu'un homme aussi distingué par sa noblesse que par son opu lence était disciple de Jésus, mais pour expliquer comment il put obtenir de Pilate le corps du Sauveur: «Il vint trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus». Des pauvres, des gens du peuple, n'auraient osé venir trouver Pilate, gouverneur, qui représentait la puissance romaine, et lui demander le corps d'un crucifié. Ce Joseph est appelé, par un autre Évangéliste, buleutes, c'est-à-dire conseiller ( Mc 15,42 ), et plusieurs pensent que c'est à lui que s'applique ce pre mier psaume: «Heureux l'homme qui n'a pas été dans le conseil des impies», etc.
La sépulture si simple du Sauveur condamne les prétentions ambitieuses des riches qui veulent que leurs ri chesses les suivent jusque dans leurs tombeaux. Nous pouvons aussi entendre, dans un sens spirituel, la sépulture du corps du Seigneur, qui est enseveli, non dans l'or, ni dans les pierres précieuses, ni dans la soie, mais dans un linge blanc, figure de celui qui reçoit Jésus dans un coeur pur et qui l'enveloppe ainsi dans un linceul blanc.
il est déposé dans un sépulcre neuf, car les autres corps restant dans le tombeau après sa résurrection, on aurait pu supposer que c'était un autre qui était ressuscité. Ce sépulcre neuf peut aussi figurer le sein virginal de Marie. Le corps du Sauveur a été ense veli dans un tombeau creusé dans le roc, car si ce tombeau avait été composé de plusieurs pier res, on n'eût pas manqué d'objecter qu'on en avait creusé les fondations, pour dérober secrè tement le corps.
Cette grande pierre, qui couvre le sépulcre, prouve suffisamment qu'on n'aurait pu l'ouvrir sans le concours d'un grand nombre de personnes.
Le Sauveur est déposé dans un sépulcre étranger, parce qu'il mourait pour le salut des autres. Pourquoi aurait-il eu une sépulture en propre, puisque, par lui-même, il n'était pas sujet à la mort? Qu'avait-il besoin d'un tombeau, lui qui n'avait cessé d'avoir son trône dans le ciel? A quoi pouvait lui servir un sépulcre qui lui appartint, lui qui n'y resta que trois jours, plutôt comme un homme qui se repose dans un lit que comme un mort étendu dans un tombeau. Le sépulcre, c'est la demeure de la mort, et la demeure de la mort ne pouvait être celle de Jésus-Christ, qui est la vie, et Celui qui vit éternellement n'avait nul besoin du séjour des morts.
Et encore, si ce tombeau avait été préparé dans la terre, ils au raient pu dire: Ils ont creusé sous terre, et ils l'ont enlevé. S'il n'eût été fermé que par une petite pierre, ils n'auraient pas manqué de dire: Ils sont venus le dérober pendant que nous dormions. «Et ayant roulé une grande pierre à l'entrée du tombeau, il s'en alla».
Arimathie est la même ville que Ramatha, patrie de Samuel et d'Helcana ( 1R 1 ), et elle est située dans le pays de Chanaan, près de Diospolis. Ce Joseph avait dans le monde une haute position; mais l'Évangéliste le loue de ce qu'il jouissait, aux yeux de Dieu, d'une considération plus grande encore, car, nous dit-il, il était juste ( 23, 50). Il était convenable que ce fût un homme de ce mérite qui ensevelit le corps de Jésus, et qui, par la grandeur de ses vertus, fût digne de lui rendre ce devoir.
Ou bien, dans un autre sens, comme le mot sindon, que nous traduisons par linceul, est un tissu de lin, que le lin vient de la terre, et qu'on ne peut lui donner une blancheur éclatante que par beaucoup d'opérations successives, c'est une figure mystérieuse de ce corps qui vient de la terre, c'est-à-dire du sein d'une Vierge, et qui n'est parvenu que par les travaux de sa passion à la gloire éclatante de l'immortalité.
Après que le corps fut enseveli, tandis que tous les autres retournaient chez eux, les femmes seules qui l'avaient aimé plus tendrement restèrent près de son corps et remarquèrent avec grand soin l'endroit où on venait de l'ensevelir, afin de pouvoir, en temps convenable, lui offrir l'hommage de leur piété: «Or, Marie-Madeleine et l'autre Marie étaient là, se tenant près du tombeau».
C'est de là qu'est venu l'usage, dans l'Église, d'offrir le sacrifice de l'autel, non sur la soie, ni sur une étoffe de couleur, mais sur un tissu de lin qui vient de la terre, comme l'a ordonné le bienheureux pape Sylvestre.
La Glose
L'Évangéliste, ayant rapporté toute la suite de la passion et de la mort du Seigneur, raconte maintenant ce qui concerne sa sépulture: «Le soir étant venu», etc.
2897. Vient ensuite la dévotion des femmes. Ainsi, les femmes, qui l’aimaient plus intensément, l’avaient suivi jusqu’au sépulcre. On dit donc : IL Y AVAIT LÀ MARIE MADELEINE ET UNE AUTRE MARIE. Marie de Zébédée, qui n’était pas là, n’est pas nommée, parce qu’elle ne [l’]aimait pas aussi intensément.
« Lorsque les autres abandonnèrent le Seigneur, les femmes continuent à le veiller …. et elles
méritent ainsi d'être les premières à voir sa résurrection », S. Jérôme, in h. l. Marie-Madeleine est la première
à ce poste d'amour. Avec elle s'y trouve l'autre Marie, c'est-à-dire Marie, mère de Jacques et de Joseph,
mentionnée au v. 56. Elles sont là dans l'attitude de la douleur. Il leur est impossible de s'éloigner de Jésus,
même après sa mort : de plus, elles avaient désiré savoir en quel lieu son corps serait déposé, parce qu'elles
voulaient l'embaumer plus complètement quand le repos du sabbat aurait cessé. Cf. Marc. 15, 47 ; Luc. 23,
55 et suiv.