Matthieu 28, 20

apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Saint Hilaire de Poitiers
Que ne contient pas en effet ce sacrement de notre salut. Tout y est plein, tout y est parfait, comme venant de celui qui possède toute plénitude et toute perfection. Le nom de Père exprime la nature de la première personne; mais elle est Père seulement, et ne doit pas à un autre, comme les hommes, d'être Père. Le Père n'a pas été engendré, il est éternel; il a tou jours en lui le principe qui le fait exister; il n'est connu que du Fils, etc. Le Fils est engendré de celui qui ne l'a pas été, un de celui qui est un, vrai de celui qui est vrai, vivant de celui qui est vivant, parfait de celui qui est parfait, vertu de la vertu, sagesse de la sagesse, gloire de la gloire, image du Dieu invisible, figure du Père qui n'a pas été engendré. L'Esprit saint ne peut pas être séparé de la confession que nous faisons du Père et du Fils, et cette consolation de notre espérance ne nous fait défaut en aucune circonstance. C'est lui qui est le gage des pro messes futures, par les opérations de ses dons, lui qui est la lumière de l'intelligence, lui qui est la splendeur des esprits. Les hérétiques, qui ne peuvent pas changer ces vérités, essaient de les expliquer d'une manière toute humaine. C'est ainsi que Sabellius étend la paternité jusqu'au Fils, et admet une distinction plutôt dans leurs noms divers que dans leurs personnalités différentes, reconnaissant lui-même à sa manière, un Père et un Fils, puisque, suivant lui, le Fils n'est autre que le Père. C'est ainsi qu'Ebion n'attribue d'autre origine à Jésus-Christ que celle qu'il tire de la Vierge Marie, et qu'il prétend que ce n'est pas l'homme qui vient de Dieu, mais Dieu qui vient de l'homme. C'est ainsi que les Ar iens font sortir du néant et du temps l'image substantielle, la sagesse et la vertu de Dieu. Qu'y a-t-il d'étonnant qu'ils enseignent des erreurs multipliées sur l'Esprit saint, eux qui sont assez téméraires pour affirmer que le Fils, de qui il pro cède, a été soumis à la création et au changement,
Saint Jean Chrysostome
Comme il vient de leur faire des commandements d'une haute importance, il relève leur cou rage en ajoutant: «Et voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles», paroles dont voici la signification: Ne dites pas que les commandement s que je vous fais sont difficiles, car je suis avec vous, moi qui rend toutes choses légères. Et il leur promet d'être, non seulement avec eux, mais encore avec tous ceux qui croiront après eux, car les Apôtres ne devaient pas vivre jusqu'à la fin des siècles, et le Sauveur s'adresse à tous les fidèles comme à un seul corps.

Il leur rappelle la fin de toutes choses, pour les attirer plus fortement à lui, et leur faire jeter les yeux, non pas seulement sur les biens du temps, mais sur les biens futurs, qui doivent durer éternellement, et il semble leur dire: Les épreuves que vous aurez à suppor ter passeront avec cette vie, et le monde tout entier passera lui-même et sera détruit, tandis que les biens dont vous serez comblés dureront éternellement.

Dieu et les hommes sont devenus une seule race. Voilà pourquoi saint Paul a dit: Nous sommes de la race de Dieu (Ac 17,29). Il dit encore ailleurs: Nous sommes le corps du Christ et, chacun pour sa part, les membres de sa chair (1Co 12,27). C'est-à-dire: Nous sommes devenus sa parenté, par la chair qu'il a assumée. Nous avons donc, grâce à lui, une garantie au ciel: la chair qu'il a prise de nous, et ici-bas: l'Esprit Saint qui demeure en nous.

Comment vous étonnez-vous que l'Esprit Saint est à la fois avec nous et au ciel, quand le corps du Christ est en même temps au ciel et avec nous? Le ciel a possédé ce corps sacré, et la terre a reçu l'Esprit Saint. Le Christ vint et apporta le Saint-Esprit, puis il monta au ciel et y emmena notre corps.

Quel plan divin redoutable et étonnant! O grand roi, magnifique en toute chose! Comme disait le prophète: O Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre (Ps 8,2)!

La divinité fut élevée. Exactement il est dit: Ils le virent s'élever (Ac 1,9), lui qui est grand en tout, le grand Dieu, le grand Seigneur, qui est aussi le grand roi sur toute la terre (Ac 1,9)! Grand prophète, grand prêtre, grande lumière, il est grand en toute chose. Et non seulement il est grand par sa divinité, mais aussi selon la chair, car il est grand prêtre et grand prophète. Comment cela? Écoutez saint Paul: En lui nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux. Demeurons fermes dans la foi (He 4,14). Car, s'il est grand prêtre et grand prophète, il est bien vrai que Dieu a visité son peuple, et qu'il a suscité un grand prophète en Israël. S'il est un grand prêtre, un grand prophète, un grand roi, il est aussi une grande lumière: La Galilée des nations, le peuple qui marchait dans les ténèbres, a vu une grande lumière (Is 9,1-2).

Nous avons donc le gage de notre vie dans le ciel, où nous sommes montés avec le Christ. Nous serons donc emportés sur les nuées, si nous sommes dignes d'aller à sa rencontre. Car le coupable ne va pas au-devant de son juge: il comparaît seulement devant lui.

Prions, mes bien-aimés, et demandons de nous trouver dans le petit nombre de ceux qui se porteront au-devant du Christ. Tous n'ont pas vécu de la même manière. Chacun recevra son salaire selon la peine qu'il se sera donnée (1Co 3,8). Que jamais la parole de Dieu ne soit donc arrêtée, mais qu'en vérité nous soyons tous pleins d'assurance dans l'amour du Christ, pour nourrir son peuple et prendre soin des âmes. <> On peut tromper les hommes par des paroles mensongères, mais aux yeux de Dieu nous paraîtrons tels que nous sommes. <> Celui qui sait tout, est témoin que nous désirons la paix, que nous la hâtons, la convoitons. <> Aucun de ceux qui attendent de Dieu leur récompense ne fait injure au tribunal en défendant sa cause. Mais Dieu a le pouvoir de donner la paix, d'assurer la paix, de répartir la paix entre ceux qui proclament la foi et leurs auditeurs, entre les enseignants et les enseignés, afin qu'après avoir commencé par la paix et continué par la paix, nous persévérions tous dans la paix, et que nous rendions tous gloire au Dieu de paix, au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles.
Saint Jérôme
Après sa résurrection, Jésus se manifeste donc sur une montagne de Galilée, et il y est adoré malgré le doute de quelques-uns, doute qui sert à augmenter notre foi. «Et, le voyant, ils l'adorèrent, et quelques-uns néanmoins doutèrent».

Cette puis sance a été donnée à celui qui venait d'être crucifié, enseveli dans le tombeau, et qui était en suite ressuscité.

Toute puissance lui est donnée dans le ciel et sur la terre, afin qu'il pût régner sur la terre, par la foi que les chrétiens auraient en lui, comme il règne dans le ciel.

Ils commencent par enseigner les nations, et c'est après les avoir enseignées qu'ils les baptisent dans l'eau; car il est impossible que le corps reçoive le sacrement de baptême avant que l'âme ait reçu la vérité de la foi. «En les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit», afin qu'il n'y ait qu'une seule et même grâce, comme il n'y a entre eux qu'une seule et même divinité, puisque le nom de Trinité ne signifie qu'un seul Dieu.

Il peut exister des hommes assez insensés, pour essayer de baptiser en omettant un de ces trois noms, contrairement à la loi portée par Jésus-Christ; mais leur baptême sera sans effet, et ils ne pourront délivrer de leurs péchés ceux qu'ils auront cru baptiser de la sorte. Concluons de là combien la substance de la Trinité est indivisible, et que le Père est vraiment le Père du Fils, le Fils vraiment le Fils du Père, et l'Esprit saint réellement l'Esprit du Père et du Fils-Dieu, et aussi de la sagesse et de la vérité, c'est-à-dire du même Fils de Dieu. Voilà la foi qui sauve les fidèles, et l'économie de la discipline ecclésiastique trouve sa perfection dans cette auguste Trinité.

En promettant donc d'être avec ses disciples jusqu'à la consommation des siècles, il leur déclare qu'ils vivront toujours, et qu'il n'abandonnera jamais ceux qui croiront en lui.

Ainsi soit-il.

Considérons ici l'ordre essentiel établi par Jésus-Christ; il ordonne à ses disciples: premièrement, d'enseigner toutes les nations; puis de les purifier dans le sacrement de la foi, et ensuite de leur apprendre ce qu'il faut observer après avoir embrassé la foi et reçu le baptême «Et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées».
Saint Augustin
Mais comment le Seigneur a-t-il pu se manifester corporellement dans la Galilée, car il est certain que ce ne fut pas le jour même de sa résurrection, puisque ce jour-là, vers le commenc ement de la nuit, il se manifesta dans la ville de Jérusalem, comme saint Luc et saint Jean s'accordent à le dire. Ce ne fut pas non plus les huit jours suivants, puisque saint Jean rapporte qu'après ces huit jours, il apparut à Thomas, qui ne l'avait pas vu le jour de sa résurrection, à moins toutefois que l'on ne prétende que les onze dont il parle n'étaient point les onze qui portaient dès lors le nom d'Apôtres, mais que c'étaient onze disciples choisis dans le grand nombre de ceux qui avaient embrassé la doctrine de Jésus-Christ. Mais voici à cela une autre difficulté, lorsque saint Jean raconte que le Seigneur fut vu, non pas sur la montagne par les onze, mais sur les bords de la mer de Tibériade, par sept d'entre eux occupés à la pèche, il s'exprime ainsi: «Ce fut pour la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples», ce qu'il faut entendre du nombre, non des jours, mais des manifestations. Or si nous admettons que cette apparition aux onze disciples, quels qu'ils soient, eut lieu dans l'intervalle de ces huit jours, avant qu'il apparut à Thomas, l'apparition sur les bords du lac de Tibériade ne sera plus la troisième, mais la quatrième, et nous serons ainsi forcés d'admettre que ce fut tout à fait en dernier lieu que Jésus apparut aux onze sur la montagne de Galilée. Nous trouvons donc, dans les quatre Évangélistes, que le Seigneur s'est manifesté par dix fois différentes après sa résur rection: une première fois, aux femmes qui visitaient son tombeau; une seconde fois, à ces mêmes femmes, lorsqu'elles revenaient de visiter le sépulcre; la troisième fois, à Pierre; la quatrième, à deux disciples qui allaient au bourg d'Emmaüs; la cinquième, à plusieurs autres disciples, parmi lesquels ne se trouvait pas Thomas, dans la ville de Jérusalem, la sixième, à Thomas lui-même, au milieu des autres disciples; la septième, près du lac de Tibériade; la huitième, sur la montagne de Galilée, d'après saint Matthieu, la neuvième, au rapport de saint Marc, dans le dernier repas qu'il fit avec ses disciples, et après lequel il ne devait plus manger avec eux sur la terre, la dixième fois, non plus sur la terre, mais lorsqu'il s'élevait sur une nuée et montait ainsi au ciel, dernière manifestation que rapportent saint Marc et saint Luc. Mais tout ce qu'a fait Jésus n'a pas été écrit, comme le déclare saint Jean, car Jésus eut de fréquentes relations avec ses disciples, pendant les quarante jours qui précédè rent son ascension.
Saint Rémi
C'est ce que saint Luc explique plus clairement, car il rapporte que lorsque le Seigneur, après sa résurrection, apparut à ses disciples, ceux-ci, troublés et saisis de frayeur, s'imaginaient voir un esprit.

Les disciples, en voyant le Seigneur, le reconnurent aussitôt, et ils l'adoraient les yeux baissés vers la terre. C'est pourquoi ce bon et tendre Maître, pour faire disparaître toute incer titude de leurs coeurs, s'approcha d'eux et les fortifia dans la foi: «Et Jésus s'approchant, leur parla ainsi: Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre».

Ce que le Psalmiste a prédit du Seigneur ressuscité: «Vous l'avez établi sur l'oeuvre de vos mains», le Sauveur se l'applique à lui-même dans ces paroles: «Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre». Et il faut se rappeler ici qu'avant que le Seigneur fût ressuscité d'entre les morts, les anges savaient qu'ils étaient soumis au Christ fait homme. Or, Jésus-Christ voulant aussi faire connaître aux hommes que toute puissance lui avait été donnée dans le ciel et sur la terre, il envoya des prédicateurs pour annoncer la parole de vie à tous les peuples: «Allez donc, enseignez toutes les nations».
Saint Léon le Grand
Celui qui monte dans les cieux n'abandonne pas ceux qu'il a adoptés, et il les fortifie en leur inspirant la patience sur la terre, en même temps qu'il les ap pelle à la gloire. Que Jésus-Christ lui-même nous rende participants de cette gloire, lui qui est le Dieu béni dans tous les siècles des siècles.

Le mystère de notre salut, ce salut que le Créateur de l'univers a estimé au prix de son sang, depuis le jour de sa naissance corporelle jusqu'à l'issue de sa Passion, ce mystère s'est accompli selon une dispensation marquée par l'humilité. Et bien que, même à travers la condition de serviteur, les signes de la divinité du Christ aient rayonné, toute l'action de cette période a consisté essenti ellement à démontrer la vérité de l'incarnation.

Mais après la Passion, une fois rompus les liens de la mort qui, en s'attaquant à celui qui n'avait pas connu le péché, avait perdu toute sa virulence, la faiblesse se changea en force, la mortalité en éternité, et l'opprobre en cette gloire que le Seigneur Jésus fit voir à beaucoup, par des preuves nombreuses et manifestes, jusqu'à ce qu'il conduisît aux cieux ce triomphe de la victoire qu'il avait rapportée du séjour des morts.

Dans la solennité pascale, la résurrection du Seigneur était la cause de notre joie; de même sa montée au ciel nous donne lieu de nous réjouir, puisque nous commémorons et vénérons ce grand jour où notre pauvre nature, en la personne du Christ, a été élevée plus haut que toute l'armée des cieux, plus haut que tous les choeurs des anges, plus haut que toutes les puissances du ciel, jusqu'à s'asseoir auprès de Dieu le Père. C'est sur cette disposition des oeuvres divines que nous sommes fondés et construits. La grâce de Dieu devient en effet plus admirable lorsque, les hommes ayant vu disparaître ce qui leur inspirait de l'adoration, leur foi n'a pas connu le doute, leur espérance n'a pas été ébranlée, leur charité ne s'est pas refroidie.

Voilà en quoi consiste la force des grands esprits, telle est la lumière des âmes pleines de foi: croire sans hésitation ce que les yeux du corps ne voient pas, fixer son désir là où le regard ne parvient pas. Mais comment une telle piété pourrait-elle naître en nos coeurs, comment pourrait-on être justifié par la foi, si notre salut ne consistait qu'en des réalités offertes à nos yeux? C'est ce qui explique la parole de Dieu à cet homme que l'on voyait douter de sa résurrection s'il n'explorait pas, par la vue et le toucher, les marques laissées dans sa chair par la Passion: Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20,29).

Pour que nous puissions, mes bien-aimés, être capables de cette béatitude, notre Seigneur Jésus Christ, après avoir accompli tout ce qui correspond à la prédication évangélique et aux mystères du Nouveau Testament, le quarantième jour après sa résurrection, en présence de ses disciples, s'est élevé au ciel et a mis un terme à sa présence corporelle pour demeurer à la droite du Père. Il y demeurera jusqu'à ce que soient accomplis les temps prévus pour que se multiplient les fils de l'Église, et pour que lui-même vienne juger les vivants et les morts, dans cette même chair avec laquelle il est monté au ciel.

C'est pourquoi ce qui était visible chez notre Rédempteur est passé dans les mystères sacramentels. Et pour rendre la foi plus pure et plus ferme, la vue a été remplacée par l'enseignement: c'est à l'autorité de celui-ci que devaient obéir les coeurs des croyants, éclairés par les rayons du ciel.
Sévère d'Antioche
Car le Fils de Dieu a communiqué au fils de la Vierge, Dieu à l'homme, la Divinité à la chair, ce qu'il possédait de toute éternité avec son Père.

C'est donc la même puissance qui répare et sanctifie toutes les nations qu'elle a créées et appelées à la vie.
Saint Bède le Vénérable
Après nous avoir rapporté comment l'ange vint annoncer la résurrection du Sauveur, saint Mathieu raconte comment le Seigneur se manifesta à ses disciples: «Or, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné de se ren dre», car, lorsqu'il se dirigeait vers le lieu de sa mort, il avait dit à ses disciples «Après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée» ( Mt 26 Mc 14). L'ange avait dit aussi aux femmes: «Annoncez à ses disciples qu'il vous précédera en Galilée». C'est donc à un ordre de leur divin Maître que les disciples obéissent. L'Évangéliste ne compte avec raison que onze disciples qui vont pour adorer Jésus, car un d'eux avait péri, celui qui avait trahi son Seigneur et son Maître.

Lui qui, avant sa passion, leur avait dit: «Vous n'irez point dans la voie des nations», ( Mt 10) leur dit lorsqu'il est ressuscité des morts: «Allez, instruisez tous les peuples». Que les Juifs soient donc confondus, eux qui prétendent que le Christ ne viendra seulement que pour le salut de leur nation. Que les donatistes rougis sent, eux qui voulant renfermer Jésus-Christ dans un espace déterminé, ont osé dire qu'il n'était que dans l'Afrique, à l'exclusion des autres contrées de la terre.

Mais comment le Sauveur a-t-il pu dire: «Voici que je suis avec vous», alors qu'il dit dans un autre endroit: «Je m'en vais vers celui qui m'a envoyé ?» C'est que les attributs de la nature divine sont différents des propriétés de la nature humaine. Le Sauveur ira vers son Père par son humanité, et il restera avec ses disciples dans cette nature divine qui le rend l'égal de son Père. Dans ces paroles: «Jusqu'à la consommation des siècles», il emploie le fini pour signifier l'infini, car il est évi dent que celui qui reste dans le siècle présent avec les élus, pour les protéger, demeurera éter nellement avec eux après la fin du monde, pour les récompenser.
Rabanus Maurus
Le Sauveur apparaît à ses disciples sur une montagne, pour signifier que ce corps, qu'il avait pris en naissant, de la terre, origine commune de tous les hommes, avait été, par sa résurrection, élevé au-dessus de toutes les choses terrestres, et aussi pour apprendre aux fidèles que, pour contempler les sublimes mystères de sa résurrection, il faut s'efforcer de quitter les voluptés basses et charnelles et s'élever jusqu'aux désirs des choses du ciel. Or, Jésus précède ses disci ples en Galilée, parce qu'il est ressuscité comme les premiers de ceux qui dorment ( 1Co 16 ). Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ viennent après lui, et passeront, chacun à son rang, de la mort à la vie, pour contempler la divinité dans sa propre nature; et le mot Galilée, qui signifie révélation, confirme cette interprétation.

Il ne parle pas ici de sa divinité coéternelle au Père, mais de l'humanité qu'il avait prise, et selon laquelle il avait été mis un peu au-dessous des anges.

Car, de même qu'un corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les oeuvres est morte

Nous devons conclure de ces paroles, que, jusqu'à la fin du monde, il y aura toujours des hommes dignes d'être choisis de Dieu pour lui servir de demeure.
Saint Thomas d'Aquin
2964. EN LEUR APPRENANT À OBSERVER TOUT CE QUE JE VOUS AI PRESCRIT. Mais suffit-il au salut de croire et d’être baptisé ? Non, car l’instruction portant sur les mœurs est aussi nécessaire. [Le Seigneur] dit donc : EN LEUR APPRENANT À OBSERVER TOUT CE QUE JE VOUS AI PRESCRIT. Ps 118[119], 4 : Tu as prescrit d’observer rigoureusement tes commandements. Et il dit : QUE JE VOUS AI PRESCRIT, et non : Que je vous ai conseillé. C’est ce qu’[il dit] plus haut, 10, 27 : Ce que je vous dis, je le dis pour tous.

2965. Puis il présente le troisième point : VOICI QUE JE SUIS AVEC VOUS TOUS LES JOURS JUSQU’À LA CONSOMMATION DU TEMPS. Ici il promet une aide, comme s’il répondait à eux qui disaient : «Tu ordonnes que nous enseignions à tous, mais nous ne suffisons pas.» «Ne craignez pas, JE SUIS AVEC VOUS.» Remarquez que, de même que l’ordre d’aller vers tous est formulé, de même une aide est-elle offerte, car il promet aux apôtres et aux autres qui font la même chose. Ainsi, lui-même dit en priant le Père : «Je ne le demande pas seulement pour eux, c’est-à-dire les disciples, mais aussi pour ceux qui croiront en moi à cause de leur parole.» Il promet donc d’une manière générale à tous, Jn 14, 12 : Celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes.

2966. [Son aide s’étend] aussi à l’ensemble du temps ; c’est pourquoi il dit : TOUS LES JOURS JUSQU’À LA CONSOMMATION DU TEMPS. Il ne dit pas cela comme si, ensuite, il ne sera avec nous que jusqu’à la consommation du temps, mais parce que, par la consommation, nous serons alors dans la gloire. Ap 21, 3 : Voici la demeure de Dieu avec les hommes, et il habitera avec eux. Et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera leur Dieu. Ainsi est-il dit, en Is 7, 14, que son nom sera Emmanuel, qui veut dire «Dieu parmi nous», jusqu’à la consommation du temps, comme s’il disait : «La génération des fidèles est plus forte que le monde.» En effet, le monde ne périra pas avant que tout ne soit accompli, à savoir, que l’Église des fidèles soit achevée et que le nombre des élus soit complété par Dieu en vue de la vie éternelle, auquel [appartiennent] honneur et puissance dans tous les siècles des siècles. Amen.
Nicolas Cabasilas
Bien que la sainte Trinité ait donné le salut au genre humain par un seul et même amour des hommes, la foi nous dit que chacune des personnes divines y apporte sa contribution particulière. Le Père se réconcilia avec nous, le Fils opéra la réconciliation, et le Saint-Esprit fut le don accordé à ceux qui étaient devenus les amis de Dieu. Le Père nous a libérés, le Fils fut la rançon de notre délivrance; quant à l'Esprit, il est la liberté en personne, selon la parole de saint Paul: Là où l'Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté (2Co 3,17). Si le Père nous a créés, le Fils nous a re-créés, et c'est l'Esprit qui fait vivre (Jn 6,63). Car, dans la création initiale, la Trinité s'inscrivait en filigrane. Le Père était le modeleur, le Fils était sa main, l'Esprit Défenseur insufflait la vie. Mais pourquoi parler de cela? Car c'est seulement dans la création nouvelle que nous ont été révélées les distinctions qui existent en Dieu.

En effet, à toutes les époques, Dieu a répandu ses bienfaits sur la création, mais vous n'en trouverez pas un que l'on puisse rapporter au Père seul, au Fils seul, ou à l'Esprit seul. Au contraire, ils sont tous communs à la Trinité, parce que c'est par une seule puissance, une seule providence et une seule activité créatrice qu'elle réalise toute chose.

Dans le plan du salut par lequel elle a restauré notre genre humain en le renouvelant, c'est bien la Trinité tout entière qui a voulu mon salut et qui a prévu comment il se réaliserait. Mais ce n'est pas la Trinité tout entière qui l'a réalisé. Son artisan, ce n'est ni le Père ni le Saint-Esprit, mais le Verbe seul, le Fils unique seul. C'est lui qui a assumé la chair et le sang. C'est lui qui a subi les fouets et la douleur, c'est lui qui est mort et ressuscité. C'est par lui que la nature a reçu une vie nouvelle et que le baptême fut institué comme une naissance nouvelle et une création nouvelle. C'est pourquoi, lorsque l'on baptise, il faut invoquer Dieu en distinguant les personnes: le Père, le Fils, le Saint-Esprit, que cette création nouvelle est seule à nous révéler.
Louis-Claude Fillion
Jésus fait connaître une seconde condition qui n'est pas moins essentielle que la première pour qu'on devienne vraiment son disciple. Elle consiste dans l'accomplissement intégral de ses volontés, dans l'acceptation de toute sa doctrine. En effet, les mots « tout ce que je vous ai commandé » n'embrassent pas seulement la morale chrétienne ; ils s'appliquent aussi au dogme chrétien, qu'il faut admettre en entier sous peine de faire naufrage dans la foi. Cf. S. Jean Chrysost. Hom. 90. - Et voici. Jésus termine son allocution par une magnifique promesse, qui contenait pour les Apôtres et pour leurs successeurs l'encouragement le plus puissant : Je suis avec vous. Je suis, au présent ; je demeure sans cesse et fidèlement avec vous. Seuls que pourraient-ils en face de tant d'obstacles qui vont se déchaîner contre eux ? Mais Jésus sera auprès d'eux pour les éclairer, pour les défendre au milieu de leurs difficultés et de leur périls. - Tous les jours. Et cette présence intime, efficace, durera tous les jours, pendant tout le temps de leur vie, et après eux tous les jours encore : elle sera vraiment perpétuelle. - Jusqu'à la fin des temps. La fin du monde, c'est-à-dire l'achèvement de l’œuvre de la Rédemption, mettra seule un terme à ces relations étonnantes. Jusque là, Jésus ne quittera pas un seul instant ceux qu'il a choisis pour le représenter sur la terre. Donc l'Église du Christ, indéfectible et infaillible, suivra son cours à travers les âges, sans avoir rien à craindre des vicissitudes humaines, toujours forte, toujours dans le vrai, parce que son divin Époux la protège. « En leur promettant qu'il sera avec ses disciples jusqu'à la fin des temps, il leur assure qu'ils vivront pour toujours, et qu'il ne se séparera jamais de ceux qui croient », S. Jérôme. - S. Matthieu laisse le lecteur sur cette consolante promesse. Le mot amen, qu'on lit dans le texte grec, est vraisemblablement apocryphe : c'est le souhait d'un pieux copiste. Mais à quoi bon ce souhait ? Jésus a promis sans condition, et il montre depuis dix-huit siècles qu'il n'a pas oublié sa parole.
Fulcran Vigouroux
Jusqu’à la consommation du siècle ; c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde. « Digne parole de l’Epoux céleste, qui engage sa foi pour jamais à sa sainte Eglise ! Ne craignez point, mes Apôtres, ni vous qui succéderez à un si grand ministère : moi ressuscité, moi immortel, je serai toujours avec vous : vainqueur de l’enfer et de la mort, je vous ferai triompher de l’un et de l’autre ; et l’Eglise que je formerai par votre sacré ministère, comme moi, sera immortelle. » (BOSSUET.)
Concile œcuménique
Le canon du Nouveau Testament, outre les quatre Évangiles, comprend aussi des épîtres de saint Paul et d’autres écrits apostoliques, composés sous l’inspiration de l’Esprit Saint ; ces écrits, selon les sages dispositions de Dieu, confirment ce qui touche au Christ Notre Seigneur, présentent sa doctrine authentique avec des précisions toujours plus grandes, font connaître aux hommes l’œuvre divine du Christ avec sa puissance de salut, racontent les débuts de l’Église et son admirable expansion, et annoncent par avance sa glorieuse consommation. Le Seigneur Jésus en effet, comme il l’avait promis, est resté présent auprès de ses Apôtres (cf. Mt 28, 20) et il leur envoya l’Esprit consolateur qui devait les introduire dans la plénitude de la vérité (cf. Jn 16, 13).

En effet tout comme il a été envoyé par le Père, le Fils lui-même a envoyé ses Apôtres (cf. Jn 20, 21) en disant : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des temps » (Mt 28, 19-20). Ce solennel commandement du Christ d’annoncer la vérité du salut, l’Église l’a reçu des Apôtres pour en poursuivre l’accomplissement jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1, 8). C’est pourquoi elle fait siennes les paroles de l’Apôtre : « Malheur à moi si je ne prêchais pas l’Évangile » (1 Co 9, 16) : elle continue donc inlassablement à envoyer les hérauts de l’Évangile jusqu’à ce que les jeunes Églises soient pleinement établies et en état de poursuivre elles aussi l’œuvre de l’évangélisation. L’Esprit Saint la pousse à coopérer à la réalisation totale du dessein de Dieu qui a fait du Christ le principe du salut pour le monde tout entier. En prêchant l’Évangile, l’Église dispose ceux qui l’entendent à croire et à confesser la foi, elle les prépare au baptême, les arrache à l’esclavage de l’erreur et les incorpore au Christ pour croître en lui par la charité jusqu’à ce que soit atteinte la plénitude. Son activité a le résultat non seulement de ne pas se laisser perdre tout ce qu’il y a de germe de bien dans le cœur et la pensée des hommes ou de leurs rites propres et leur culture ; mais de le guérir, l’élever, l’achever pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme. À tout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de l’expansion de la foi. Mais si le baptême peut être donné aux croyants par n’importe qui, c’est aux prêtres cependant qu’il revient de procurer l’édification du Corps par le sacrifice eucharistique en accomplissant les paroles de Dieu quand il dit par la voix du prophète : « De l’Orient jusqu’au couchant, mon Nom est grand parmi les nations, et en tous lieux est offert à mon Nom un sacrifice et une offrande pure » (Ml 1, 11). Ainsi, l’Église unit prière et travail pour que le monde entier dans tout son être soit transformé en Peuple de Dieu, en Corps du Seigneur et temple du Saint-Esprit, et que soient rendus dans le Christ, chef de tous, au Créateur et Père de l’univers, tout honneur et toute gloire.

Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appela à lui ceux qu’il voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à cette institution des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu’ils les sanctifient et les gouvernent (cf. Mt 28, 16-20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 45-48 ; Jn 20, 21-23), propageant ainsi l’Église et remplissant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le service pastoral tous les jours jusqu’à la consommation des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de Pentecôte, ils furent pleinement confirmés dans cette mission (cf. Ac 2, 1-26), selon la promesse du Seigneur : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En prêchant partout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres rassemblent l’Église universelle que le Seigneur a fondée en ses Apôtres et bâtie sur le bienheureux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-même la pierre suprême d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20).

La mission divine confiée par le Christ aux Apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles (cf. Mt 28, 20), étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les Apôtres prirent soin d’instituer, dans cette société hiérarchiquement ordonnée, des successeurs.

Mais le collège ou corps épiscopal n’a d’autorité que si on l’entend comme uni au Pontife romain, successeur de Pierre, comme à son chef et sans préjudice pour le pouvoir du primat qui s’étend à tous, pasteurs et fidèles. En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours exercer librement. L’ordre des évêques, qui succède au collège apostolique dans le magistère et le gouvernement pastoral, bien mieux dans lequel le corps apostolique se perpétue sans interruption constitue, lui aussi, en union avec le Pontife romain, son chef, et jamais en dehors de ce chef, le sujet du pouvoir suprême et plénier sur toute l’Église, pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife romain. Le Seigneur a fait du seul Simon la pierre de son Église, à lui seul il en a remis les clés (cf. Mt 16, 18-19) ; il l’a institué pasteur de tout son troupeau (cf. Jn 21, 15 s.), mais cette charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre (Mt 16, 19) a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des Apôtres unis à son chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20). Par sa composition multiple, ce collège exprime, par son rassemblement sous un seul chef, l’unité du troupeau du Christ. Dans ce collège, les évêques, fidèles à observer le primat et l’autorité de leur chef, jouissent pour le bien de leurs fidèles et même de toute l’Église, d’un pouvoir propre, l’Esprit Saint assurant par l’action continue de sa force, la structure et la concorde dans l’organisme. Le pouvoir suprême dont jouit ce collège à l’égard de l’Église universelle s’exerce solennellement dans le Concile œcuménique. Il n’y a point de Concile œcuménique s’il n’est pas comme tel confirmé ou tout au moins accepté par le successeur de Pierre : au Pontife romain appartient la prérogative de convoquer ces conciles, de les présider et de les confirmer [65]. Le pouvoir collégial peut être exercé en union avec le pape par les évêques résidant sur la surface de la terre, pourvu que le chef du collège les appelle à agir collégialement ou du moins qu’il donne à cette action commune des évêques dispersés son approbation ou sa libre acceptation pour en faire un véritable acte collégial.

C’est pourquoi, tout d’abord, le saint Concile déclare que Dieu a lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en le servant, les hommes peuvent obtenir le salut et le bonheur dans le Christ. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique à laquelle le Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les hommes, lorsqu’il dit aux Apôtres : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Tous les hommes, d’autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et, quand ils l’ont connue, de l’embrasser et de lui être fidèles.
Catéchisme de l'Église catholique
" Elles sont reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux jaillissent d’une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin " (DV 9). L’une et l’autre rendent présent et fécond dans l’Église le mystère du Christ qui a promis de demeurer avec les siens " pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 20).

Lorsque sa présence visible leur a été enlevée, Jésus n’a pas laissé orphelins ses disciples (cf. Jn 14, 18). Il leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20), il leur a envoyé son Esprit (cf. Jn 20, 22 ; Ac 2, 33). La communion avec Jésus en est devenue, d’une certaine façon, plus intense : " En communiquant son Esprit à ses frères, qu’il rassemble de toutes les nations, Il les a constitués mystiquement comme son corps " (LG 7).

Dans la charge des apôtres, il y a un aspect intransmissible : être les témoins choisis de la Résurrection du Seigneur et les fondements de l’Église. Mais il y a aussi un aspect permanent de leur charge. Le Christ leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20). " La mission divine confiée par Jésus aux apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles, étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les apôtres prirent soin d’instituer (...) des successeurs " (LG 20).

Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3, 5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28, 20) (cf. DS 1618 ; LG 14 ; AG 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle ; c’est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu’elle a reçu du Seigneur de faire " renaître de l’eau et de l’Esprit " tous ceux qui peuvent être baptisés. Dieu a lié le salut au sacrement du Baptême, mais il n’est pas lui-même lié à ses sacrements.

Prier est toujours possible : Le temps du chrétien est celui du Christ ressuscité qui est " avec nous, tous les jours " (Mt 28, 20), quelles que soient les tempêtes (cf. Lc 8, 24). Notre temps est dans la main de Dieu :
Pape Saint Jean-Paul II
L 'Église vit de l'Eucharistie (Ecclesia de Eucharistia vivit). Cette vérité n'exprime pas seulement une expérience quotidienne de foi, mais elle comporte en synthèse le cœur du mystère de l'Église. Dans la joie, elle fait l'expérience, sous de multiples formes, de la continuelle réalisation de la promesse: « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20). Mais, dans l'Eucharistie, par la transformation du pain et du vin en corps et sang du Seigneur, elle jouit de cette présence avec une intensité unique. Depuis que, à la Pentecôte, l'Église, peuple de la Nouvelle Alliance, a commencé son pèlerinage vers la patrie céleste, le divin Sacrement a continué à marquer ses journées, les remplissant d'espérance confiante.

L'Eglise a reçu l'Evangile comme une annonce et comme une source de joie et de salut. Elle l'a reçu comme don venant de Jésus, envoyé du Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). Elle l'a reçu par les Apôtres, envoyés par Lui dans le monde entier (cf. Mc 16, 15; Mt 28, 19-20). Née de cette action évangélisatrice, l'Eglise sent retentir en elle chaque jour l'avertissement de l'Apôtre: « Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile! » (1 Co 9, 16). Comme l'écrivait Paul VI, « évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l'Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser ».(101)

Le dialogue entre Jésus et le jeune homme riche se poursuit, d'une certaine manière, dans toutes les périodes de l'histoire, et encore aujourd'hui. La question « Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ? » naît dans le cœur de tout homme, et c'est toujours le Christ, et lui seul, qui donne la réponse intégrale et finale. Le Maître, qui enseigne les commandements de Dieu, qui invite à sa suite et qui accorde la grâce pour une vie nouvelle, est toujours présent et agissant au milieu de nous, selon sa promesse : « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20). La présence du Christ aux hommes de tous les temps se réalise dans son corps qui est l'Eglise. Pour cela, le Seigneur a promis à ses disciples l'Esprit Saint, qui leur « rappellerait » et leur ferait comprendre ses commandements (cf. Jn 14, 26) et qui serait le principe et la source d'une vie nouvelle dans le monde (cf. Jn 3, 5-8 ; Rm 8, 1-13).

Dans l'unité de l'Eglise, promouvoir et garder la foi et la vie morale, c'est la tâche confiée par Jésus aux Apôtres (cf. Mt 28, 19-20), tâche qui se poursuit dans le ministère de leurs successeurs. C'est ce que l'on retrouve dans la Tradition vivante, par laquelle, comme l'enseigne le Concile Vatican II, « l'Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet à chaque génération, tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle croit. Cette Tradition qui vient des Apôtres se poursuit dans l'Eglise, sous l'assistance du Saint-Esprit » Dans l'Esprit, l'Eglise accueille et transmet l'Ecriture comme témoignage des « grandes choses » que Dieu opère dans l'histoire (cf. Lc 1, 49) ; elle confesse par la bouche des Pères et des Docteurs la vérité du Verbe incarné ; elle met en pratique les préceptes et la charité dans la vie des saints et des saintes et dans le sacrifice des martyrs ; elle célèbre l'espérance dans la liturgie ; par cette Tradition, les chrétiens reçoivent « la voix vivante de l'Evangile », comme expression fidèle de la sagesse et de la volonté divines.

Ces questions — et d'autres encore comme : qu'est- ce que la liberté et quelle est son rapport avec la vérité contenue dans la Loi de Dieu ? quel est le rôle de la conscience dans la formation de la physionomie morale de l'homme ? comment discerner, en conformité avec la vérité sur le bien, les droits et les devoirs concrets de la personne humaine ? — peuvent se résumer dans la question fondamentale que le jeune homme de l'Evangile posa à Jésus : « Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ? » Envoyée par Jésus pour prêcher l'Evangile et « de toutes les nations faire des disciples..., leur apprenant à observer tout » ce qu'il a prescrit (Mt 28, 19-20), l'Eglise redonne, aujourd'hui encore, la réponse du Maître, car elle possède une lumière et une force capables de résoudre même les questions les plus discutées et les plus complexes. Cette force et cette lumière incitent l'Eglise à développer d'une manière constante, non seulement la réflexion dogmatique, mais aussi la ré- flexion morale dans un cadre interdisciplinaire, ce qui est particulièrement nécessaire pour les problèmes nouveaux qui se posent

Tous les évangélistes, quand ils font le récit de la rencontre du Ressuscité avec les Apôtres, concluent par l'envoi en mission: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ... Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde» (Mt 28, 18-20; cf. Mc 16, 15-18; Lc 24, 46-49; Jn 20, 21-23).

En ce qui concerne les différences d'accent dans le précepte, Marc présente la mission comme proclamation ou kérygme: «Proclamez l'Evangile» (Mc 16, 15). Le but de l'évangéliste est de conduire les lecteurs à redire la profession de foi de Pierre: «Tu es le Christ» (Mc 8, 29) et à dire, comme le centurion romain devant Jésus mort sur la Croix: «Vraiment cet homme était Fils de Dieu» (Mc 15, 39). En Matthieu, l'accent missionnaire est mis sur la fondation de l'Eglise et sur son enseignement (cf. Mt 28, 19-20; 16, 18): chez lui donc, cet envoi en mission fait ressortir que la proclamation de l'Evangile doit être complétée par une catéchèse d'ordre ecclésial et sacramentel. En Luc, la mission est présentée comme un témoignage (cf. Lc 24, 48; Ac 1, 8) qui porte surtout sur la Résurrection (cf. Ac 1, 22). Le missionnaire est invité à croire à la puissance transformante de l'Evangile et à annoncer ce que Luc montre bien, c'est-à-dire la conversion à l'amour et à la miséricorde de Dieu, l'expérience d'une libération intégrale de tout mal jusqu'à sa racine, le péché.

Ainsi les quatre Evangiles attestent un pluralisme dans l'unité fondamentale de la même mission qui reflète des expériences et des situations différentes dans les premières communautés chrétiennes; c'est le fruit du dynamisme communiqué par l'Esprit lui-même; cela invite à être attentif aux divers charismes missionnaires, ainsi qu'aux diverses conditions humaines et aux différents milieux. Tous les évangélistes soulignent cependant que la mission des disciples est une coopération à celle du Christ: «Voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde» (Mt 28, 20). C'est pourquoi la mission ne s'appuie pas sur les capacités humaines, mais sur la puissance du Ressuscité.

Soutenue par la présence du Christ (cf. Mt 28, 20), l'Eglise marche au cours du temps vers la consommation des siècles et va à la rencontre du Seigneur qui vient; mais sur ce chemin -et je tiens à le faire remarquer d'emblée- elle progresse en suivant l'itinéraire accompli par la Vierge Marie qui «avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix»

Mais dans l'Eglise d'alors et de toujours, Marie a été et demeure avant tout celle qui est «heureuse parce qu'elle a cru»: elle a cru la première. Dès le moment de l'Annonciation et de la conception, dès le moment de la Nativité dans la grotte de Bethléem, Marie, au long de son pèlerinage maternel dans la foi, suivait Jésus pas à pas. Elle le suivait au cours des années de sa vie cachée à Nazareth, elle le suivait aussi dans la période de l'éloignement apparent, lorsqu'il commença à «faire et enseigner» (cf. Ac 1, 1) en Israël, elle le suivit surtout dans l'expérience tragique du Golgotha. Et maintenant, alors que Marie se trouve avec les Apôtres au Cénacle de Jérusalem à l'aube de l'Eglise, sa foi, née dans les paroles de l'Annonciation, reçoit sa confirmation. L'ange lui avait dit: «Tu concevras et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand...; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin». Les événements récents du Calvaire avaient enveloppé de ténèbres cette promesse; et pourtant, même au pied de la Croix, la foi de Marie n'avait pas défailli. Elle était encore celle qui, comme Abraham, «crut, espérant contre toute espérance» (Rm 4, 18). Et voici qu'après la Résurrection, l'espérance avait dévoilé son véritable visage et la promesse avait commencé à devenir réalité. En effet, Jésus, avant de retourner vers le Père, avait dit aux Apôtres: «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples... Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde» (cf. Mt 28, 19. 20). Telles étaient les paroles de celui qui s'était révélé, par sa Résurrection, comme le vainqueur de la mort, comme le détenteur du règne qui «n'aura pas de fin» ainsi que l'ange l'avait annoncé.
Pape Benoît XVI
Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est. Face aux énormes problèmes du développement des peuples qui nous pousseraient presque au découragement et au défaitisme, la parole du Seigneur Jésus Christ vient à notre aide en nous rendant conscients de ce fait que: « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5); elle nous encourage: « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Face à l’ampleur du travail à accomplir, la présence de Dieu aux côtés de ceux qui s’unissent en son Nom et travaillent pour la justice nous soutient. Paul VI nous a rappelé dans Populorum progressio que l’homme n’est pas à même de gérer à lui seul son progrès, parce qu’il ne peut fonder par lui-même un véritable humanisme. Nous ne serons capables de produire une réflexion nouvelle et de déployer de nouvelles énergies au service d’un véritable humanisme intégral que si nous nous reconnaissons, en tant que personnes et en tant que communautés, appelés à faire partie de la famille de Dieu en tant que fils. La plus grande force qui soit au service du développement, c’est donc un humanisme chrétien, qui ravive la charité et se laisse guider par la vérité, en accueillant l’une et l’autre comme des dons permanents de Dieu. L’ouverture à Dieu entraîne l’ouverture aux frères et à une vie comprise comme une mission solidaire et joyeuse. Inversement, la fermeture idéologique à l’égard de Dieu et l’athéisme de l’indifférence, qui oublient le Créateur et risquent d’oublier aussi les valeurs humaines, se présentent aujourd’hui parmi les plus grands obstacles au développement. L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain. Seul un humanisme ouvert à l’Absolu peut nous guider dans la promotion et la réalisation de formes de vie sociale et civile – dans le cadre des structures, des institutions, de la culture et de l’ethos – en nous préservant du risque de devenir prisonniers des modes du moment. C’est la conscience de l’Amour indestructible de Dieu qui nous soutient dans l’engagement, rude et exaltant, en faveur de la justice, du développement des peuples avec ses succès et ses échecs, dans la poursuite incessante d’un juste ordonnancement des réalités humaines. L’amour de Dieu nous appelle à sortir de ce qui est limité et non définitif ; il nous donne le courage d’agir et de persévérer dans la recherche du bien de tous, même s’il ne se réalise pas immédiatement, même si ce que nous-mêmes, les autorités politiques, ainsi que les acteurs économiques réussissons à faire est toujours inférieur à ce à quoi nous aspirons. Dieu nous donne la force de lutter et de souffrir par amour du bien commun, parce qu’Il est notre Tout, notre plus grande espérance.
Pape Francois
215. Il t’envoie faire le bien et t’y pousse de l’intérieur. Pour cela, Il t’appelle par une vocation de service : tu feras le bien comme médecin, comme mère, comme professeur, comme prêtre. Où que tu sois, tu pourras sentir qu’Il t’appelle et t’envoie vivre cette mission sur terre. Il nous dit lui-même : « Je vous envoie » (Lc 10, 3). Cela fait partie de l’amitié avec Lui. Pour que cette amitié mûrisse, tu dois te laisser envoyer par Lui pour remplir une mission dans le monde, avec confiance, avec générosité, avec liberté, sans peur. Si tu t’enfermes dans ton confort, cela ne te donnera pas de sécurité. Les peurs, les tristesses et les angoisses apparaîtront toujours. Celui qui ne remplit pas sa mission sur terre ne peut pas être heureux. Il devient frustré. Alors laisse-toi envoyer, laisse-toi conduire par Lui, là où Il veut que tu ailles. N’oublie pas qu’Il t’accompagne. Il ne te jette pas dans l’abîme et ne t’abandonne pas à ton sort. Il te conduit et t’accompagne. Il a promis et Il tient sa promesse : « Je suis avec vous pour toujours » (Mt 28, 20).