Matthieu 28, 15
Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions. Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui.
Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions. Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui.
C'est à ce prix qu'on achète le silence sur la résurrection et le men songe de l'enlèvement du corps, parce qu'en effet la gloire du monde, qui consiste dans l'estime et le désir de l'argent, est une négation de la gloire de Jésus-Christ.
Tous ceux qui font abus de l'argent du temple, ou de tout ce qui doit servir à l'usage de l'Église, pour satisfaire leurs désirs ou leurs passions, sont sem blables aux scribes et aux prêtres qui achètent à prix d'argent le mensonge et le sang de Jésus-Christ.
Car comment des hommes pauvres, sans esprit, et qui n'osaient se montrer, auraient-ils osé enlever le corps de leur maître? Si, lorsqu'ils vivaient encore, ils se sont tous enfui, comment, après sa mort, n'auraient-ils pas craint cette multitude de gens armés? Et encore, est-ce qu'ils pou vaient renverser la pierre du sépulcre qui ne pouvait être soulevée que par plusieurs bras? Est-ce que le sceau public n'y avait pas été apposé? Pourquoi d'ailleurs ne l'ont-ils pas dérobé la première nuit, lorsqu'il n'y avait aucune garde au tombeau? car ce n'est que le jour du sabbat qu'ils demandèrent une garde à Pilate. Que signifient encore ces suaires que Pierre vit placés dans le sépulcre? Si les disciples avaient voulu dérober le corps, ils ne l'eussent pas enlevé dépouillé de son linceul, non-seulement par respect, mais encore pour ne pas être retardés par cette opération et donner aux soldats les moyens de s'emparer d'eux, d'autant plus que la myrrhe était tellem ent gluante et collée au corps et au linceul qu'il était fort difficile de le déta cher du corps. Tout ce qu'on a dit sur ce vol prétendu n'a donc aucune vraisemblance, et tout ce que les Juifs ont amassé pour obscurcir le fait de la résurrection n'a servi qu'à le rendre plus éclatant, car, en publiant que les disciples ont enlevé le corps de Jésus, ils avouent que le corps n'était plus dans le sépulcre. Or, la crainte dont les Apôtres étaient remplis, et le soin avec le quel les soldats gardaient le tombeau démontrent l'impossibilité de cet enlèvement.
Voyez comme la corruption est générale: Pilate s'est laissé gagner, le peuple juif soulever et les soldats corrompre. «Et les soldats ayant reçu l'argent firent ce qu'on leur avait dit». Puisque l'argent n, une telle force sur l'esprit d'un disciple que de lui faire trahir son divin Maître, ne soyez pas surpris de voir des soldats gagnés eux-mêmes à prix d'argent.
Ainsi, les princes des prêtres qui auraient dû se convertir, et chercher eux aussi Jésus ressuscité, persévèrent dans leur malice et se servent de l'argent qui devait être consacré à l'usage du temple pour acheter un mensonge, de même qu'ils ont donné précédemment trente pièces d'argent au traî tre Judas: «Ceux-ci rassemblèrent les anciens, et, ayant tenu conseil, ils donnèrent une grosse somme d'argent aux soldats».
Parmi les prodiges qui entourèrent la mort et la résurrection de Jésus-Christ, les uns, comme les ténèbres furent communs à tout l'univers, les autres furent particu liers aux soldats qui gardaient le tombeau, comme l'apparition miraculeuse de l'ange et le trem blement de terre que Dieu permit pour 1es remplir d'effroi et les forcer de rendre témoignage à la vérité. Car la vérité brille d'un plus vif éclat lorsqu'elle est répandue par ses propres adver saires, et c'est ce qui est arrivé ici: «Quand elles furent parties, quelques-uns des gardes vin rent dans la ville, et annoncèrent aux princes des prêtres tout ce qui s'était passé».
L'Ange avait dit aux femmes: Vite, allez dire à ses disciples: Il est ressuscité d'entre les morts; il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez (Mt 28,7). En disant cela, l'Ange ne s'adressait pas à Marie Madeleine et à l'autre Marie, mais, en ces deux femmes, c'est l'Église qu'il envoyait en mission, c'est l'Épouse que l'Ange envoyait vers l'Époux.
Et tandis qu'elles s'en vont, le Seigneur vient à leur rencontre et les salue en disant: Je vous salue, réjouissez-vous. Il avait dit à ses disciples: Ne saluez personne en chemin (Lc 10,4); comment se fait-il que sur le chemin il accoure à la rencontre de ces femmes et les salue si joyeusement? Il n'attend pas d'être reconnu, il ne cherche pas à être identifié, il ne se laisse pas questionner, mais il s'empresse, plein d'élan, vers cette rencontre; il y court avec ardeur et, en les saluant, il abolit lui-même sa propre prescription. Voilà ce que fait la puissance de l'amour: elle est plus forte que tout, elle déborde tout. En saluant l'Église, c'est lui-même que le Christ salue, car il l'a faite sienne, elle est devenue sa chair, elle est devenue son corps, comme l'atteste l'Apôtre: Il est la Tête du Corps, c'est-à-dire l'Église (Col 1,18).
Oui, c'est bien l'Église en sa plénitude que personnifient ces deux femmes; les événements le montrent avec évidence; à ses disciples qui doutent de sa résurrection, le Christ doit apporter des preuves, il doit apaiser leurs craintes, il doit les rappeler à la foi en montrant son côté et les trous des clous, puis en prenant avec eux de la nourriture. Et c'est à juste titre qu'il nomme "enfants" ceux qui étaient si petits dans la foi, lorsqu'il leur demande: Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger (Jn 21,5)?
Mais ces femmes, il les trouve déjà parvenues à la maturité de la foi; elles ont dominé leurs faiblesses et elles se hâtent vers le mystère, elles cherchent le Seigneur avec toute la ferveur de leur foi. Aussi méritent-elles qu'il se donne à elles, lorsqu'il va à leur rencontre et leur dit: Je vous salue, réjouissez-vous. Il les laisse non seulement le toucher, mais le saisir à la mesure de leur amour. Comme nous venons de l'entendre dans la proclamation de l'Évangile: Elles s'approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui (Mt 28,9). Oui, elles saisissent ses pieds, ces femmes qui, dans l'Église, sont les modèles des messagers de la Bonne Nouvelle. Elles ont mérité cette grâce par l'élan de leur course; elles touchent avec tant de foi les pieds du Sauveur qu'il leur est donné d'embrasser la gloire divine.
Et tandis qu'elles s'en vont, le Seigneur vient à leur rencontre et les salue en disant: Je vous salue, réjouissez-vous. Il avait dit à ses disciples: Ne saluez personne en chemin (Lc 10,4); comment se fait-il que sur le chemin il accoure à la rencontre de ces femmes et les salue si joyeusement? Il n'attend pas d'être reconnu, il ne cherche pas à être identifié, il ne se laisse pas questionner, mais il s'empresse, plein d'élan, vers cette rencontre; il y court avec ardeur et, en les saluant, il abolit lui-même sa propre prescription. Voilà ce que fait la puissance de l'amour: elle est plus forte que tout, elle déborde tout. En saluant l'Église, c'est lui-même que le Christ salue, car il l'a faite sienne, elle est devenue sa chair, elle est devenue son corps, comme l'atteste l'Apôtre: Il est la Tête du Corps, c'est-à-dire l'Église (Col 1,18).
Oui, c'est bien l'Église en sa plénitude que personnifient ces deux femmes; les événements le montrent avec évidence; à ses disciples qui doutent de sa résurrection, le Christ doit apporter des preuves, il doit apaiser leurs craintes, il doit les rappeler à la foi en montrant son côté et les trous des clous, puis en prenant avec eux de la nourriture. Et c'est à juste titre qu'il nomme "enfants" ceux qui étaient si petits dans la foi, lorsqu'il leur demande: Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger (Jn 21,5)?
Mais ces femmes, il les trouve déjà parvenues à la maturité de la foi; elles ont dominé leurs faiblesses et elles se hâtent vers le mystère, elles cherchent le Seigneur avec toute la ferveur de leur foi. Aussi méritent-elles qu'il se donne à elles, lorsqu'il va à leur rencontre et leur dit: Je vous salue, réjouissez-vous. Il les laisse non seulement le toucher, mais le saisir à la mesure de leur amour. Comme nous venons de l'entendre dans la proclamation de l'Évangile: Elles s'approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui (Mt 28,9). Oui, elles saisissent ses pieds, ces femmes qui, dans l'Église, sont les modèles des messagers de la Bonne Nouvelle. Elles ont mérité cette grâce par l'élan de leur course; elles touchent avec tant de foi les pieds du Sauveur qu'il leur est donné d'embrasser la gloire divine.
Mais si d'ailleurs les gardes dormaient, comment purent-ils voir qu'on avait enlevé le corps? et, s'ils n'ont pu le voir, comment ont-ils pu servir de témoins? Ils n'ont donc pu atteindre le but qu'ils se proposaient.
Ce n'est pas assez pour eux d'avoir mis le Maître à mort, ils cherchent encore les moyens de perdre les disciples, et veulent leur faire un crime de la puissance de leur maître. Oui les soldats ont laissé échapper, et les Juifs ont perdu le corps de Jésus; mais, si les disciples l'ont enlevé, ce n'est point furtivement, mais par la foi; ce n'est point par fraude, mais par leur vertu; ce n'est point par un crime, mais par leur sainteté, et ils l'ont enlevé plein de vie, et non comme une victime de la mort.
Ce bruit s'est répandu parmi les Juifs, mais non parmi les chrétiens, car ce que les Juifs ont voulu obscurcir dans la Judée, à prix d'argent, la foi l'a fait briller du plus vif éclat dans tout l'univers.
Souvent la simplicité d'une âme sans instruction, et même une ignorance grossière, révèle la vérité sans artifice et telle qu'elle est, tandis que l'astucieuse malignité s'efforce de faire passer le mensonge pour la vérité, en lui donnant les dehors de la vraisemblance.
De même que le crime du sang répandu, qu'ils ont appelé sur eux et sur leurs enfants, les accable du poids énorme de leurs péchés, ainsi ce mensonge qu'ils achètent, et qui a pour but de nier la vérité de la résurrection, les tient enchaînés dans les liens d'un crime qui dure à ja mais: «Et ce bruit qu'ils répandirent se répète encore aujourd'hui parmi les Juifs».
La Glose
Ils vont même au-devant de la crainte que les soldats auraient pu avoir que le gouverneur punit leur négligence, s'ils répandaient ce mensonge: «Et si cela vient à la connaissance du gouverneur, nous l'apaiserons et nous vous mettrons à cou vert».
2945. MAIS EUX, AYANT PRIS L’ARGENT, AGIRENT COMME ON [le] LEUR AVAIT DIT. Il n’est pas étonnant que les soldats aient été corrompus par l’argent, car un des disciples [du Seigneur] avait été corrompu. Si 10, 9 : Pour l’avare, rien n’est plus désirable que l’argent. ET CELA A ÉTÉ RAPPORTÉ : et non seulement jusqu’au moment où cela fut écrit, mais jusqu’à maintenant.
N'ayant rien à craindre et beaucoup à gagner, les
soldats acceptent l'argent et les conditions du Sanhédrin. « Si l'argent l'a emporté sur un disciple … il ne faut
pas s'étonner qu'il ait raison des soldats » (S. Jean Chrysostôme, Hom. 90 in Matth. ). Le mensonge fit son
chemin, quelque absurde qu'il fût. Les autorités juives, d'après S. Justin, Dial. cum Tryph., c. 108, auraient
même pris la précaution d'envoyer des messagers pour le divulguer parmi les communautés israélites
dispersées par toute la terre. - Jusqu'à ce jour, c'est à dire jusqu'à l'époque de la composition du premier
Évangile ; voir la Préface. Dans son curieux ouvrage sur le Judaïsme (Entdecktes Judenthum, 1, p. 189 et
ss.), Eisenmenger prouve que cette erreur grossière circula pendant longtemps dans les cercles juifs. - Les
rationalistes ont trouvé tout cet épisode, vv. 11-15, complètement invraisemblable, et ils l'ont pour ce motif
retranché de ce qu'ils appellent la rédaction primitive du premier Évangile. Il est au contraire très naturel et
en conformité parfaite avec le caractère du Sanhédrin, tel qu'il nous est apparu dans les pages précédentes de
S. Matthieu. Nous renvoyons à nos adversaires, sans l'examiner davantage, leur audacieuse négation.